Chapitre 23

#PDV Nick :

Quelques jours plus tard, tout était prêt pour mon départ. J'avais fait gérer l'hôtel par mon remplaçant, j'avais prévenu mon père (qui était bien évidement d'accord), et j'avais préparé mes affaires.

Alex : Alors, tu es prêt ? Je suis là dans 5 minutes.

Je lis le message et souris. Alex a toujours été en avance, comme moi. Je pris ma valise, et sortis de l'appartement. 

Je rejoignis Alex et sa petite amie dans sa belle voiture noire. Mathilde était une femme de petite taille, rousse aux yeux verts, et gentille comme un coeur. Elle était vraiment adorable, et j'adorais les taquiner tous les deux. 

Nous roulâmes pendant de longues heures. Nous parlâmes de tout et de rien, puis Alex posa la question qui fâche.

— Et avec Kate ? Ça se passe comment ? demanda-t-il.

Le pauvre, il ne savait pas sur quoi il venait de mettre la main. Je serrai les dents, repensant à cette créature des enfers, et j'allais répondre quand je fus devancé par une voix douce.

— Mon coeur, il n'a peut-être pas envie d'en parler, dit Mathilde, en me touchant l'épaule.

Je me tournai vers l'arrière et elle plongea ses yeux bleus dans les miens. Elle se voulait rassurante, comme si elle savais ce qui se tramait entre ma "petite-amie" et moi. Je lui rendis son sourire, et me tut. 

Le reste du trajet se passa dans la silence, et nous arrivâmes à la maison de plage de mon ami. Il était avocat et gagnait bien sa vie. Contrairement à moi, il a dû réussir seul dans la vie, et parfois je me sens un peu gêné de parler argent avec lui...

Nous sortîmes de la voiture, et Alex me fit entrer. La maison était assez rustique, simple, mais malgré tout grande. Elle avait deux étages, et près de cinq chambre. Je pris celle du fond, tandis que Alex et Mathilde prirent la première. Je veux être loin d'eux afin de pouvoir réfléchir, mais aussi pour ne pas les entendre au cas où ils décideraient de ne pas dormir. Pourtant, je savais que les murs n'étaient pas très épais, donc je n'y louperai pas...

— Nick..., souffla une voix timide.

Je me retournai, étant assis sur mon lit. Je découvris la silhouette de Mathilde s'approcher, et je tapotai le matelas à côté de moi, l'invitant à s'asseoir.

— J'ai bien vu que quelque chose n'allait pas, me dit-elle, en me prenant la main. 

Mathilde avait toujours été très tactile avec les gens, et très douce. Alex n'a pas de problème avec ça donc je n'ai pas à m'en faire, il peut nous surprendre, il ne dira rien. Et puis, de toute façon, je ne suis pas ce genre de mec, et mon ami le sait très bien.

Je soupirai, exaspéré. C'était vraiment long à raconter. 

— Si tu ne veux pas en parler, ne t'inquiète pas. Restons juste là, en silence, me rassura-t-elle.

Nous regardâmes tous les deux devant nous, à travers une grande baie vitrée qui illuminait la pièce. Le silence était apaisant, bien que j'avais le besoin d'en parler. 

J'entrouvris les lèvres, et commençai à parler. Tout sortait tout seul, avec un calme que je n'avais jamais eu. Je lui racontai pour Léa, la Léa que j'avais aimée, la façon dont elle, me percevait, et enfin Kate, son comportement, et l'amour faux que j'éprouvais pour elle.

Mathilde hocha la tête par moments, et à la fin, elle planta ses yeux dans les miens. 

— Nick. Comme tu as dû souffrir... Je suis terriblement désolée.

Je baissai les yeux. Mon père m'avait dit la même chose, Kate l'avait dit aussi. J'en avais assez. Ils me disaient tous ça, mais rien ne s'arrangeait. Je n'arriverai jamais à l'oublier, et je vivrai dans la souffrance pour toute ma vie. J'ai pourtant tout fait pour l'oublier, mais mon coeur n'était pas d'accord. Il devait avoir ses raisons je suppose. 

— En tout cas, elle est passée à côté d'une merveille, ça je te le dis, plaisanta-t-elle, en souriant.

Nous rigolâmes de bon coeur, même si mon petit coeur souffrait intérieurement.

— Je suis sûre que vos chemins se recroiseront. Vous êtes faits l'un pour l'autre, me rassura-t-elle.

Ses paroles étaient douces, calmes, mais je ne pouvais pas la croire. Il fallait que je fasse preuve de bon sens, il y a 7 milliards d'êtres humains, je ne tomberai plus sur elle, j'en suis sûr.

Mathilde se leva, et partit, me laissant seul dans la chambre. Je m'allongeai sur le lit et commençai à fixer le plafond.

***

— Hé ! s'exclama Alex en entrant.

Cela devait faire au moins une heure que je fixais le plafond de la sorte, sans être sorti de la chambre. Je me rendis compte que ce n'était pas sympa de ma part. Alex m'avait invité, et je lui faisais faux-bond, en restant cloitré entre ces quatre murs. 

Je me redressai, soucieux de bien faire, et de ne pas jeter un froid entre nous.

— Hey... Je suis désolé Alex... Je me comporte terriblement mal, excuse-moi, dis-je, en baissant la tête.

— Nick ! Ne t'en fais pas, je sais ce que c'est des peines de coeur... Tu ne te souviens pas ce qui m'était arrivé ? Tu étais là pour moi, alors je te rends juste la pareille, me rassura-t-il.

Il me fit sourire, et il réussit même à me faire sortir de ma tanière pour aller déjeuner sur la terrasse. Il faisait beau, le soleil nous chatouillait la peau de ses rayons jaunes, la douce brise nous rafraichissait. On se croirait vraiment en été.

Alex me servit un verre de limonade, faite par ses soins, et nous nous assîmes tous les trois, en regardant la mer. 


#PDV Léa :

J'arrivai à l'hôtel complètement démoralisée. Cette dispute avec mon cousin si proche m'avait mis le moral à zéro. Je n'y croyais pas : comment pouvait-il dire une chose pareille ?!

J'entrai dans la partie bureau, et m'assis devant mon ordinateur. Je l'ouvris et l'allumai rapidement, avec une certaine rage que je ne pus contenir, malheureusement.

— Hé... Ce pauvre appareil ne t'a rien fait..., me dit un voix douce. 

Je levai la tête, et vis Claire, deux cafés à la main, me souriant.

— Oh, bonjour Claire, dis-je agacée.

Ma collègue posa une tasse fumante à côté de moi, et s'assit sur la chaise vide à ma droite. 

— Alors ? Dis-moi ce qui ne va pas, me dit-elle calmement.

— Je me suis disputée avec quelqu'un.

— Ton petit ami ? demanda-t-elle, curieuse.

Je secouai la tête.

Claire se tut, et je ne pus m'empêcher de me sentir ridicule.

Je baissai la tête, elle allait me prendre pour une gamine c'était sûr. Ce n'est qu'une dispute après tout, ce n'est rien, je ne dois pas arrêter de vivre.

— À propos de quoi ? continua Claire.

— Une histoire... De coeur, avouai-je.

Je finis par tout lui avouer, impossible de me contenir. Je devais en parler à quelqu'un, or les deux concernés par cette affaire étaient tous deux mes plus proches confidents. Claire me réconforta, sans pour autant me dire que ce fut faux.

— Léa... Je ne connais pas ce Jake... Donc je ne peux pas dire si ton cousin dit vrai ou faux, mais je te conseille de suivre ton coeur, me dit-elle.

Je soupire. Mais je ne sais pas ce que mon coeur me dit de faire ! 

— Mathilde n'est pas là ? demandai-je pour changer de sujet de conversation.

— Non, elle est partie en "vacances" avec son copain et le patron, m'informa Claire.

J'acquiesçai et retournai à mon travail. Je devais faire mes preuves, et ce ne sont sûrement pas des sentiments qui me déconcentreront. 

***

Quelques semaines plus tard...

Le patron n'était pas encore revenu, mais je m'en fichais. Il ne m'avait pas convoquée une seule fois, alors j'en avais conclu qu'il ne le ferait jamais. Cela m'arrangeait, je n'aurais pas besoin de voix sa sale gueule de patron "je m'en foutiste". 

Cela faisait un mois que j'étais dans la compagnie, et je pouvais dire que j'avais fait des merveilles. En tout cas, tout le monde me félicitait, j'avais augmenté notre chiffre, et j'avais amélioré les conditions de l'hôtel.
Des clients avaient même demandé à me rencontrer après avoir appris que j'étais à l'origine de tout ça. J'étais vraiment fière de moi. J'avais finalement de l'expérience. Si cet hôtel me virait, je pourrait retrouver du travail assez rapidement. 

Lorsque j'étais rentrée à l'appartement le jour de la dispute avec Max, celui-ci n'était plus là. il était parti sans rien dire, ni me prévenir, mais juste en ayant laissé un mot sur la table de la cuisine. 

"Réfléchis avec ton coeur. Bisous, Max"

J'avais immédiatement jeté le mot. Tout ce qu'il avait dit était faux, j'en étais persuadée. Mais je savais bien qu'au fond de moi, une partie de mon coeur doutait sur mes réels sentiments. 

Je n'avais rien avoué à Jake, de peur de le blesser. J'avais tassé cette histoire dans un coin de mon esprit, et tentai en vain de l'oublier. 

— Salut Léa ! Ça va ? demanda une voix.

Je m'arrêtai de marcher, et saluai un de mes collègues, encore inconnu il y a quelques semaines.

— Samy ! Ça va et toi ? 

— Ça va aussi. Ah au fait, le patron rentre aujourd'hui, m'informa-t-il. Je dois y aller, on se voit à la pause !

Je le saluai et restai au milieu du couloir. Le patron rentrait ? Mais oui, quelle idiote, bien sûr qu'il allait rentrer ! Il n'avait pas déserté non plus ! Mon coeur se mit à battre plus fort, et la peur grandit en moi.
Et s'il n'approuvait pas les choix que j'avais faits ? Et s'il me virait ?
Je m'imaginai tous les scénarios possible et ma respiration devint saccadée. 

J'avais fait des crises de panique ces derniers temps, mais j'arrivai toujours à me calmer. Je soufflai, encore et encore, et mon rythme cardiaque se stabilisa. 

Je me rendis à la salle de repos, et m'allongeai sur un des canapé, afin de me reposer. Il n'était que 8 : 00 du matin, comment allai-je tenir toute la journée, sachant que le boss allait débarquer d'un moment à l'autre ?!

— Ça ne va pas ? demanda Claire, en s'approchant.

— Non ! Le patron va revenir aujourd'hui..., dis-je dépitée.

Claire arqua un sourcil, ne comprenant pas.

— Et s'il n'était pas d'accord avec ce que j'ai fait ces dernière semaines ? demandai-je en plantant mes yeux dans les siens.

Claire esquissa un sourire, et commença à rigoler, puis elle s'arrêta, croisant mon regard noir.

 — Léa... Tu n'as pas à t'en faire voyons ! Tu es l'une des plus compétentes ici, il ne te virera pas. Son père a déjà approuvé ce que tu as fait, il n'a pas son mot à dire, m'assura-t-elle.

Je m'efforçai de la croire, et retournai au travail. Je pris soin de ne pas passer à l'accueil de la journée, afin de ne pas croiser mon cher patron, et j'essayai de rester devant mon ordinateur afin d'avoir moins de chances de le voir. 

***

C'était enfin l'après-midi. 

Peut-être que le patron était déjà rentré en fin de compte... Je décidai, face aux demandes incessantes de Claire, d'aller dans la salle de repos, afin de prendre un café. Malheureusement, pour s'y rendre il fallait passer par l'accueil. 

Je pris donc mon courage à deux mains, et je sortis de la section bureau. Je descendis les escalier en marbre, et marchai rapidement, si ce n'est courir.

— Léa ! s'exclama une voix.

Je me retournai et vis Mira et Austin. Je levai les yeux au ciel, et les rejoignis. J'étais de dos à l'entrée, et face au comptoir, de façon à ce que si le patron arrive, il ne me voie pas. 

— Pourquoi est-ce que tu te caches comme ça ? me demanda Mira, inquiète. 

Je la rassurai et lui expliquai tout. Elle aussi me débita la même chose que Claire, mais je ne pouvais m'empêcher de stresser. 

Soudain, la porte d'entrée claqua, et un frisson me parcourut. Étant accoudée au comptoir, je me redressai, et je regardai dans le miroir en face de moi. Mon sang se glaça dans mes veines. 

Il est là. 

Juste derrière moi, avec son éternel accoutrement trench-chapeau-lunettes de soleil. Pitié, pitié, qu'il ne vienne pas par-là... Je respirai le plus lentement possible, mais mon coeur battait à cent à l'heure.

Mira me regardait, ne savant pas quoi faire, et Austin me lançait des regards désolés. Je ne pouvais pas partir maintenant, cela paraitrait extrêmement impoli...

— Chéri ! s'exclama une voix stridente. 

Je replaçai mes yeux sur le miroir, et observait la scène. Une jeune femme avait surgi de nulle part, en robe qui paraissait très couteuse, mais qui n'en était pas moins magnifique. Ses longues boucles brunes retombaient dans son dos, et paraissaient si... Soyeuses. 

Elle s'élança vers le patron et l'embrassa à pleine bouche. Une seconde plus tard, je fermai les yeux mais c'était trop tard : j'avais vu. Cette image restera à jamais gravée dans ma mémoire, à mon plus grand malheur. C'était dégoutant, mais après tout c'était le patron.
Si j'en avais le courage je les aurais remis à leur place, mais dans ma position, c'était impossible.

Mira me sourit, et hocha la tête, et je compris. Je me mis rapidement en route vers la salle de repos. Mira me couvrirait. J'ouvris la porte, et disparus à l'intérieur de la petite pièce. Là, je m'adossai à la porte, et je soufflai enfin, soulagée.

— Qu'est-ce qui t'arrives ? me demanda Claire. 

Je me redressai vivement, me rendant compte que les autres employés étaient là aussi. Et merde. Comment détruire son image en 5 secondes...

— Je... Le patron était là... Juste derrière moi, bredouillai-je.

 — Et ? Vous avez parlé ? Il t'a dit qu'il était fier de toi ? continua ma collègue, un sourire aux lèvres. 

 — Non, on n'a pas parlé. Je me suis réfugiée ici, expliquai-je.

Après quelques minutes, Claire sortit tout d'abord et fit le guet, puis, quand elle me signala que la voie était libre, nous retournâmes dans nos bureau plus rapidement que deux éclairs. 

Je l'avais échappé belle... Mais il allait bien falloir que je le rencontre ce patron. Je ne peux pas évoluer dans sa compagnie sans même avoir fait sa connaissance... On verra bien ce qui se passera, advienne que pourra.


#PDV Nick :

Je rentrais enfin. Cela m'avait vraiment été bénéfique de prendre une pause... Bien que celle-ci ait plus duré que prévu. j'espère juste qu'à l'hôtel, ils ont bien géré. Enfin, je ne doute pas d'eux, le responsable que j'ai désigné a les capacités de faire tourner cet hôtel sans personne pour l'aider. 

J'ai reçu plusieurs messages de ce dernier d'ailleurs. Il m'a bien fait comprendre que la nouvelle était incroyable : qu'elle avait redressé cet hôtel, qu'elle avait réglé quelques problèmes, et que les clients l'adoraient.
Je me demande si elle ne l'a pas ensorcelé... Ou ne serait-il pas tombé sous son charme ? Je rigolais intérieurement. Comment avait-elle pu faire tout cela, si elle était aussi inexpérimentée ?! Je me demandais bien comment elle avait fait tout cela.

J'arrivai devant l'hôtel. Je sortis de ma voiture, et marchai tranquillement vers la bâtisse. Je mis un pied à l'intérieur, et vis une jeune femme accoudée au comptoir, de dos. Elle était brune, portait ses éternelles jupes qui dévoilaient ses belles jambes, et semblait parler aux personnel de l'accueil. C'était la nouvelle, j'en étais sûr. Je ne la quittais pas des yeux, et je priai pour qu'elle se retourne. Je n'avais pas encore vu son visage depuis qu'elle était ici, et je mourrais d'envie de le découvrir. 

Je fus sorti de ma rêverie par la porte qui se ferma dans un bruit sourd. Le silence se fit, et je vis la jeune femme se redresser doucement. Elle ne se retourna pas pour autant, mais je pouvais voir qu'elle était crispée. Pourtant, il n'y a pas de quoi... Je ne suis pas aussi froid que j'en ai l'air. Enfin, je crois...

— Chéri ! s'exclama une voix bien familière. 

Ce fut à mon tour de me crisper.

Je me tournai vers elle et vis Kate qui me sauta littéralement dessus. Elle m'embrassa, et je vis du coin de l'oeil la nouvelle s'en aller. C'était particulièrement impoli de sa part. Quand son patron vient d'entrer, on le salue merde ! Bon, il faut que je me calme. J'ai une affaire à gérer moi. 

Je m'écartai doucement de Kate, et montai me rendre dans la section bureau. J'entrai dans le mien, et commençai à examiner les chiffres, les graphiques et autres analyses faites par nos analystes. Il est clair et net que cette fille a fait un bon boulot. Je ne peux pas le nier...

Il faut que je la rencontre. Et que je la félicite, à l'occasion.

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