Chapitre 44
Tout en aidant un Blake encore groggy par sa rencontre avec la barrière se relever, j'essayai d'intégrer ce la conseillère venait de nous dire...et j'avais du mal !
— Comment est-ce possible ? me dis-je, en me rendant compte un peu tard, que j'avais pensé tout haut.
— Le temps...et l'ignorance, nous répondit-elle dans un soupir, avant de s'avancer vers nous de quelques pas.
Maintenant qu'elle était un peu plus dans la lumière, je pouvais mieux distinguer ses traits et son visage doux et ravagé par la fatigue, me fut tout de suite sympathique.
— Lorsque cette protection salvatrice a été mise en place par les anciens, nous n'étions évidemment pas nés et nos ancêtres n'avaient aucune raison de vouloir la désactiver ou la traverser. Cela n'a donc jamais été tenté...jusqu'à il y deux ans. C'est là, que nous nous sommes rendu compte que le champ protecteur était infranchissable et que malheureusement, toutes les informations pratiques sur ce dernier, avait été perdues depuis longtemps.
— Je peux comprendre le rapport avec la répression musclée de la rébellion, mais pourquoi éradiquer les changeants ? demanda Blake qui finissait de se relever, encore victime de légers spasmes intermittents.
— Nous ne les éradiquions pas, du moins pas au début. Monroe avait vite compris que les changements génétiques des nouvelles générations venaient de l'air pollué et pas assez renouvelé, dû à l'accroissement de la population, commença-t-elle à nous expliquer d'une voix concentrée.
— Dans un premier temps, il avait décidé de repérer les changeants, de les étudier pour comprendre et voir si nous pouvions trouver un remède, quelque chose contre ce nouveau fléau. Puis, au bout d'un moment, il les a utilisés, eux et leurs aptitudes, pour tenter de briser la barrière. Devant l'inefficacité de tous ses essais et le risque que ces jeunes de plus en plus nombreux ne parlent...il a décidé, et ce contre notre avis, de tous les faire exécuter. Il nous a ensuite imposé à tous le silence, sous peine de subir le même sort.
— Pourquoi, n'avoir pas mis le reste du conseil dans la confidence, quand la question d'une sortie a été évoquée ? demanda Blake. Cela aurait évité bien des problèmes.
— C'est ce que nous pensions tous, pour la plupart. Mais Monroe, pensait que plus il y aurait de personnes dans la confidence, plus les risques de fuite seraient grands...et que si la population venait à l'apprendre, cela engendrerait une catastrophe sans précédent. Il commença à avoir peur que les changeants se rendent compte de la vérité et se liguent pour renverser le conseil. Au début, il leur effaçait juste la mémoire et il y a quelques semaines, il a décidé de tous les éliminer, pour gagner du temps sur la fatalité comme il disait. C'est là, que nous avons décidé d'agir...
— Sa crise cardiaque n'était donc pas naturelle, commenta Blake d'un ton sarcastique, sa voix encore altérée par sa rencontre musclée avec la barrière.
— Malheureusement non, lui répondit-elle avec un petit sourire triste. Je ne suis pas pour ces méthodes extrêmes, mais là...je ne voyais vraiment plus d'autres solutions.
— On va pouvoir mettre un terme à toute cette folie alors ? lui demanda Blake d'une voix incertaine, où flottait quand même une lueur d'espoir.
— C'est mon souhait le plus cher. Mais il faudrait déjà que les partisans de Monroe me laissent faire.
— Ils sont nombreux ?
— Beaucoup plus que je ne le croyais malheureusement. Ils ont peur de la réaction de la population à l'annonce de la vérité...et je ne peux pas les en blâmer !
— On ne sera pas obligé d'avertir tout le monde tout de suite...
— Quoi ?! m'exclamai-je surprise par ce revirement soudain et inattendu.
— Juste le temps de trouver le bon moyen de le faire, me répondit-il d'une voix agacée. Comment allons-nous procéder, pour que cela soit officiel ?
— Justement, nous...
Sans aucun signe avant-coureur, la porte principale vola soudain en éclat et des coups de feu commencèrent à retentir, avant même que les hommes aient pénétré dans la pièce. Je me baissai instinctivement, imité par Blake et Ophélia, alors que la luminosité baissait d'un coup, nous plongeant subitement dans l'obscurité.
— Il faut qu'on parte d'ici, me chuchota Blake, alors que les tirs un peu moins nourrit retentissaient toujours autour de nous.
— Pour aller où ? Nous sommes faits comme des rats !
C'est alors qu'une urgence évidente s'imposa à moi, me prenant aux tripes et ne voulant pas me lâcher.
— Nous devons rejoindre Lynch, tout de suite !
— Je ne suis pas sûr que...
— Faites-moi confiance...c'est ce qu'il faut faire, lui affirmai-je sûre de moi.
Et sûre de moi je l'étais, viscéralement. Maintenant, y arriverions-nous vivants...ça, c'était une autre histoire ! Nous commençâmes donc à nous avancer prudemment et courbés, protégés par la noirceur ambiante. Nous étions presque parvenus jusqu'à la porte, gardées par plusieurs hommes, quand soudainement, ils tombèrent comme des mouches devant nous.
— Ophélia...rallume la lumière ! Cria soudain Connors en se précipitant devant moi pour me protéger du tireur qui était en train de me viser.
Il fit écran avec son corps et tira dans le même mouvement, abattant l'assaillant d'une balle en pleine tête. Isy en profita aussitôt pour amplifier le son de la détonation, tandis que Lynch déchainait le peu de pouvoir qui lui restait, mais qui suffit à mettre à terre les hommes restants.
Il nous fallut au moins deux minutes pour pouvoir nous mouvoir de nouveau. Une fois sûre que toute menace immédiate était écartée, Ophélia relâcha son contrôle, permettant à la lumière de revenir à pleine puissance, tandis qu'Isy faisait taire l'écho assourdissant qui nous vrillait les tympans.
Lynch et Connors avaient réussi leur mission puisque Lada et Oliver, mal en point mais vivants, entrèrent à leur tour dans la salle en claudiquant. J'étais tellement soulagé de les voir sains et saufs que j'allais me précipiter vers eux, quand je me rendis compte que Connors se tenait toujours devant moi, mais dans une posture étrange. Un peu ramassé sur lui-même tout en étant en appui léger sur mon épaule.
— Connors, ça va ? lui demandai-je soudain inquiète.
— Oui, oui ça va, ne t'inquiètes pas, me répondit-il d'une voix crispée, tout en se tenant les côtes.
— Tu t'es pris une balle, affirmai-je d'une voix réprobatrice tout en commençant à vouloir écarter ses mains de son abdomen.
— Oui, mais rien de grave.
— Je n'aime pas que l'on me mente, lui rétorquai-je en le foudroyant du regard.
— Et moi que l'on perde un temps précieux pour pas grand-chose, me rétorqua-t-il sur le même ton, tempéré par un petit sourire. Il y a beaucoup plus urgent qu'une petite égratignure, me dit-il d'une voix triste et inquiète en m'invitant d'un signe de tête à réaliser le carnage qui m'entourait.
Kaine, ainsi que la plupart de ses hommes étaient mort. Vraisemblablement lors de la première vague d'assaut. La conseillère Lovory n'avait eu aucune chance, ils l'avaient tué d'une balle en pleine tête, ruinant toutes nos chances d'une entente pacifique. Maintenant que nous savions réellement à quoi nous en tenir...c'était une vraie catastrophe. Nous expliquions rapidement à un Lynch estomaqué ce que nous venions d'apprendre, quand une nouvelle alarme se déclencha.
« LA PROCEDURE D'URGENCE A ÉTÉ ACTIVEe. DESTRUCTION DE LA SECTION 12 DANS : 5 MINUTES. »
Le funeste message robotique qui résonna dans le bâtiment désert, nous fit comme un électrochoc et après quelque secondes d'hébétude, nous nous précipitâmes tous vers la sortie. Nous n'avions pas fait un pas en direction de la porte, que d'énorme panneaux métalliques descendirent du plafond, bloquant tous les accès.
« PROCEDURE DE QUARANTAINE ACTIVEE. SYSTÈME DE FERMETURE AUTOMATIQUE DES PORTES DE CONFINEMENT ENCLENCLE. DESTRUCTION PREVUE DANS : 4 MINUTES. »
— Merde ! Jura Lynch. Ça ne peut pas se terminer comme ça !
— Apparemment si, lui répondit Blake d'un ton amer, en donnant un coup de pied rageur et inutile dans la porte.
— Il doit y avoir un moyen de traverser cette barrière, s'écria-t-il en se précipitant vers cette dernière dans une course désespérée.
— Sûrement mais nous n'aurons malheureusement pas le temps de le trouver, lui répondit Connors, dont la blessure, bien plus grave que ce qu'il m'avait laisser entendre, laissait de nombreuses gouttes écarlates sur le sol, derrière lui.
« 2 MINUTES. »
La voix désincarnée continuait d'égrener son compte à rebours, comme un rappel ironique des paroles de Connors. Je sentais au fond de moi que la solution était là, tout près, à portée de main, mais la peur et l'alarme stridente m'abrutissait et me tétanisait tout à la fois. Nous étions pourtant si près...
« 1 MINUTE »
Allez Hayden, concentre-toi, réfléchis, me disais-je la tête entre les mains, tandis que j'entendais les autres autour de moi, jurer, crier ou pleurer, me déconcentrant encore un peu plus.
« 30 SECONDES »
Mon dieu, il fallait que je trouve ! Nous étions si près du but. L'extérieur nous tendait les bras et nous allions mourir pulvérisés à quelques centimètres de la liberté.
« 15...14...13...12... »
— Donnez-vous tous les mains ! Hurlai-je soudain dans un cri hystérique alors qu'un flash violent me transperçait brusquement le cerveau, me donnant la marche à suivre.
Je me saisis de la main sanglante de Connors, tandis que Lynch se saisissait de la seconde et je m'approchais de la barrière.
— À mon signal, déclenchez tous vos pouvoirs, leur dis-je tandis que je me positionnai face à la vison paradisiaque de l'extérieur.
« 5...4...3... »
— Maintenant, hurlai-je !
Je touchai la barrière au moment où tout commença à exploser autour de nous. La chaleur et le souffle était insupportable, quand subitement...nous disparûmes.
L'instant d'avant je me trouvai dans un bâtiment en train d'exploser et la seconde d'après, je retombai durement sur un sol chaud et frais à la fois, recouvert d'une herbe verte et foisonnante.
Le choc m'avait coupé le souffle, mais la première gorgée d'air que je pris faillit bien en faire autant ! Il était tellement pur et riche et différent que je m'étranglai et m'étouffai, ce qui me sembla de longues minutes, avant de pouvoir retrouver un semblant de respiration normale.
Je me redressai précautionneusement, pas très sûre de l'endroit où j'étais. Pourtant aucun doute possible ! J'étais bien à l'extérieur, me dis-je en contemplant impuissante, l'enfer de feu qui se déchaînait de l'autre côté de la barrière. Mon dieu où était les autres, me demandai-je, alors que je me levai en titubant.
— Connors ! essayai-je de crier d'une voix crachotante et sans force. Lynch, Isy...où êtes-vous ?
— Ici, me répondit une voix lointaine et irréelle, semblant venir de très loin.
Je me guidai au son et sans même faire attention à ce qui m'entourait, m'empressai de rejoindre mes amis, qui avaient tous atterri à peu près indemnes à quelques distances les uns des autres.
Nous nous regardâmes tous pendant de longues secondes, avant que le premier rire ne commence à fuser, puis dans un élan rempli de joie et de soulagement, nous nous serrâmes tous dans nos bras, riant et pleurant tout à la fois. Quand Connors finit par m'enlacer, je ne résistai pas et me laissai aller à son étreinte, allant même jusqu'à répondre à son baiser passionné.
Nous avions réussi, nous étions libres ! me dis-je quelques temps plus tard, lorsque l'euphorie de notre sauvetage fut un peu retombée. Oui nous étions libres. Mais dans un monde inconnu et potentiellement mortel, sans aucune idée de comment sauver les milliers de personnes toujours prisonnières de la barrière.
Mais nous allions trouver, me promis-je, alors que j'étais blottie dans les bras de Connors qui se remettait de sa blessure. Nous avions prouvé que tous ensemble, nous étions capables de tout. Alors une fois nos marques prisent dans ce nouvel environnement, nous allions trouver une solution...je m'en faisais le serment.
FIN DU TOME 1
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"Voilà, c'est fini" !
J'espère que ce dernier chapitre vous aura plus et ne vous aura pas trop laissé sur votre faim ?!
Petit message à la #teamGabe...il y aura un tome 2 et plein de nouvelles possibilités :))
Merci à tous de m'avoir accompagné durant toute cette histoire. Je posterai un chapitre spécial remerciement demain, car je veux prendre mon temps pour bien le rédiger.
Je vous aime tous *o*
Cela m'a fait très bizarre d'écrire le mot Fin et vous allez tous me manquer :-(
Tous plein de gros bisous et à tout bientôt pour de nouvelles aventures ^.^
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