Chapitre 43
À peine les mots étaient-ils sortis de sa bouche, que Blake se précipita vers lui et me bousculant au passage, le saisit par le col de son uniforme et le plaqua violemment contre le mur.
— Qu'est-ce-que c'est que ces balivernes encore ! lui gronda-t-il d'un ton menaçant et agressif, sa bouche à seulement quelques centimètres de son visage.
— Colonel Hunt ! Mais pourquoi...
Le ton surpris et l'air ahuri de l'homme eurent l'air d'énerver encore plus Blake, qui ne le laissa même pas finir sa phrase et le fit taire très efficacement en le secouant de nouveau, avant de le re-plaquer brutalement contre le mur, qui en trembla sous l'impact.
— S'il y avait un soupçon de vérité dans ce que tu viens de dire, je serais au courant !
— Vous auriez dû l'être justement ! Mais Monroe refusait de vous mettre dans la confidence à cause de la désertion de votre frère, répondit-il d'un ton prudent et d'une voix étranglée. Depuis le jour de son...heu, départ...il ne vous fait plus confiance ! Et la preuve qu'il avait raison, arrive un peu tard...
— Moi je pense que la véritable raison est qu'il savait très bien que je ne cautionnerais jamais ses méthodes, contrairement à vous. Quoi...que voulez-vous dire exactement ?!
— Il veut dire que le conseiller Monroe est mort, dit soudain Lynch d'une voix blanche, les yeux rivés sur un écran où défilait un texte, illisible pour moi de là où je me trouvais.
— Quand ? Comment ? qui le remplace ?
— Il a été victime d'une crise cardiaque foudroyante...Comme quoi la justice existe, fini Lynch pour lui-même tandis qu'il continuait à lire avec avidité.
— C'est la conseillère Lovory, qui le remplace et elle vous cherche depuis hier, ajouta l'homme toujours prisonnier de la poigne de fer de Blake.
— C'est pour ça qu'elle a donné l'ordre de me tuer à vue ?! Vous vous foutez de moi ?
— Non, ça c'était les anciens ordres, répondit encore une fois Lynch ! Laisse tomber cette raclure, il ne nous apprendra rien de nouveau. Si le grand conseiller a changé, nous avons peut-être une chance d'arrêter toute cette folie, il faut que nous la trouvions.
— Certainement pas ! Son approche est mauvaise et elle va tous nous faire tuer, hurla le soldat, qui réussit à se libérer de la poigne relâchée de Blake et en profita pour lui asséner un grand coup de coude en plein visage.
Hunt jura mais encaissa le coup, tandis qu'il lui rendait la pareille, l'envoyant au sol d'un seul coup de poing.
— Vite, il ne faut pas rester là ! nous avertis soudain Lynch.
— Qu'est-ce-qu'on fait d'eux, demanda Connors avec raison, tandis qu'il cherchait un moyen de verrouiller efficacement la porte.
— Tenez, enfermons-les là-dedans, nous dit Isy en nous indiquant une porte métallique à l'air solide qu'elle venait d'ouvrir. C'est un local technique et il ferme de l'extérieur.
Personne ne perdit de temps à aller vérifier et les trois hommes inconscients, allèrent rejoindre les serpillères et autres produits ménagers dans une envolée d'éponges et de chiffons en tout genre.
— Tu nous expliques, lui demanda soudain Blake alors que Lynch était en train de consulter un plan du complexe trouvé sur l'une des consoles.
— Le grand conseiller est mort hier et son successeur n'a pas du tout les mêmes idées que lui. En gros, les partisans de Monroe sont en train d'essayer d'étouffer l'information et d'empêcher Lovory d'accéder au poste.
— Et merde !
— Exactement ! Il faut qu'on la trouve et que l'on comprenne exactement ce qu'il se passe ici. Car j'ai vraiment de plus en plus l'impression que ça nous dépasse...
Nous nous engageâmes donc, dans une suite de couloirs rectilignes interminables, menés par un Lynch qui avait l'air de savoir où il allait. Soudain, à une intersection, il s'arrêta brusquement.
— Nous allons nous séparer ici.
— Pourquoi demandai-je ? Surprise par ce brusque changement de programme et me faisant visiblement l'écho des autres personnes présentes.
— Parce que l'on est là, pour tenter une sortie et que ce serait dommage de ne pas essayer. De mon côté je pars chercher Lada et Oliver. J'ai trouvé où ils étaient détenus et avec un peu de chance, ils sont encore en vie.
À l'entente de ces paroles, un soulagement indicible se dessina sur le visage d'Isy, qui se précipita instantanément aux côtés de Lynch, le défiant du regard d'oser l'en empêcher. Ophélia allait la suivre, quand il l'en dissuada d'un simple geste de la main.
— Non, il vaudrait mieux que tu restes avec Blake et Hayden. Comme Connors viens avec nous, nous aurons deux changeants par groupe, ce sera plus équilibré. De toute façon, on vous rejoint dès que nous les avons retrouvés, ajouta-t-il voyant qu'elle s'apprêtait à argumenter.
— Vite, il faut...
Une alarme stridente et agressive se mit à résonner dans tout le bâtiment, coupant la parole à Kaine et nous donnant des ailes. Chaque groupe partit de son côté, les hommes restants se répartissant au hasard. Alors que je jetai un dernier regard à Connors qui en faisait de même de son côté, je vis que Kaine avait choisi de venir avec nous, ce qui je ne sais pour quelle raison, me dérangea.
Alors que nous courrions dans ces couloirs déserts et à mes yeux tous identiques, je m'inquiétai soudain du fait, que nous ne savions pas où nous allions. Avant de me souvenir que Blake devait connaître l'endroit comme sa poche, ou au moins suffisamment pour nous amener à bon port sans trop de détours inutiles.
Au détours d'un couloir, alors qu'il allait en franchir l'angle, nous le vîmes soudain reculer précipitamment et revenir vers nous en nous faisant signe de reculer en silence. Avisant une porte sur sa gauche, il jeta un bref coup d'œil par l'entrebâillement de celle-ci, puis l'ouvrit en grand avant de nous faire signe d'y entrer.
— Que se passe-t-il ? lui demanda Kaine dans un chuchotement précipité, avant que je n'aie eu le temps de le faire moi-même.
— La sécurité devant la porte menant « au passage » a été renforcée...impossible de passer en force.
— Vous êtes sûr ?
Le regard que lui lança Blake valait tous les discours sur ce qu'il pensait de sa question idiote.
— Quel est le plan B, alors ?
Blake semblait réfléchir intensément quand son regard se porta sur Kaine et ses hommes.
— Toi et...toi dit-il en désignant les deux hommes les plus petits. Déshabillez-vous !
— Pardon ?! dirent-ils tous les deux à l'unisson.
— Enlevez ce qui vous sert d'uniforme et passez-les aux filles...ça devrait faire illusion.
Comprenant instantanément où il voulait en venir, Ophélia et moi nous trouvâmes un coin relativement à l'abris des regards et revêtîmes les vêtements que Blake nous lança afin de respecter notre intimé toute relative. Mais franchement nous n'étions plus à ça près ! J'avais tellement d'adrénaline dans les veines, que j'aurai été prête à presque n'importe quoi, du moment que tout ça se termine enfin.
— Bon...ça devrait faire l'affaire, commenta-t-il en nous voyant affublées de nos nouveaux vêtements. Relevez vos cheveux et planquez-les sous ces casquettes, nous dit-il en nous les tendant d'un geste impatient. J'ai cru comprendre que tu pouvais agir sur la lumière ? demanda-t-il à Ophélia d'un ton légèrement sceptique qui ne m'aurait pas beaucoup plu à sa place.
Mais elle devait avoir l'habitude car elle ne dit rien et se contenta d'acquiescer d'un signe de tête.
— En fait, j'agis sur la luminosité ambiante, expliqua-t-elle enfin, certainement par soucis de précision et se demandant sûrement ce qu'il attendant d'elle.
— Peux-tu faire suffisamment baisser la lumière, pour qu'il puisse vous prendre pour des gardes du conseil ?
— ça devrait être jouable.
— Je l'espère, car sinon...nous sommes fichus. Vous, vous restez là et vous guettez Lynch et son groupe pour ne pas qu'ils se jettent dans le piège.
C'est donc passablement stressé que nous refranchîmes la porte et suivîmes Blake, chacune d'un côté et un peu en retrait, un fusil dans les mains.
— Halte-là ! qui...
— Colonel Hunt, vous ne m'avez donc pas reconnu ? attaqua immédiatement Blake, alors que la lumière avait baissée suffisamment pour gêner la vision, mais sans que cela ne soit trop flagrant pour autant.
— Oh...si...évidemment mon Colonel, répondit le planton en bafouillant d'un air gêné, puis sans aucune autre question, il nous laissa passer.
Une fois la porte franchie je m'attendais à quelque chose de grandiose et fut relativement déçu en constatant que le fameux passage vers l'extérieur, ne consistait en fait qu'à une porte en verre ouvrant sur...la plus belle chose que j'avais jamais vu !
La muraille de béton délavée s'arrêtait abruptement, nous laissant voir pour la première fois ce qui se trouvait de l'autre côté. Des arbres, plus verts, plus fournis et plus gigantesques que le plus grand des nôtres, poussaient a à peine quelques mètres de nous, semblant nous inviter à venir nous abriter sous leurs feuilles. Une nature foisonnante et respirant la vie et la santé semblait nous attendre de l'autre côté de cette porte, que personne jusqu'à présent n'avait encore jamais franchie.
— C'est maintenant, dit Ophélia ? C'est notre chance.
— Justement, c'est trop simple ! Ça cache quelque chose, maugréa Blake en s'approchant de la porte avec précaution.
Il finit quand même par mettre la main sur la poignée et lorsqu'il appuya dessus, cette dernière s'ouvrit sans le moindre problème. Encouragés par l'absence d'alarme ou de piège, j'allais m'avancer à mon tour, quand la porte par laquelle nous étions entrés se rouvrit et que les gardes entrèrent, accompagnés d'une femme d'un certain âge à l'air autoritaire et bienveillant à la fois.
— Attendez, cria cette dernière au moment où Blake me saisissait par la main et se mettait à courir vers l'extérieur. Ne faites pas...
Au moment où Blake atteignait la barrière de protection, il fut soudain arrêté net, comme si un mur invisible venait de se matérialiser devant lui, le projetant violement en arrière. Il retomba sur le sol, encore conscient mais visiblement sonné, le corps agité de spasmes incontrôlables. Ophélia et moi nous regardâmes paniquées, ne sachant pas très bien quoi faire.
— Monroe le cache à la population depuis des dizaines d'années, par peur de la panique et du chaos qui d'après lui s'en suivrait, dit soudain la femme que je soupçonnais fortement être la conseillère Lovory. Mais la vérité est là. La barrière qui nous a protégée du grand cataclysme est désormais notre prison et nous empoisonne à petit feu et nous ne trouvons pas le moyen de la désactiver, termina-t-elle nous laissant sans voix et au bord du désespoir.
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Voilà ce qui sera certainement l'avant dernier chapitre !
A présent, vous connaissez le fameux secret et la cause de tous leurs malheurs ! Chapitre assez long et difficile à écrire. Je m'excuse donc par avance des fautes et des tournures de phrases maladroites ^-^ J'y verrai plus clair lors de la réécriture :)
J'espère qu'il vous a plu et que vous n'êtes pas déçu de la tournure des événements ?!
A tout bientôt pour le tout dernier chapitre :-(
Merci à tous d'être toujours là, vous êtes géniaux *o*
Bisous, bisous ^.^
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