Chapitre 36-1










Sur le moment, je ne pus que suivre bêtement le mouvement, surprise comme je l'avais été par la brusque traction de Connors. J'étais tellement épuisée et déconcentrée que je ne l'avais même pas vu faire demi-tours pour venir à mon aide. Mais à présent, j'essayai de réunir mes dernières forces défaillantes pour suivre le rythme et ne pas l'entraîner dans ma chute. Il avait déjà failli mourir une fois à cause de moi, pas question que cela se reproduise !

Mais malheureusement la volonté ne faisait pas tout et mon corps lui, semblait avoir décidé qu'il n'irait pas plus loin. Je réussis encore à faire deux pas titubants, avant que mes jambes ne me lâchent et que je ne m'écroule en vrac sur le sol, risquant d'entraîner Connors avec moi. Mais heureusement pour lui, il avait plus de reflexe que moi et me lâcha juste à temps, m'évitant tout de même de me faire trop mal, en atténuant mon impact sur la terre dure et desséchée.

— Allez Hayden...encore un dernier petit effort, m'exhorta-t-il dans un chuchotement essoufflé, ne semblant pas en meilleur forme que moi.

— Dé...désolée mais...je n'y arrive plus, arrivai-je péniblement à articuler, tellement j'étais épuisée.

— Regarde...il ne reste plus que quelques mètres, insista-t-il en me désignant d'un mouvement de tête le reste du groupe, désormais à l'abri dans l'ombre d'une vieille benne rouillée.

J'essayai de trouver la force de me relever, sachant très bien que rester là, à découvert était extrêmement dangereux. Mais mes membres me paraissaient peser des tonnes et refusaient obstinément de m'obéir.

— Désolé, je sais que tu n'aimes pas ça, mais là...je n'ai pas le choix !

Et comme il l'avait déjà fait la première fois que nous nous étions rencontré, il se baissa pour me prendre dans ses bras. Mais contrairement à la fois précédente, où ses gestes avaient été fermes et assurés, là ils me parurent hésitants et maladroit, comme si j'étais subitement devenue trop lourde pour lui.

— Non...laisse...ça va allez, tentai-je quand même d'une voix faiblarde et mal assurée, qui ne dû que renforcer sa détermination à me venir en aide.

C'est finalement à bout de souffle et les bras tremblant, qu'il parvint à me hisser dans ses bras. J'étais si lourde que ça ? Ne pus-je m'empêcher de me demander, surprise par son soudain accès de faiblesse. Je ne savais pas ce qu'il se passait, mais quelque chose n'était pas normal. Ne pouvant rien faire de mieux pour l'aider, je passais mes bras autours de son cou et m'accrochai à lui pour paraître moins lourde et plus facile à porter.

Sa démarche s'en ressentit presque immédiatement devenant moins heurté et plus fluide, ce qui m'encouragea dans ma démarche. C'est là, plaquée contre lui, que je me rendis compte qu'il m'avait manqué et que cette position, même si elle était embarrassante, n'était vraiment pas si désagréable que cela...bien au contraire ! 

Le trajet fut extrêmement court, à peine quelques minutes, ce qui me déçu presque lorsque nous arrivâmes en vue du camion-benne accidenté. Il devait se trouver là depuis des décennies, gisant sur le flanc, sa benne éventrée faisant désormais un refuge bien utile, à défaut d'être confortable. C'est avec un soulagement évident que Connors, me déposa sur le métal froid et rouillé, avant de se laisser glisser à côté de moi dans un soupir las.

— Connors...ça va ? Ne pus-je m'empêcher de lui demander en murmurant, pour ne pas que les autres perçoivent l'inquiétude dans ma voix.

— Rien qu'un bon repas et qu'une bonne nuit de sommeil ne sauraient guérir, me répondit-il sur le même mode, un petit sourire exténué aux lèvres. Je suis juste épuisé...comme tout le monde.

Ça c'était évident et je n'en doutais pas, mais...il y avait autre chose. Ses yeux ma paraissaient brillant et étranges et son teint était...non ! Ce devait-être un effet de la faible luminosité ambiante, car quand il bougea légèrement la tête, cette drôle d'impression disparue.

— Tout le monde a pu reprendre quelques forces ? demanda soudain Lynch d'une voix tout aussi harassée que les nôtres, tandis qu'il se levait en s'appuyant à la paroi métallique.

Tout le monde l'imita et c'est avec difficulté et l'aide de Connors, que je réussi tant bien que mal à me mettre debout. Enfin, debout étant un bien grand mot, puisque je me tenais courbée en deux comme une petite vieille, tellement mon abdomen me faisait mal...ce qui n'était vraiment pas bon signe.

— L'usine se trouve de l'autre côté, nous dit-il en faisant un signe de tête vers la droite. Nous n'avons plus qu'un terrain vague à traverser et nous y serons. Faites juste attention où vous mettrez les pieds...le sol est traitre.

Puis il sortit, nous faisant signe de le suivre. Nous avions à peine fait trois pas à l'extérieur, que tout le monde se figea. Il fallait dire que ce que nous avions devant les yeux, n'avait rien de très engageant.

Dans le crépuscule déclinant, les dernières lueurs du jour rendaient l'environnement...verdâtre ! Donnant la sensation étrange, que l'air nous collait à la peau. Des lambeaux de brume s'étendaient de manière anarchique sur la grande étendue stérile, nous séparant encore de la fameuse usine salvatrice. Qui, pour le moment, me faisant plus penser à une maison hanté qu'autre chose...en résumé, tout cela ne me disait rien qui vaille !

— Cet endroit est...bizarre, dit enfin Ophélia d'une voix hésitante. Je n'arrive pas à l'expliquer, mais...

— C'est normal, tous les terrains entourant l'usine sont contaminés.

— Contaminés ?! Comment ça contaminés, demanda Elana de sa plus belle voix de journaliste d'investigation.

— C'était une usine de produit chimique...

— Impossible, tous ces produits sont strictement interdits dans l'enceinte de Last City, l'interrompit-elle, visiblement plus obtus que jamais.

— ...datant d'avant le grand cataclysme, continua Lynch entre ses dents et d'un ton très appuyé, montrant clairement combien ces interruptions intempestives l'exaspéraient. Il avait été prévu, qu'elle soit démantelée petit à petit, mais un accident est survenu et depuis ce temps, la zone est devenue strictement interdite.

— Et vous, comme d'habitude, vous voulez que nous foncions tête baissée dans un brouillard toxique...typique, ne put s'empêcher de persifler Elana.

Il fallait bien avouer que pour une fois, elle n'avait pas vraiment tort !

— Je m'évertue à vous sauver la vie, au contraire ! J'ai dit qu'eux croyaient que c'était toujours toxique ! Hors, contaminé oui, mais toxique non...pas pour l'homme en tous les cas !

— Mais comment...

— Bon assez perdu de temps, la coupa-t-il. Ce n'est vraiment ni le lieu, ni l'endroit pour discuter. Je vous donnerai toutes les explications que vous voudrez lorsque nous seront à l'abri à l'intérieur. Maintenant, on y va.

Alors que Lynch, s'enfonçait dans la brume inquiétante sans aucune appréhension apparente, le reste du groupe eut un petit moment d'hésitation et c'est finalement en retenant inconsciemment mon souffle que je m'y engageai à mon tour. J'avais finalement réussis à tenir sur mes jambes, même si Connors devait me soutenir pour m'aider à avancer. Mais c'était toujours mieux que d'être porté comme une damoiselle en détresse !

Le sol spongieux et détrempé était traître et plusieurs personnes trébuchèrent dans des ornières. Nous étions tous épuisés, apeurés et fébriles, regardant constamment autour de nous à la recherche du moindre signe qu'un nouveau drone était en approche. Mais depuis que nous avions pénétré dans cette brume oppressante, plus aucun son, ne semblait nous parvenir...c'était étouffant et dérangeant.

Subitement le brouillard se dissipa, nous dévoilant brusquement le bâtiment qui était beaucoup plus proche que nous le pensions. Une chose était sûr, il ne gagnait vraiment rien à être vue de près ! Il était gigantesque et sa taille imposante nous surplombait tel un géant menaçant. Ses fenêtres nombreuses et immenses semblaient nous narguer, ressemblants à des bouches ricanantes dans la pénombre. L'aspect inhospitalier et rebutant du lieu, ne sembla pas perturber Lynch, qui nous entraina le long du rez-de-chaussée où toutes les ouvertures étaient soit murées, soit condamnées par tout un tas de morceaux de bois hétéroclites. Il s'arrêta devant l'une d'elle et d'un simple geste, écarta la planche qui l'obstruait et ne semblait plus tenir que par quelques clous mal en point.

Nous enjambâmes tous le rebord avec plus ou moins de facilité. Connors et moi passâmes en dernier et c'est avec un mélange de soulagement et d'appréhension que j'entrai dans le bâtiment en ruine. Je posai un pied hésitant sur le sol recouvert de verre brisé et de détritus en tous genre et jetais un regard circulaire autour de moi. La pièce où nous nous trouvions était immense et totalement vide. Des dizaines et des dizaines de poutrelles métalliques, soutenaient un plafond trop haut pour que nous puissions le distinguer dans l'obscurité ambiante. Alors que Lynch commençait à avancer nous entraînant dans son sillage, une lumière s'alluma soudain, illuminant l'une des portes comme un phare en pleine tempête !

Tout le monde se figea subitement...nous n'étions pas seul.

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