Chapitre 25-2
Pour toute réponse, Quint lui asséna une terrible gifle du revers de la main qui le déséquilibra, l'envoyant heurter le sol de la tête avec un bruit mat. Quint savourait sa victoire, regardant Lynch au sol, un sourire de contentement victorieux sur les lèvres. Quand ce dernier commença à remuer faiblement, pour tenter de se redresser, Quint l'en empêcha en lui envoyant un violent coup de pied dans les côtes.
— Arrêtez ! Hurlais-je, tout en essayant de me dégager de l'emprise du gorille se trouvant derrière moi.
J'avais beau savoir que cela ne servait à rien, c'était plus fort que moi, presque de l'ordre du reflexe. La prise sur ma gorge se resserra, presque à m'étouffer et Quint me lança un sourire narquois, avant de se retourner vers Lynch de nouveau à genoux, prêt à le frapper à nouveau. C'est à cet instant, en croisant son regard résigné, que je décidais de tenter quelque chose. Après tout, au point où nous en étions...
Ce que je voulais tenter était risqué, mais...Je pris une grande inspiration, puis essayant d'y mettre les dernières forces qu'ils me restaient, me remis à gesticuler de plus belle, criant et donnant des coups désordonnés dans les tibias du garde. Comme je l'espérais, cela détourna l'attention de Quint, laissant un répit momentané à Lynch qui, je l'espérais, comprendrait mon manège et agirai en conséquence. Le garde, d'abord surpris, encaissa les coups sans broncher, avant de se mettre à m'étrangler de plus belle, espérant ainsi me décourager. J'attendis que la pression soit assez forte pour rendre ma prochaine manœuvre crédible. Lorsque je vis de petites mouches colorées commencer à danser devant mes yeux, je m'avachis de tout mon poids dans les bras du garde, cherchant à lui faire croire que j'avais perdu connaissance.
Cela marcha au-delà de mes espérances ! Surpris, il relâcha brutalement sa prise et déséquilibré par mon poids, baissa instinctivement le bras qui tenait l'arme. Je n'hésitais pas et y mettant le plus de force possible, je lui envoyais mon coude dans les côtes. Il me lâcha dans un grognement de douleur, la respiration coupée par mon coup. J'enchainais avec un coup de genoux dans l'entrejambe, avant de ramasser l'arme qui était tombée au sol dans la bagarre. J'allais me retourner afin d'en viser Quint, quand je sentis le canon d'une arme se planter dans mon dos.
— Bien tenté petite pimbêche ! Mais cette fois-ci...c'est terminé. Me susurra Quint d'une petite voix malveillante, qui m'inonda instantanément de sueurs froides. J'aurais dû me débarrasser de toi depuis le début...
J'entendis qu'il armait le chien et fermais les yeux, impuissante, attendant que le coup parte.
— Hayden à terre ! Hurla soudain Lynch, au moment où une onde de choc surpuissante balayait la passerelle, m'envoyant heurter violemment la rambarde, qui cette fois-ci ne résista pas au choc...et céda.
Comme au ralenti, je me sentis basculer inexorablement vers l'avant. Je cherchais à me retenir, battant l'air de mes mains dans l'espoir de trouver quelque chose à quoi m'accrocher. Mais j'avais beau m'acharner, je ne rencontrai que le vide. Je sentis avec horreur, mes jambes quitter la terre ferme, lorsque l'on m'agrippa soudain par la cheville, bloquant ma chute et envoyant ma tête heurter la paroi abrupte.
— Je te tiens. Ça va ? Entendis-je faiblement Lynch me demander d'une voix anxieuse et essoufflée.
J'essayais de lui répondre, mais le oui qui sortit de ma bouche était tellement faible et tremblant, qu'il ne dut pas parvenir jusqu'à lui. Je sentis une traction, faible d'abord, puis de plus en plus forte à mesure que mon corps remontait sur la plateforme. Dans les derniers centimètres, je l'aidais, en poussant de toutes mes forces sur mes mains. C'est alors qu'une terrible douleur me déchira le flanc droit, me coupant la respiration et me laissant pantelante sur le sol.
— Hayden, ça va ? Me redemanda-t-il, tandis que son visage ensanglanté apparaissait dans mon champ de vision.
— Je crois...oui. Arrivais-je à lui répondre dans un souffle, tout en essayant de me redresser.
Un cri de souffrance involontaire m'échappa et je portais instinctivement ma main sur l'endroit douloureux. La sensation d'humidité poisseuse que je ressentis, ne me disait rien de bon. Sentiment bientôt confirmé par la grimace et le regard inquiet, que Lynch posa sur ma blessure.
— Merde, je n'ai pas été assez rapide...il t'a touché.
— Ah bon ! Fut la seule remarque subtile et intelligente que je trouvais à lui répondre.
Il ne manquait plus qu'une blessure par balle pour parachever cette situation pourrie, me dis-je tandis qu'avec réticence et résignation, je jetais un coup d'œil à ma blessure. Bon, soyons franc, ce n'était pas brillant...mais ça aurait pu être pire. La balle m'avait traversée le flanc, mais apparemment sans faire de dégâts internes et sans se ficher dans une côte. Comme quoi, il m'arrivait quand même d'avoir de la chance...une vraie petite veinarde ! Mais le point négatif, était qu'elle saignait abondamment, m'affaiblissant et me faisant un mal de chien.
— Ça devrait aller, dis-je à Lynch qui attendait mon verdict d'un air inquiet, tout en saignant sur mes chaussures. Et vous ?
— C'est surtout mon égo qui en a pris un coup...pour le reste ça devrait aller, me répondit-il sur un ton pince-sans rire, qui me cloua sur place. Si il en était à faire de l'humour, il devait être plus atteint que je ne croyais !
— Tu vas pouvoir te lever ? Me demanda-t-il d'un ton soudain préoccupé, tout en se retournant toutes les deux secondes.
— Oui...mais il faut que je trouve quelque chose pour contenir l'hémorragie...sinon je n'irais pas très loin.
Il me regarda fixement pendant quelques secondes. Puis semblant parvenir à la même conclusion que moi, sortit ce qu'il restait de sa chemise de son pantalon et dans un grand geste rapide en déchira toute la partie basse.
— Ça fera l'affaire ?
— Oui, merci. Lui dis-je, tout en lui prenant le morceau d'étoffe des mains et en commençant à m'en ceindre la taille.
Devant ses « dépêche-toi » et ses « vite, vite » de plus en plus pressant, je fis du mieux que je pouvais. Même si mon bandage de fortune, bougeait un peu trop à mon goût, le saignement était presque entièrement contenu et c'était le principal. Je me remis debout difficilement, des éclairs blanc dansant dans mon champ de vision, me disant que j'avais quand même dû perdre beaucoup de sang. Lynch n'avait pas meilleur allure que moi et se tenait vouté, un bras en travers du torse pour soulager ses côtes vraisemblablement fracturées. Lorsqu'il s'avança d'une démarche saccadée, vers le garde le plus proche, je constatais qu'il avait une arme dans la main. Il s'arrêta et d'une main tremblante, le pointa sur sa tête.
— Qu'est-ce que vous faites ?! M'écriais-je incrédule, en me précipitant vers lui le plus rapidement que je le pouvais.
— À ton avis ?!
— Vous n'allez pas l'abattre de sang froid ?
— Tu crois qu'ils nous réservaient quoi ?
— Oui...mais ce n'est pas la solution...
— Tu en as une autre peut-être ? Ils vont se réveiller dans quelques minutes et alors on fera quoi, dans notre état ?!
— On a cas les attacher...
— Avec quoi ? Commença à s'énerver Lynch, qui semblait avoir de plus en plus de mal à tenir debout.
L'homme devant nous commença à remuer faiblement et je vis son doigt se tendre sur la détente. Sans réfléchir je lui arrachais l'arme des mains et la retournant, assommais le garde d'un coup de crosse sur la tête. Mieux valait ça, que de l'assassiner froidement.
— Formidable, on a gagné deux minutes ! Et maintenant, on fait quoi ? Persifla Lynch, retrouvant son ton charmant habituel.
Je m'apprêtais à lui répondre sur le même ton, « se barrer d'ici », quand des bruits de pas se mirent à résonner dans le couloir d'entré. Instinctivement j'attrapais sa main pour l'entraîner dans l'ombre, mais il me résista et me lança un regard rempli de soulagement.
— Ce sont forcément les renforts, personne à part les nôtres ne peuvent venir de là. Viens, allons à leur rencontre.
Je le suivis, un peu à contrecœur. Mais, après tout, il connaissait cet endroit bien mieux que moi...alors, si lui était confiant...pourquoi ne le serais pas ? Pourtant quelque chose me dérangeait...profondément. Une sorte de petite voix, de certitude, qui me disait de ne surtout pas aller par là. Je résistais un petit moment à cette sensation étrange, puis n'y tenant plus m'arrêtais, stoppant Lynch dans son élan.
— Nous ne devons pas aller par là. Venez, il faut nous cacher.
— Quoi, mais tu es folle ! Ce sont Connors et ses hommes, ce ne peut être que...
— Non, faites-moi confiance, il faut...
Trop tard. Je n'eus pas le temps de finir ma phrase, que des hommes débouchaient du couloir. Des hommes portant l'uniforme de la garde du conseil et de lourds fusils braqués sur nous. Je sentis Lynch se raidir à côté de moi, prêt à fuir à présent, mais il était trop tard nous avions laissé passer notre chance.
— Vous auriez dû l'écouter Gabriel, prononça un homme encore dissimulé par l'ombre du couloir. Cette jeune personne est pleine de bons conseils, continua-t-il en sortant enfin du passage d'un pas mesuré. Vous êtes décidemment pleine de surprise...Hayden. Me dit-il, en me fixant d'un air satisfait, un étrange petit sourire étirant ses lèvres minces.
— Mais qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas, ne pus-je m'empêcher de m'exclamer.
— Oh, mais moi je vous connais...Whisper. Dîtes bonjour à votre amie Elana...
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