Chapitre 20-1
Je regrettais presque immédiatement son départ, dès que j'eu commencé à me déshabiller. C'est lorsque l'on en est privé que l'on se rend compte que tous les doigts sont essentiels, même les plus petits ! Je parvins quand même à mes fins en serrant les dents et en maudissant Lynch au passage. Il avait beau n'y être pour rien, ça soulageait quand-même ! J'avais eu l'intention de me laver rapidement, mais une fois sous le jet d'eau bien chaude, j'eu beaucoup de mal à me convaincre d'en sortir. Surtout que c'était la première fois que je pouvais décider du moment où j'arrêterais l'eau sans qu'une machine ne le fasse pour moi. Même si cela pouvait sembler anodin, cela me procurait une sensation grisante de...liberté et cela m'avait manqué sans que je m'en rende compte pendant des années.
M'étant déjà assez attardée sous la douche, je me dépêchais de m'habiller. Les vêtements de Connie étaient un peu larges pour moi, mais en serrant bien la ceinture ça ferait l'affaire.
— Eh oh, tout va bien là-dedans, me demanda soudain Connie au travers de la porte.
— Oui, oui ne t'inquiète pas, j'arrive tout de suite, lui répondis-je tout en terminant de tenter de me démêler les cheveux avec mes doigts.
Au bout de trente secondes d'effort inutiles et infructueux, j'abandonnais, agacé. Sans peigne je n'arriverais à rien, autant me faire une raison. De toute manière vu l'endroit où je me trouvais, je me demande bien pourquoi je me souciais de mon apparence, me demandais-je avec un petit soupir tandis que je sortais enfin de la salle de bain. Je m'apprêtais à demander à Connie quoi faire des restes de mon ancien uniforme, quand je me rendis compte que nous n'étions plus seules dans la pièce. Avant que je n'ai le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait, l'une d'entre elles traversa la pièce en courant pour venir se jeter dans mes bras, manquant de peu de me faire tomber. Je compris qui c'était à l'instant où elle commença à parler.
— Merci. Merci encore d'avoir sauvé mon frère, me dit-elle d'une voix sanglotante et remplie de gratitude. Si...si tu n'avais pas été là, continua-t-elle tout en plongeant ses yeux larmoyants et éperdus de reconnaissance dans les miens.
Gênée par ce débordement de remerciement, je ne savais pas trop comment me comporter. Je me sentais gauche et mal à l'aise, sans compter que soutenir son regard me perturbait.
— C'était normal...vous n'avez pas à me remercier, lui répondis-je d'un ton guindé tandis que j'essayais de me dégager de son étreinte qui m'étouffait.
Je n'aimais pas que l'on me touche. Je n'avais jamais aimé cela, même si je parvenais à m'en accommoder quand il le fallait. Mais que ce soit par une inconnue, frôlait dangereusement la limite du supportable pour moi.
— Yaëlle, tu devrais la laisser respirer un peu. Je crois que tu es en train de l'étouffer, lui fit remarquer Connie, qui ayant de toute évidence compris mon embarras, essayait de m'aider du mieux qu'elle le pouvait.
Elle avait lancé ça sur le ton de la plaisanterie, pourtant il me sembla déceler une trace d'inquiétude dans sa voix. Impression qui se confirma, lorsque je constatais son soulagement au moment où la jeune fille me lâcha et s'éloigna d'un pas. Comme si, l'espace d'un instant, elle avait eu peur pour elle. Non c'était idiot...la fatigue sûrement.
— Désolée, je ne voulais pas vous mettre dans l'embarras...Mais je vous suis tellement reconnaissante...
— Vous ne me gênez pas du tout, m'empressais-je de l'interrompre de peur qu'elle ne reparte dans une litanie de remerciements interminables. Vous m'avez surprise c'est tout. On peut peut-être se tutoyer non ? Demandais-je d'un ton que j'espérais enjoué, histoire d'alléger l'atmosphère qui me paraissait soudain tendue, sans que j'en comprenne la raison.
— Oui...bien sûr. Avec plaisir, me répondit Yaëlle avec un grand sourire.
Alors que j'allais poser mes affaires sur mon lit je m'aperçus que, dans ma précipitation, j'avais oublié de remettre mes chaussures. Je m'excusais auprès des filles et m'empressais d'aller les chercher. À peine avais-je franchis la porte, qu'une conversation à voix basse s'engagea dans l'autre pièce. Ce n'était pourtant pas dans mes habitudes d'écouter aux portes, mais je ne pus m'empêcher d'épier leur conversation. Le curieux comportement de Connie m'ayant assez interpelé pour que je m'y résolve.
— Pourquoi est-elle avec nous ? Demanda une voix que je ne connaissais pas et qui devait appartenir à la troisième jeune fille, celle qui ne s'était pas encore présentée. Elle n'a pas encore passé le test.
— Elle le passe demain. Je ne vois pas où est le problème, me défendit Connie spontanément.
— Le problème est qu'on ne la connait pas cette fille. Il parait qu'elle est spéciale...
— Peut-être et alors ? Nous le sommes toutes spéciales non. On n'a pas fait tant d'histoires quand tu nous as rejointes il me semble. Alors tu pourrais faire un effort pour te montrer aimable...
— Aimable ?! Et si elle perd le contrôle...qui est-ce qui va la maîtriser ? Toi peut-être, avec ton super pouvoir de précognition qui ne marche qu'une fois sur dix ? C'est une bombe à retardement...
— De quoi est-ce que tu parles exactement ? L'interrompis-je en sortant subitement de la salle de bain. J'essayais de contrôler ma voix mais la colère et l'incompréhension la faisait un peu dérailler.
Mon arrivée théâtrale les avait toutes fait taire et elles me regardaient avec une appréhension que je ne comprenais pas.
— Vous êtes du genre cachoteries et messes-basses, je n'aurais pas pensé ça de toi, dis-je à Connie d'une voix blessée. Maintenant si vous avez quelque chose à dire, dites-le moi en face les provoquais-je.
— Il parait que tu as projeté Gabe sur plus de trois mètres, c'est vrai ? Me demanda agressivement la troisième fille tout en me foudroyant de son impressionnant regard vert.
— Oui, me contentais-je de répondre.
Un hoquet de surprise général suivi ma réponse laconique et je les sentis plus que je ne les vis s'éloigner discrètement de moi.
— Et alors ?
— Alors ! Je ne veux pas de toi dans mon dortoir, et je pense qu'à présent, les autres non plus.
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