Chapitre 18-2
Au lieu de l'explosion de colère à laquelle je m'attendais, j'eu droit à un sourire froid assorti d'un regard glacial, qui ne firent rien pour me rassurer.
— Vous avez du cran jeune fille. Je dois au moins vous reconnaître ça. Bien que je n'ai ni le temps ni l'envie de jouer les professeurs je vais le faire, car pour bien vous intégrer ici vous avez besoin de certaines réponses. Mais qu'une chose soit bien claire...Ne me parlez jamais plus sur ce ton.
Il avait martelé sa dernière phrase plus qu'il ne l'avait dite, tout en me foudroyant de son regard implacable. Je me contentais d'un signe de tête pour toute réponse, ce qui eut l'air de lui convenir.
— Les changeants comme nous les appelons, faute d'un autre nom, sont apparus il y a une petite dizaine d'années environ. Ce sont des jeunes gens tout à fait normaux qui, à un moment de leur adolescence, développent subitement une capacité particulière ou hors norme. Comme une force accrue par exemple, souligna-t-il avec un regard insistant. Au début comme ils étaient peu nombreux, le conseil ne s'est pas inquiété plus que ça. Mais lorsque cela a commencé à devenir plus fréquent, ils ont tout d'un coup décidé que ces personnes étaient dangereuses et préjudiciables à l'avenir de toute la population et qu'il fallait absolument empêcher que cela ne se propage en supprimant le problème définitivement...
— Supprimer le problème ? L'interrompis-je dans un cri horrifié, avant d'avoir pu m'en empêcher. Mais Lyn...le prof...oh peu importe, m'avait dit qu'ils étaient justes « reprogrammés » en quelque sorte, continuais-je en bafouillant tellement j'étais perturbée par ce que je venais d'entendre.
Lynch m'aurait-il encore menti pour me forcer à le suivre en abandonnant Elana à son sort ? Malheureusement cela ne m'étonnerait pas du tout de lui, même si ça me rendait malade. Si c'était vrai, j'exigerais de lui qu'il me ramène là-bas pour essayer de la sauver elle et les autres...
— Stop ! Arrêtez de paniquer pour rien. Gabriel ne vous a pas menti. Lorsque le changement est détecté tôt, souvent avant même que la personne ne s'en aperçoive, il est alors facile d'une simple injection, d'enrayer le processus.
— Si cela est tellement simple et facile, pourquoi vous y opposer ? Pourquoi ne pas les laisser faire, lui demandais-je de plus en plus méfiante à mesure qu'il parlait.
— Parce que nous pensons que ces changements ne se produisent pas par hasard. Quelque chose les provoque. Supprimer les effets ne servira à rien, il faut en trouver la cause.
— Vous pensez que ça vient de l'air, lui demandais-je sur un ton sous-entendant que j'étais quasiment certaine d'avoir raison. C'est pour cela que les demandes d'exploration hors de la barrière se sont fait de plus en plus insistantes, continuais-je ma voix prenant de l'assurance au fur et à mesure que tout se mettait en place dans ma tête.
— Effectivement, me confirma-t-il en me lançant un regard surpris.
Je ne savais pas si sa surprise s'appliquait au fait que j'avais tout compris toute seule, ou au fait que j'avais osé lui en faire part. Quoi qu'il en soit, cela donnait une assez bonne idée de ce qu'il pensait de moi, ce qui il fallait bien me l'avouer, n'était pas très flatteur pour mon égo.
— Pourquoi le conseil refuse-t-il alors ? Ça n'a pas de sens...
— Non justement ça n'en a pas, reprit-il avec véhémence tout en se levant une nouvelle fois de sa chaise, qui cette fois-ci resta debout ! Ils ont tout nié en bloc, refusant dorénavant la moindre discussion à ce sujet. Raison pour laquelle, moi et quelques autres conseillers du deuxième cercle, avons décidé de quitter nos fonctions...
— Vous êtes...vous étiez un conseiller du deuxième cercle, répétais-je bêtement bouche-bée. Mais je croyais qu'une fois qu'un conseiller était nommé, c'était à vie...
— Pourquoi croyez-vous que je me terre ici, s'écria-t-il avec colère tout en abattant son poing sur le bureau.
J'eu un mouvement de recul réflexe devant ce geste d'humeur inattendu. Ce qui me valut une nouvelle frayeur, lorsque je faillis partir à la renverse, déséquilibrée par ma chaise traîtresse. Décidant qu'il était définitivement plus sûr d'être debout qu'assise, du moins dans cette pièce, je me levais...et restais là, debout comme une cruche à côté de ma chaise inutile.
— Désolé, je ne voulais pas vous effrayer, s'excusa-t-il maladroitement d'un ton bourru. C'est juste que...lorsqu'ils se sont rendu compte que nous étions sérieux, ils ont fait semblant d'accepter de bonne grâce notre départ. Puis dans la nuit, ils ont envoyé des gardes pour nous assassiner dans notre sommeil.
Un silence de plomb tomba entre nous, tandis qu'il levait vers moi un regard grave, attendant en silence ma réaction. J'étais tellement choquée, que les mots restaient coincés dans ma gorge, et puis que dire après une affirmation pareille. Quelque part je n'avais pas envie d'y croire, j'essayais de me convaincre que ce qu'il me disait n'était pas possible, que c'était juste des mensonges pour me rallier à sa cause. Mais le croyais-je vraiment ?
— Comment en avez-vous réchappé alors, osais-je tout de même lui demander d'une petite voix prudente.
— C'était Connors qui était chargé de me tuer, me balança-t-il laconiquement un petit sourire ironique étirant ses lèvres.
Puis il se rassit à nouveau et se contenta de me fixer, attendant visiblement ma réaction à sa révélation fracassante. Le problème était que je ne savais pas comment réagir. La nouvelle m'avait surprise sur le coup, mais finalement pas tant que cela. Pas après ce que Connors avait commencé à m'expliquer dans le réfectoire. Mais curieusement je ne pensais pas que ce soit judicieux de le lui signaler maintenant.
— Au fait comment vous appelez-vous, lui demandais-je à la place, me rendant compte qu'il ne s'était toujours pas présenté.
— J'étais le conseiller Evrard Wade, mais ici tout le monde m'appelle Wade ou monsieur et cela me convient très bien.
On frappa soudain trois petits coups secs et nerveux à la porte. Je sursautais une nouvelle fois, un peu agacée d'être surprise si facilement.
— Entrez ! Dit Wade, d'une voix forte.
La porte s'ouvrit et un jeune homme que je ne connaissais pas entra dans la pièce.
— Qu'y a-t-il ? Je croyais avoir précisé que je ne voulais pas être dérangé, dit-il au jeune homme d'une voix d'adjudant-chef.
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