Chapitre 8 - Résistance


En ce dimanche après-midi, Mark admirait sur la terrasse la vue qu'il avait depuis son nouveau chez soi. Karm rangeait les affaires dans les nouveaux meubles et Adeline lisait paisiblement son journal. La radio était allumée, elle n'annonçait pas de très bonnes nouvelles :

« Mesdames, Messieurs, le point à quatorze heure. L'armée allemande a divisé la France en deux zones, l'une occupé et l'autre libre. Toute opposition ou résistance sera fortement sanctionnée... »

Mais cet avertissement était inutile, Mark et Karm avaient déjà rejoint la Résistance Française. Ils voulaient se battre dans l'ombre contre le Reich. Ils avaient rendez-vous aujourd'hui même à quinze heures dans une ferme située à quelques kilomètres de là.

«-Karm ! Avant de partir, vient m'embrasser, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver, déclara Adeline.

-Oui mon amour j'arrive ! »

Ils s'embrassèrent pendant de longues secondes. Mark était fixé sur leurs bouches. Il observait cette interaction magique entre deux personnes. Il n'avait jamais connu le grand amour, peut-être un jour, peut-être... Karm se décrocha de la bouche d'Adeline. Son ami attendait devant la porte. Ils partirent rapidement, ils devaient être discrets car La Milice rôdait. Elle serait impitoyable si elle les surprenait.

Un camion de la Poste les attendait en bas de l'immeuble. Un homme ouvrit la fenêtre de la voiture :

-Bonjours Messieurs, puis-je vous aider ?, demanda le facteur.

-Nous recherchons une lettre de Richard, répondit Karm. »


A ces mots, le chauffeur ouvrit la porte. Les deux amis montèrent prudemment. Le véhicule démarra lentement et sûrement. Adeline observait le convoi depuis l'appartement. Elle versa une larme de tristesse. Elle imaginait sa vie, si l'un des deux hommes ne revenait pas ce soir. Le camion sortait du village. Il prit de la vitesse. La route était longue et vallonnée. Parfois on croisait des escadrilles de motos Allemande, mais elles ne prêtaient pas attention au fourgon.

A quinze heures moins le quart, le camion arriva à la dite ferme. Un homme ouvrit un hangar. Le camion y pénétra, les portes se refermèrent juste derrière lui.

Karm et Mark descendirent avec une dizaine d'hommes du coffre. Tous appartenaient à la Résistance. Un vieil homme s'avança.

«-Messieurs, vous êtes tous ici car vous avez tous prêté le serment du Résistant ?

-OUI !, répondirent-ils tous en chœur.

-Aujourd'hui, vous allez recevoir de nouvelles missions, elles vous seront reparties juste après... La Résistance, n'est pas une colonie de vacances pour les adultes qui sont déjà lassés de l'occupation. Non, vous devez comprendre que nous menons une guerre sans contact direct avec l'ennemi. Il faut se battre en permanence, mais sans faire de vagues. Enfin, si, nous le dérangeons en faisant sauter des voies ferrées, des ponts ou encore des tunnels. Aujourd'hui nous avons beaucoup de travail. Il est grand temps de vous donner oralement vos tâches... »

Tous les hommes se rangèrent en file indienne qui menait jusqu'à un petit bureau. Là, le vieillard entouré d'autres personnes distribuaient les missions du jour. Chacun leur tour, les hommes venaient à deux, ou trois pour recevoir les ordres.

«-Messieurs Mark Wein et Karm Haus s'il vous plait !, hurla une toute petite femme assise derrière le bureau. »

Ils s'avancèrent, tous les autres les regardaient avec des yeux écarquillés.

«-Messieurs, vous allez devenir la clé de voûte de cette première opération, déclara le vieil homme.

-Ah bon ?, répondit Mark en regardant Karm.

-Eh bien vous allez faire sauter le plus grand viaduc ferroviaire de la région pour empêcher de faire avancer un train allemand ! Il n'est qu'à quelques kilomètres d'ici ! Cela va être un jeu d'enfant pour vous mes gaillards ? Non ? »

Karm et Mark étaient abasourdis, la réussite de l'opération ne tenait qu'à eux. S'ils rataient, tout raterait. Ils allaient risquer leur vie. On les conduisait dans un coin du hangar. Là, de la dynamite était stockée dans des cartons. Ils recevaient les dernières recommandations et ils chargèrent tout dans une autre camionnette de la poste. Mark refusa de porter les cartons, il avait trop peur que la charge n'explose alors qu'il la transportait, même s'il savait au fond de lui que cela était totalement impossible sans dispositif pour tout faire sauter. Karm monta à l'arrière avec les explosifs et Mark devant avec le chauffeur. Il démarra la camionnette lentement. Il y avait quand même vingt kilos d'explosif, et Karm n'avait pas peur de cela.

L'immense viaduc apparut comme sorti de nulle part. Il formait une énorme muraille de pierre. En s'approchant, on découvrait alors qu'il était constitué de nombreuses arches. Mark fut ébahi de voir une aussi grosse et belle réalisation. Le camion s'arrêta sur la culée nord du pont, c'était celle qui était à l'opposé de la gare de Monts.



Les nuages s'effilochaient dans le ciel, tel un immense drap blanc. Un fin vent soufflait au travers des chênes. Karm déchargea les cartons sur le sol et le véhicule s'éloigna vite, très vite. Mark n'osait même pas imaginer qu'il allait faire exploser cet immense viaduc construit sous Napoléon III.

«-Comment ont-ils dit déjà ? Ah oui, monter les fils puis placer les explosifs sur les arches..., lança Karm.

-Il ne faut tout de même pas que l'on monte sur le viaduc, il y a des voies ferrées, un train peut arriver d'un moment à un autre..., soupira Mark qui était terrorisé.

-Ça va être facile tu vas voir, si tu ne veux pas le faire vas te cacher dans les arbres là, je te rejoindrais une fois que j'aurais posé les explosifs... »

Mark obéit, Karm prit les cartons et avança sur le viaduc. Il marchait tranquillement comme s'il ne courait aucun danger. Il s'arrêta au niveau du premier quart. Il posa un bâton de dynamite sur les rails et un autre sur le bord du pont.

« Aussi simple que ça, tu meurs... », pensa-t-il bêtement.

Il posa les explosifs pendant près de dix minutes. Lorsqu'il eut fini. Il tira un fil qui déclencherait l'explosion. Les rails se mirent à vibrer progressivement.

Mais d'un coup, un train arriva à l'horizon. Mark se leva et hurla pour prévenir son ami. Karm n'entendait rien. Il chantonnait fièrement. Il ne se rendait pas compte qu'il allait être tué par les explosions du viaduc et du train s'il ne partait pas rapidement. Mark hurlait de toutes ses forces. Il se mit à siffler.

Karm leva les yeux, et vit le train lui fonçant dessus. Il se mit à courir. Il était à la moitié du viaduc. Il trébucha dans les fils. Il tomba du pont. Il était juste retenu par un câble qui entourait sa jambe. Il savait que la fin était proche. Un bâton de dynamite était accroché juste au-dessus de lui. Lorsque le train passerait dessus, ce serait fini. Mark assistait impuissant à la mort de son ami le plus fidèle.

Le train passa à toute vitesse à proximité de Mark. Il se mit à pleurer. Il culpabilisait d'avoir laissé seul son collègue faire cela.

Karm ferma les yeux et prit une dernière respiration. Il savait que c'était fini. Il ne reverrait plus jamais Adeline et Mark. Il fit le signe de croix. Le train arriva avec une énergie énorme. Le chauffeur vit au dernier moment qu'un homme était sur le viaduc. Il actionna les freins dans un fracas énorme. Le dispositif d'amorce se déclencha.

Une énorme détonation secoua le calme de la plaine. Les pierres du viaduc volaient dans tous les sens. Une énorme boule de feu englobait l'ouvrage. Les arbres brulèrent en quelques secondes à peine. On ne pouvait rien faire. Les wagons et la locomotive étaient remplis de soldats. Mark éclata en sanglots. Depuis son point de vue, il ne vit qu'un énorme brasier. 



Lorsque l'énorme nuage de poussière retomba, il ne restait plus qu'un tas de pierre recouvert de cendres. Mark avança sur les dernières arches qui étaient encore debout. Le sol, était recouvert de débris. Par moment, on pouvait voir des fragments d'os qui n'avaient pas brulés. Quelques tôles restaient entières. Peu d'arbres avaient survécus à l'immense fournaise.

Mark descendit dans la vallée, il était en larmes. Il se remémorait tous les bons moments qu'il venait de passer avec Karm. Sa vie allait maintenant être différente. Lorsqu'il arriva près de la rivière il aperçut un morceau de chair. Il s'approcha. C'était la main de Karm arraché au corps. Elle portait l'alliance d'Adeline. Mark ramassa la main. Un morceau du radius était encore présent. Il se mit à genoux et se remit à pleurer encore plus. Un torrent de larmes le noyait. Il s'évanouit.



Continuez votre voyage avec la Résistance dès à présent avec le chapitre suivant ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous lire et nous suivre ! Merci ! Et surtout, exprimez-vous ! 

Rédigé par Quentin 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top