Chapitre 6 - Péripéties en métro
Karm et Adeline s'embrassaient toujours. Les gens qui montaient ou qui descendaient, les observaient d'un regard assez curieux. Le train avançait toujours, mais ils ne faisaient pas attention aux noms des stations, ni aux correspondances. Non, la seule chose qui les préoccupait c'était leur relation.
Mais Karm eu une pensée qui lui traversa l'esprit :
«-Sais-tu où nous sommes ?
-Je n'en ai aucune idée mon chéri, murmura Adeline.
-Excusez-moi Monsieur, mais quel est la prochaine station ?
-Et bien nous venons de passer la station de Chevaleret, pour la station Quai de la gare...
-Pardon ?, dit Karm tout abasourdit, Et où est la Place de L'Italie ?
-Réveillez-vous mon cher, nous l'avons passée il y a plus de cinq minutes ! »
Karm se retourna vers Adeline, ils venaient de perdre Mark et se tromper de station. Comment allaient-ils retrouver leur chemin ? Lorsque la rame s'arrêta, ils descendirent paniqués tout en bousculant les gens qui montaient dans le train. Ils se retrouvèrent dans la rue en à peine quelques secondes. Ils étaient en bord de Seine. Karm eu le réflexe de demander son chemin aux passants.
«-Excusez-moi Madame, mais où se trouve la gare D'Austerlitz ?
-Dans cette direction à gauche ! »
La gare se trouvait à un peu plus d'un kilomètre. Dans la nuit noire, les réverbères jaunâtres éclairaient faiblement les trottoirs. Karm et Adeline avançaient à grands pas. Ils ne pensaient qu'à retrouver Mark maintenant. De longues ombres s'élançaient sur la chaussée. Les arbres frémissaient. Ils couraient de plus en plus vite. Ils poussaient les promeneurs. Allaient-ils manquer leur correspondance à la gare ?
A cent mètres, on pouvait apercevoir le viaduc d'Austerlitz, un pont en fer qui supportait le métro. Il était voisin de la gare. Karm en voyant l'ouvrage, courrait encore plus vite en tenant la main d'Adeline. Il n'avait jamais été aussi content de sa vie de voir un pont. La gare commençait à se montrer. Elle bordait une avenue arborée.
«-Dépêche-toi ! Mark doit nous attendre !
-Arrêtons-nous ! J'ai un gravillon dans ma chaussure ! Et je suis fatiguée !, dit Adeline désespérée.
-On n'a pas le temps, hurla-t-il. »
La gare était toute proche. La façade était simple. Faiblement décorée avec une petite horloge au centre, au-dessus de l'entrée. L'exode de la population continuait. Des centaines de personnes s'entassaient pour rentrer dans la station. Karm poussa les gens pour se frayer un passage. Il ne s'excusait même pas. Une fois à l'intérieur, il avança vers les guichets. Il avait le plus de chance de retrouver Mark là-bas. D'immenses files d'attente bloquaient le passage. Mais un homme attendait en plein milieu du hall.
«-Adeline, regarde ! C'est Mark !
-Oui ! Allons le voir ! »
Ils s'approchèrent essoufflés et à bout de force vers leur ami.
«-Mark ! On t'a enfin retrouvé !
-Oui, viens nous embrasser !, exclama Adeline.
-Mais vous faites erreur, je m'appelle Samuel et j'attends ma femme ! »
Karm et Adeline se regardèrent d'un air étonné. Ils venaient d'avoir la honte de leur vie. Ils continuèrent à marcher tête baissée vers les autres guichets. Une odeur horrible flottait dans l'air. L'odeur de la saleté. Les sols n'avaient pas dû être lavés depuis au moins un mois. Les voyageurs étaient littéralement abasourdis. Il y avait un brouhaha horrible. Mais quelqu'un semblait crier au fond. Mais le couple n'en a tenu compte. Adeline s'arrêta, elle en avait assez de marcher. Karm également.
«-Que devons-nous faire maintenant ?
-Je ne sais pas chéri, peut-être que Mark est ici, ou pas... Je n'en sais rien, soupira Adeline.
-Mais, retourne-toi ! On dirait que c'est lui !
-C'est pas vrai ! »
C'était bel et bien Mark. Il portait toujours toutes les affaires. Les gens le bousculaient. Il avançait tel un héros vers Adeline et Karm. Aucun carton ni la valise n'avaient été abimés par la foule du métro. Adeline pleurait en le voyant. Maintenant, ils allaient pouvoir quitter Paris en toute quiétude et joie. Karm s'avança :
«-Nous revoilà tous ensemble !
-Je croyais vous avoir perdus ! Alors j'ai continué à avancer et à prendre le second métro. En plus, j'ai eu le temps d'acheter les billets !
-Allons-y ! »
Tous les trois avancèrent vers les quais. L'immense verrière était supportée par une gigantesque charpente métallique en fonte. Les ampoules des lampadaires illuminaient les voies. Des dizaines de trains étaient sur le départ, ils n'attendaient plus que leurs voyageurs. Le train des trois amis était long, très long. Une vingtaine de voitures constituait le convoi. Mark monta le premier. Il allait les emmener vers la ville de Monts près de Tours, là où l'armée Allemande ne serait pas. Les gens se baladaient dans le train. Ils ne pouvaient faire que cela.
Mark avait pris des billets de première classe. Là, il y avait une immense cabine luxueuse meublée. De majestueuses banquettes remplaçaient les bancs. Adeline était heureuse, Karm triste. Le sifflet retentit dans toute la gare. Le train démarra lentement. Sur les quais, les gens agitaient leurs mouchoirs blancs. Ils pleuraient.
Mark resta appuyé contre la vitre. Il ne pouvait s'en n'empêcher. Il prit conscience de la gravité du moment en voyant la foule sur le quai. « Quelle chance avons-nous... », pensa-t-il. Que pouvaient bien pouvoir penser la multitude de personnes. Peut-être étaient-elles seules, en famille, calmes, tendues, en train de sourire, ou de pleurer ?
Le ciel obscure d'étendait sur la Capitale. Une fine bruine tombait formant un brouillard. Les trois amis étaient pensifs, ils n'allaient jamais revenir à Paris, ou peut-être lorsque la guerre sera terminée ? Personne ne le savait pour le moment. Adeline serrait dans ses bras Karm qui était inconsolable. Il devait évacuer le trop-plein de tension qu'il avait accumulé tout au long de la journée.
«-Ce... Ce, n'est pas possible... Nous avons tout bien fait pour... Vivre heureux en France, et nous voilà encore en... Fuite... Et notre maison ! Ah ! Notre chère maison..., il éclata en sanglots.
-Allons Karm, reprit sa compagne, nous retrouverons une magnifique maison en province. Et puis nous n'allons pas dans un tout petit village perdu en pleine campagne. »
Il n'y avait qu'une seule personne qui assistait tranquillement à la scène : Mark. Il n'éprouvait aucun sentiment en voyant Karm s'effondrer. Cela ne l'attristait pas. Le train quitta rapidement la lumière rassurante de Paris, pour s'enfoncer dans le noir total de la campagne.
Continuez votre voyage dans le train dès à présent avec le chapitre suivant ! Vous êtes de plus en lus nombreux à nous lire et nous suivre ! Merci ! Et surtout, exprimez-vous !
Rédigé par Quentin
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