Chapitre 10 - Retrouvailles macabres
Il était cinq heures du matin, quelqu'un frappait fort à la porte en hurlant. Mark et Adeline ne s'étaient même pas réveillés. Cela frappait de plus en plus fort. Un nourrisson se mit à pleurer violemment. Et d'un seul coup, on défonça la porte. Mark s'éveilla en sursaut et pinça Adeline. Il alluma la lampe. Il vit trois officiers Nazis au bout de son lit.
«-Bonjour Monsieur, on ne vous dérange pas j'espère ? Nous vous avons retrouvé ! Après tant de temps !! Levez-vous sur le champ et habillez-vous ! Nous vous embarquons !
-D'accord, d'accord. »
Depuis que Karm est mort, il y a trois ans, Adeline avait porté au monde un enfant de son défunt conjoint. Mark et Adeline ne pouvaient plus se séparer. Il se leva et s'habilla rapidement. Un officier était toujours à côté de lui.
La jeune femme s'approcha de son amant, le drap enroulé autour d'elle.
« -Reviens vite..., dit-elle doucement à l'oreille de Mark.
-Je reviendrais, promis... »
Un responsable Allemand rigola fort derrière eux.
« -Comment vais-je élever Ludwig seule ? Si tu ne reviens pas ?
-Tu sauras comment... C'est une question d'instinct..., répondit-il en souriant. »
Ils s'embrassèrent une dernière fois. On l'emporta dans un taxi Nazi. Adeline regardait, par le balcon, son amant, elle lui fit un signe d'adieu en pleurant. Les trois officiers faisaient obéir Mark aux doigts et à l'œil. Ce véhicule allait l'emmener vers Paris, qui se trouvait à deux cents kilomètres d'ici.
La voiture passa devant le viaduc explosé. Un officier se retourna vers Mark :
«-Alors ? On est content du résultat ? Ça vous fait plaisir de voir ce pont dans cet état.
-Non, pas du...
-SILENCE ! Il n'y a que moi qui parle ici, toi tu te la fermes ! Tu vas payer pour tout ce que tu as fait !»
Et tout le long de la route, Mark se fit juger. On revenait sur son passé, son présent. Mais on ne parlait pas sur ce qu'il allait lui arriver. La route était longue jusqu'à Paris. Le soleil se levait sur les collines. En cette fin d'avril, il faisait plutôt doux. Les premières fleurs apparaissaient sur le bord de la chaussée.
Le taxi arriva à la gare du Bourget, en fin d'après-midi. Mark était exténué. Mais qu'importe il allait maintenant prendre un train. On lui avait juste dit cela. Il ne savait pas où il allait. Un SS le prit par le bras et le jeta dans la foule sur le quai de la gare. Là, on faisait monter les gens des wagons à bestiaux. Mark fut surpris :
« On ne traite pas des humains comme des bêtes ! », pensa t-il.
Mais ce n'était pas le temps de réfléchir.
«-Que va-t-il devenir, chef ?, demanda un officier.
-Ai-je vraiment besoin de te le dire Klaus ? Retourne à ton poste ! »
Les SS frappaient les gens, ils voulaient qu'ils montent vite dans le train, il ne fallait pas perdre une seule seconde. Il y en avait un qui possédait un fouet dans la main, et qui n'hésitait pas une seule seconde pour s'en servir. Un voyage de deux jours attendait les déportés.
Quand toute la foule fut dans le train. On siffla le départ du train. Mark était dans l'un de ses wagons. Il y avait au moins trente personnes à l'intérieur. Une odeur abominable régnait. Il ne savait ce qu'il se passait. Après un certain temps, les gens commencèrent à lui parler :
«-Comment allez-vous monsieur ?
-Comme je peux et vous ? Mais que faites-vous dans ce train ?
-Eh bien, nous sommes Juifs, répondit l'homme tout en pointant son étoile jaune en soupirant, toutes les personnes ici sont comme moi. Et vous, vous n'êtes pas Juif, alors que faite vous là ?...
-Je faisais parti de la Résistance...
-La Résistance ? Wouah, vous avez dû en faire des choses !
-J'ai fait sauter des dizaines de viaducs et de tunnels à moi tout seul... »
Et pendant deux longues heures. Il parla avec ce vieillard. Ils avaient tant de choses à se dire. Ils passaient d'une émotion à une autre : joie, tristesse, nostalgie et bien d'autres encore... Les gens dans les wagons étaient malheureux, on n'y voyait pas très bien. Peu de lumière traversait les planches du toit. Des familles entières étaient à l'intérieur. Les enfants hurlaient, leurs estomacs criaient famine. Mais Mark et son nouveau camarade semblaient ne pas les entendre, ce qui comptait, c'était de parler, afin de se libérer d'un fardeau.
La nuit commença à tomber, et il faisait totalement noir dans le wagon. Le train roulait sans s'arrêter depuis au moins six heures. La pluie fut de la partie. Elle mouilla les occupants en s'infiltrant par le toit.
Mark avait envie de dormir. Il s'accroupit sur le sol, en tenant ses genoux. Mais les gens gémissaient tout autour de lui. Dans le noir le plus complet, on ne distinguait plus rien. Il ferma les yeux à nouveau, et assommé de fatigue, s'endormit sur le coup. Il rêva alors de Karm. Ils se connaissaient depuis leur plus jeune âge. Ils avaient toujours vécu non loin l'un de l'autre. Puis vint cette manifestation, qui avait poussé à fuir leur pays maternel...
Il se réveilla en sursaut, ses compagnons d'infortune devaient se reposer ou somnoler. On pouvait entendre quelques faibles plaintes dans la nuit. Il se tourna et aperçu un petit trou dans la cloison. Suffisamment large pour voir le monde extérieur. Le train devait se situer dans l'est de l'Allemagne.
Deux longues journées s'étaient écoulées. Mark était malade comme un chien, il toussait. Il avait la goutte au nez, toussait et éternuait sans arrêt. Son vieil ami ne lui parlait plus, il avait trop peur de tomber malade lui aussi. Mark était seul dans un coin du wagon. Le coin suivant, servait hélas pour les besoins. Il y avait une odeur horrible, abominable, mortelle. Les gens commençaient à être maigres, leur peau s'affaissait sur leurs os. Les enfants et les femmes hurlaient de faim. Les hommes pleuraient en voyant leur famille ainsi. Et Mark était assis face à tout cela.
Soudain, le train s'arrêta, un SS ouvrît la grande porte. Mark découvrit à sa grande stupéfaction, qu'il était dans un camp de concentration.
« Allez Allez ! On descend rapidement, sans rechigner, aller ! »
Mark se leva difficilement, il se sentait bien malade. Des centaines de personnes s'entassaient sur le quai. C'était en quelque sorte une « marée humaine ». La ligne de chemin de fer amenait le train directement à l'intérieur du camp. Les officiers coupaient la foule en deux groupes. Et un médecin trait une dernière fois au cas par cas.
Lorsqu'il s'approcha de Mark, le médecin l'osculta rapidement.
« Bien bien, vous êtes très mal en point et fatigué, allez de l'autre côté s'il vous plait... ».
Un SS s'approcha, il saisit Mark Par le bras et le traina.
C'était le matin, il faisait frais, les gens étaient inquiets sur leur sort. Qu'allaient-ils leur arriver ? Dans le ciel, des corbeaux s'amusaient. Une chouette hurlait dans les arbres. Le camp s'étendait sur des kilomètres à la ronde.
«-Très bien ! Suivez-moi s'il vous plait ! Nous allons vers les douches !, Hurla un officier au groupe tout entier. »
Et tel un troupeau de mouton, les groupes le suivaient. Il entra dans un petit bâtiment assortit d'une cheminée. « C'est surement pour l'eau chaude, la cheminée ! », pensa Mark. Il était fatigué, des poches pendaient sous ses yeux. Les officiers poussaient les déportés dans un tout petit escalier qui descendait au sous-sol. Il y avait une sorte de bouchons à l'entrée.
« Allez ! Dépêchez-vous ! Serrez-vous un peu ! », criait un soldat tout en poussant les personnes qui passaient devant lui.
Mark était bringuebalé dans tous les sens, il ne savait plus où il était. Une pièce était collée à l'escalier, c'était un immense vestiaire.
« Déshabillez-vous ! Entièrement ! Et n'oubliez pas le numéro de votre porte-manteau ! »
Cette pièce était immense, il y avait énormément de monde à l'intérieur. Mark demanda à son voisin :
«- Êtes-vous sûr qu'il faut se mettre entièrement nu ? C'est bizarre non ?
-Les ordres sont les ordres mon petit !, répondu le voisin. »
Les gens se déshabillaient tous. Ils se sentaient en sécurité.
« Suivez-moi ! Nous allons à la douche ! »
Mark suivait le mouvement. Il entra tranquillement dans la salle. Il fut l'un des derniers à rentrer. L'officier sortit de la salle et condamnât la salle. Elle était maintenant totalement hermétique. Les personnes à l'intérieur n'en reviendront pas.
Mark essaya de tourner la poignée de la douche mais l'eau ne sortait pas. Il tapota la pomme de la douche mais rien ne vint. Il faisait chaud dans cette salle, on se serait cru dans une étuve.
Il y avait un carreau sur la porte, de là, les officiers pouvaient voir l'avancement de l'opération.
«-Ouvrez la vanne... »
Un gaz de couleur violette se répandit dans la salle. Les gens hurlaient. Ils couraient dans tous les sens.
Ils ne leur restaient plus beaucoup de temps,
Ils ne leur restaient que quelques secondes de vie,
Ils ne leur restaient plus qu'un morceau de leur vie,
Ils ne leur restaient plus que la mort comme soulagement.
Mark fut horrifié. Il se sentait partir. Sa gorge le serrait de plus en plus. Il vit sa vie défiler devant ses yeux. Les enfants se collaient à leurs parents. Les gens mouraient à la chaîne. Tous ses corps nus, étalés sur la froide dalle de béton. C'était devenu leur tombeau.
Mark tomba au sol. Il savait que c'était la fin. Il ne pourra pas s'en échapper. Ses yeux se fermèrent lentement. Il vit la lumière, la lumière blanche.
«-Ouvrez la porte... »
Lorsque l'officier ouvrit la porte, ce n'était plus qu'un charnier humain. Une tombe collective. Toutes les femmes, les enfants et les hommes les plus résistants, y étaient passés.
Les Sonderkommandos allaient maintenant vider la chambre à gaz. Ils sortirent un à un les corps pour ensuite les emmener vers le crématoire.
Le corps sans vie de Mark était étalé sur le sol. Il avait la bouche grande ouverte, et les yeux clos. Il avait les mains sur le torse. On aurait dit qu'il priait.
Voilà, cette histoire est à présent terminé. Merci, d'avoir poursuivit votre lecture jusqu'ici ! J'espère que mon message à réussi à vous toucher ! Si vous voulez encore plus de livres historiques, je vous conseille "Tandem", ou bien "Le Jeu Des Ombres", qui sont sur notre profil.
Et surtout, exprimez-vous !
Rédigé par Quentin
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