Chapitre 33

Le lendemain matin, à mon réveil, la main de Wren n'est plus dans la mienne. Mes doigts pendent dans le vide, à quelques centimètres du sol. Je suis absolument épuisée mais je me force à reprendre conscience et à m'extraire de cet attirant sommeil.

Il fait déjà bien jour et le soleil illumine toute la chambre. Tandis que je m'étire, je sens ses doux rayons s'infiltrer sur ma peau et ainsi recharger mes batteries. C'est stupide mais il me semble que la lumière de Floride me réussit mieux que celle d'Astriad.

D'un regard circulaire sur la pièce, je constate que Wren n'est pas là. Ma première pensée est qu'il est sûrement dans la salle de bain mais un inquiétant silence règne.

Je me lève alors doucement et frappe avec hésitation à la porte de la salle de bain. Pitié, dites-moi qu'il ne va pas sortir à moitié nu... Au lieu de ça, il ne sort pas du tout et ne répond même pas.

— Wren ? je l'appelle d'une voix forte. T'es là ?

Rien. Je tourne alors doucement la poignée de la porte et constate qu'elle n'est pas verrouillée. La lumière n'est même pas allumée. En passant la tête dans l'entrebâillement, je suis à peine surprise de découvrir qu'il n'est pas là.

La panique commençant à me gagner, je reviens vers les lits, à la recherche d'un petit mot m'indiquant "je suis juste parti chercher un truc à manger" ou quelque chose du même genre. Mais il n'y a pas la moindre trace d'un quelconque papier.

La vérité s'impose alors d'elle-même à une vitesse fulgurante : cet abruti est parti se rendre à Mila la Malicieuse.

Qu'est-ce que j'ai pu être stupide de croire qu'il n'allait pas courir chez elle dès que j'aurais le dos tourné ! Si seulement il pouvait se montrer égoïste quand la situation le demande !

Sans réfléchir, je change en vitesse de vêtements et sors de cette chambre, direction le bas de l'hôtel. Je monte dans le premier taxi qui daigne s'arrêter et lui ordonne d'aller le plus vite possible à l'adresse du domicile de cette garce de Mila. Le chauffeur ne pose pas de questions mais vu mon affolement, il doit bien se demander s'il ne ferait pas mieux de m'emmener chez la psy du coin.

Comment Wren a-t-il pu se rendre chez cette tarée de Mila sans me prévenir ?! Je l'ai pourtant prévenu qu'elle ne m'inspirait pas confiance mais il faut quand même qu'il n'en fasse qu'à sa tête...

Quand j'arrive devant l'immeuble de Mila, après ce qui me semble une éternité de trajet, je presse de toutes mes forces le bouton de l'interphone. Si elle est en train d'arracher les yeux de Wren, cela m'étonnerait fort bien qu'elle réponde mais c'est ma seule manière civilisée d'entrer. Sinon je serais contrainte de casser la porte avec la première pierre que je trouverais, et ça risque de ne pas être joli à voir.

— C'est pour quoi ? fait la voix de Mila dans le boîtier.

Deux options : soit lui révéler mon identité au risque qu'elle me raccroche au nez, soit inventer un truc assez plausible. J'opte pour la seconde option.

— J'étais à la soirée d'hier soir, je commence en changeant ma voix en plus aigüe. Je crois que j'ai fait tomber mon rouge à lèvres. Il m'a coûté assez cher et...

— C'est bon j'ai compris, marmonne Mila.

J'entends le déclic de la porte et la pousse sans ménagement. Au moins ne vais-je pas devenir la nouvelle criminelle de Miami qui fracasse les portes des immeubles...

Certaine que l'ascenseur va mettre un temps infini à faire le trajet, je monte les escaliers à toute vitesse jusqu'à l'étage de Mila. À bout de souffle, j'ouvre en trombe sa porte, sans me donner la peine de frapper.

L'appartement est très différent à la lumière du jour par rapport à l'ambiance de boîte de nuit sombre d'hier soir, aussi je me demande pendant quelques instants si je ne me suis pas trompée de porte. Mais la présence de Mila, adossée nonchalamment contre le mur d'en face, balaye tous mes doutes.

— Je ne dirais pas que c'est une surprise, j'ai reconnu ta voix malgré tes louables efforts pour la déguiser, fait-elle avec un petit sourire et un éclat d'amusement dans les yeux. Mais je t'en prie, entre.

Pas de sang sur ses mains ni sur ses vêtements. Avec sa robe de chambre et ses cheveux de travers, on dirait plutôt qu'elle s'est levée il y a peu de temps.

— Où est Wren ? je demande d'une voix menaçante.

Sa satisfaction se fait plus nette encore et elle croise avec lenteur les bras sur sa poitrine.

— Dans mon salon. Ne prends pas cette mine affolée je n'ai pas touché un seul de ses magnifiques cheveux. Nous étions en pleine discussion, figures-toi.

Je ne laisse pas une vague de soulagement me submerger, préférant attendre de voir Wren de mes propres yeux. Ce qui ne tarde pas car Mila me dirige vers son salon d'un pas traînant.

— Quand je te disais que c'était elle ! lance-t-elle à Wren en prenant place sur un fauteuil.

Effectivement, Wren semble se porter plutôt bien : assis confortablement dans un canapé, il n'a pas la moindre égratignure. À son expression sereine, je devine que Mila ne lui a pas fait subir de terribles souffrances psychologiques non plus.

— Pourquoi tu es parti sans me prévenir ? je m'exclame. Je t'avais dit...

— Tout va bien, m'interrompt Wren avec douceur. Mila voulait juste me parler de Donnatella Nightsun.

Incrédule, je me laisse tomber sur le premier fauteuil venu.

— Mais vous disiez avoir des affaires à régler avec lui, je balbutie.

— Exactement, confirme Mila d'une voix légère en resserrant sa robe de chambre autour d'elle. Je n'ai jamais dit que je voulais faire ça en lui tranchant une main ou en lui faisant subir je ne sais quelle atrocité magnifiquement dramatique... Si tu veux mon avis, tu as une légère tendance à tout exagérer...

— Cela peut se comprendre il me semble, je réplique avec un regard noir. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que...

— Que ton Alec est enfermé dans une pierre, je sais, complète Mila en levant les yeux au ciel. En tout cas, ton Wren chéri va parfaitement bien, comme tu peux le voir. Tout aurait été plus simple si tu m'avais avoué dès hier soir qu'il était à Miami avec toi...

Je me retiens de répliquer, excédée. Avec ses manières de serpent, je ne regrette pas d'avoir cru cette femme capable de s'en prendre à Wren.

— Heureusement pour toi, reprend Mila, Wren et moi avions terminé.

Elle se lève de son siège avec une grâce qui pourrait bien rendre jalouse Elasia...

— Je vous sers quelque chose ? demande-t-elle d'un ton qui me laisse présager qu'elle prendrait plaisir à verser du poison dans mon thé.

— Du jus d'orange ira, lui répond Wren.

Mila part dans le couloir et dès que j'estime qu'elle s'est suffisamment éloignée, je m'empresse d'interroger Wren :

— Qu'est-ce qu'elle voulait ?

— Elle m'a posé des questions sur Donnatella, répond-il en haussant les épaules. Rien de bien méchant, elle voulait juste que je lui parle de mon enfance, de mes véritables origines, des choses comme ça... Je crois qu'elle connaissait mes parents biologiques. C'était assez perturbant.

— Pourquoi es-tu parti sans me prévenir ? je répète plus calmement que tout à l'heure. J'ai vraiment...

Incapable de terminer ma phrase, je la laisse en suspens mais je sais très bien que Wren a compris la suite. Il baisse les yeux vers le joli tapis blanc du salon de Mila. Je prends le temps d'examiner la pièce, qui est dans des tons clairs, avec une porte-fenêtre donnant sur un petit balcon. Aucun détritus ne témoigne de la fête d'hier soir.

— Tu ne pouvais pas m'empêcher de faire ça pour Alec, lâche Wren sans me regarder après quelques instants.

Je ne réponds rien. J'ai été injuste envers Alec en interdisant à Wren d'aller voir Mila. Maintenant, il ne reste plus qu'à rappeler notre marché à cette malicieuse...

— Ces pauvres humains ont vidé ma réserve de boisson, se désole Mila en revenant parmi nous. Heureusement cette bouteille de jus d'orange a survécu...

Elle nous sert deux verres de jus dans des coupes à champagne.

— Pourquoi organisez-vous des fêtes avec des humains ? je la questionne avec curiosité.

Après tout, les membres du Peuple des Astres ne sont pas vraiment connus pour leur grande passion pour les humains...

— J'aime leur compagnie, fait Mila en haussant les épaules tout en s'asseyant. Ils ont souvent des préoccupations bien moindres, comparées aux nôtres.

— Pourtant, recluse ici, vous ne devez pas tellement être embêtée par les êtres magiques, si ?

— N'es-tu pas la preuve que je ne connais guère de repos ? réplique-t-elle avec amusement. Tout le monde n'a pas oublié mon existence, à Astriad ou même à Astrialle, malgré les efforts de ta mère pour me bannir.

— Qu'avez-vous fait pour être exclue, au juste ? je demande en prenant avec appréhension une gorgée du contenu de mon verre.

Je n'ai plus qu'à espérer qu'il ne soit pas empoisonné...

— Disons que j'ai... commit quelques erreurs au mauvais moment.

À son air distant, je comprends que je n'en saurais pas plus. De toute façon, cela importe peu que son passé soit trouble. Si elle sait réparer mes pouvoirs, c'est tout ce qui compte.

— Bien, je reprends après avoir posé mon verre sur la table basse en face de moi, vous avez pu régler vos affaires avec Wren, maintenant je veux savoir comment faire revenir mes pouvoirs.

Mila me toise drôlement, comme si elle se retenait d'éclater de rire.

— Faire revenir tes pouvoirs ? répète-t-elle. Enfin ma chère, ils ne sont jamais partis.

Ce qu'elle peut m'agacer avec ses manières de grande dame alors que la seule grande occupation de sa vie est d'organiser des soirées étudiantes !

— Vous m'avez parfaitement comprise, je m'agace en m'avançant sur mon fauteuil.

Mila lève les yeux au ciel mais elle devient rapidement sérieuse.

— Je pense que Rona a envoyé une forte dose d'énergie dans la zone de ton esprit qui te permet de concentrer ta magie. Comme l'énergie Malfaçon n'est pas la même que l'énergie Lunatique — bien qu'elles se ressemblent — le mélange des deux a en quelque sorte fait disjoncter ton esprit.

Je m'attends à ce que Wren glousse ou émette une remarque déplaisante mais il reste attentif et silencieux.

— Logiquement, poursuit Mila, seule une dose d'énergie Lunatique permettra de réparer ta zone de concentration.

— Désolée mais au cas où vous ne seriez pas au courant, je suis la seule Lunatique de ce monde, je lance avec sarcasme.

— Eh bien dans ce cas c'est à toi de te réparer, réplique Mila très sérieusement.

J'éclate d'un rire sans joie, incrédule.

— Quoi ?! je m'exclame. Comment voulez-vous que je fasse une chose pareille ?

Elle pousse un soupir, comme si la réponse était évidente.

— Il faut que tu provoques tes pouvoirs, que tu fasses en sorte qu'ils se réveillent tous seuls, sans avoir besoin de te concentrer. Il faut qu'ils te viennent naturellement.

Je reste muette, tout comme Wren. Comment veut-elle que mes pouvoirs reviennent par eux-mêmes ? En trois ans, ils n'ont pas pointé une seule fois le bout de leur nez. Mila enchaîne sans que j'aie le temps de formuler ma question :

— Je pense que l'énergie de la Pierre des Astres pourrait suffire à allumer une étincelle. Il te suffirait ensuite de saisir cette petite flamme et de l'amplifier. Mais en absorbant les pouvoirs de la pierre, tu risques aussi de...

Elle s'interrompt, cherchant ses mots.

— Je ne sais pas vraiment comment le formuler mais... Il se peut qu'en absorbant l'énergie des Lunatiques prisonniers de la pierre, tu absorbes aussi celle d'Alec. Dans ce cas, il sera...

— Impossible de le ramener, je complète en me laissant aller dans le fauteuil.

Finalement, nous en sommes toujours au même point. Seuls mes pouvoirs peuvent ramener Alec et seule la pierre dans laquelle il est enfermé peut réactiver mes pouvoirs. Une autre idée me vient alors en tête.

— Quand je prends des Pierres Astrales, je déclare avec empressement, j'ai parfois l'impression de ressentir quelque chose de spécial. Comme si la magie était à nouveau là...

— C'est seulement ton côté Lumineux qui se ranime légèrement, répond Mila avec assurance, mettant ainsi un terme à mes espoirs.

Elle me scrute avec curiosité et circonspection, si bien que je remue sur mon siège, quelque peu gênée par un tel examen.

— Tu consommes des Pierres Astrales ? s'enquit-elle après un moment, visiblement sous le choc.

Je jette un bref coup d'oeil à Wren qui me répond par un regard perçant. Lui aussi veut savoir le fin mot de l'histoire.

— Cela ne vous regarde pas, je réplique. Je n'en fais pas un usage abusif. Je ne crois pas y être dépendante...

— Tu ne crois pas ? me coupe Mila avec vivacité. Je ne suis pas Elasia pour te faire des réprimandes mais même moi, autrefois la personne la plus recherchée d'Astriad, je peux te dire que ces cailloux apportent rarement de bonnes choses...

— Ce ne sont pas vos affaires, je rétorque d'un ton l'encourageant à clore le sujet.

Mila a l'intelligence de se taire et un silence tombe. Parler des raisons de ma consommation de Pierres Astrales est bien la dernière chose que je souhaite aborder face à Wren et une inconnue.

— La Pierre des Astres est vraiment le seul moyen de réactiver les pouvoirs de la princesse ? s'enquit Wren après un moment.

— Il y en a peut-être un autre mais il repose encore une fois sur une de mes théories jamais vérifiée...

— Vous n'êtes même pas sûre pour la Pierre des Astres ?! je m'horrifie.

— Comment le pourrais-je ? Tu es un cas unique, j'émets simplement des hypothèses basées sur la logique et le bon sens. En général, j'ai de plutôt bonnes intuitions...

— Tellement bonnes que vous êtes aujourd'hui interdite de séjour à Astriad, je réplique, cassante.

Mila se renfrogne et s'apprête à me faire une remontrance quand Wren reprend la parole :

— Quelle est cette autre solution ?

La Malicieuse semble hésiter, comme si elle craignait ma réaction.

— Peut-être qu'en ressentant une émotion très, très, très forte, cela provoquerait quelque chose en toi. Cela pourrait être n'importe quel sentiment, de la haine, de la colère, de la tristesse, de l'amour...

Je serre mes poings pour me concentrer sur la douleur de mes ongles dans ma chair plutôt que sur la personne assise sur le canapé...

— Vous ne croyez pas que j'ai ressenti suffisamment d'émotions traumatisantes lorsque Rona a tiré sa flèche sur Alec et que j'ai vu le vide dans les yeux de celui qui s'apprêtait à devenir mon mari ? je lance avec une intensité qui empêche, aussi bien Mila que Wren, d'émettre la moindre remarque. Que croyez-vous que j'ai ressenti quand j'ai vu la vie quitter la personne que j'aime le plus au monde ?

À ces mots, Wren détourne le regard et semble se passionner pour la fenêtre.

— Eh bien apparemment, ça n'a pas suffi à provoquer tes pouvoirs, conclut Mila d'un ton neutre. Tu n'as qu'à faire le bilan de ce qui compte vraiment pour toi puis tu verras comment gérer tes émotions en fonction.

Elle aurait parlé japonais que j'aurais certainement mieux compris. Gérer mes émotions. Voilà un programme dont je me serais bien passée.

— Réfléchis et tiens-moi au courant, me dit Mila.

Wren et moi prenons cela comme une invitation à nous retirer et nous nous levons en même temps. Mila reste assise et me fixe d'un regard étrange.

— Je n'ai pas besoin de te rappeler que tu m'as promis de parler de mon cas auprès d'Elasia, n'est-ce pas ? Je veux regagner ma place à Astriad.

— Vous n'avez pas l'air si malheureuse ici, je réplique sans parvenir à me contrôler.

Mila me dévisage comme si j'étais la reine des vipères. Nous devons certainement être en compétition pour ce titre...

— Toi qui parles de la "personne que tu aimes le plus au monde" tu devrais pouvoir imaginer la douleur que l'on ressent lorsque l'on est éloigné de cette personne pendant de très longues années...

Elle jette un regard fort peu discret à Wren et je décide de prendre congé, à bout de nerfs. Comment cette femme réussit-elle toujours à me mettre dans des états pareils ?

— Elle n'est pas si terrible que ça, déclare Wren une fois que nous sommes dans l'ascenseur.

Je me tourne si brusquement vers lui que j'en perds presque l'équilibre.

— Tu te moques de moi ? Elle me donne envie de lui arracher ses abominables griffes manucurées...

Il éclate de rire mais ne cherche pas à aller plus loin. Au même moment, mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. L'écran affiche dix-neuf appels manqués d'Elasia...

— Elle va me tuer, je marmonne.

— Ça elle ne pourra le faire qu'une seule fois. Elle va plutôt te répéter dix-neuf fois à quel point tu es une fille irresponsable.

Ravalant mon appréhension, je finis par décrocher.

— Ah Isaluna ! s'écrie Elasia si fort que je suis obligée d'écarter mon portable de mon oreille de peur de devenir sourde. Dois-je te faire donner des cours pour penser à regarder ton téléphone ?! J'ai vérifié le décalage horaire de la Floride par rapport à Astriad et tu dois être levée à l'heure qu'il est, tu n'as aucune excuse ! Tu aurais dû m'appeler hier soir !

Je pars alors dans une vaine tentative pour me justifier mais Elasia m'interrompt avant que j'aie prononcé trois mots.

— Alexeï a fini par m'avouer que tu es partie à Miami pour rendre visite à Mila Jollins ! s'exclame-t-elle. As-tu perdu la tête ? Pourquoi ne m'as-tu pas informée que c'était en cette crapule que tu plaçais tous tes espoirs de retrouver Alec ? Je t'aurais prévenue que c'est une...

— Tu m'aurais dissuadée d'aller la voir, je la coupe.

– Exactement ! Et à juste titre ! Si tu savais à quel point elle a mis Astriad sens dessus dessous avant d'être bannie...

Elle termine sa phrase en un marmonnement sur cette "démoniaque Mila Jollins" avant de reprendre subitement :

— Tu es allée la voir ?

Les tremblements de sa voix trahissant sa peur, je m'empresse de la rassurer.

— Oui. Elle est assez insupportable mais elle n'est pas non plus "démoniaque", enfin je crois. Elle demande juste à gagner le droit de revenir à Astriad.

— Quoi ?! s'horrifie Elasia si fort que mon téléphone en grésille. Tant que je serais en vie, elle ne remettra pas les pieds à Astriad !

Tellement qu'elle parle fort, Wren l'a entendue et hausse les sourcils avec interrogation. Je lui murmure qu'Elasia pique vraiment une crise, ce que ma mère ne manque pas d'entendre...

— Wren est avec toi, là ? me demande-t-elle en prenant enfin une voix basse.

— Oui, nous sortons de chez Mila. Elle nous a donné des informations qui vont sûrement nous permettre de sauver Alec. Qu'a-t-elle fait pour que tu refuses à ce point qu'elle revienne ?

Elasia reste silencieuse pendant ce qui me paraît une éternité. Lorsqu'elle reprend enfin la parole, elle semble bien peu assurée.

— C'est Mila qui est responsable de l'explosion qui a eu lieu il y a des années, dans un quartier très pauvre d'Astriad. La même explosion qui a tué les parents biologiques de Wren.

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