Chapitre 22

• Trois ans plus tard •

Salut, Wren.

Ce soir, le ciel n'est pas illuminé de mille étoiles. De lourds nuages pèsent sur Astriad depuis quelques jours. Elasia espère qu'ils ne vont pas tarder à se dissiper car cela "n'arrangerait pas nos affaires", selon elle.

— Mauvais temps, n'est-ce pas ? je murmure.

La nuit noire semble teintée d'un voile grisâtre, empêchant la lumière de la lune d'éclairer les lieux.

— Ça ne doit pas faire les affaires d'un Obscur, je continue.

Étendue sur le lit, sous le dôme de verre, les yeux rivés vers cette nuit grise, il m'est facile d'imaginer qu'il est là. Que je n'ai qu'à tourner la tête pour le voir.

— Aujourd'hui, c'est la mille soixante-cinquième fois que je monte dans ta chambre.

Pas un jour de plus, pas un jour de moins.

— Mais ce soir, c'est la dernière, j'ajoute en cherchant vainement une étoile dans le ciel.

Une faible clarté projette des reflets sur le dôme de verre. Je me concentre un temps dessus avant de repartir dans le ciel.

— Je ne reviendrai pas, je te le promets.

Toujours aucune étoile. Je remue légèrement comme pour voir le ciel sous un autre point de vue mais laisse retomber ma tête sur l'oreiller. Contre ma poitrine, sous le tissu de ma robe blanche légère, je sens un métal froid remuer. 

— J'en ai assez d'être stupide, j'affirme en fronçant les sourcils comme si je pouvais le voir. J'en ai assez d'agir comme une pauvre fille. Je suis une princesse, c'est toi-même qui me l'as rappelé un nombre incalculable de fois.

Je fais remonter mon bras vers mon cou et suis la chaîne en argent, toujours en admirant le ciel, jusqu'à sentir la Pierre des Astres dans ma paume.

— Tu m'as offert ça juste avant de partir. Et moi, je l'ai gardée.

Pas d'étoile en vue. Je prends une grande inspiration et resserre ma prise sur la pierre.

— J'aurais pu m'arrêter là. Ça aurait été puéril, mais pas complètement digne d'une incapable, d'une faible. Pourtant je suis montée dans cette chambre presque chaque nuit, et toutes les nuits où je ne suis pas venue, je n'ai pas fermé l'oeil. Et tout ça pourquoi, au juste ?

S'il n'y a pas d'étoile, il y a encore moins de lumière verte dans ce ciel trouble.

— Mais tout ça, c'est fini.

Je détache la Pierre des Astres de mon cou et la lève vers le plafond de verre, toujours allongée. Malgré la pénombre, elle trouve le moyen de luire de son éclat rouge.

— Je devrais jeter ce caillou au fond du Lac des Aurores, comme tu me l'as conseillé, mais je ne ferais qu'aggraver mon cas. J'en ai fini de jouer les pathétiques adolescentes éperdues. Alors je vais continuer à porter ce bijou, juste parce qu'il est plutôt joli, mais je ne remonterai pas dans cette chambre.

Le silence régnant dans cette pièce a sans doute favorisé mon penchant à venir m'y réfugier. Ici, tout semble figé. On pourrait presque croire que rien n'a changé. Qu'il est toujours là.

Or ce n'est pas le cas. Tout a changé.

— J'ai passé les trois dernières années à espérer ton retour, à te parler dans cette chambre comme si tu étais une étoile parmi celles brillant dans le ciel. On dirait une âme éplorée cherchant à communiquer avec un mort. D'ailleurs, tu l'es peut-être, mort.

Cette idée ne me choque pas plus que cela et cette réaction ne me choque pas non plus.

— Quoi qu'il en soit, ce soir c'est la dernière fois que je viens ici. Je ne reviendrai pas car demain, c'est le jour de mon mariage.

Il me semble que la Pierre des Astres perd de son éclat mais sans doute est-ce le fruit de mon imagination. Le voile masquant les étoiles paraît s'épaissir.

— Je me marie avec Alec.

Ma voix se casse sur cette phrase mais je prends une nouvelle inspiration.

— Je l'aime et je veux passer ma vie avec lui. Il est la meilleure chose qui puisse m'arriver. Et puis comme tu l'as dit, c'est un prince.

Je laisse le silence m'apaiser alors que ma gorge se serre. Je presse la Pierre des Astres si fort que je crains qu'elle se brise.

— C'est à mon tour de te faire mes adieux. Alors, au revoir, Wren.

Une fois prononcés, ces mots ont l'air de résonner autour de moi. Je guette malgré moi une charge électrique. Mais seul le néant m'accueille. Je passe alors une main dans une poche cachée de ma robe. C'est ta dernière solution. J'attends une dernière fois que les étoiles viennent. Elles ne se montrent pas. Pas plus que des iris émeraude.

Alors je laisse une nouvelle Pierre Astrale se dissoudre sur ma langue.

Note de l'auteure :

Premier chapitre très court mais qui sert surtout d'introduction à cette deuxième partie.

J'imagine que vous devez un peu être en mode "Mais c'est quoi ce b***** ?!". (On va rester polis, s'il vous plaît) 😜

Comme ce chapitre n'est pas franchement long et qu'il doit paraître un peu déroutant, je poste tout de suite le prochain ! 😘

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