Chapitre 21
Wren traverse les couloirs sans se retourner, le bruit lourd de mes pas à quelques mètres derrière lui suffisant à l'assurer que je le suis. J'ai l'impression d'être un misérable chat chassant une magnifique souris inaccessible. Dans le silence des lieux déserts, je n'ose l'appeler et me contente donc de marcher dans ses pas.
Je commence à croire qu'il a l'intention de faire le tour du palais quand il ouvre l'une des baies vitrées donnant sur les jardins. Dehors, les derniers rayons du soleil s'effacent derrière les végétaux nous entourant et laissent place à la nuit.
Wren s'arrête finalement au milieu d'un petit pont recouvert de mousse et entouré de fleurs. Il s'adosse à la rambarde fragile du pont et m'attend, gardant les yeux fixés sur ses chaussures. Lorsque je le rejoins, je suis presque à bout de souffle et je pose une main contre la rambarde pour me reposer, gardant toutefois mes distances avec lui.
— C'est une belle soirée, commente-t-il en admirant le ciel.
À deux mètres en dessous du minuscule pont s'écoule un mince filet d'eau, seul bruit rompant le calme environnant. Les animaux de la forêt tropicale non loin de nous se sont tus et nous n'entendons nulle agitation de la fête se jouant au palais.
— On ne pouvait pas rêver mieux, je réponds sur le même ton anodin que lui.
Je cherche sur son visage des traces de fatigue, une pâleur inquiétante ou des yeux injectés de sang mais il est parfaitement normal. Il est même encore plus attirant que d'habitude, avec ses beaux habits de soirée.
— Que faisais-tu dans la salle des invités "non spéciaux" ? je le questionne en dissimulant du mieux possible mon essoufflement.
Mon coeur bat si vite que je suis sûre qu'il peut l'entendre. Je tâche de prendre de grandes inspirations.
— Je pourrais te poser la même question, rétorque-t-il sans quitter le ciel des yeux.
Des étoiles commencent à scintiller et la lune en croissant brille d'une douce lueur tandis que le soleil a tiré sa révérence. Comme Wren ne semble pas décidé à se détourner de ce spectacle, je me rapproche de quelques centimètres de lui, pose mes deux paumes sur la rambarde et perds mes yeux dans le ciel.
Nous restons ainsi pendant quelques instants chargés de tension malgré l'atmosphère propice au calme et à la paix. J'ignore si cette électricité dans l'air est le fruit de mon imagination ou si c'est de lui qu'elle se dégage. Il semble attendre quelque chose mais je n'ose pas demander quoi devant son obstination à ne pas me regarder.
— Je suis d'abord passé dans la salle réservée aux invités de marque, déclare-t-il soudainement, me faisant esquisser un sursaut. Je me suis vite aperçu que tu n'étais pas là et j'ai demandé à Elasia où te trouver. Une de ses amies m'a répondu qu'elle t'avait vue partir avec Alec dans un couloir caché. Je me suis dit que venant d'Alec-chéri, ça m'étonnerait qu'il te prenne à l'écart pour faire des choses douteuses alors j'ai suivi les deux couloirs et suis arrivé dans la grande salle au moment où la petite fille s'approchait de toi. Je me suis terré au fond pour que l'on ne me remarque pas.
Si j'ai levé les yeux au ciel quand il a suggéré les "choses douteuses" qu'Alec et moi aurions pu faire, il a néanmoins toute mon attention. Quand ses yeux rencontrent enfin les miens, son regard est si intense que je m'efforce de le soutenir sans flancher.
— J'espérais que tu viendrais, je me lance enfin d'une voix se voulant assurée. Je ne sais pas pourquoi mais ta présence m'importait plus que celle de n'importe qui.
Une ombre de tristesse passe sur son visage et il baisse finalement les yeux. Je n'aurais peut-être pas dû être aussi directe...
— J'ai toujours eu l'intention de venir, avoue-t-il en se tournant vers moi et en glissant la main dans sa poche de pantalon. J'avais un cadeau à te donner.
Il sort alors un petit boîtier cubique noir. Mon coeur fait un bond incompréhensible dans ma poitrine.
— Ce n'est pas une demande en mariage, détends-toi, me lance-t-il comme s'il avait entendu mon pouls s'accélérer.
Il retrouve son sourire amusé et je lève une nouvelle fois les yeux au ciel. C'est notre jeu préféré, je crois.
— Je sais que tu en as autant que tu veux au palais, mais j'espère que celui-ci sera spécial pour toi.
Il ouvre alors la boîte et j'étouffe un cri de surprise devant son contenu : sur un petit coussin noir repose une pierre d'un rouge éclatant. À travers un petit passant argenté, est enfilée une chaîne du même métal. Sous la lumière de la lune, la pierre prend des reflets étranges, oniriques, magiques... Mais ce n'est pas n'importe quelle pierre...
— Est-ce que c'est... ? je demande à mi-voix sans pouvoir quitter le bijou des yeux.
— Oui, confirme-t-il. C'est la Pierres des Astres. Celle avec laquelle tu m'as sauvé.
Face à cette dernière phrase, je me force à lever les yeux vers lui. Pour une fois, il n'est pas si sûr de lui que d'habitude, guettant ma réaction.
— Wren, c'est incroyable mais...
Il se crispe, attendant la suite.
— Tu es au courant que je ne peux pas être en contact avec cette pierre. Elle me brûle, si tu te rappelles bien.
— Alec a sûrement dû te colporter que je passais mes journées dehors ou enfermé dans ma chambre ? Eh bien j'étais sans arrêt en ville à la recherche d'un joailler qui accepterait de recouvrir la pierre d'un film spécial l'empêchant de te brûler sans trop poser de questions... Tu sais que ce petit objet est assez recherché et qu'il déchaînerait pas mal de passions si l'on apprenait qu'il a été retrouvé...
Sous le choc, je tends doucement une main vers la Pierre des Astres, certaine qu'elle va me brûler, or quand j'entre en contact avec elle, je ne ressens rien. Je ne me tords pas de douleur ni ne sens mon doigt se consumer à son toucher. Wren sourit timidement, comme s'il craignait que je refuse son cadeau.
— Je l'ai faite monter en collier, m'informe-t-il, mais tu peux aussi bien t'en servir de bracelet. Les gens croiront que c'est une réplique et non pas la vraie Pierre des Astres.
— Wren, c'est... C'est beaucoup trop beau... Je ne... Je ne mérite pas une telle chose.
Quand je me détourne de la pierre pour le regarder, il ne sourit pas. Ses yeux expriment une telle intensité qu'il m'est impossible de les quitter.
— Un jour, tu comprendras qu'aucune merveille de ce monde ne sera jamais trop belle pour toi.
Un silence électrique tombe entre nous et c'est moi qui baisse les yeux en premier.
— Peux-tu m'aider à le mettre ? je fais en désignant le collier comme ce dernier attend toujours sagement dans son boîtier.
La Pierre des Astres renferme les âmes de Lunatiques exterminés, pourtant son éclat rouge ne semble ni menaçant ni agressif, mais plutôt apaisant. Je me tourne dos à Wren et dégage mes cheveux tandis que je sens ses doigts effleurer ma nuque lorsqu'il attache le fermoir. Je manque de frémir à ce contact mais fais tous les efforts possibles pour calmer mon coeur mièvre et fou.
Quand je lui fais face, Wren n'est qu'à quelques centimètres de moi et je songe que ce serait le moment idéal pour l'embrasser. Une jolie robe, un garçon sexy, un incroyable collier, une magnifique nuit, un pont tranquille... Que demander de plus ? Je sens son souffle contre ma joue juste avant qu'il ne s'écarte brutalement d'un pas en arrière, comme s'il se souvenait de quelque chose.
— Je ne m'étais pas trompé, dit-il simplement. Elle est encore plus brillante quand c'est toi qui la portes.
Pourtant ce n'est pas moi qu'il regarde, mais les lames de bois du pont. Il m'est impossible de comprendre sa triste expression alors ne sachant que dire ou que faire, je cache la pierre sous ma robe, de façon à ce qu'elle ne soit plus visible. Son contact frais avec ma peau nue me fait un drôle d'effet, sans que je puisse donner un nom exact à ma sensation. Je me sens comme... plus vivante, peut-être ?
— Je dois partir, lâche si soudainement Wren que je tressaute comme une imbécile.
Je le dévisage quelques secondes, alertée par ses doigts pianotant nerveusement contre la rambarde du pont. Son regard fuie étrangement le mien.
— Tu viens juste d'arriver, je réponds avec précaution, ne comprenant pas l'origine de sa nervosité. Tu ne veux pas passer au bal ?
Quand il se décide à me regarder, l'éclat de ses émeraudes est d'une tristesse insondable.
— Je quitte Astriad, précise-t-il sans se détourner.
— Qu... Quoi ? je balbutie. Tu veux dire...
— Je ne reviendrai pas, me coupe-t-il en baissant la tête. Ou alors pas avant de très longues années.
— Mais enfin, pourquoi veux-tu partir ? je m'empresse de demander, la panique commençant à me gagner. Tu ne peux pas t'en aller...
Il a cessé d'agiter fiévreusement ses doigts et la douleur est imprimée sur ses traits lorsqu'il me dit :
— Je ne peux pas rester près de toi sachant que je ne pourrais jamais être avec toi.
Mes mains tremblent tandis que je commence à imaginer un scénario...
— Pourquoi dis-tu une chose pareille ? je lance en essayant de garder une voix normale, sans tressautements. Justement, je...
— Ne dis rien, s'il te plaît, m'interrompt-il avec une douceur infinie, la main tendue vers moi. Ne rends pas les choses plus compliquées. Un garçon des poubelles ne sera jamais avec une princesse.
Cette dernière phrase résonne dans mon esprit sans que je parvienne à lui trouver un sens ou une raison.
— Tu as bien entendu, me confirme-t-il face à la confusion qui doit se lire sur mon visage. Toute ma vie, j'ai cherché à savoir comment un pauvre Obscur avait pu se retrouver chez la famille de Lumineux la plus puissante après celle de la royauté mais... Je ne pensais pas qu'Elasia me relaterait la pire possibilité : celle que je ne sois qu'un moins que rien.
Il perd son regard dans la contemplation du ruisseau en dessous de nous alors qu'il commence à me raconter son histoire.
— Le père d'Alec m'a trouvé alors qu'il se promenait dans le quartier le moins bien fréquenté d'Astriad. C'était un endroit infesté d'alcooliques, de dépendants aux Pierres Astrales, de tout ce que la reine de l'époque, la mère d'Elasia, refusait de voir. J'étais endormi dans un berceau, à côté d'une poubelle. J'avais six mois, à peu près. Il est venu me voir parce qu'il a eu pitié de moi. J'étais plus sale qu'un rat d'égout et j'étais malade.
Il grimace, comme si le simple fait d'imaginer de telles choses lui donnait envie de vomir.
— Il m'a pris dans ses bras et nous avons fait le tour du quartier à la recherche de quelqu'un qui pourrait être de ma famille. Il a cherché pendant des heures sans rien trouver alors il m'a ramené à la villa Nightsun. Lorsque Alexander a proposé à Donnatella de me garder si j'étais vraiment abandonné, elle lui a lancé que leur maison n'était pas un refuge pour animaux.
Wren marque une pause et une larme dévale ma joue. En bas, le ruisseau suit toujours paisiblement son cours.
— Ils ont attendu des semaines que quelqu'un me réclame au palais, mais personne n'est jamais venu. Dans un élan de bonté, Donnatella a accepté que je reste et fasse partie de la famille. Elle trouvait que mon minois avait un bon potentiel, d'après Elasia. Un an plus tard, une femme est allée se plaindre à ta mère — qui était encore une princesse — que son fils lui avait été enlevé lorsqu'il avait six mois.
J'essaie d'empêcher mon cerveau d'imaginer mille horribles théories à propos de cette femme, mais de toute façon, Wren enchaîne rapidement, comme si chaque seconde lui coûtait.
— C'était une Obscure qui prétendait être mécanicienne. Elle a fait tout un récit sur le fait qu'elle avait un jour laissé son petit garçon près d'une poubelle et qu'elle ne l'avait jamais retrouvé. Des photos de moi commençaient à apparaître dans les journaux dans la catégorie "les bébés les plus mignons d'Astriad" et cette femme trouvait que j'avais les yeux de son ancien amant. Elle disait n'avoir jamais déclaré ma disparition parce qu'elle était persuadée que j'étais mort. Elasia aurait bien voulu la croire mais elle savait que c'était une trafiquante de Pierres Astrales qui la fournissait.
Pourquoi faut-il toujours que les Pierres Astrales viennent s'insinuer dans nos histoires ?
— Et elle était aussi au courant que la femme maltraitait son bébé qu'elle avait eu avec un de ses fidèles clients. Elasia lui a ordonné de laisser les Nightsun tranquilles et ma mère biologique est partie sans demander son reste. Des mois plus tard, une explosion a eu lieu dans le quartier où Alexander m'avait trouvé. Ma mère et mon père y vivaient toujours et ils sont morts sur le coup.
Une fois cette dernière phrase prononcée, un silence insoutenable s'abat entre nous. Wren reste à contempler le ruisseau tandis que moi, je ne regarde que lui. Sa lassitude, sa colère, sa déception, sa honte... À ce moment, je voudrais que nos pouvoirs soient inversés. Que ce soit moi qui puisse calmer ses émotions, comme il le ferait. Mais il m'est impossible de faire une telle chose alors je m'approche de lui et pose ma main sur la sienne qui enserre la rambarde. Il tressaillit, les muscles de sa main se détendent sous les miens, mais il ne me regarde pas.
— Je suis désolée qu'ils soient morts, je déclare d'une voix rauque.
Sous la surprise, il se tourne vivement vers moi, les yeux écarquillés.
— Tu crois vraiment que j'en ai quelque chose à faire que ma trafiquante de mère et mon drogué de père soient morts ? s'exclame-t-il en secouant la tête, incrédule. Au contraire, je trouve que ça règle bien le problème. Je n'aurais pas à les tuer moi-même.
— Wren...
— N'essaie pas de leur trouver des excuses, m'interrompt-il. Je sais comme tu es.
— Je ne cherche pas à leur trouver d'excuses, je réponds fermement. S'ils étaient vivants, je leur réglerais leur compte en personne. Ils t'ont maltraité le peu de temps qu'ils t'ont gardé puis t'ont abandonné. Tu serais mort si ton vrai père ne t'avait pas trouvé.
— Ton vrai père ? répète-t-il avec scepticisme. Alexander Nightsun n'est pas...
— Alexander Nightsun est ton vrai père, je le coupe sèchement. Tout comme mes parents humains de Los Angeles sont mes vrais parents.
Je suis moi-même surprise par l'affirmation avec laquelle j'ai abattu cette phrase. Comme si je criais tout haut ce que j'ai refusé d'admettre tout bas. Wren me regarde bizarrement et il m'est impossible de deviner le fond de sa pensée.
— Cela ne change rien au fait que je sois le rejetton de drogués, rétorque platement Wren en détachant sa main de la mienne.
Excédée, je lève les yeux vers le ciel étoilé.
— Elasia aussi était une droguée. Au point qu'elle ne se souvient même pas de l'identité de mon père. Au moins celle qui t'a donné la vie a eu la décence de ne pas consommer de Pierres Astrales pendant sa grossesse. Elle t'a quand même fait du mal après mais je veux juste que tu comprennes qu'au final nos histoires sont similaires.
Il affiche un air désolé comme s'il avait pitié de ma détermination à vouloir tirer quelque chose de bon en lui. Le cri d'un oiseau tropical résonne dans la nuit avant qu'il ne réponde :
— Ta mère est une reine-droguée et la mienne était une trafiquante-droguée. Tu es une princesse, je ne suis qu'un garçon des poubelles.
Il fait un pas vers moi et approche doucement sa main de ma joue avant de se raviser. Il recule finalement et se contente de plonger intensément ses yeux dans les miens. C'est un regard toujours habité de cette tristesse insondable et j'ignore pourquoi mais à ce moment, je suis persuadée que je m'en souviendrai pendant très, très longtemps.
— C'est pourtant simple, Luna. Tu mérites quelqu'un qui soit digne de toi. Un prince. Et moi je ne suis ni l'un, ni l'autre. Tu mérites Alec. Lui, c'est un vrai prince. Il ne te fera jamais souffrir, ne t'accablera pas avec son passé tourmenté, et t'aimera d'un amour qui ne te blessera pas.
Ces paroles me désarment. Je devrais lui crier que ce n'est pas à lui de décider de ce que je mérite ou de quel amour je dois être aimée. Je devrais lui hurler que si j'ai envie de le prendre dans mon coeur, lui et son passé tourmenté, j'en ai le droit. Mais tout ce que je parviens à articuler à travers ma gorge nouée est bien pitoyable :
— Je ne veux pas que tu partes.
Son expression est indéchiffrable mais je crois y déceler une once de regret... ou alors c'est juste ce que j'espère voir.
— Il n'est pas seulement question de ce que tu veux ou de ce que moi je veux, répond-il. Je t'ai vu avec cette petite fille. Tu as beau crier à qui veut l'entendre que tu n'as rien d'une princesse et encore moins d'une reine, tu étais parfaite. Alec était derrière toi et lui aussi était exactement à sa place.
— Alors c'est pour ça ?! je m'exclame, saisie d'une colère mélangée à un désespoir croissant. Rien que parce que j'ai donné un diadème à une gamine et parce que tu as trouvé qu'Alec faisait une belle tapisserie derrière moi, tu décides de partir ? Pourquoi le monde entier semble vouloir qu'Alec et moi soyons ensemble ? Et puis tu vas partir sans même dire au revoir à ton frère ?
J'ai parlé beaucoup trop fort pour un jardin si calme mais je m'en moque. Si des gardes nous entendent tant mieux, je leur ordonnerais d'enfermer Wren dans un cachot pour qu'il n'aille nulle part.
— J'ai pris la décision de partir à la seconde où Elasia m'a dit que j'avais été retrouvé à côté d'une poubelle, me dit-il avec apaisement. Il n'y a pas que toi que je ne mérite pas. Je suis indigne d'Alec aussi. J'ai déployé tous mes efforts pour détester Donnatella alors que sans elle et son mari, je ne serais que poussière. J'ai assez pourri la vie de tout le monde comme ça.
— Tu n'as pas pourri la mienne, je réplique sans réfléchir.
Une lueur d'espoir semble traverser son regard avant qu'il ne redevienne désolé et contrit. Ses doigts frémissent, comme s'ils voulaient m'approcher, mais restent le long de son corps.
— J'ai tué Alexia, déclare-t-il comme si ça justifiait tout. Mais je ne veux pas que notre dernière conversation soit une dispute, alors n'allons pas plus loin. Et puis ils doivent en être à leur quinzième danse, au bal.
Je suis sur le point de rétorquer que je n'en ai rien à faire du bal quand il se penche vers moi et effleure ma joue de ses lèvres. J'ai à peine le temps de réaliser ce qu'il vient de se passer qu'il est déjà à trois pas de moi. Je retrouve finalement mes esprits et fais mon maximum pour repousser les larmes qui menacent de couler.
— Alors ce collier, c'est un cadeau d'adieu ? je lance comme pour que ce minuscule baiser ne soit pas le dernier. Je suis censée m'y accrocher jusqu'à ce que je t'oublie et je pourrais ensuite le laisser moisir dans une boîte à bijoux ?
Il prend un faux sourire amusé qui ne me trompe pas.
— Considère-le comme un simple cadeau. Tu peux le jeter dans le Lac des Aurores si ça te chante, ça pourra peut-être t'aider à changer de chapitre.
Il s'éloigne alors de deux autres pas en arrière, quittant le pont. Je ne sens que l'électricité autour de nous, n'entendant plus le bruit du ruisseau. Je crois être enfouie à des mètres sous la terre lorsqu'il murmure d'une voix brisée :
— Au revoir, Isaluna.
Le noeud enserrant ma gorge est si serré que je ne peux répondre. À travers mes yeux embués, je le vois se retourner, ses émeraudes se retrouvant ainsi hors de ma vue. Pourtant je n'ai pas envie que ce soit la dernière fois. Je veux les voir encore et encore, tous les jours, pendant toutes les années qu'il me reste à vivre.
Je sais que dans ces moments, il n'y a plus qu'un seul moyen. Il n'y a plus que quelques mots. Des mots qui peuvent tout changer. Je devrais les lui crier tant qu'il en est encore temps, tant qu'il est encore à ma portée, mais je ne fais rien.
Il n'y a plus que mes larmes qui tombent et sa silhouette s'éloignant à travers les arbres. L'électricité se tend alors autour de moi et mes sentiments tourmentés me quittent peu à peu, ne laissant place qu'à un calme infini, serein et rassurant. Je le suis toujours du regard alors qu'il manipule mes émotions à distance, rompant une dernière fois notre accord.
Puis il disparaît dans la nuit.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE
Note de l'auteure :
Bon... Je sens qu'après ce chapitre, certains d'entre vous vont avoir envie de me tuer ou de m'envoyer des tomates à travers l'écran... 😅
Que pensez-vous de tout ça ? Vous avez le droit de m'insulter gentiement, je ne vous en voudrais pas 😂
Pour la seconde partie, nous ferons un bon dans le temps de trois ans et préparez-vous à... Bon je me tais je commence à trop parler... 😉
Encore merci d'être toujours là et bisous à vous ! ❤️
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