Lundi. 10h30.

  Le mois de mars était désormais arrivé, cela faisait donc trois mois que Isak et Even étaient en couple. Et on pouvait dire que ça se passait plutôt bien. Isak ne séchait que très rarement et avait la moyenne dans toutes les matières. Il traînait toujours avec Jonas, et faisait toujours parti du groupe de théâtre de Vilde.

Ouais, tout allait bien.

Tous les matins, ils se rendaient ensemble au lycée. Ils devaient certes se séparer durant les heures de cours, mais se retrouvaient aux repas et le soir, chez l'un ou chez l'autre...

Non, en fait, tout n'allait pas bien.

La bipolarité de Even était plus présente que jamais, et il excluait Isak, au plus grand damne de ce dernier. Il était amoureux, il voulait l'aider, mais on ne le laissait pas faire. Ca l'énervait.

Le petit blond avait pourtant essayé de lui expliquer qu'il voulait être à ses côtés, et qu'il ne l'abandonnerait pas, quoi qu'il se passe, mais non, Even restait buté.

Cela faisait à peine vingt minutes que le cours de biologie avait commencé, et pourtant, Isak soupira pour la quatrième fois.

   - Bon, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Sana, fatiguée.

   - Hum, rien. répondit rapidement Isak en retournant à son exercice.

Ils travaillaient sur les synapses du cerveau, et malgré son apprentissage rapide, il avait du mal à retenir de quoi elles étaient composées.

   - La synapse permet de... Elle permet quoi d'ailleurs ? se demanda-t-il à lui-même en relisant la question. Elle permet d'établir un contact entre deux neurones, ou un neurone et une autre cellule, et de transmettre un potentiel d'action...

Sana releva la tête et le regarda, ahurit.

   - Elle ne transmet pas directement le potentiel d'action ! Elle le convertit en un signal qui sera ensuite envoyé aux cellules musculaires ! Et je te rappel que c'est toi qui m'a expliqué ça durant le dernier cours... Alors, je te repose la question : qu'est-ce qu'il y a ?

Isak haussa les épaules et se mordit la lèvre, peu content de l'erreur qu'il venait de recopier. Il prit soin d'effacer sa réponse, puis de noter ce que la jeune venait de lui dire. Lorsqu'il eu terminé, il regarda son portable, vérifiant s'il n'avait pas un message, puis le rangea lorsqu'il ne vit aucune notification.

   - Even n'est pas bien depuis vendredi. On ne s'est pas vu ce week-end, parce qu'il avait apparemment des choses à faire, mais... je ne le crois pas. Je le vois qu'il ne va pas bien, et son absence au lycée me le confirme. J'aimerais juste ne pas être mis à l'écart. expliqua-t-il en baissant la tête et en se frottant nerveusement le front. Je me sens juste inutile, et ça me fait mal.

Sana le regarda un instant de son regard perçant, elle s'installa plus confortablement sur sa chaise, posa son stylo et ferma son cahier.

   - Tu as essayé de lui en parler ?

Isak, surpris qu'elle s'intéresse à lui, garda le silence quelques instants.

   - Hum, ouais, je l'ai fait. Mais ça n'a rien changé. Je crois qu'il s'est même braqué un peu plus. Alors j'ai juste laissé tombé.

   - Mais sinon, ça se passe bien entre vous ?

   - Ouais. acquiesça-t-il. Je me sens très bien avec lui.

   - Et le sexe ?

Isak faillit s'étouffer à l'entente de la question. Etait-ce bien Sana qu'il avait en face de lui ? Décidément, elle traînait beaucoup trop avec Eskild et Eva.

   - Il n'y a aucun soucis de ce côté-là, Sana. les joues rougies, gêné.

   - Alors je pense qu'il faut simplement que tu lui laisses du temps. Il viendra vers toi et s'ouvrira lorsqu'il sera prêt. Pour le moment, il doit penser qu'il est un poids, mais quand il s'apercevra qu'il a besoin de toi, il te parlera.

Au fond de lui, Isak espéra qu'elle avait raison, et que Even finirait par l'appeler... Mais ce qu'il décida fut de ne pas le brusquer.

  12h50.

  Comme tous les midi, Isak s'installa aux côtés de Jonas et Magnus pour déjeuner. Il s'était acheté un sandwich, mais étant préoccupé par l'état de son petit-ami, il n'en avala que la moitié. Se rendant compte de l'état de son ami, Jonas fronça les sourcils dans sa direction. Isak soupira et lui fit comprendre qu'il lui parlerait plus tard. Le bras lança un simple « ok » avant de piquer le morceau de sandwich restant.

Quand la sonnerie retentit, ce fut un petit groupe de lycéens déprimés qui reprirent le chemin des cours. Lorsque Isak arriva devant sa salle, son portable se mit à sonner.

   - Je te rejoins ! lança-t-il à Jonas en s'éloignant dans un coin tranquille.

Lorsqu'il vit qui l'appelait, il s'empressa de décrocher.

   - Hey... dit-il d'une voix douce.

   - Hey. répondit son interlocuteur.

Isak sourit, heureux d'entendre à nouveau sa voix.

   - Tu m'as manqué... avoua-t-il.

   - Tu m'as manqué aussi... Isak ?

   - Oui ?

Il y eu un silence durant lequel personne ne parla. Isak attendit, se contentant d'écouter la respiration apaisante de son amoureux.

   - J-j'ai besoin de toi. répondit enfin Even.

Sa voix triste interpella Isak.

   - D'accord, j'arrive tout de suite, où es-tu ?

Il n'y avait eu aucune hésitation. C'était la première fois qu'Isak entendait de telles paroles sortirent de la bouche de Even. Il n'allait pas bien, il l'avait sentit, et cela l'inquiétait.

   - Eskild m'a fait entrer, j-je suis dans ta chambre...

   - J'arrive tout de suite.

Isak raccrocha, et, sans même prendre le temps de prévenir Jonas, il partit en courrant. Il n'en avait rien à faire de sécher, il n'en avait rien à faire que son père l'appel pour lui passer un savon, ou qu'il soit convoqué chez le proviseur. Tout ce qu'il voyait c'était Even, allongé sur son lit chez lui, dans sa face descendante.

Il courut plus vite que jamais, traversa entre les voitures, manquant de se faire renverser. Il ne prit même pas le tramway, il slaloma entre les piétons, les vélos, coupa les routes et continua de courir. Quand enfin il fut devant la porte de l'appartement, il reprit doucement son souffle, et en profita pour sortir ses clefs. Il ne prit même pas soin de refermer la porte derrière lui : de toute façon Eskild s'en chargerait bien pour lui. Il n'écouta même pas ce que lui raconta Noora : il se dirigea vers le fond du couloir et s'engouffra dans sa chambre en prenant soin, cette fois-ci de refermer la porte.

Even était bel et bien couché sur son lit, sous la couette, sa tête plongée dans oreiller. Il s'approcha lentement pour découvrir qu'il portait son t-shirt préféré et l'un de ses bas de jogging.

   - Even ?

Le jeune garçon se retourna et essaya de sourire, mais ce fut un échec. Le blond s'avança, s'assit à côté de son amoureux et caressa lentement ses cheveux.

   - Mon t-shirt et mon pantalon ? Sérieusement ? demanda Isak.

Cette fois-ci un beau sourire se dessina sur ses lèvres.

   - Pourquoi pas ?

Isak rigola puis embrassa tendrement son petit-ami. Lorsqu'il se recula, il s'allongea à ses côtés. Il se plaça face à lui de façon à pouvoir admirer ces yeux qu'il aimait tant.

   - J-je... Je t'ai appelé parce que j'avais besoin que tu sois vers moi. expliqua enfin Even en baissant les yeux.

   - Et je suis là. sourit Isak.

   - Oui... Mais ce que je voulais dire, c'est que j'avais besoin que tu sois là parce que je ne vais pas bien, et que, quand je ne vais pas bien, tu es le seul qui peut m'aider.

Isak essayait vraiment de retenir un sourire, mais il échoua lamentablement. Comment ne pouvait-il pas sourire ? Even l'avait appelé ! Even avait avoué qu'il avait besoin de lui ! Even lui avait avoué qu'il pouvait l'aider ! C'était une putain de bonne journée !

Ne pouvant se retenir, il se jeta sur ses lèvres et l'embrassa amoureusement.

C'était un putain d'énorme pas en avant.

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Et voilà pour ce premier OS tout en douceur...

J'espère qu'il vous aura plu, j'attends vos avis avec impatience !

À bientôt,

Nahoïa.