Chapitre 8
Sur mon lit, je regarde une comédie romantique dans ma petite 13 pouces. Cette télévision est assurément plus vieille que moi. Mon portable se met à sonner au pied de mon lit et je vois la photo de Riley.
— Allô ?
— Salut ma belle !
— Comment vas-tu ?
— Je vais bien, qu'est-ce que tu fais ?
— Pas grand-chose. Je suis en nuisette, j'étale du vernis à ongles sur mes doigts de pied et je regarde un film bidon.
— Tu te mets du vernis ? Une première. Tu te mets belle pour qui ?
Je sens son sarcasme. Il est vrai que c'est une première pour moi que je me vernisse les ongles... au fait... pourquoi je fais ça ?
— Ouais, j'avais envie tout simplement. Écoute, comme je t'ai au bout de la ligne, je peux te poser une question ?
— Oui, vas-y.
— Je me demandais...
Je laisse mes mots en suspens un moment, cherchant bien comment lui demander sans que tout déboule et me retombe sur la tête.
— Je me demandais, reprends-je, si tu connaissais un fameux Isaac Cole Reyes ?
— Humm, vaguement. Pourquoi ça ?
— Juste comme ça.
— Non. Tu ne me demandes pas ça juste comme ça. Allez, qu'est-ce qu'y a ?
— J'étais seulement curieuse, car je l'ai croisé aujourd'hui.
En fait, hier aussi. Mais je n'ai pas besoin de le lui dire. Je vais commencer par lui faire avaler la pilule doucement... de toute façon, je n'ai aucunement l'intention de lui dire ce qui s'est passé. Il exploserait, le dirait à mon frère qui m'étranglerait ; ensuite ma tante me botterait le cul, et pour finir, la ville serait au courant et je me ferais lapider. Je tiens encore à la vie.
— T'as pas parlé avec ce type, j'espère ?
Non. Bien sûr que non. Mais je l'ai presque embrassé, et ses mains étaient sur mon corps et j'étais aux anges...
— ... Hayley ?...
Son ton est plus dur et je sens l'inquiétude dans sa voix.
— Non... non, non. Bien... peut-être un peu. Il m'a dit qu'il te connaît. C'est vrai ça ?
Il ne répond pas à ma question, mais je sens qu'il soupire, comme s'il était découragé.
— Il ne me connaît pas, non, tranche-t-il au bout d'un moment. Je ne veux pas que tu reparles avec lui, Hayley. Il n'a pas une super réputation.
Oui, ça, je pense que je commence à le savoir. Seulement, ça ne me rentre toujours pas dans la tête. Mais ce qui m'intrigue, c'est la façon dont Isaac a parlé de Riley. Quelque chose me dit qu'ils se connaissent, et qu'il s'est passé quelque chose. Riley me mentirait ?
— Pourquoi tout le monde le déteste ? Il t'a fait quoi à toi ?
— C'est un cinglé, Hayley. Il prend tout ce qu'il veut, il est arrogant, il est violent, dangereux et avec les bruits qui courent sur son retour, les gens croient qu'il était en prison pour meurtre et viol.
— Adrian dit qu'il était parti dans un entraînement ou quelque chose comme ça pour l'Armée de Terre.
— Quoi ?
Je sens du mépris dans sa voix.
— Tu as parlé de lui avec Adrian ?
— Heu... bah...
— Écoute, il se fait tard. Je te rappelle demain. Entre-temps, ne parle plus à ce mec.
Riley raccroche sans que j'aie la chance de prononcer quoi que ce soit d'autre. Quelque chose m'échappe. Pourquoi le nom d'Isaac l'énerve-t-il à ce point ?
La sonnette de la maison retentit jusqu'à l'étage. Cate et mon frère sont sortis pour la soirée, alors je me demande qui ça peut bien être... D'emblée, je me regarde dans le miroir pour ajuster les quelques mèches frivoles de mon chignon qui tombent sur mon visage. Je ne porte pas de soutien-gorge sous ma camisole blanche et je ne porte qu'un short noir. Pas commode pour répondre à cette heure-ci ! La sonnette retentit une seconde fois. Eh merde ! Je déboule les marches à vive allure et en bas de l'escalier, je vois à travers la porte vitrée... Max Duncan...
Mon cœur cesse de battre et je sens ma poitrine brûler. Ma gorge se resserre et je fige, incapable de bouger. Il me voit. Il me regarde. Mon cœur se met à palpiter si vite que j'ai peur de faire une crise cardiaque. Mon subconscient me dit danger alors que mes jambes restent clouées sur place. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas du tout ça. Max frappe dans la porte et je sursaute même si je l'ai vu faire.
— Hayley, ouvre-moi ! dit-il derrière la porte.
Mes yeux dérivent vers la cuisine sur ma gauche et j'ai envie de me précipiter vers le téléphone pour appeler la police. Mais ce qui me fait hésiter est que sous mes yeux, la porte d'entrée n'est pas verrouillée. Et quelque chose me dit que si je fais un mouvement brusque, Max ouvrira la porte. Je déglutis et serre les dents. J'essaie de ne pas battre des paupières pour ne rien manquer.
— On a quelque chose à régler, poursuit-il.
Ma respiration s'accélère et j'ai envie de pleurer. Je sens mes mains humides alors que mes pieds se cramponnent au tapis des marches. Sans réfléchir, je fais demi-tour dans les escaliers et détale jusqu'à ma chambre. Stupéfaite d'entendre la porte se refermer à l'entrée, je réalise qu'il a vraiment franchi le porche !
— Hayley, je sais que ton frère et ta tante sont partis. Je veux juste discuter de ce qui s'est passé.
Je me recroqueville derrière la porte de ma chambre après l'avoir verrouillée. J'entends ses souliers se poser exactement sur la dernière marche, celle qui grince.
— J'aimerais que tu me trouves cet ami qui m'a étranglé. Je n'apprécie pas me faire dire quoi faire. Et je n'aime pas me faire dire non.
Ça, je le sais. Il ne doit pas avoir l'habitude de tomber sur une coincée comme moi qui ne veut pas de lui. Il a toujours eu des problèmes pour le moins étranges, mais ses amis l'apprécient comme ça. Mais là, il a dépassé une fois de plus les bornes. Je prends mon portable sur mon lit et avant même que je compose le numéro d'urgence, Max donne un coup de pied sur la poignée de la porte. J'entends la partie extérieure s'écrouler sur le parquet et la seconde suivante, Max traverse ma chambre. Il agrippe mes cheveux et me traîne sur le sol jusque dans les marches !
— Arrête !
Je me débats et, furieuse, je décoche un violent coup sur son tibia qui le fait grogner et jurer. Étalé dans les escaliers, Max se penche sur moi :
— C'est qui celui qui m'a fait ça ?
Max pointe son cou et je vois une marque de lacération assez profonde, celle qu'Isaac lui a faite.
— Mes parents pensent que j'ai tenté de me suicider ! Là, ils vont m'envoyer passer des tests psychologiques ! Je m'en vais dans un centre pour jeunes !
Entre lui et moi, c'est exactement ce dont il a besoin.
— C'est qui ? hurle-t-il si fort qu'il en postillonne sur moi.
Sa main empoigne ma camisole au niveau de ma poitrine et je me sens complètement paumée. J'ai les mains levées, prêtes à protéger mon visage s'il me frappe.
— Parle !
Je secoue la tête pour ne rien répondre. Pas parce que je ne connais pas la réponse, mais du fait que je suis trop secouée par ce qui se passe.
— Tu veux jouer à ça, hein ?
Max enroule ma gorge avec ses doigts et rapidement, je manque d'air. Mes jambes tentent de le faire tomber des marches, mais au lieu de ça, il empoigne la ceinture de mon short et tire dessus. De sa main brusque, il tire si fort que c'est moi qui tombe et mon dos heurte violemment une marche.
— Aïe !
— Hayley !
J'entends la voix d'Adrian qui débarque en trombe dans l'entrée. Il agrippe les épaules de Max et le fait débouler. Mon frère envoie quelques droites au visage de Max, étalé au sol. Du sang jaillit de son nez et, horrifiée, quelque chose me dit que je dois l'arrêter. Je bondis sur mon frère et tente de l'en empêcher.
— Arrête ! Ça suffit ! C'est assez !
Adrian ignore ma tentative et continue de se défouler sur Max.
— Appelle la police ! crache-t-il sur moi.
Sursautant, je me précipite vers la cuisine pour prendre le combiné et compose le numéro.
— Allô ? Oui, c'est pour signaler une intrusion à domicile.
Max est maintenant inconscient et je vois mon frère lâcher prise, enfin. Je ne l'ai jamais vu aussi révolté. Sa peau du cou et du visage est rouge comme un homard et les muscles de ses bras sont saillants. Ses poings sont fermés et ses jointures sont blanchies et enflées. Je le vois serrer les dents et dans son regard, une furie circule à plein régime. Je regarde mon pyjama : mon short est déchiré sur la hanche et ma camisole est froissée et beaucoup plus ample qu'elle ne l'était. Mon élastique au-dessus de mon crâne tombe sur le côté de ma tête et je sens une blessure à mon oreille. Ses ongles m'ont blessée. La femme au bout de la ligne insiste pour que je ne raccroche pas avant l'arrivée d'une patrouille. Et il n'a fallu que quelques minutes avant de voir les phares et la voiture de police s'arrêter devant la maison...
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