Chapitre 4
En sortant de la douche, je vois Ivy couchée sur un matelas à côté de mon lit avec une revue à potins dans les mains.
— J'ai parlé avec Adrian, marmonne-t-elle.
Assurément qu'elle a tout fait pour parler avec mon frère. Un peu plus et elle irait dormir dans sa chambre.
— Il était au téléphone tout à l'heure avec quelqu'un qui lui a balancé que tu avais des vues sur Isaac. Il m'a demandé si j'étais au courant, et je lui ai dit que j'attendais encore une explication à ce sujet.
— Quoi ? Mais c'est quoi ce bordel ?
Je finis d'éponger mes cheveux avec la serviette et tente de chuchoter pour éviter qu'Adrian n'entre dans la chambre. Il doit être furax. La seule personne qui ait pu lui dire est Kelyne. Autrement, personne ne m'a vue fixer Isaac.
— OK ! De un, je n'ai pas le béguin pour lui. De deux, j'ai seulement demandé à Kelyne c'était qui ce mec. Pourquoi elle est allée raconter n'importe quoi à mon frère ?
— Apparemment, ce n'est pas avec Kelyne qu'il parlait.
J'ai beau froncer les sourcils, je n'y comprends toujours rien. La meilleure solution est de faire face au caractère de mon frère. Je m'attends déjà à ce qu'il charge comme un gorille en rogne en me voyant, mais tant pis !
Je me dirige vers la porte de sa chambre et cogne deux coups avant de l'ouvrir. Évidemment, il est là, appuyé contre son bureau, et encore au téléphone. Quand son regard se pose sur moi, je crois voir qu'il pourrait s'incendier. Il me dévisage à un tel point que j'en reste figée. Il me fait signe d'un doigt d'entrer et de m'asseoir sur son lit.
— Non... mais elle est là, on se reparle demain, dit-il en raccrochant le portable.
— Je ne sais pas ce que tu as entendu, mais c'est faux. Je ne le connais pas, et je demandais simplement c'était qui. La personne à qui tu as parlé n'est rien qu'un débile qui veut foutre la merde.
— Donc, Mr. Oliver est un débile qui veut foutre la merde ?
Mr. Oliver ?
— Je ne comprends pas, Adrian, c'est ridicule. Oliver n'était même pas là.
— Ah non ? Hayley, il dit qu'il a vu la façon dont Isaac Cole Reyes t'a regardée aujourd'hui. Il m'a aussi dit de te garder à l'œil. Et loin de lui.
— Quoi ? C'est n'importe quoi ! Il ne m'a même pas regardée !
— Son camion était stationné à l'angle de la quincaillerie et il est resté dans son pick-up jusqu'à ce que tu finisses ton quart de travail. Mr. Oliver voulait appeler la police quand tu t'apprêtais à partir, mais il a préféré faire signe à Isaac pour lui parler, lui demandant de ne plus revenir et de te laisser tranquille.
— Oh mon Dieu... t'es sérieux ?
— Un peu plus que sérieux, oui.
Un frisson de peur se promène sur toute la surface de ma peau. Une sensation désagréable. Tétanisée, tout ce que je trouve à faire est de baisser la tête.
— Il a fait quoi, ce type ? Tu le connais ? demandé-je.
— J'en ai vaguement entendu parler. C'est dur, car ce sont toutes des rumeurs. Je ne peux pas te dire ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.
— Alors, c'est quoi les rumeurs ?
— À 16 ans, il aurait fait un stage dans l'Armée de Terre. Et il prévoit y retourner. Il y en a qui disent qu'il aurait tué ses parents, ce qui expliquerait pourquoi on ne les voit plus. D'autres disent qu'il aime violer les filles, qu'il trimbale avec lui un couteau. Bref... je ne te veux pas près de lui, Hayley, et si tu le croises, tu m'appelles, je vais venir te chercher.
— Wow !... Elles sont dures les rumeurs... Si c'était vrai, les flics en auraient après lui.
— Il paraît que ses parents l'auraient battu toute sa vie, c'est ce que Mr. Oliver prétend. Il dit qu'il avait vaguement connu ses parents, et il avait appris qu'Isaac avait vécu l'horreur. Ça pourrait expliquer pourquoi il a des problèmes d'impulsivité et d'agressivité. Les gens de la ville l'aimaient bien quand il est parti s'enrôler dans l'armée.
— Ils font des stages aussi jeunes que ça dans l'armée ?
— Oui, seize ans minimum.
— T'inquiète pas pour moi, le rassuré-je, je vais me tenir loin de lui. Mais j'aimerais bien savoir quelle menace tu as faite à Riley pour qu'il refuse de me toucher ?
— Bonne nuit Hayley, me dit-il en me poussant en dehors de sa chambre.
Il me ferme la porte au nez et la verrouille. C'est vraiment frustrant de ne jamais avoir de réponses. J'ai l'impression que tout le monde complote et que je suis la dernière à tout savoir. Et maintenant que je sais qu'il était dans son camion tout le temps que j'ai travaillé, je ne cache pas que ça me fait flipper. Cela explique aussi pourquoi j'ai vu Mr. Oliver discuter avec lui. Mais s'il restait là pour m'observer dans l'ombre, pourquoi n'est-il pas venu me parler ? Que veut-il ? Et si j'étais sa prochaine cible ? Si Isaac voulait me tuer ? Ou me violer ? La panique s'empare de moi et je sens que je suffoque. Quelque chose m'oppresse et j'ai du mal à respirer. Je rejoins Ivy et m'étends sur mon lit un moment. En contemplant mon plafond, Ivy se penche vers moi et me fixe.
— Alors ?
— Isaac a passé la soirée à me surveiller durant mon travail.
— Pas vrai ! Ouah ! C'est flippant ça !
J'aimerais lui dire que oui, je suis effrayée, mais j'ai toujours cette pensée qui a envie d'en savoir plus sur lui. Il m'intrigue comme jamais.
— Ça me donne la chair de poule, je te l'avoue. Mais suis-je la seule à croire qu'il n'est pas celui que l'on prétend ?
Ivy me foudroie du regard et ajoute :
— Je sais que les bad boys t'intéressent. Pas lui. Ça, c'est dangereux et nullement attirant. Riley était un mignon bad boy, avec ses blagues et les stupidités qu'il a faites dans son enfance, mais Isaac, non... vraiment, non.
— Pourquoi croyez-vous tous que j'ai des vues sur lui ?
— Parce que tu le défends quand tu parles de lui et que je reconnais l'attitude que tu as quand tu flashes sur quelqu'un.
— Eh bien c'est faux.
— Hayley ! Je te connais par cœur ! Tu peux me le dire à moi, je ne dirai rien à personne. Promis.
J'observe ses traits et tout semble sincère dans ce qu'elle me dit. C'est vrai que ça serait bien de pouvoir partager ce que je pense réellement avec ma meilleure amie. J'ai simplement l'impression d'être jugée, alors j'ai peur qu'elle flippe si je lui révèle ma vision des choses.
— Tu ne peux pas le nier, Hayley, je vois en toi comme un livre ouvert. Quand tu m'as parlé de lui dans la voiture, le ton de ta voix m'a avoué la vérité. J'attends simplement que tu sois capable de me dire ce que tu penses.
— Promets-moi de ne pas me juger, d'accord ?
— Promis et si je mens, je vais en enfer. Tu as ma parole.
— Bien.
Ivy hausse les paupières, impatiente que je révèle les mots qui me brûlent la bouche et qui cherchent à contredire tout le monde.
— Quand j'ai vu Isaac dans la serre, il a été arrogant, mais j'ai vu dans ses yeux quelque chose qui me parlait. Qui me rejoignait. J'ai cru entrevoir une âme sensible et remplie de bonté. Son regard est un des plus sincères que j'ai vus à ce jour. J'ai du mal à croire tout ce que les gens racontent. Et puis, je n'arrêtais pas de penser à lui. Dès que je l'ai vu, je l'ai eu dans la peau. Ivy, je ne crois pas être capable de résister longtemps.
— Wow... je crois que c'est la première fois que je t'entends parler ainsi d'un garçon. Tu sais, si tu ressens un lien entre lui et toi, c'est peut-être parce que ta vie va s'arrêter dans ses bras...
Je lui décoche un coup de poing sur l'épaule qui la fait basculer. Elle se met à ricaner et ajoute :
— Je ne veux pas te dire quoi faire, mais si les gens autour de toi te mettent en garde, ce n'est pas pour rien. Mais comme je suis ta meilleure amie, je vais t'assister quand tu le reverras, parce que têtue comme tu es, je sais que tu iras le revoir, et j'aime mieux être là plutôt que tu le fasses en cachette. Mais je te jure que si je sens qu'il est vraiment un danger, je t'extirpe de là et tu ne m'embarques plus jamais dans tes stupidités. Je veux voir qui est ce fameux mec.
— Tu me promets que tu ne diras rien à mon frère ? Ni même à Kelyne ? Elle en parlerait à ses parents et je souhaite éviter un déluge de représailles.
— Oui. Ce sera notre petit secret.
Ivy semble soudainement excitée à l'idée que je revoie Isaac. Peut-être l'ai-je convaincue avec ma vision à son égard. Mais je suis assez contente qu'elle me comprenne. Je sais que je suis stupide de courir après le risque comme ça, mais je sens qu'il n'est pas un danger pour moi, même s'il m'effraie.
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