9 : Gilderoy Lockhart

Média : poxei

En cette matinée, les rues du Chemin de Traverse grouillaient de sorcier∙es qui gigotaient comme une armée d'insectes répugnants. Drago peinait à se faufiler entre les gens sans trébucher sur les capes ou foncer dans les minuscules enfants qui suivaient bêtement leurs parents. 

« Sale petit truc.» jura-t-il en percutant une tête blonde pour la dixième fois. 

Entre temps, il avait perdu de vue son père. Il s'engouffra chez Fleury et Bott, là où Lucius et lui étaient censés aller en premier. Il se prépara à un soupir de soulagement en franchissant l'entrée de la boutique mais son expiration mourut dans sa gorge : il y avait encore plus de personnes à l'intérieur qu'à l'extérieur. 

Après un moment, il comprit que toute l'attention était accaparée par un homme blond au sourire stupide. Il parlait d'une voix haut-perchée, qui se voulait charmeuse. Au bout de quelques phrases, Drago comprit que ce type ne savait faire que venter ses mérites. Il semblait être un genre de Potter bis, en réalité. Un prétendu héros, ridicule et égocentrique mais pourtant adulé et connu pour sauver la veuve et l'orphelin. 

Il n'était pas étonnant que la personne qui se trouve justement à coté de l'homme soit Harry Potter et sa tête à claque. Drago leva les yeux au ciel. 

Cherchant son père, il tomba à la place sur la couverture de l'un des livres de la librairie où l'homme blond au sourire stupide combattait un dragon à mains nues -sûrement un dragon en bois, pensa-t-il-. 

Gilderoy Lockhart, Voyage avec des Trolls

Il voyait mal le lien entre le dragon et les trolls. Et il venait de trouver une personne qu'il trouvait plus pathétique que Potter. 

« Qu'est-ce que tu me veux, pauvre con ?» demanda-t-il au petit Lockhart la couverture, dont le sourire se transforma aussitôt en une moue sévère et un torrent d'insultes. 

Drago décida de s'éloigner de la furie qu'il avait éveillé mais percuta quelqu'un au passage. 

« Déso...» l'interlocuteur cessa de parler juste à tant, au moment où il reconnu celui qu'il avait percuté. 

Evidement. 

« Potter. lâcha Drago avec tout le dégout dont il était capable. Tu dois être content d'être si célèbre, tu ne peux pas entrer chez un∙e libraire sans faire la une des journaux.

Le garçon à la cicatrice -où peut être l'un∙e de ses deux larbins habituel∙les- s'apprêtâ à répliquer mais à la place, une fillette qui devait faire une tête de moins que Drago s'avança et rétorqua d'une voix anormalement autoritaire pour quelqu'un de si jeune :

« Fiche lui la paix.

- Oh regarde, Potter, tu t'es trouvé une petite-amie.»

De nouveau, la répartie de Harry fut interrompue par le bout froid d'une canne que Drago reconnu immédiatement, contre son épaule. 

Lucius Malfoy, enfin, il avait perdu son père de vue depuis au moins un quart d'heure !

Il n'entendit pas ce que son père disait à celleux qui accompagnaient Potter car il fixa le regard de ce dernier avec rage. Il y avait quelque chose de plus doux qu'avant dans ses yeux verts, comme si Potter ne lui voulait plus de mal, et Drago avait horreur de ça. 

Le regard de Harry quitta un instant celui de Drago et pour suivre la main de Lucius. Harry et Drago avaient vu la même chose. Lucius Malfoy venait de poser un carnet noir dans le chaudron de la petite fille rousse qui avait défendu Harry, et Drago reconnu le carnet. Une seconde, Harry et lui oublièrent le fait qu'ils étaient ennemis pour échanger un regard plein de surprise. 

Ils avaient les mêmes questions dans les yeux, c'était la première fois qu'ils ne se regardaient pas avec cette lueur de défi et, c'était déstabilisant. 

Mais Lucius tira fort le bras de son fils avant que le garçon ne puisse faire quoi que ce soit. 

Lui et son père sortirent donc de la boutique, la main gantée de l'homme toujours autour de l'avant-bras de Drago. 

Par expérience, le jeune homme savait qu'il était inutile de poser des questions au sujet du carnet noir. il devinait que cela faisait partit des sujets qu'il fallait mieux enterrer à jamais. Il y en avait une bonne liste, dans la famille de Drago : les membres disparu∙es de l'arbre généalogique de sa mère, le tatouage de son père, les années durant lesquelles Lucius n'était plus à la maison tant on le convoquait dans des bureaux en l'accusant de plusieurs crimes, son alliance avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-pronnoncer-le-nom... 

Alors à la place il soupira, sur le ton du caprice :

« Pourquoi est-on allés ici, Père ? C'est toujours Dobby qui vas m'acheter mes fournitures, à part mes robes, alors pourquoi nous avons dû faire le travail à sa place cette année ?

- J'avais des affaires à régler au Ministère. 

- Pourquoi n'y est-on pas allés, alors ? 

Lucius d'arrêta et se tourna vers Drago avec un regard noir. 

- Ce ne sont pas tes affaires ! Quand vas-tu arrêter de fourrer ton nez partout ? 

- Désolé, père.»

Ils reprirent la marche, traversant une rue moldue en quête d'un endroit ou transplanner sans être vus. 

Drago resta en retrait durant tout le reste du trajet. Il s'en voulait d'avoir été légèrement insolent avec son père durant l'un des seuls moments qu'ils passaient ensemble depuis très longtemps. Il aurait bien aimé une conversation comme celles qu'ils avaient avant, ou comme celles qu'il avait capturées dans les rues du Chemin de Traverse entre parents et enfants. À la place son père marchait bien devant lui et très vite en marmonnant des choses à propos des "sang-de-bourbes de plus en plus nombreux∙ses". 

Drago n'avait jamais entendu le mot "sang de bourbe" mais il déduit rapidement le sens de cette insulte en réfléchissant. Il la rangea dans un coin de sa tête, pour les semaines à venir où il jouerait avec plaisir le rôle du petit diable de Poudlard. 

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