8 : Défaites
La fin de la première année arriva et Drago allait mieux tandis que les autres allaient moins bien. Iels stressaient pour les examens pour lesquelles iels n'avaient pas assez travaillé, iels redoutaient les vacances d'été et les séparations déchirantes auxquelles iels auraient le droits avec leurs ami∙es fraichement rencontré∙es... et pour trois d'entre elleux, iels avaient passé la dernière semaines à l'infirmerie.
Weasley, Granger, et cet abruti d'Harry Potter avaient en effet jugé bon de faire parler d'eux en réussissant une mission quelconque. Drago en avait entendu des bribes qu'il pensaient déformées, mais globalement, tout le monde s'accordait à dire qu'il avait vaincu le professeur Quirrell qui abritait Voldemort sur un coin de sa tête.
Quand Granger et Weasley sortirent de l'infirmerie, un troupeau d'élèves en quête de questions les entoura et Drago ressentit un profond dégout à l'idée d'en faire parti. Elles avaient l'air ridicules, ces personnes qui les harcelaient de questions. Drago se força donc à ne plus s'intéresser à cet affaire, même si la curiosité le consumait.
Un matin il risqua même un coup d'oeil dans l'infirmerie où Potter dormait dans un lit, entouré de cadeaux, sans ses lunettes et les cheveux dans un état encore plus pitoyable que d'habitude -si c'était possible.- Il repartit aussitôt.
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Le dernier soir de juin, la salle était décorée aux couleurs vertes et argents ce qui emplit le coeur de Drago d'une joie mêlée de tristesse. Voir ainsi les couleurs de sa maison était agréable après tout ses mois rouges et or mais elles lui rappelaient qu'il aurait dut se trouver sur une autre table.
Harry Potter était sortit de son lit blanc quelques jours plus tôt et portait un grand sourire sur le visage.
Avant que le repas de commence et que les Serpentards ne puissent déguster leurs victoire -c'était le cas de le dire- le directeur à la longue barbe argentée posa sur son nez ses lunettes en demi-lune et mit ses bras presque en croix, les doigts de ses mains écartés, ce qui suffit à faire venir le silence.
Il débuta un discours classique, auquel Drago ne prêta pas attention au départ, il était bien trop concentré sur Harry Potter et son sourire étincelant. Il rêvait de lui balancer un coup de poing pour le faire disparaître mais, s'il n'était plus un Serpentard, il avait néanmoins encore un peu de tenue. Il tourna alors ses pupilles dans une autre direction, espérant se défaire de cet incessant regard vert imprimé dans sa rétine et il rencontra un Neville en pleine observation du crapaud qu'il avait déposé dans son assiette. Les Gryffondor étaient-iels tous∙tes répugnant∙es à ce point ?
Et pourquoi cette table était-elle balayée par une telle vague de sourires et cris de joie ?
Les drapeaux verts suspendus au plafond magique avaient été remplacés par des drapeau rouges. On venait de féliciter Potter et ses ami∙es pour cette histoire de mission.
C'était trop. Trop pour cette année, trop pour cette journée, trop pour cette vie, franchement. Il ne voulait plus jamais apercevoir de regards émus chez Potter et ses proches. Il voulait remonter le temps et courir à Serpentard, que tout s'arrête, brûler les drapeaux rouges, casser la gueule de Potter et faire pourrir la nourriture dont iels ne bâfraient tous∙tes. Il se leva de la table et s'empressa de rejoindre le dortoir où il boucla rapidement toutes ses valises et se força à dormir.
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L'été avait été la période préférée de Drago durant son enfance. Quand il franchit la porte du manoir en suivant Dobby, il se ressentit cependant cette sensation désagréable qu'il n'avait pas le droit d'être là, et comprit que l'été ne serait plus sa période préférée, désormais.
Au moins il n'aurait plus à voir la sale gueule de Potter.
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En juillet, Drago suivit ses parents en France, dans un manoir familial, avec une crainte qu'il n'avait jamais eu les étés précédents. C'était un grand manoir perdu au coeur d'une forêt, blanc, gigantesque et grandiose malgré une petite cabane envahie de vigne à coté du bâtiment. Les frênes qui entouraient la bâtisse rendaient les murs en marbre un peu sombre.
Dobby avait dut faire le ménage la veille sans relâche pour que le manoir soit prêt quand les Malfoy arriveraient. La maison de vacances avait pris la poussière durant les quelques mois où elle avait été laissée à l'abandon. À présent, elle sentait le savon magique ainsi son odeur originelle que Lucius inspira... même si cela ressemblait d'avantage à un soupir. Il avait grandit dans cette maison lorsqu'il était enfant et semblait bien l'aimer.
Drago fut rapidement envoyé à l'étage où se trouvait la chambre qu'il occupait toujours. Dans le couloir le portrait de son grand père Abraxas Malfoy le toisa comme s'il était au courant... Drago claqua la porte de sa chambre et retourna à son ennui respectif.
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Il avait oublié -durant ces derniers mois à Poudlard, où devenir un diable l'avait occupé- l'effet que la solitude faisait à son cerveau. Maintenant qu'il n'avait plus personne sur qui crier, il se retrouva seul à nouveau et son existence recommença à être longue. Il se surprenait à attendre la rentrée comme il avait attendu les vacances.
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« Maitre Drago !» appela la voix couinante de l'elfe de maison.
Inutile de gaspiller d'avantage sa salive, le message était clair. Quelqu'un voulait qu'il descende.
Drago dévala les escaliers, ne sachant pas vraiment si on l'appelait pour manger ou pour lui passer un savon.
Dans le grand salon similaire à celui de sa maison où s'entassait objets d'héritage et affaires que ses parents laissaient trainer, se tenait son père en tenue de travail. Il ne travaillait pas, pourtant. On lui avait accordé plusieurs semaines de congés au ministère car personne ne pouvait rien refuser à un Malfoy, pas même celleux qui étaient au dessus de lui dans la hiérarchie ministérielle. Drago comprit alors que son père s'était habillé ainsi pour être présentable sans avoir l'air d'en faire trop. Le jeune homme croisa les doigts pour que l'invité∙e surprise ne soit pas sa tante Bellatrix. Elle lui faisait peur.
Heureusement, il ne vit aucune boucle brune grisonnante, aucune robe noire et aucun sourire carnassier. À la place, un homme assez âgé se tenait difficilement droit, un jeune homme se tenant derrière lui.
Les deux intrus avaient des traits similaires qui indiquaient qu'ils appartenaient à la même famille. Un nez assez long mais pas vraiment disgracieux, des yeux assez graves, une peau assez mate -comme celle de ce foutu Potter- des cheveux bouclés et un corps fin.
Le vieil homme continua de parler avec Lucius mais le garçon tourna la tête vers Drago qui grimaça. Il avait vraiment l'air d'être prêt à l'éventrer.
Pourtant ils se connaissaient, tout les deux. Ils s'étaient croisés de nombreuses fois, à des mariages -car leurs familles étaient cousines-, à l'école, et le garçon était même déjà venu chez les Malfoy à quelques reprises.
« Drago, Monsieur Nott et son fils resteront déjeuner avec nous, nous devons parler affaire.»
L'affaire en question devait être sérieuse car Lucius avait prononcé se dernier mot avec un ton suspicieux. Un ton très lointain qui rappela à Drago de très lointain souvenir de sa petite enfance, où de nombreuses personnes venaient parler à Lucius et où il leurs répondait toujours de cette façon.
Drago devina que la demande implicite de son père était qu'il fasse ami-ami avec Théodore Nott, au moins le temps d'une journée. C'était ce que tout les parents attendaient de leurs enfants. Iels n'ont rien en commun, mais iels ont le même âge, alors iels ont le devoir de s'entendre.
Théodore Nott leva les yeux et ciel quant il s'éloigna dans le jardin avec Drago. Le jardin, oui, c'était la seule idée que le blond avait eu pour qu'ils n'aillent pas dans sa chambre et ne passent pas les quatre prochaines heures à se regarder dans le blanc des yeux.
L'autre garçon marchait les bras croisés sans l'ombre d'une expression faciale.
Pourtant il était capable de sourire, Drago l'avait vu faire de nombreuses fois. Ils n'étaient pas de grands amis tout les deux, mais ils s'entendaient, ils ne s'étaient jamais fâchés. Comment pouvait-on se considérer comme ami avec quelqu'un, lui trouver les points d'ententes puis avoir l'impression qu'il est un étranger l'année suivante.
Tout ça, c'était à cause de Gryffondor, évidemment. Nott ne voyait pas pourquoi il daignerai parler avec un stupide Gryffondor quand lui avait la chance de faire partit de la noble maison des Serpentard. Merlin, y avait-il encore une personne dans le monde magique qui ne considérait pas Drago comme une erreur ?
Au moins Nott resta respectueux. Il ne fut pas de celleux qui l'insulta ou le frappa pour avoir eu la malchance d'atterrir dans cette maison. Mais il ne lui parla pas pour autant comme avant, c'est tout juste s'il lui parla.
Au moins, quand Bellatrix vient à la maison, il y a plus d'action. ironisa Drago devant la mine de marbre de l'autre adolescent.
Le blond se souvint de lointain week-end avec Pansy, Blaise, Vincent, Gregory ou même Théodore lui-même qu'iels passaient à jouer. Iels adoraient quand leurs parents disaient "Nous allons prendre un thé et puis nous partirons." et que cela voulait dire "Vous pouvez jouer ensemble encore trente minutes." Ce temps était loin. Quand Théodore partit Drago ne ressentit rien d'autre que le soulagement de ne plus avoir à faire des efforts pour que cette situation paraisse normale.
« Vous vous êtes bien entendu ? demanda Lucius par pur principe en rangeant un carnet noir dans un tiroir de bureau.
- Ça allait.» répondit platement Drago.
En remontant dans sa chambre, cependant, les souvenirs l'envahirent. Il avait oublié les après-midi de jeu qu'il avait eu avec les autres enfants quand il était petit et à cause de la visite de Théodore, il n'arrivait plus à oublier. C'était ça, avoir des ami∙es. Iels auraient dut rester ensemble, celleux qui venaient jouer chez lui, avant, étaient encore ensemble dans les couloirs de Poudlard, mais pas lui, car il était à Gryffondor. Et maintenant être seul recommençait à lui faire du mal, mais il n'était pas question qu'il faiblisse.
Tout le monde, même ses ami∙es d'enfance, semblaient penser que parce qu'il était Gryffondor, il allait mal tourné et devenir un traitre à son sang mais ce ne serait pas le cas ! Il allait devenir encore pire.
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