63 : août
Au début du mois d'août, Harry débarqua au 12 Square Grimaud, suivit de près par Hermione et les Weasley qui passaient de temps en temps mais ne souhaitaient pas non plus envahir Sirius et Remus. Hermione et Harry occupèrent des chambres d'ami∙es et on laissa Drago dans sa chambre.
Ses journées se firent tout de suite bien plus tumultueuses. Faisant parti des personnes qui perdaient de l'énergie après une journée passé au seins d'un groupe, le blond s'écroulait souvent dans son lit, le soir, mort de fatigue. Cependant il ne pouvait nier qu'il passait de merveilleuses journées avec Harry, Hermione, Sirius et Remus.
« Drago, tu sais que tu es mon ami préféré ?
- Qu'est ce que tu veux ?
- Du sel, s'il te plait.
- Pourquoi moi ?
- Tu es debout !
- Et tu ne peux pas utiliser tes petites jambes ?
- Mes jambes sont pas petites !
- Tu fait 1m65 ! Il y a des elfes de maison plus grand∙es que toi ! »
Harry se recula sur la chaise qu'il occupait à la table de la cuisine en ce matin du dix août, refrogné.
« Ha ouais... je crois que je commence à cerner ce dont vous parliez quand vous disiez qu'ils passaient leurs vies à se chamailler. constata Sirius en regardant tour à tour Harry et Drago, assit maintenant l'un en face de l'autre, à la fois boudeurs et complices.
- Et encore, ça c'est qu'un échauffement. répondit Hermione qui leva les yeux au ciel en piquait un bout d'omelette préalablement coupée.
- Vous allez faire quoi, aujourd'hui ? demanda Sirius qui semblait profiter du plaisir des autres par procuration.
- Probablement rien, répondit Remus, il n'y a pas de courses à faire et de toute façon je n'ai pas reçu ma paye. »
Le loup-garou travaillait en temps que rédacteur dans un journal, c'était l'un des seuls métiers qui était compatible avec sa lycantropie. Ces absences après les pleines lunes étaient tolérées et personne n'allait lui dire que "ces horribles cicatrices sur son visage risquaient de faire peur aux enfants". Le journal en question se concentrait sur des sujets de société très souvent tournant autour des questions de l'intolérance anti-moldu∙e, de la protection des créatures fantastiques -Remus avait promis à Hermione de lui négocier un article sur le projet de la S.A.L.E- ou des questions des sorcier∙es queers. Cependant, ce magazine était peu connu ce qui l'empêchait d'aborder des sujets trop important car la censure le tuerait d'un coup et ce qui offrait à Remus une paye bien maigre. Sirius avait bien le grand héritage des Black pour survenir à tout les besoins imaginables mais Remus insistait visiblement pour payer tout ce qu'il consommait dans cette maison. Il se fichait d'avoir de l'argent pour lui, mais il en donnait toujours plus à Sirius même si son amant ne cessait de lui répéter que ce n'était absolument pas nécessaire.
« On pourrait faire un concours de dessin ? tenta Sirius. Regarder un film ensemble ? Moooooony ! Je m'ennuie !
Remus fit un sourire attendrit, craquant comme toujours au charme de Sirius mais protesta vainement.
- Tu es le seul à savoir dessiner ici, Pads.
- Le dessin, ça s'apprend ! »
.
Le∙a maitre∙sse des lieux avait parlé, et les habitant∙es de la maison se trouvèrent dans le salon, un album d'Aerosmith tournant sur le tourne-disque en fond sonore, assis∙es par terre autour d'une table basse. Sirius dessinait en effet très bien. On aurait aisément put croire que la moto qu'iel griffonnait en milliers de petits coups de stylo noir allait prendre vie. Elle ressemblait aux gravures qu'on trouvait en guise d'illustrations dans les vieux livres. Iel dessinait avec soin et quand l'une de ses mains étaient engourdies, iels saisissait le stylo de l'autre pour continuer. La première fois, Harry écarquilla les yeux :
« Tu es ambidextre ?
Sirius fit une moue triste, Remus une grimace.
- Je suppose que je peux remercier ma génitrice pour ça.
- Iel est gauchèr∙e, expliqua Remus, et sa mère l'a forcé∙e à écrire de la main droite, du coup maintenant iel peut écrire des deux mains.
- C'est horrible. répondit Harry les sourcils froncés. Comment pouvait-on vouloir contrôler son enfant au point de refuser quelque chose d'aussi anodin qu'une façon d'écrire ? Comment pouvait-on vouloir se conformer à la norme à ce point là ?
- Ça n'a pas été très facile, quand j'étais petit∙e, je vous épargne les détails. continua Sirius en continuant de griffonner sur le papier, mais enfin de compte c'est bien pratique dans la vie de tout les jours. »
Il eut un silence durant lequel une voix eu le temps de s'incruster dans le cerveau de Drago pour lui parler de ses parents à lui... il l'ignora, se forçant à écouter la musique qui défilait et le bruit de son crayon à papier contre la feuille.
Hermione, de son coté, n'avait de toute évidence pas un grand talent artistique, c'était tout juste si elle dépassait de stable des personnages en bâton, et cela la rendait irritable.
Harry s'en sortait tout aussi mal mais maitrisait assez bien les dessins de vif d'or dont sa feuille fut bientôt pleine.
Remus et Drago était ceux qui s'en sortaient le mieux après Sirius, mais le résultat restait bien loin d'être satisfaisant. Sirius leur expliquait désespérément que pour qu'un dessin marche d'un point du vue de réalisme, il fallait faire des ombres en dégradant les objets à partir de la ligne de contour jusqu'à l'intérieur et iel aurait pas parler à des hiboux qu'iel aurait obtenu la même réaction : Remus et Drago échangèrent tous deux un regard perdu.
Le blond quitta des yeux sa feuille de papier d'un seul coup. Un mélodie venait de démarrer sur le tourne disque. Il la connaissait. Ses yeux s'illuminèrent. Un peu trop joyeux pour son caractère habituellement si Malfoyien, il s'exclama :
« Qu'est-ce que c'est, cette musique ?
- Dream On. D'Aersosmith. répondit Remus un peu étonné qu'on lui pose la question. On dansait tout le temps dessus à Poudlard, Sirius et moi. James nous détestait pour ça, il n'arrêtait pas de nous dire que cette chanson le soulait et finalement je l'ai retrouvé dans ses affaires quand il est... enfin, bref.
Drago laissa tomber son stylo. Chaque note résonnait dans son esprit. Le piano battait un rythme régulier, la voix du chanteur, d'abord douce, était devenue aussi puissante qu'un cri de rage au fil des couplets et les paroles le frappait directement dans le coeur.
« Sing with me, sing for the year
Sing for the laughter, sing for the tear
Sing with me if it's just for today
Maybe tomorrow the good Lord will take you away »
Il retrouvait quelque chose qu'il avait perdu depuis longtemps.
« Il n'y aurait pas un piano, ici ? »
.
On toqua à sa porte vers minuit, alors que Drago peinait à trouver une position agréable pour lire un livre dans un lit. Il était trop tard pour que ce soit Remus, et la façon de frapper était différente.
« Entrez, je suis pas à poil, pas besoin de frapper.
Harry ouvrit la porte avec un sourire amusé, savourant d'avance la pique qu'il s'apprêtait à lancer, mais qui surprit beaucoup le blond.
- Dommage.
Drago devint rouge comme une brique, cornant son livre puis le posant sur un coin du bureau de la chambre, bondé de toute sorte de devoirs de magie.
- Sérieusement ? C'est une réplique de très mauvais gout, tu m'as habitué à mieux !
- J'avoue. dit Harry en entrant doucement.
- Qu'est-ce que tu veux, crétin ?
- J'ai fait un cauchemar. dit le brun en souriant.
- Ça faisait longtemps, ça. constata le blond
- En fait, j'en fait toutes les nuits, mais ça fait bien longtemps qu'on a pas dormis ensemble pour ça, oui.
- On est assez grands pour gérer nos cauchemars seuls, non ? » soupira le fil Malfoy.
Harry haussa les épaules. Resta debout, et Drago finit par capituler et se pousser pour laisser une place à son ami, à coté de lui, sur le lit. Il éteignit la lumière en tendant le bras vers la lampe de chevet posée à même le sol mais la lumière de la rue à travers la fenêtre aux volets et rideaux ouvert leurs permirent encore de voir.
« Pourquoi on ne dors plus ensemble, en fait ? demanda Harry, regardant le plafond.
Drago, qui le regardait lui, se détourna dans les draps en fermant un instant les yeux puis en les re-ouvrant, exaspéré.
- Tu sais.
- Oui, je sais pourquoi, mais je n'ai toujours pas compris. On en a jamais reparlé.
- Il n'y a rien à dire. répondit le blond à qui cette conversation ne plaisait pas du tout. C'est plutôt à toi de m'expliquer pourquoi tu m'as embrassé.
- J'en avais envie. répondit Harry comme si c'était tout à fait naturel.
- Ouais, mais je ne suis pas là pour répondre à des envies, moi. »
Harry se tourna vers son ami, dans le noir. Drago se tourna vers lui.
« Je n'aime pas qu'on joue avec moi, quand je ressens des trucs.
- Je te fais sentir des trucs ? sourit Harry.
- C'est vraiment tout ce que tu as retenu ?
- Ok, ok, fit mine de se corriger le garçon à la cicatrice : Pourquoi tu penses que je joue avec toi ?
- Parce que tu aimes les filles. Tu m'as embrassé une fois pour l'expérience, pour savoir ce que ça faisait mais tu n'aurais jamais imaginer sortir avec moi. Vous êtes tous comme ça.
- Les bi, tu veux dire ? se renfrogna Harry. Tu sais que ce n'est pas parce que j'aime les filles et les garçons que je suis infidèle. Je n'y suis pour rien si Zabini s'est comporté en gros connard avec toi. »
Drago se sentit un peu honteux.
« Et si jamais tu voulais qu'il se passe quelque chose entre nous... reprit Harry avec une teinte de timidité, je ne te forcerai jamais à nous cacher, je t'inviterai à tout les bals débiles possibles et je serai avec toi quand tu le voudras, pas seulement à te retrouver en cachette pendant les inter-cours. Je n'ai aucune raison de me cacher, moi. Je n'ai pas une famille comme celle de Blaise et on parle toujours de moi en mal, quoi que ce fasse alors ce que les autres pensent, je m'en fou.
Drago planta ses yeux dans les siens. Après toutes ses années à rêver à Harry, c'était littéralement incroyable de penser que les choses étaient si simple. Il lui suffirai de dire oui, de libérer ce qu'il contenait depuis tellement longtemps ou bien de combler cet espace entre leurs lèvres et embrasser le garçon.
- Tu le penses vraiment ? » demanda le blond dans un ton qui n'avait plus rien d'ironique.
Harry sourit encore dans le noir. Il avait vraiment un beau sourire, toujours taquin, toujours avec les yeux, brillant d'expressions multiples.
Il s'avancèrent l'un vers l'autre d'un même mouvement et leurs bouches entrèrent en contact, les sourires se battant avec le baiser. Drago passa une main sur la joue d'Harry, Harry en fit dériver une jusqu'à ses cheveux. Ils se lâchèrent une seconde pour rependre leurs respiration puis fondirent de nouveau l'un sur l'autre, fougueux et heureux dans le silence de la nuit.
C'était à mille lieux des baiser de Blaise, à mille lieux des rêves avec d'autres, c'était ce qu'il considérait comme son premier baiser, car il y avait dedans des milliers de choses, bien plus que de l'attirance, bien plus que de l'amitié, une avalanche de sensations et de messages qu'il était difficile de décrire avec des mots. De nouveau, c'était comme si leurs corps parlaient une langue inconnue qu'eux seuls partageaient, la même langue qu'ils exprimaient lorsqu'ils se prenaient la main pour se rassurer dans les moments de peine, mais décuplée par milliers.
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