À plusieurs reprises le parquet grinça encore, devenant silencieux lorsque les pieds atteignaient l'un des tapis rouges et la porte grinçait. Et comme c'était les seuls moment de la vie de Drago où il avait le droit à un peu d'action, il attendait quelques secondes puis courrait derrière les ombres qui fuguaient de leurs lits. 

Ce soir là fut plus éprouvant que les autres. Drago n'était pas franchement en état de marcher et traversa la moitié de l'école puis la moitié du parc pendant sa filature. Ses jambes lui faisaient un peu mal et ses yeux piquaient. Pourtant il ne faiblissait plus dès l'instant où il se persuadait qu'il faisait tout ça pour attirer des ennuis à Potter. Parce qu'il adorait attirer des ennuis. À tout le monde, mais surtout à Potter. C'était exaltant de voir le visage du courageux survivant se renfrogner puis se décomposer. 

Le ciel dégagé lui permettait tout juste de voir suffisamment. Weasley, Granger et Potter n'avaient pas prit la peine de garder leurs cape une fois devant la cabane de laquelle il martelait la porte en bois. Drago comprit qu'il s'agissait de la cabane d'Hargid et eut juste de temps de dissimuler son corps derrière une citrouille avant que l'homme sorte, armé d'une arbalète et dise des phrases que Drago ne pouvait pas entendre à cause de la distance. 

Il resta longtemps caché derrière la citrouille explosive de couleur malgré le ciel nocturne. Peut être pendant vingt minutes, peut être pendant deux heures... dans tout cas l'air froid l'avait réveillé et ses jambes étaient engourdies -non plus parce qu'il avait trop marché, mais parce qu'il était assis depuis trop longtemps et que le sang ne circulait plus dans ses pieds-. Il se leva et alla voir par les carreaux de verre de la cabane à la recherche d'une nouvelle croustillante. 

Il fut comblé, car un instant plus tard un dragon tout juste sortit de l'oeuf apparu dans son champ de vision. Il poussait faiblement mais joyeusement ailes et pattes contre la table en bois, félicité par le groupe improbable de sorcier∙es qui l'entouraient. 

Craaaack 

Drago maudit la branche qui venait de craquer sous ses pieds ainsi que l'idiot∙e qui avait posé un bol en argile sur la fenêtre. 

Prit la main dans le sac, il fut dévisagé puis fila à travers le parc. 

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Cette mésaventure lui valut sa première retenue. Une retenue avec Potter et ses ami∙es, pas franchement ce qu'il avait penser faire de sa soirée -même si, honnêtement, ce qu'il avait penser faire de sa soirée n'était pas bien croustillant non plus.- 

Une fois de plus il se trouva dans le parc sous un ciel sombre. Il refoula un tremblement quand il laissa ses yeux dériver vers la foret interdite. Sombre, menaçante, de laquelle il préférait se tenir loin. Elle était à peu près aussi attrayante que les caves des veilles maisons, totalement consumée par la poussière, dans lesquelles ont le pouvait se déplacer qu'avec une lampe torche avec l'impression constante d'être suivi∙e. 

Les trois autres première année, cependant, furent totalement serein∙ne, peut être même un peu excité∙es, lorsqu'on leurs annonça que la retenue consistait justement à aller dans cette horrible forêt. 

Drago protesta, se senti stupide. Et bien sûr, se retrouva avec Harry Potter (et un chien en guise de consolation.) 

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Un silence atroce s'installa entre lui et Potter, mais il n'avait pas le temps d'être gêné tant il sursautait à tout les bruits. Potter, lui, n'avait pas peur du tout et marchait d'un pas sur. Drago le détestait encore deux fois plus pour ça. 

Après ce qui parut être des heures, ils entrèrent dans une clairière minuscule qu'ils mirent du temps à identifier comme telle à cause de l'obscurité et d'une légère brume. 

Là, Drago s'arrêta de respirer. La lourde lampe à huile qu'il portait manqua de s'écraser sur le sol. 

Une silhouette au visage dissimulé par une capuche noire était penchée sur se qui semblait être un cheval blanc. Un blanc si perçant qu'il illuminait la nuit. Un blanc immaculé et pur, surtout en comparaison de la silhouette sale qui souillait l'animal par sa seule présence, et surtout par ce qu'il était en train de faire. 

La tête se leva, ne laissant voir qu'une bouche qui dégoulinait d'un liquide argenté. Le plus beau des liquides que Drago n'ait jamais observé, mais qui devenait répugnant dans la bouche grimaçante de la silhouette. 

Potter aussi avait cessé de respirer. 

Le coeur de Drago semblait se débattre pour sortir de sa cage thoracique. Il décida de ne pas fuir contrairement à se que son corps lui ordonnait. Il ne savait même pas s'il en serait capable, honnêtement. 

Il posa la lampe par terre pour ne plus risquer de la faire tomber et resta en retrait pendant que Potter se rapprochait à petits pas. 

La silhouette fuit vite, remplacée par un animal qui fit reculer Drago, mais qui ne le fit pas hurler ni courir. 

C'était un homme au visage un peu plus allongé, aux cheveux assez long et au yeux légèrement bridés. Mais le plus impressionnant chez lui était sa taille. Car il était très grand, plus grand que les plus grand∙es humain∙es, et cela était dut en partie au fait que la moitié de son corps n'était pas celle d'un homme mais celle d'un cheval. Un centaure. 

À cause des nombreux pas qui le séparait maintenant de Harry et la créature, ou peut être un peu à cause de la fatigue et de la peur, Drago n'entendit pas ce que se disait l'un et l'autre. Il percuta Weasley sans le voir et ils tombèrent tout deux par terre. Drago s'empêcha juste à temps de s'excuser par réflexe. Hermione, Hagrid et Weasley s'approchèrent de la créature à leurs tours. Puis de l'espèce de cheval lumineux qui gisait toujours au sol. 

« Une licorne. réalisa Drago. 

- Du sang de licorne. annonça plus précisément Hagrid en touchant de sa main le magnifique liquide argenté.

Savoir que c'était du sang refroidit Drago.

Merlin, était-iels qu'est-ce qui pouvait bien passer par la tête de celleux qui les avaient envoyé ici en pleines nuit ? La Forêt Interdite, là ou des licornes -franchement le plus bel animal que Drago n'ait jamais vu, même s'il admettait ne pas en avoir vu beaucoup- pouvait se faire boire le sang. N'y avait-il pas une seule personne qui se souciait de la sécurité des élèves dans cette école de magie ? 

À un moment donné tout le monde se tourna vers lui, probablement pour lui dire quelque chose à propos de la conversation dont il n'avait pas écouté un traitre mot ou bien pour lui demander de rentrer enfin au dortoir. 

« Ça va ?»

Mais qu'est ce qu'iels avaient à lui poser tout le temps cette question stupide ? Qui pourrait aller bien dans cette situation. Il réalisa cependant avec surprise que c'était Harry qui lui avait demandé ça, et qu'il s'était aussi approché de lui. 

« Si tu fais un pas de plus je te pète le bras, Potter.»

Le dit-Potter s'arrêta. 

« Je rentre au dortoir. Je sais pas qui a pensé qu'amener des élèves ici était une bonne idée, mais je crois qu'il devrait revoir sa façon d'éduquer les enfants.»

Même son père n'avait jamais fait ça, franchement. 

Il prit la lampe à huile et s'empressa de partir le plus vite possible vers le château à grandes enjambées, et personne ne fit le moindre geste pour le rattraper.