5 : Miroir du Riséd
Média : Nesskain
Être à Poudlard ne modifia pas vraiment sa situation. Qu'il soit là bas ou chez lui, son état d'esprit restait grosso-modo le même. Il n'avait aucune notion du temps. Il se levait mollement le matin en essayant de penser à son avenir professionnel. C'était ce qui lui donnait envie de se lever le matin, maintenant. Il avait fait tout ses devoirs et appris toutes ses leçons durant ses longues heures de solitude, maintenant le travail était sa distraction.
Parfois, il savourait le drame d'une dispute, d'un cri. Il aimait quand un professeur rabrouait Granger, taclait Londubat, et tout spécialement lorsque Rogue s'en prenait à Potter. En fait, voir les réactions offusquées de Potter était très distrayant. Tellement que, certaines fois, Drago oubliait la sorte de tristesse qui avait emménagé dans son esprit et ricanait en silence.
Il s'était juré de tenir sept ans, mais pourtant au première lueur du mois de décembre, déjà, il se surprit à observer avec envie les amitiés qui vivaient sous ses yeux.
Il y avait ces idiots de Dean et Seamus, ces crétins de Fred et George, ces abruti∙es de Granger, Weasley et Potter mais Drago ne pouvait plus s'empêcher de les envier, au bout d'un moment. Il avait l'impression d'être comme séparé du monde par une vitre, d'être forcé à regarder un spectacle magnifique se jouer de l'extérieur sans pouvoir entrer dans la salle. Quelque fois il fut tenté de faire un pas vers les autres mais se ravisa aussitôt, se souvenant de ses parents, de sa famille, de ses devoirs. Il en avait déjà bien assez fait en débarquant à Gryffondor.
« Malfoy, la classe est finie depuis cinq minutes.»
Il n'était pas endormi sur son pupitre mais c'était tout comme. Il réalisa avait dû passer toute l'heure dans un état totalement second car quand il essayait de se souvenir de ce qu'il avait fait, c'était le trou noir.
Granger se tenait debout devant le bureau de Drago prête à partir, dans la salle du Pr McGonnagall, un nombre incalculables de livres entre les mains. Il fit un bond quand elle lui parla et ne prit pas le temps de la remercier, se contentant seulement de filer le plus vite possible en ignorant les regards étranges de la jeune fille.
Cela lui arriva quelque autres fois. Et cela accompagné des mesures qui continuaient d'envahir ses bras et de fréquentes insomnies finit de l'achever totalement. Des professeur∙es le prirent à part pour lui demander comment il allait, des élèves aussi. Et à chaque fois il répondait "très bien", rendant aux professeurs les meilleurs devoirs possibles pour qu'on ne lui prête plus attention.
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Cette fois ce fut une chanson heureuse qui le tira de ses faibles heures de sommeil. Il avait laissé ses rideaux ouverts comme il le faisait quotidiennement, maintenant, depuis qu'il se levait à de nombreuses reprises la nuit. Ses yeux rencontrèrent immédiatement la neige qui tombait au dehors. Un pâle sourire naquit sur son visage avant qu'il ne se souvienne de tout le reste.
Yeah, all your love is gone
So sing a lonely song
Of a deep blue dream
Seven horses seem to be on th-
La chanson se coupa sèchement. La radio n'était pas cassée, mais soudainement éteinte. Drago réalisa qu'une fois de plus, c'était sa magie qui lui avait échappé comme lorsqu'il était petit. Les autres le comprirent également et une bataille de regards s'engagea.
« C'est quoi ton problème !? se fâcha Seamus tandis que Dean prenait entre ses mains la petite radio qu'il espérait refaire marcher, t'as décidé d'être seul et dépressif, tant mieux pour toi mais laisse nous en dehors de ça !
- Je ne l'ai pas fait exprès.» répondit vaguement Drago en soupirant, se passant un main sur le front. Il s'interrompit, comment sa peau avait-elle pu devenir encore plus pâle ?
Il ne prêta pas attention à se qui se passa autour de lui. Il prit un moment pour regarder cette main pâle, mince, aux veines bleues visibles sous la peau, entre les phalanges. Un étrange sentiment de satisfaction s'installa en lui, ça le changea de l'état monotone dans lequel il nageait habituellement. Bizarrement, il avait envie d'atteindre un niveau de pâleur et de fatigue inquiétant, pour que tout le monde voit à quel point il faisait des efforts. Il avait même envie d'exhiber les cicatrices rosées de ses bras. Peut être que les choses changeraient, si les autres voyaient...
Il savait que c'était le week-end, il attrapa sans un mot ses grimoires et un parchemin pour commencer ses devoirs.
« On... peut remettre la radio ? maronna Dean en parlant aux autres garçons mais en s'adressant indirectement à Malfoy.»
Pour seule réponse, il ferma ses rideau pour s'isoler du bruit et des gens, et une mélodie étouffée débuta.
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Il avait remarqué que Potter ne dormait pas non plus. Ses yeux s'ouvraient dans la nuit noire et bleue à cause de petits pas. Parfois il entendait également le plancher grincer à l'endroit du lit de Weasley, signe qu'il se levait lui aussi et qu'ils rejoindraient probablement Granger pour déambuler dans le château.
Cette fois il n'y eut des bruits que du coté de Potter et pour la première fois, Drago songea qu'il serait amusant de le suivre. Il n'arriverait pas à dormir, autant rentabiliser ses insomnies.
Il mit quelques instants, en sortant du dortoir, à comprendre où était le garçon à lunettes, car il ne le vit pas. Cependant il entendit vite des pieds se déplacer sur le sol et un souffle. Il se cacha derrière un morceau de mur en marbre. Potter avait une cape d'invisibilité, ça expliquait certaines choses.
La filature ne dura pas mais fut difficile. Dans le cas où la personne suivie est invisible et l'espion fait de chair et de sang, la discrétion est une plus grande mission que l'observation. Il tendit l'oreille suivant chaque miettes de présence le plus loin possible. La porte d'un couloir, non loin de la bibliothèque s'ouvrit puis se ferma, et Harry Potter y resta un long moment. Drago revint même au dortoir avant lui et n'entendit le bruit familier des draps et du grincement du lit qu'une trentaine de minutes plus tard.
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C'était un grand miroir, plus grand qu'un∙e adulte. Entouré d'un cadre d'or, à la surface de verre lisse et froide. Une atmosphère étrangement apaisante s'en dégageait. Drago le connaissait, il ne l'avait jamais vu, mais il était populaire dans les livres sur Poudlard. On y racontait souvent des tragédies dans lesquelles les héro∙ïnes succombaient au pouvoir du miroir et se noyaient dans leurs désirs à en oublier le monde. Drago pensait qu'il s'y verraient bêtement vécu d'un uniforme de Serpentard. C'était ce qu'il s'était dit lorsqu'il avait parcouru ses histoires.
En réalité il fronça des sourcils et recula la tête lorsqu'il entraperçut son reflet, avant de s'y concentrer d'avantage.
Le Drago du miroir portait toujours un uniforme Gryffondor et il se tenait derrière lui un Potter souriant.
Il se tourna un peu vite, comme pour celleux qui pensent être poursuivi∙es par un monstre, mais il n'y avait personne derrière lui. La pièce était vide.
Ce miroir ne devait être qu'une plaisanterie. Son plus grand désir ne pouvait pas être d'être l'ami d'Harry Potter ! Ils se détestait cordialement depuis le premier regard !
Les objets magiques ne devaient pas marcher sur lui, pas le comprendre. Le choixpeau n'avait pas comprit qu'il était fait pour Serpentard et ce reflet stupide ne l'avait pas cerné non plus !
« Malfoy ?!»
Ce n'était pas le Harry du reflet qui avait prononcer ses mots, bien que le blond ait reconnu naturellement sa ridicule voix nasillarde.
Cette fois il se retourna de l'autre coté pas avec peur mais avec agacement.
« Qu'est ce que tu fais là ? demanda Potter, sa cape à la main. Drago le considéra un seconde, quel petit désir anecdotique pouvait-il bien aimer admirer dans le miroir au point de s'y rendre toutes les nuits ?
- Cette pièce ne t'appartient pas, Potter.
- Tu m'a suivi. grimaça le garçon dont la cicatrice était juste visible sous ses cheveux.
- Le monde ne tourne pas autour de toi, tu sais.»
Même si ce que je vois dans ce miroir me fait croire que si.
Le Harry du miroir souriait toujours, le vrai Harry serra le poing et sortit de la pièce.
Drago laissa de la marge à son camarade avant de retourner dans le dortoir. Mais quand il replongea dans les coussins rouges il sentit toujours le regard de Harry sur lui.
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