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Il avait d'abord cru à un léger doute, seulement. Il pensait que les autres baisseraient la tête, fonceraient les sourcils ou tiqueraient seulement à la mention du retour de l'on-sait-qui.

Il fut choqué d'entendre et de voir bien plus que de légères lamentations. Seamus prit Harry entre quatre yeux devant toute la salle commune pour le traiter de menteur. Harry arriva à rester calme, comme toujours alors qu'à sa place, Drago aurait dégainé sa baguette. Enfin... honnêtement, Harry traita la mère du garçon d'idiote mais cela était tout de même loin de ce que Drago aurait fait. 

« Eu... Harry, ça va ? demanda Ron.

- Ouais, à merveille.» ironisa le brun.

Ron fronça les sourcils et quitta le dortoir dans lequel il venait d'arriver, probablement pour ne pas subir la mauvaise humeur de son ami. 

Drago songea à suivre Le Roux mais il avait envie de parler à Harry, il avait attendu pour ça durant tout l'été. Le garçon à la cicatrice rouspétait en défaisant maladroitement sa cravate rouge et or qui finit par former un noeud de plus. Drago ricana, il voyait déjà le garçon éprouver beaucoup de difficulté à faire et défaire cette cravate en temps normal, quand il était énervé cela devenait une amusante tragédie. 

Drago s'avança, prit doucement  les mains colériques que Harry agitait dans tout les sens pour se libérer de l'accessoire. L'un des avantages à être un aristocrate était de passer pour professionnel dans les choses inutiles mais essentielles dans l'éducation dont, entre autre, le nouage et dé-nouage de cravates. Drago défit avec soins la cravate rouge de son ami tandis que celui si relâcha les épaules pour se détendre légèrement. 

Lorsqu'il eut terminé, Drago caressa une seconde le tissus de ses phalanges pâle avant de reposer la cravate sur le lit de Harry. 

« Tu veux en parler ? il proposa.

Il se rendit compte en la formulant qu'il n'avait jamais posé cette question. 

- Je crois. soupira le brun. Mais il n'y a pas grand chose à dire... je suis seulement épuisé. J'ai passé un été horrible. Et le fait qu'on ne me croit pas, je crois que c'est ça, le pire de tout. J'ai vu Cédric mourir sous mes yeux, combattu Voldemort, j'ai faillit mourir, moi... Comment est-ce qu'iels peuvent oser me traiter de menteur après tout ça. Je... je revis cette scène horrible toutes les nuits ! J'en fais des cauchemars ! 

Drago posa une main sur l'épaule de Harry dans un geste qui était devenu commun entre eux deux, quand l'un n'allait pas bien, ce qui, vu les temps, était fréquent. 

- Calme toi, Harry.» Il avait dit ça doucement, Harry ne lui en avait pas voulu, de toute façon il était rare que lui et Harry se fâchent, désormais. 

Cependant trouvant qu'il avait été un peu froid, Drago ajouta lentement :

« Moi, je te crois.»

. 

Ce n'était pas de simples cauchemars. Peut-être pourrait-il mentir aux autres, mais pas à Drago. Drago avait été insomniaque depuis son enfance, cela le rattrapait toujours un peu par un sommeil très léger. Aussi bien qu'il entendait le grincement de parquet en dessous du lit de Harry, il entendait également le froissement des draps quand le garçon se tordait. En général, il ne s'en souciait pas, car les garçons de ce dortoir était quasiment tous de véritables asticots qui passaient leurs sommeil à se tourner et se retourner sans cesse.

Cette fois-ci, pourtant, le froissement se faisait non seulement bien trop puissant et fréquent, mais en plus il était ponctué de parole, de frisson, de protestations et de sueurs. 

La première nuit, Drago ne dit rien, se contentant de fermer les yeux. La deuxième nuit non plus... mais la troisième il ne résistât plus. Il avait le sentiment d'ignorer une agonie. 

« Potter ?»

Il s'agenouilla au pied du lit, prit la main de Harry, puis son épaule pour secouer doucement le garçon. Il était définitivement couvert de sueur, ce qui fit faire une grimace à Drago. 

« Drago ? demanda Harry, qui, sans ses lunettes ne devait voir une tache sombre dans la nuit, prêt de son lit. 

- Lui-même. 

Harry se redressa en enfilant ses lunettes. Drago ne put s'empêcher de murmurer un sort de propreté aux draps et au t-shirt du garçon. 

- C'est comme ça toutes les nuits. soupira le brun. 

Inconsciemment, peut être tombant de fatigue, le blond c'était assis à coté de son ami, sur le lit précédemment sale. 

- Tu rêves de quoi ? 

- La mort de Cédric, en général. Et puis des fois d'autres trucs.» 

Drago n'insista pas pour connaitre les "autres trucs". 

« Je t'ai réveillé ? s'enquit alors Harry, remit de ses émotions. 

- C'est pas ta faute, j'ai le sommeil léger et une ouïe beaucoup trop développée. 

- Vraiment ? 

- En plus j'ai l'oreille absolue, il parait. L'univers veut que je sois musicien.

- Vraiment ? 

- Tu te répète, crétin. 

- Tu joue d'un instrument, abruti ?

- Un peu de piano, mais je n'ai jamais appris, je pianote juste sur des touches et ça fait des sons. 

- Oui, je sais ce qu'est un piano. » rigola Harry.

Cette courte conversation fit naitre sur ses lèvres un grand sourire. C'était exactement ce sont il avait besoin ce soir là : juste des paroles, quelques banalités échangées dans le noir. 

Le lendemain il y aurait les cours, les non-croyants de Harry, les révoltes d'Hermione, les disputes de Ron, le retour de Voldemort, les articles stupides de la gazette du sorcier... mais, pour le moment, il était tout les deux et Drago sentit comme un portail dans le temps et l'espace alors qu'ils étaient ensemble. Comme s'ils étaient agréablement seuls au monde et que le temps s'était arrêté. C'était un endroit, l'un des seuls, où Drago n'avait envie d'être nul part ailleurs. Un endroit parfait. 

« Hey, Blondie ? interpella Harry en chuchotant, ce qui bizarrement ne fit pas sortir Drago de ses rêveries mais l'y enfonça plus profondément.

- Quoi, balafré ?

- Tu dors avec moi ? Je ferai peut être plus de cauchemars ? demanda le garçon. 

- Tu te servira pas des cauchemars comme excuse, là ? taquina Drago, sans y croire. 

Ils étaient proches, un instant cela le perturba, mais c'était la nuit et ce qui se passait la nuit était souvent plus anodin. Il ne savait pourquoi, mais la nuit le faisait sentir plus serein. Il ne ceda pas à la panique de sentir son ami si proche de lui. 

- Peut être bien. sourit énigmatiquement le garçon à lunettes. 

- Je veux dire, vraiment ? demanda Drago en reprenant son sérieux. Dormir ensemble c'est un peu bizarre non, surtout que je suis gay. 

- Bah t'as pas l'intention de me violer dans mon sommeil, je pense. Je te fais confiance.

- Elle est très glauque, cette blague, tu sais.» 

Harry sourit dans le noir en seul réponse. Il ne le voyait pas bien, mais il savait que le garçon souriait. Puis il ferma les yeux, prêt à plonger dans le sommeil, maintenant allongé aux cotés de Drago. Dans un geste qui le surprit lui même de son audace mais qu'il débordait l'envie de faire, il prit les lunettes sur le nez de Harry et les posa sur le meuble qui servait de table de chevet. Harry, les yeux clos, sourit. Drago aussi. 

« Et puis, en suivant ta logique, moi je n'ai le droit de dormir avec personne.» chuchota Harry. 

Le bond fronça les sourcils, sans comprendre, il voulu faire ouvrir les yeux du survivant, il chuchota des « Harry ? Harry ? Potter !? Ça veut dire quoi ? J'ai pas compris !» mais le garçon ne dit pas un mot de plus et plongea dans les bras de Morphée (à défaut de plonger dans les siens).