44 : Le cimetière de Little Hangleton

Quand Harry revint il s'écroula sur son lit. Il ne pleurait plus mais il était épuisé, il avait besoin de souffler et de dormir. 

Quand Dean et Seamus ne furent plus là il raconta à ses trois ami∙es la façon dont les événements s'étaient déroulés. Cédric et lui avait prit ensemble le trophée des Trois Sorcier∙es, qui était un portoloin, et avaient atterri dans un cimetière que Harry avait reconnu pour l'avoir vu dans ses rêves : le cimetière de Little Hangleton. Il avait dit à Cédric qu'il fallait partir vite, mais à ce moment là Peter Pettigrew était apparu avec quelque chose dans les mains qui avait fait mal à sa cicatrice. Cédric était mort un instant plus tard, les mangemorts devaient le considérer comme un dommage collatéral... 

Harry s'était retrouvé plaqué contre un mur sans pouvoir bouger, on lui avait entaillé Le Bras et s'était servit de son sang pour faire renaitre le monstre. Il était sortit du chaudron à la fin du rituel, le crâne chauve, les yeux de serpents, la peau grise ou bleue, un sourire sadique collé sur la face. Il était désormais entouré par ses fidèles. 

Harry résuma sans précisions le duel, et la façon étrange dont il était parvenu à s'en sortir. Quelque part il n'y croyait toujours pas. La baguette de Voldemort et la sienne avaient produit quelque chose, n'avaient pas voulu s'affronter, et les fantômes de la vie de Harry lui était apparu. Il avait eu le temps de s'échapper et de ramener le corps de Cédric comme l'âme du garçon le lui avait demandé. 

Mais c'était là que le pire avait été découvert. 

Maurey l'avait amené dans son bureau pour lui poser des questions. Il avait parlé plus rapidement qu'à l'habituel, en insistant. D'abord des questions sur comment, qui, et puis... « Il y en avait d'autres ? Dans le cimetière, il y en avait d'autres ?» avait-il demandé.

Sauf que si Harry avait parlé des mangemorts, de Voldemort, du labyrinthe ou de la mort de Cédric, il ne se souvenait pas avoir parlé du cimetière. 

Les choses s'étaient enchainées, si vite, que dans son récit Harry avait omit la façon dont le regard de Maugrey était devenu celui d'un autre. L'homme ne devait pas avoir prévu beaucoup plus de polynectar. Son visage avait comme fondu, ses cheveux repoussé sur son crâne dégarni, ses yeux brillé d'une autre lueur. Heureusement Dumbledore, Rogue et McGonnagall étaient arrivé∙es une seconde plus tard. 

Harry avait reconnu l'homme comme étant Barty Croupton Jr, le fils de monsieur Croupton, qu'il avait vu dans la pensine.

« La quoi ? avaient demander en coeur Hermione, Ron et Drago 

- Quand M. Croupton est mort je suis allé juste après dans le bureau de Dumbledore et il y avait une pensine, c'est une sorte de bassine qui sert à lire les souvenirs, j'y ai vu l'arrestation de Barty Croupton Jr...

- Alors c'était lui, depuis le début, dans le cours de Fol'Oeil ? demanda Ron. 

- Ouais, lui-même. Sous polynectar. Il a manigancé tout ça avec Pettigrew et Voldemort pour qu'Il revienne à la vie cette année et... c'est chose faite.»

Il fallait s'y attendre. Il avait déjà reparu deux fois. 

« Maintenant ça va être l'été et je n'aurai pas de nouvelles du monde sorcier, qui sait ce qu'Il pourra faire pendant que je serai absent. Il va essayer de récupérer des terres, des gens, le pouvoirs, surtout...»

Drago se souvint du soir lointain où sa mère avait évoqué une seconde guerre. Il devina que c'était également à ça que Harry faisait référence. 

Il y avait un ton de désespoir dans les mots de Harry, mais ce n'était pas parce qu'il cachait son désespoir sous des sourires, ça ne lui ressemblait pas d'être désespéré, non, cette note de désespoir disait "ça sera dur." "Ce sera dur, mais je le ferai."

.

Le lendemain le directeur de l'école tint un discours similaire quoi que bien moins détaillé. Il annonça le regrettable mort de Cédric, un jeune homme promis à de grandes choses, l'un des plus grand espoir, tué en un seul sort et pour une cause injuste. Il annonça le retour de Voldemort qui ne laissa qu'une longue vague de silence. Il s'adressait un public qui avait appris à craindre un nom sans en connaitre le sens. Iels ne comprirent pas ce que tout cela signifiait ou bien iels s'en fichaient, parce que le plus dur semblait passé, parce que c'était les vacances...

Les vacances. Drago les avait presque oubliées. 

Elles seraient longues. 

.

Cela commença aux premiers pas dans le salon, le soir du premier repas. Il mangeait avec ses parents pour l'occasion. 

Sa mère avait le tient plus terne que la dernière fois mais son père, lui, paraissait plus vivant et digne que jamais. Il mangeait fièrement ce qu'il y avait dans son assiette. Couverts en argents, assiettes en porcelaine et verre en cristal, comme s'il y avait quoi que ce soit à fêter. 

« Vous êtes heureux, hein ?»

Il ne savait pas d'où il sortait ce ton, de quel droit il se permettait à s'adresser à son père de la sorte. Peut être Harry lui avait-il offert un peu de son courage en gardant la tête haute malgré la série de catastrophes qui s'étaient enchainées ? Ou bien l'image du parfait Lucius Malfoy qu'il avait admiré dans son enfance était-elle bannie de lui pour de bon. 

Lucius resta paralysé. Le regard qu'il jeta sur son fils fut pire que tous. Pire que le jour de la claque, pire que quand il s'était lié d'amitié avec Harry, Ron et Hermione... Pourtant Drago trouva la force de ne pas faiblir, ne pas baisser les yeux. 

« Que veux-tu dire ? demanda innocemment l'homme, le dos droit, coupant dignement son morceau de viande. 

- Je veux dire que vous êtes fier. Votre but est atteint. Le Seigneur des Ténèbres est de retour et un garçon est mort. Vous souhaitez cette autre guerre ? Faisiez-vous parti des mangemorts du cimetière de Little Hangleton, ce soir là ? 

Lucius lâcha sa fourchette, Narcissa tourna les yeux vers son fils comme si elle voyait un étranger. Ça faisait mal, mais Drago avait besoin de réponses. Il utilisa son éducation stricte pour conserver son expression froide. 

- Tu ne sais pas de quoi tu parles, Drago. 

- Ça veut dire oui. 

- Bien sûr que non.»

Il baissa la tête, continua de manger. Drago ressentit une vague de colère qui fit trembler l'eau de son verre. Comment pouvait-il être aussi indifférent ? Comment pouvait-il manger ? Parler ? Crâner ? Vivre avec verres en cristaux et cuillères en argents ? Toutes ses choses, par sa faute, Cédric ne pouvait plus les faire !

En pensant à cela il réalisa que la mort du garçon l'avait plus affecté qu'il ne le croyait, malgré lui arriva dans sa tête le beau visage de Cédric puis son expression figée par la mort. Si son père faisait partit des mangemorts -et il en était sûr- cela voulait dire que Lucius Malfoy était pire qu'on homme prétentieux abusant de sa richesse et prenant plaisir à humilier ou manipuler. Lucius Malfoy était un meurtrier. 

« Bien sûr que si. 

- Ça suffit, Drago. coupa brutalement Narcissa. Dans ta chambre !

Le garçon blond ignora les ordres de sa mère. 

- Vous avez tué Cédric ! 

- Si tu refuses d'aller dans ta chambre, ce sera les cachots ! » cria Narcissa en se levant, les deux mains claquant sur la table. 

Lucius ne disait plus un mot. Indifférent, ou peut-être trop concerné pour parler, ayant peur de se trahir s'il prononçait quoi que ce soit. 

Les cachots seraient froids en cette saison, malgré l'été, il gelait toujours dans le noir de la nuit, aux sous sol du manoir. Alors l'adolescent suivit les premiers ordres en s'enfermant dans sa chambre. Il claqua la porte, écrasa par terre des dizaines d'objets. Il les réparerait d'un sort... Dommage qu'il ne puisse pas réparer d'autre choses si simplement. Où était son père héroïque ? Où était le manoir chaleureux de son enfance ? Où était le sourire bienveillant de sa mère ? Où avait disparue cette vie ? Avait-elle au moins existé ? C'était terrible, mais non. Probablement pas. Les choses agréables n'avaient été que des illusions car son père avait toujours été un monstre, sa mère avait toujours été triste... En fait, son enfance avait été un mensonge, celleux qu'il considérait comme ces parents l'avaient-il au moins vraiment aimé ? Peut on aimer son enfant quand on peut assister à l'assassinat de celui d'un∙e autre sans bouger ? 

Il ne sortit plus de sa chambre de l'été, on ne vint pas le chercher.

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