41 : Larmes

Drago était de ces personnes qui trouvait une grande satisfaction à respecter les règles. Pas dans le sens où il ne faisait jamais rien d'immoral... plutôt dans le sens où il aimait quand les choses étaient ordonnées, claires, anticipées... Alors, quand la veille de l'événement, Harry lui avait avoué qu'il n'avait encore aucune idée de comment faire pour passer une heure complète dans le lac noir pour la deuxième tâche, le blond en avait été exaspéré. 

Mais c'était pire que toutes les fois où il constatait que la valise de Harry était dans un bordel pas possible où qu'il n'avait pas parcouru une ligne de son cours avant un examen... Cette fois, c'était pire parce que Harry était en danger et que la seule qui résoudrait peut être ses problèmes avaient la tête d'un tartare de saumon moisi. 

Le garçon à la cicatrice se tenait en maillon de bain sur l'estrade qui surplombait le lac. Il avait enlevé ses lunettes et améliorer sa vue par un sort pour être plus à l'aise dans l'eau mais son visage était loin d'être détendu. Il avala la branchiflore donnée par Neville et plongea difficilement dans l'eau après un encouragement de Maugrey qui passa sous silence celui de Drago. Le blond jeta au professeur un regard noir. Il n'aimait déjà pas bien cet homme et celui-là ne faisait rien pour arranger son cas. 

Dean, Seamus et Neville guettèrent avec lui la remontée à la surface des candidats et candidates. Il était stupide d'avoir choisi une épreuve si peu divertissante pour le public, songea Drago qui regardait l'étendue d'eau d'un air vide depuis quasiment une heure. Il n'y avait plus de trace de Ron et de Hermione.

Quand Harry sortit enfin de l'eau avec Ron et une fillette que Drago ne se souvenait pas avoir déjà vu, le coeur de ce dernier se détendit sans qu'il ne se l'avoue. Hermione sortit de l'eau portée par Viktor Krum, se qui aurait pas titiller la jalousie du roux de nouveau s'il n'avait pas été frigorifié et apeuré d'avoir passé un petit bout de temps en compagnie des sirènes. 

On annonça les gagnants : Harry et Cédric, car Harry avait gagné des points d'avance pour avoir sauvé deux personnes -foutu syndrome du héros. On enroula une serviette sur les épaules de Harry et de celleux qu'il avait secouru. Drago eu envie de lui sourire pour lui dire qu'il avait eu peur mais il n'en fit rien, comme toujours. Les émotions n'avaient jamais été considérées comme des alliées pour lui. 

Il laissa à contre-coeur mais sans le montrer Harry avec Barty Croupton, l'homme à la moustache et au chapeau, qui, comme tout le monde, voulait pouvoir se vanter d'avoir conversé une fois avec Harry Potter. 

Drago rejoignit alors Ron et Hermione, toujours en froid, qui restaient en silence pour ne pas avoir à échanger des banalités trop évidement là pour caché des non-dits. Il n'essaya même pas de placer quelque mots pour détendre l'atmosphère, il se contenta de s'ajouter à la froideur. Elle n'était pas que métaphorique, d'ailleurs. Car même pour lui qui n'avait pas eu à nager dans l'eau glacée, des frissons se faisaient sentir. Le ciel était blanc, le paysage terne. Cela additionné à toutes les histoires se déroulant sous son nez l'épuisait un peu et le rendait de mauvaise humeur. Il en fallait peu, en même temps, il avait la morosité facile.

« Faut qu'on parle. dit Blaise, se plantant devant le blond et les deux autres Gryffondor. Ces deux là échangèrent un regard surpris. C'était la première fois qu'iels voyaient Blaise parler à Drago depuis les premières heures de la première année où tout∙es les Serpentard lui avait tourné le dos. 

- Je t'écoute. 

- Je préférerai en privé. 

- J'ai passé une journée de merde et je veux pas que ça dure plus donc dit ce que tu as à dire en deux mots ici ou ne dit rien. Ces deux abruti∙es ne comprendront rien de toute façon. »

Blaise soupira. 

« Je veux qu'on arrête.» dit-il. 

Drago oublia tout ce qu'il venait de dire l'instant précédent pour prendre son "ami" par le bras et l'entrainer loin de là. 

« Je croyais que tu avais dit...

- Je pensais pas que c'était aussi important ! Tu me largue, genre, comme ça !? Sans raison ?

- J'ai des raisons. 

- Je veux les connaitre. 

- Ma famille, déjà. Le fait que je m'entends bien avec Daphné et que je préfère être avec elle et puis le fait que tu n'en a rien à faire de moi. dit Blaise en croisant les bras. 

- Je n'en ai rien à faire de toi ? répéta Drago. C'est moi le problème alors que c'est toi qui refuse qu'on s'affiche ensemble ? Alors que c'est toi qui te trouve une copine de couverture ? 

- Ce n'est pas une copine de couverture. répondit l'autre, elle me plait pour de vrai. 

- Mais comment tu oses me dire ça ! Elle te plait ! Et moi je suis quoi ? Une erreur de parcours ? »

Blaise resta silencieux. 

« Ça veut dire "oui", ça ? reprit le blond.

- Drago... Ce n'est pas ça, je t'aimais bien, autant qu'elle. C'est juste qu'avec elle c'est... plus facile. 

- Ouais, je vois. Je vaut pas la peine que tu sacrifies ta parfaite petite vie.

- Non, écoute. Je t'aime bien, t'es pas une expérience... je... j'aime les filles et les garçons, c'est juste plus facile d'être avec des filles pour...

- Se faire bien voir, ouais, te fatigue pas. Me parle plus Blaise. J'ai eu une sale journée, j'avais vraiment pas besoin de ça, ne m'adresse plus la parole.»

Il s'éloigna dans l'herbe pour retourner au château. Ron et Hermione n'étaient plus là. Il se sentait terriblement mal, à présent. Il ne s'était pas rendu compte d'à quel point Blaise était devenu une présence rassurante qui pouvait l'épauler. Il ne se rendait compte de ça que trop tard bien sur. Et puis quelque part il avait l'impression d'avoir encore une petite part de Serpentard en lui en étant avec Blaise. Paradoxalement, la partie de lui toujours soumise à son père était épanouie avec Blaise, parce que mise à part le fait que c'était un garçon, il correspondait bien aux personnes qu'il serait destiné à côtoyer s'il souvint l'avenir tout tracé de ses parents. 

Il en faisait peut être trop, il avait toujours été un peu dramatique, mais là, il se sentait réellement trahi. Blaise venait de le laisser tomber juste parce qu'il était un garçon et qu'il voulait de cette petite vie qu'on lui avait imposé. Est-ce que ce serait comme ça pour tout les garçons qu'il allaient aimé ? Il serait toujours le personnage d'une double vie ? On ne l'aimerait jamais publiquement ? 

Et en y pensant, il se mit à se sentir mal pour tout ce qu'il avait partagé avec Blaise, toutes les choses qu'il lui avait offert à lui et à personne d'autre. Des parties de son corps, le temps de quelques nuits. La confiance venait de voler en éclat, il se sentit honteux, comme s'il avait servit de jouet. Pas une expérience, vraiment ? Ça en avait tout l'air, pourtant. Et quand il pensait qu'il avait voulu aller avec lui au bal... Il était heureux de ne pas l'avoir fait maintenant. Il ne voulait juste pas être aimé dans l'ombre comme on aurait aimé un monstre. Il voulait étaler son bonheur aux autres à leurs faire ressentir des montagnes de jalousie, il voulait de ses rendez-vous stupides aux chandelles lui aussi, les vies de couples avec les étapes éprouvantes et interminables de flirt et de drague. Il ne voulait pas être un amant d'un soir et plus rien de plus. Être l'anecdote secrète de la vie d'un autre... 

Il se rendit compte qu'il pleurait quand les Gryffondor le regardèrent d'un drôle d'air en débarquant dans le dortoir. 

« Drago ? demanda Hermione. 

- Drago, ça va ? Qu'est ce que t'as dit Zabini ? s'enquit Ron.»

Il ne répondit à aucun∙es des deux, tentant de ravaler ses larmes. Il était stupide de pleurer pour ça, après tout, Blaise avait toujours été assez clair à ce niveau là, c'était seulement lui qui c'était cru meilleur qu'il n'était, surement. Il se rendit compte aussi qu'il ne pleurait pas uniquement pour ça. Il pleurait aussi pour toutes les fois où il s'était refusé à le faire. Maintenant toutes les larmes sortaient en même temps et il n'arrivait pas à les arrêter. Il se sentait terriblement vulnérable et faible, si bien que cela le faisait se sentir encore pire. 

On le scruta. Il restait silencieux, debout, les larmes dévalant son visage, il ne tentait même pas de les effacer, il fermait les yeux et imaginait qu'il était seul. Finalement, comme souvent, ce fut Harry qui le sauva en l'entrainant ailleurs et en donnant en un sourire, l'ordre aux autres de ne pas poser de questions. 

Il claqua la porte de la salle de bain d'où on ne pourrait pas les entendre s'ils parlaient faiblement. Le blond raconta en deux mots, mais ce fut plus un enchainement insensé de phrases qui s'échappa de ses lèvres. Tout ce qu'il sut, c'est que Harry savait et qu'il sentait sa main sur son bras, maintenant. Ce n'était pas assez pour réparer ce qui venait d'être brisé, mais c'était doux. 

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