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Les vacances d'Ostara furent moins mortelles qu'à l'accoutumé car on y invita le premier jour le parrain de Drago, le Professeur Rogue. Il ne resta pas bien longtemps -seulement quelques heures- mais il alimenta la conversation du repas du soir.

Elle avait déjà bien commencée lorsque la famille Malfoy s'installa à table et que les elfes de maison débutèrent le service :

« Il n'est pas du ressort du ministère d'intervenir dans une école. dit Narcissa, d'un ton lassé, comme si elle répétait cette phrase pour la centième fois. Dumbledore est un grand sorcier, nous pouvons lui faire confiance, nos années à Poudlard ont été parfaites, et il en était déjà directeur depuis bien longtemps !

- Il n'a jamais été un bon homme, enfin ! s'indigna Lucius qui baissa le ton lorsqu'il vit Drago s'assoir sur la chaise qui lui était destinée. Un bon sorcier, peut-être ! Mais il est trop bon avec les né∙es-moldu∙es et je ne veux pas retrouver mon fils pétrifié. Cette histoire serait l'occasion parfaite pour le faire descendre de son pied d'estale !»

Drago mangea en silence. S'il avait voulu parlé, il ne l'aurait pas fait. Jamais il n'intervenait durant les disputes de ses parents et elles étaient nombreuses ! Iels ne s'entendaient qu'avec du public, en réalité, iels étaient rarement d'accord. Drago s'était souvent demandé pourquoi iels s'étaient marié∙es, supposant que leurs amour s'était surement ternis avec le temps... mais en réalité il avait compris avec horreur l'histoire de ses parents depuis longtemps et ne voulait pas y penser : des noces arrangées. C'était ça, la plus grande sources de leurs désaccords. Et il savait que ce destin l'attendait également. 

« Qu'en dit Severus ? demanda la femme.

- Son avis t'intéresse ? 

- J'ai l'espoir qu'il soit de mon coté. 

- Il dit que Poudlard s'est rarement porté aussi mal. Lockhart est professeur de défense contre les forces du mal, le savais-tu ?

Drago leurs avait dit. 

- Non, je ne savais pas. 

- Quand il était à Poudlard il le détestait déjà. 

- Severus détestait tout le monde. marmonna Narcissa. 

- À raison ! Les quatre morveux... les cinq ! En comptant cette sang-de-bourbe...

Drago ne comprenait plus rien de ce que ses parents disaient. C'était probablement pour cette raisons qu'iels ne l'avaient pas invité à prendre congé pour qu'il n'entende pas la conversation, d'ailleurs. Il se concentra sur le gout de la nourriture et se surprit à penser qu'il préférait largement être à Poudlard qu'ici, quoi que ses parents en disent. 

- Inutile de cracher sur leurs tombe, Lucius. 

- Es-tu réellement en train de défendre Potter ? 

Drago leva la tête vers ses parents à l'entente du nom, et se surpris à penser qu'il préférait être avec Potter. Il se sentait invisible, ici. Et ça faisait vraiment mal. 

- Je ne défend personne. Seulement Potter et Evans ont été tué∙es de façon terrible, laissant un orphelin derrière elleux et je ne suis pas dupe, Lucius, tu as très envie que cette sombre période revienne ! Ne me fait pas croire que tu veux renvoyer Dumbledore pour la sécurité de nos enfants ! Ce que tu veux, c'est qu'Il reprenne le pouvoir ! Ce n'est pas ce que je veux, moi. J'ai une vie, une famille, un enfant, je ne veux pas d'une autre guerre ! Je préfère vivre avec les né∙es-moldu∙es que subir encore des pertes !»

Le sujet de la première guerre contre Celui-dont-le-nom-ne-devait-pas-être-pronnoncé était un sujet passé sous silence dans la famille Malfoy, à cause de la sombre période qui avait traversé les sang-purs après la défaite. Drago savait bien que son père s'était donné beaucoup de mal pour mettre fin aux rumeurs selon lesquelles il avait été partisan du mage noir... Mais comme on en parlait pas, Drago n'y pensait pas. Il s'était contenté de croire son père, c'était la première fois qu'il remettait ça en question. 

Mais avant que plus d'informations ne parviennent à ses oreilles, Lucius ordonna d'une voix froide :

« Monte dans ta chambre, Drago.»

Ce dernier fit mine d'obéir, abandonnant à regret son assiette. Cependant, la porte fermé, il s'assit dans les escaliers et saisit les bribes de conversations, avant que son père ne jette un sort de silence sur la pièce :

« Je ne vois pas de quoi tu parles. disait Lucius.

- Je ne suis pas une ignorante, depuis combien de temps Nott et Rogue ne t'avaient pas rendu visite, hein ? N'essaye pas de me faire croire que le fait que tu renoues avec eux n'a rien avoir avec ce qui s'est passé l'année dernière ! Le Seigneur des Ténèbres a fait irruption dans l'école où se trouvait notre fils ! Nous savons tous que ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il revienne ! Ne t'inquiètes tu pas du mal qu'il pourrait arriver à Drago ?

- C'est pour Drago que j'ai fait ça ! Je veux qu'il vive dans un monde parfait pour lui, un monde où nous aurons triomphé ! Nous ! Les vrai∙es sorcier∙es ! Les né∙es-moldu∙es ne sont que des voleur∙euses ! Iels se pavanent dans notre école, alors que leurs ancêtres nous brûlaient sur des bûchers ! 

Jamais Drago n'avait entendu son père prendre une voix si glaçante. Il s'imaginait que s'il se tenait en face de lui à cet instant, à la place de Narcissa, il serait mortifié et incapable de parler. Il fut surprit de se rendre compte que sa mère avait assez de courage pour répliquer :

« C'était il y a des centaines d'années ! Nous sommes en paix depuis que Tu-sais-qui n'est plus là ! 

- "Nous sommes en paix" ? T'entends-tu !? Tu n'es plus d'accord avec les principes de ta famille ? 

- Je ne veux pas d'une autre guerre ! Je ne veux pas d'autres querelles stupides ! J'ai déjà perdu mes soeurs... Je ne veux pas te perdre, ni perdre Drago. 

La voix de Narcissa se cassa en mille morceaux. Un silence lourd s'abattit, si bien que Drago crut que son père s'était enfin décidé à jeter un assurdiato.

- Alors c'est ça. Nous savons au moins pourquoi notre fils est à Gryffondor, maintenant. Il a le sang des traitres.»

Le sort de silence dut s'abattre, car les parents de Drago ne sortirent pas mais qu'il n'entendit plus rien. 

Il sentit une larme couler sur sa joue, pas à cause de la peur qu'il avait de son père comme habituellement, mais à cause du chagrin de sa mère. Il ne se souvenait pas l'avoir déjà entendue pleurer, c'était la première fois, et ça lui faisait énormément de peine. Elle n'était pourtant pas aimable, tout aussi froide que Lucius... Mais la façon dont elle avait prononcé le mot "soeurs" aurait brisé le coeur du Seigneur des Ténèbres lui-même. 

Il monta vite dans sa chambre, de peur qu'on ne le surprenne s'il s'attardait encore dans les escaliers. Il réfléchit vite. Il n'avait pas tout saisit, mais il en avait assez saisit pour comprendre que son père était dans un camp qu'il prétendait ne pas soutenir. 

Drago ne savait pas s'il voulait soutenir le camp de son père. Il ne savait pas s'il préférait la suprématie des sang-purs ou la décadence des traites à leurs sang... mais il savait qu'il ne voulait pas vivre une guerre, alors il décida qu'il était de l'avis de Narcissa et qu'il allait faire en sorte de changer les choses s'il le pouvait. 

Et pour ça il n'y avait qu'une seule personne à qui il pouvait réellement parler.