1 : Une maison
Le coeur gonflé d'assurance et de fierté, la tête bien haute et les épaules portant sans le moindre effort le poids de l'héritage Malfoy, le jeune homme se dirigea vers l'estrade pour aller s'assoir sous le chapeau. Il n'avait aucun doute. Le coeur battait vite, mais seulement d'excitation à l'idée qu'il sera dans quelque secondes tout ce qu'on avait toujours attendu de lui.
Il lui semblait encore entendre la voix du Pr McGonnagall lorsqu'elle avait annoncé son nom. Drago Malfoy. Comme si son nom était si puissant qu'il pouvait déjouer les lois -physiques et magiques- en résonant contre les murs du château plus que les autres.
C'était son moment, il le sentait. Il pouvait oublier ce stupide Potter et sa main tendue qu'il n'avait pas saisie. Ce stupide Potter et sa célébrité. Ce stupide Potter et ces stupides ami•es. Il irait bientôt dans la maison la plus puissante de toute où son père était allé et où il savait qu'il serait un prince, encore plus que les autres.
Ce n'était pas vraiment un sourire qu'il ne pouvait retenir sur son visage, plutôt une joie arrogante.
Il leva la tête. Pas pour voir les étoiles, mais pour être plus grand. À la hauteur.
Quand
« GRYFFONDOR ! »
Quelque chose dans son coeur se brisa d'abord, avant de contaminer tout le reste de son corps. Sa tête se baissa et en un instant il avait perdu toute son arrogance, toute sa fierté, et il se sentait stupide, d'avoir déclaré la guerre à celui qui serait certainement dans la même maison que lui et qui aurait put devenir son ami.
Son imagination avait déjà façonné une parfaite réplique du visage dégouté de son père et du regard déçu de sa mère. Ses regards imaginaires étaient pires que ceux des élèves de la grande salle qui se demandaient pourquoi le petit gars blond n'allait pas rejoindre sa table pour être accueilli dans sa nouvelle maison...
Il jeta un regard à son parrain, assit à la table des professeur∙es, espérant quelque chose de sa part... mais celui-ci, comme à son habitude, garda un visage vide d'expression et ne lui rendit même pas un regard.
Il aurait préféré mourir que d'aller s'installer à cette table, alors il projeta de partir, colérique, hors de la grande salle espérant que les autres verraient à quel point il était révolté.
Il devait y avoir une erreur ? Pourquoi ne l'envoyait-on pas à Serpentard ? Sa destiné n'était-elle pas toute tracée ?
Il allait réellement sortir en courant presque, ouvrir les portes de bois et se tirer à l'extérieur pour ne plus jamais revoir ses gens et effacer cette utilisation de sa mémoire mais une main -peut être celle d'un∙e préfet∙e, ou d'un∙e professeur∙e le força à s'installer dans cette arc-en-ciel écoeurant de rouge et de doré. Il ne put que jeter un lointain regard à la table où il aurait dût être, avec les personnes qu'il aurait dût côtoyer.
Il baissa les yeux vers son assiette et fronça les sourcils.
En un mot, cette soirée tant attendue était devenue un spectacle macabre duquel il rêvait de s'enfuir. Il fronça les sourcils et croisa les bras, décidant qu'il écrirait une lettre à son père et que celui-ci ferait quelque chose pour le sortir de ce malentendu -parce que ça ne pouvait être que ça, non ?-
Face à lui, une jeune fille aux dents un peu trop grandes, à la peau noire et aux cheveux crépus en bataille avait l'air de passer la plus belle soirée de son existence. Ses yeux brillaient à chaque nouvelle chose qu'elle regardait comme si elle y découvrait un trésor. Elle lui dit quelque chose, il répondit d'un regard grimaçant qui stoppa net leurs bref échange.
Hors de question qu'il se lie d'amitié avec qui que ce soit dans cette stupide maison. Demain, ce ne serait plus qu'un mauvais souvenir.
Bientôt, ce furent le garçon roux à la robe de pauvre et ce stupide stupide Harry Potter qui s'assirent -à regret- bien trop près de lui. Il ne les regarda pas pour ne pas les voir pouffer devant son terrible échec.
Il n'avala rien, ne parla à personne, ne fit rien qui pourrait le lier d'une façon ou d'une autre à cette maison de malheur.
Il suivit mollement les élèves jusqu'au dortoir après la cérémonie, découvrant avec horreur qu'on avait installé ses affaires dans la chambre.
Comme s'il allait y rester.
Il s'assit sur le lit, les sourcils toujours froncés, les bras toujours croisés. Il espérait se réveiller d'un moment à l'autre. Ça ne pouvait être qu'un cauchemar ? Ça ne pouvait pas être réel, quand même ? Qu'est ce que ce stupide vieux couvre chef avait bien put voir dans sa tête au moment de la répartition pour se tromper de maison ?
N'était-on pas censé être toujours satisfait∙e de sa maison ? Le choixpeau ne devait-il pas prendre nos envies en compte ?
« Alors, on fait moins le malin !?» ricana Dean Thomas en débarquant dans le dortoir.
Pour la première fois de la soirée depuis que l'horrible verdict était tombé, Drago s'autorisa un échange avec un de ses camarades en lançant au garçon le regard le plus glacial qu'il pouvait, ce qui ne sembla pas l'atteindre. Dean alla s'installer sur son lit, épuisé du voyage en train et de la cérémonie. Il se laissa imprégner de l'odeur du dortoir et de son ambiance rouge avec un sourire heureux, comme s'il était né pour être là. Drago détourna le regard devant tant de joie. Comment pouvait-on se trouver heureux à Gryffondor ? Se noyer dans la débauche, la vulgarité ? Gryffondor, c'était une sale copie de Serpentard en moins élégant, en débraillé...
Et tout cela se confirma quand ses trois autres compagnons de dortoir débarquèrent en riant. Seamus Finnigan s'empressa de rejoindre Dean et commença à lui parler de tout et de rien en adressant seulement un hochement de tête à Drago en guise de salut sans même s'apercevoir que ce dernier avait envie de se trouver n'importe où sauf ici, puis les deux derniers entrèrent. Ron Weasley et Harry Potter. Evidement.
Il aurait put atterrir dans n'importe quel dortoir mais il avait fallut que ça tombe sur celui-là.
« Super, je sens qu'on vas passer une bonne année.» Ironisa Ron en fronçant le nez, regardant de haut en bas le garçon blond.
Avec son air aristocrate et colérique, il faisait tellement tâche que toute monde se demandait en effet comment il avait put atterri à Gryffondor tant tout en lui criait "Serpentard". Le choipeau aurait dût l'y envoyer dès la seconde où il avait effleuré sa tête...
Harry, lui, songea qu'il aurait peut-être dut se laisser envoyer à Serpentard, mais il se souvint aussi qu'il aimait déjà bien Dean, Seamus et Ron. Mais, Merlin, qu'est ce qu'il détestait ce garçon blond là. Il ressemblait tellement à une version -un peu plus belle, il fallait avouer- de son horrible cousin Dudley.
« Qu'est-ce que tu regardes, Potter ? finit par lâcher Drago.
La conversation engagée entre Dean, Ron et Seamus s'arrêta. C'était les premiers mots que lâchait le fils Malfoy depuis une heure, sa voix avait eu le temps de dérailler et de perdre quelque note d'assurance qu'il compensa en faisant la grimace la plus insupportable que Harry n'avait jamais vu.
- T'inquiète, je regarde pas ta tête à claque.» répondit Harry en levant les yeux au ciel et en allant vers son lit pour installer ses affaires et donner une friandise à Hedwige.
Drago cacha son absence de répartie en tirant le rideau de son lit. Lâchant un gémissement en se rendant compte qu'il venait de s'enfermer dans une prison rouge.
Sans même prendre la peine de se changer il mit un coussin sur sa tête et ferma les yeux très fort pour se forcer à dormir. Et se forcer à oublier cette stupide journée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top