Chapitre 6
Il entra dans l'infirmerie avant de s'être fait ausculter par l'infirmière. Un doliprane pour calmer son mal de tête, une prescription pour ses troubles du sommeil et s'était reparti pour un tour!
Lundi 16 Septembre 2019
Widhore University
Californie, Etats-Unis
Après être rentré en classe avec son justificatif qui était l'ordonnance, Olen prit place dans la classe. Bien que sa tête cognait encore et qu'il se sentait gêné de ce qui lui était arrivé il y a quelques minutes, Olen décida de se concentrer. Il prit des notes et n'hésita pas à poser des questions quand quelque chose lui échappait. Quitte à se faire passer pour le petit fayot de la classe. Mais il s'en souciait peu, il avait un but à atteindre, une réputation à clarifier et plus important encore, sa place dans ces lieux à justifier. Quand la cloche sonna, Olen fut assez soulagé mais ne se laissa pas aller pour autant. Prenant son sac, il se dirigea vers la cafétéria où il prit simplement un morceau de pain avant d'aller s'asseoir sur un banc son livre en main. Il ne remarqua même pas la présence de son ami.
Smith voulait engager la conversation mais quand il le voyait ainsi, il voyait plus pour Olen une tentative de fuite, il voulait fuir la réalité. Il avait appris la mort de Marc par la mère de ce dernier, il était venu rendre visite à Olen parce qu'il voulait lui emprunter ses notes. Il mangea donc dans le silence avant de recevoir un message de sa petite-amie. Oui sa petite-amie. Parce que oui ce petit Nerd-sportif de Smith en avait bien une. Comparé à cet intello d'Olen aurait-il pu dire. Il se leva donc laissant Olen plongé dans sa lecture. La journée continua dans cette routine barbante jusqu'à ce que la nuit tombe trouvant Olen dans ses livres sur son poste préféré dans la bibliothèque. Le bibliothécaire vint même le prévenir de l'heure tardive. Très surpris par cette attention de sa part, il prit soin de remercier le bibliothécaire avant de s'en aller au pas de course. Il fallait qu'il aille se reposer et finisse de synthétiser les notes qu'il avait récupéré avec ses camarades de classe. Il commanda un Uber et rentra en à peine 20 minutes. Vive la technologie.
De retour chez lui, vers 19h, Olen décida de prendre des vêtements plus confortables. C'est à dire Jogging, débardeur. Il ouvrit le frigo et réchauffa au micro-onde le plat que son père avait préparé il y a deux jours, sûrement en prévision de son manque d'alimentation. Glorifiant donc une nouvelle fois la technologie, Olen alla prendre son sac pour en sortir ses cahiers, quand il vit ce livre sur l'Égypte Antique. Cela lui rappelait Marc et ses recherches. Il sortit son portable dans l'idée de filmer quelques pages qui lui seraient peut-être utiles mais en exécutant son action, il se rendit compte d'une chose. Marc n'était plus...
Depuis le début de la journée il n'avait pas vraiment pensé à lui. Il se sentait honteux et triste à la fois. Cela ne faisait même pas une semaine, qu'il commençait à oublier son frère et pire encore, qu'il oubliait qu'il ne le verrait plus et qu'il ne pourrait plus vivre des moments spéciaux ensemble. Il aurait tant aimé s'intéresser plus à lui et à ses travaux. Il effaça la larme qui sortit de ses yeux en entendant le bip du micro-onde. Il sortit son repas avant d'aller s'assoir devant la telé. Il l'alluma et tomba sur un documentaire sur les tombeaux égyptiens. Il zappa. Cette fois-ci il tomba sur le film Gods of Egypt. Il zappa. Il tomba sur les infos et souffla assez rassuré. Il ne voulait pas avoir à penser à Marc maintenant, cela allait être difficile pour lui de ne pas se mettre à pleurer et à sombrer dans une dépression passagère. Malheureusement pour lui, les infos parlaient de l'accident de son frère. Il éteignit la télé. C'était impossible, insupportable. Il se leva et jeta son assiette dans l'évier avant d'aller s'asseoir devant son ordi. Cela lui rappelait la dernière fois que son frère était venu dans l'appartement, la veille de sa mort. Il s'était endormi et il lui avait posé un post-it sur le visage. Cela lui fit lâcher un léger rire avant que le silence ne retombe et que son esprit soit remplie d'images de son frère; la première fois qu'il avait emménagé, quand il avait pris soin de son pied et même la fois où il avait joué le gamin en déambulant dans l'appartement en imitant des animaux ainsi que leurs cris pour "tester l'acoustique" avait-il expliqué au propriétaire. Ce dernier lui avait lancé un regard sceptique. Olen avait tellement ri qu'il en avait eu mal aux côtes. Une fois ces images évaporées, le silence redevint maître des lieux. Ce silence rendit Olen inconfortable tant que sa peau le démangeait. Il était déjà 20h mais ce n'était pas trop tard pour déranger Smith et sa petite-amie non? Après tout, c'était son meilleure ami et Brooke l'adorait. Qui plus est il venait de perdre un proche du coup techniquement personne n'avait le droit de le froisser. Tout du moins c'était la réflexion qu'il avait mené quand il avait rangé ses affaires en essayant de fuir le fantôme de son frère. Il avait enfilé un jean noir et un pull bleu avant de porter des baskets noires et de sortir.
L'appartement du couple se trouvait bien à une dizaine de pâté de maisons. Sur son chemin, Olen appela son fidèle compagnon pour le prévenir de son arrivée. Ce dernier lui répondit au troisième bip.
- Hey Smith. Je me ramène chez toi.
- Euuuuuh, d'abord. Bonsoir. Je vais bien et toi? Ma journée s'est bien passée sauf que tu m'as un peu ignoré aujourd'hui.
Olen se racla la gorge, gêné.
- Désolé Smith.
Ce dernier soupira. Il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.
- Ça va. Bon si tu te ramènes à la maison tu vas devoir faire vite. Parce que Brooke et moi allons faire des courses.
- Faire des courses? À cette heure-ci?
- Ah bah je fais des courses quand je veux ok? Ne me juge pas ok?
Olen éclata de rire. Il avait pris la voix d'une fille vexée sur la toute fin. C'était hilarant et ça lui faisait du bien de rire sans avoir à tomber dans la tristesse.
- Ok. Dans ce cas je fais au plus vite.
Il commanda un Uber et arriva assez vite devant leur immeuble. L'appartement du couple étant au rez-de-chaussée, Olen ne prit pas beaucoup de temps pour y arriver. Il n'eut même pas le temps de cogner que la porte s'ouvrit d'elle-même.
- Ah il était temps. On allait déjà s'apprêter à sortir, soupira Smith en sortant laissant entrevoir Brooke qui enfilait ses bottes.
Brooke était assez courte 1m56, avec de longs cheveux bruns ondulés et des yeux marrons noisettes. Elle était assez frileuse, du coup elle portait toujours une écharpe autour de son cou et des bottes. Elle n'était pas trop habillée pour faire des courses d'ailleurs? Elle portait une longue veste beige avec ses bottes. Elle avait l'air assez suspecte même. Quand elle croisa le regard d'Olen, elle lui fit une bise rapide avant de se mettre à côté de Smith. Elle avait quelques origines françaises et avec le temps, ils s'y étaient habitués. Smith quant à lui portait une veste noire avec un pantalon beige et des boots. Ils étaient vraiment un couple suspect et bizarre.
- Vous êtes sûr que vous allez faire les courses?
- Mais oui puisqu'on te le dit! répondit Smith. Et puis d'ailleurs tu venais faire quoi chez nous?
Il hésita un moment à répondre. Il ne pouvait pas dire que l'image de son frère le hantait.
- Je cherche un refuge, lui dit-il simplement.
Smith et Brooke s'étaient lancés un regard compréhensif. Et tous deux posèrent une main sur une épaule d'Olen. Bien qu'il ait du se baisser légèrement pour Brooke. Ce qui l'a mit d'ailleurs un peu en rogne et lui valu un coup de poing sur le bras. Olen échappa un léger cri plaintif tout en rigolant. Le couple suspect s'en alla, laissant leur nid douillet sous les commandes d'Olen. En vérité, ils partaient à un festival où le groupe de musique préféré de ces trois là allait passer. Mais vue la situation d'Olen ils avaient décidé de ne rien dire, ils avaient prévu ça depuis 5 jours déjà. Et puis c'était aussi un prétexte pour passer un moment en couple loin de leurs quatre murs bien qu'ils les aimaient bien, ces quatre murs. Les regardant donc partir un léger sourire sur le visage, Olen s'engouffra dans la maison aux couleurs rayonnantes. La porte donnait directement lieu sur le salon dont les couleurs vives donnaient de la chaleur au lieu. Le canapé en soie orange s'harmonisait aux couleurs bleu et verte qui couvraient le mur. À gauche il y avait une porte qui menait vers la cuisine et à droite leur chambre avec douche et W.C et juste en face une petite table qui servait sûrement à travailler avec une grande fenêtre qui avait vue sur les immeubles de la ville. Olen enleva ses chaussures et chaussettes avant de déposer son sac sur le canapé et d'en sortir un livre. Lorsqu'il tourna les yeux vers la grande fenêtre dont les rideaux étaient tirés sur le côté, il crut apercevoir une masse noire fonçant droit sur lui. Cette masse prit peu à peu la forme d'un oiseau. Il plissa des yeux et l'oiseau semblait vraiment se diriger vers lui. Mais cela ne pouvait être un oiseau. Il était bien trop grand, trop gros et bien trop rapide. Sans crier gare, cet oiseau traversa la vitre. Par pur réflexe, Olen couvra ses yeux pour ne pas avoir à recevoir les débris. Mais il ne sentit rien.
L'oiseau était en fait une femme. Une jeune femme, à la peau matte, aux cheveux affro attachés en un chignon, avec une robe rouge à pois. Des bottes noires et une veste en cuir noire. Le plus étonnant pour Olen ce n'était pas de revoir cette fille dans l'appartement de son ami, ni même de voir ses ailes bleus et verts avec une trace orange délimitant les deux parties et précisons tout de même qu'ils étaient collés à son bras. Mais non, ce qui était impressionnant pour Olen c'était que la fenêtre était intacte. Lorsque la jeune femme avait traversé la fenêtre, le temps avait semblé comme... ralentir. La fenêtre avait bien éclaté mais lorsque la jeune femme fut de l'autre côté, tous les morceaux avaient repris leur emplacement. C'était...magique.
Magique?! Il devait rêver. Encore une fois. Ce qui n'était pas très surprenant. Surtout que cette jeune femme il ne l'avait vu qu'hier. Était-il un pervers pour penser à cette fille maintenant ? Parce que, bon, il ne la connaissait pas et elle l'avait juste aidé une fois, du coup il ne comprenait pas ce qui se passait. Et puis c'était quoi ce fantasme avec les ailes? Sérieusement?
Pendant que son esprit était rempli de questions plus étranges les unes que les autres, la jeune femme jura dans sa barbe tandis qu'elle essayait de ranger ses ailes.
- Purée, pourquoi ça me fait le coup à chaque fois? Râla-t-elle entre deux gémissements de douleur
Olen qui avait repris ses esprits et s'étant rendu compte qu'il ne rêvait pas -il avait veillé à s'infliger quelques douleurs physiques-, la fixait avec des yeux exorbités. Faisant un sourire un peu malaisant, elle s'avança vers lui tandis qu'il reculait. Les ailes toujours accrochées à elle.
- Hey, bonsoir Olen. Je m'appelle Mâ-...Karen. Karen S. Vinson. Ne t'inquiètes pas... je ne te ferais pas de mal. Et j'ai... une explication plus ou moins rationnelle à tout ça.
- Q-qui es-tu? Ou plutôt qu'es-tu?
Une chose qui montrait qu'il n'hallucinait pas était qu'il pouvait s'exprimer alors qu'à chacunes de ses dernières hallucinations les images étaient chargées de sentiments lourds et forts et seuls des cris sortaient de sa bouche. Rarement des mots mais jamais de phrase.
- Ceci n'a pas d'importance.
Elle avança encore d'un pas et sembla tanguer comme si elle était saoule. Elle bouscula sa tête en essayant de se reprendre.
- Pas maintenant.
- Est-ce que ça va? demanda-t-il en s'approchant instinctivement d'elle.
- Ça va, ça va. Écoute moi bien Olen. Le...
Elle haleta fortement avant de soudainement s'écrouler tout en s'accrochant au canapé.
- Le quoi?
- Le temps...est compté...
Sur ces mots elle s'écroula et Olen la rattrapa en vérifiant son poul. Elle était vivante mais haletante. Et puis qu'entendait-elle par "le temps est compté"?
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