Chapitre 5

Cette nuit fût plus longue que les autres, plus dure et plus noire aussi. La nouvelle était tombée comme une épée de Damoclès.

Marc était mort.

Jeudi 12 Septembre 2019
Californie,Etats-Unis

Les parents d'Olen étaient arrivés dans la matinée. Il n'avait pas ouvert la bouche depuis lors et s'était enfermé dans sa chambre. Il avait fait l'erreur de se remémorer les moments passés avec Marc. Il se rappelait de la fois où son premier poisson rouge était mort. À l'époque, il aimait beaucoup les poissons. Olen qui avait 7 ans avait pleuré toutes les larmes de son corps. Marc qui avait 14 ans était venu le calmer.

Il lui avait raconté comment la vie était jugée en Égypte et lui avait assuré que comme il avait tant aimé son poisson, son cœur devait être aussi léger qu'une plume. Et qu'il atteindrait sans problème l'au-delà. Il avait souri et depuis lors, il avait chéri chaque créature qui l'avait côtoyé de sorte que son amour puisse les porter vers un lieu merveilleux. Il espérait que son amour pour son frère puisse le conduire vers un endroit meilleur. Et si il pouvait être jugé par Anubis, il était sûr qu'il allait passer sans problème, parce qu'à ses yeux, il n'y avait pas meilleur que lui.

Cela le ramenait encore plus loin, quand il avait 5 ans, il se faisait souvent harceler par les élèves de classes supérieures qui étaient racistes. Il avait à cette époque une peau légèrement plus sombre et des yeux plus bridés que maintenant. Son frère était venu le sauver ce jour là et les avait frappés avec toute la force qu'il avait. Il en était ressorti avec un bras cassé mais il avait largement souri et avait ébouriffé ses cheveux en lui disant que tout allait bien et qu'il serait toujours là pour lui. Olen avait pleuré ce jour là tellement il était heureux à la fois que son frère l'ai protégé et qu'il n'ait rien eu de grave.

Mais maintenant, il ne sera plus là.

Il ne le verra pas devenir médecin, sauver des millions de vies, se marier, avoir des enfants, prendre soin de leurs parents qui seraient déjà vieux mais toujours autant dynamiques. Ils ne les enterreront pas, ils ne les pleureront pas ensemble. Il ne pourra pas le soigner dans ses mauvais jours et ils ne pourront plus jamais partager des moments de complicité.

Non, ils ne le pourraient plus.

Ses parents s'occupaient des démarches pour la sortie du corps et son enterrement. Dans deux jours, ils allaient l'enterrer. Ils avaient déjà publié la nouvelle dans le journal et avaient informé ses collaborateurs. Marc, sur son lit de mort, était inexpressif, lui qui était toujours joyeux. Froid, alors qu'il était un véritable rayon de soleil. Cela lui avait fait un choc. Face au traumatisme d'Olen, il fut exempté de cours jusqu'au jour de l'enterrement.

Samedi 14 Septembre 2019
Cimitière de Californie, Etats-Unis

Il faisait sombre ce jour là, le soleil était caché derrière des nuages lourds. Comme si la terre avait compris l'ampleur de sa perte. Un petit groupe vêtu de noir était debout devant le sépulcre de Marc. Olen n'arrivait pas à lever les yeux. Il ne voulait pas voir la dure réalité en face. Pendant que le prêtre faisait son discours, tour à tour ils déposèrent une rose dans son cercueil alors que celui-ci allait s'enfoncer six pieds sous terre et ne plus jamais réapparaître dans sa chair mortelle. Des sanglots et des larmes jaillirent, la plupart venaient de sa mère et de ses tantes. Certains, plus discrets venaient de lui.

Une douce rosée était tombée sur eux avant que le soleil ne pointe enfin son nez. Il avait déjà fait son deuil, il était déjà passé à autre chose. Le père d'Olen était rentré avec ses tantes et sa mère. Il avait tenu à rester seul, pour faire ses adieux.

- Hey, vieux. Tu es finalement parti avant moi hein? Tu disais toujours qu'un sourire pouvait rallonger une vie mais tu n'as pas eu de chance. J'ai beaucoup pleuré tu sais, mais je n'ai pas envie que tu t'inquiètes pour moi dans l'au-delà. Donc, je vais te faire mes adieux mon frère. Je ne te l'ai peut-être jamais dit...mais...tu es le meilleur frère du monde et...je t'aime beaucoup. Tu vas me manquer. Mon frère.

Il laissa planer un silence comme pour laisser ces mots prendre toute leur ampleur dans son être. Il disait adieu à son frère. Mais quelque chose était étrange. Il sentait sur lui un regard pesant. Quelque chose le fixait. Il se tourna donc en direction de ce regard. Il avait aperçu un léger mouvement et une touffe noire.

- Hey!

Il courut vers la ruelle où il avait aperçu ce mouvement. Mais il n'y avait personne. Il mit cela sur le coup d'une de ses hallucinations. Il était fatigué. Il fallait qu'il se repose. Il rentra donc chez lui où il retrouva son père.

- Il ne reste plus que nous, avait dit son père de sa voix grave quand il vint s'asseoir auprès de lui.

- Oui, souffla-t-il. Comment va maman?

- Elle se repose. Ça va aller.

- Oui.

- Et toi ?

- Moi ça va.

Son père esquissa un léger sourire avant d'ébouriffer gentiment les cheveux de son fils.

- N'oublie pas que je t'aime fiston.

- Moi aussi Papa. Même si c'est vraiment malaisant de l'entendre une fois 18 ans passé.

- Tu restes toujours mon fils bien-aimé qu'importe ton âge.

Il lui répondit par un sourire.

- Vous partez ce soir c'est ça ?

- Oui. On a un contrat en cours et même avec le perte de ton frère, ils ne veulent pas me laisser en paix. Le problème c'est qu'il y a de milliers de personnes qui comptent sur nous.

- Ne t'en fais. Ni moi, ni Marc ne te jugerons. Après ce contrat toi aussi fait ton deuil. Tu es plus pâle qu'un mort papa.

- Ahah. Tu as toujours eu de bons yeux toi, lui dit-il dans un ton qui se voulut joueur mais qui se finit par un ton triste et las. Ah! Aussi, on a fait quelque course en ligne enfin c'est plutôt ta tante Jennifer qui a tenu à le faire. Elle ne comprend pas comment un médecin peut aussi mal se nourrir.

- Tss, je ne mange pas si mal que ça.

- Qu'est-ce que tu racontes? Ton placard était pleine de nouilles on dirait ton frère !

À cette énonciation, un silence de mort s'installa. Son frère aimait vraiment ça, les pates. Son père faisait toujours la confusion.

- Oui c'est vrai, il aimait vraiment ça. Mais c'était les pates italiennes ses préférés.

- Ouais.

Son père se leva et se dirigea vers la cuisine. Son père était plutôt grand 1m84. Il était par contre pas très sportif. Néanmoins, il aimait courir ainsi que les chiffres. C'est ce qu'il aimait le plus. C'est pour cela qu'il avait créé une petite boîte dans laquelle il développait des concepts informatiques, logiciels tels que les antivirus ou jeux.

Aujourd'hui, il dirigeait une entreprise à un capital de plus d'un demi-milliard de dollar. Néanmoins il avait été très présent dans la vie de ses enfants. Malgré sa partie américaine, ses yeux étaient encore légèrement bridés et ses cheveux noirs étaient assez longs pour pouvoir les attacher en un petit chignon. Sa mère en était vraiment fan. Une petite barbe poussait de temps en temps mais il la coupait à chaque fois, il disait que ça le vieillissait.

Sa mère faisait 1m75, elle était assez grande quand il y pensait. Elle avait une peau marron et ses cheveux étaient métissés et touffus. Ses enfants prenaient un malin plaisir à jouer avec. Surtout Marc, il aurait aimé avoir des cheveux bouclés comme sa mère ou encore comme son frère. C'était peut-être la raison pour laquelle il aimait les ébouriffer de la sorte. Sa mère avait de puissant yeux verts, plus luisant que les siens. Il devait être si puissant qu'ils battirent la puissance des yeux marrons de son époux, tant que ses deux fils en avaient hérité.

Après avoir mangé ce repas avec son père, Olen était allé s'allonger. Mais cela s'était transformé en sommeil profond, tant qu'il ne se réveilla que le lendemain en après-midi. Il avait réussi à récupérer quelques heures de sommeil mais il allait devoir les perdre encore avec la semaine qu'il allait subir à rattraper ses cours. Il remarqua qu'il avait reçu un colis.

Les affaires de son frère.

Il en avait les larmes aux yeux car ses affaires le représentaient. Il y avait ses carnets dans lesquelles il écrivait ses différentes théories sur le comment du pourquoi la magie égyptienne serait arrivée dans notre monde moderne. Il avait mis des notes ici et là, c'était assez drôle mais à la fois fascinant de voir comment il était à fond dans ce délire. Mais il était passionné. Qui sait, peut-être qu'il avait raison...

Quoiqu'il en était, il devait prendre un peu de recul et alla se préparer pour le lendemain. Il s'assura de mettre au moins 7 alarmes pour qu'il soit bien réveillé. Heureusement pour lui cela marcha.

Le lendemain quand il se réveilla. Il était 6h30. Il effectua sa routine, cette fois dans son rythme normal. Après avoir pris un bain, il avait pris soin de peigner ses cheveux avant d'enfiler sur son sous-vêtement, une chemise noire, un jeans noir et des adidas baskets noirs. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il portait le deuil.

Il avait pris son taxi. Son pied ne lui faisait plus trop mal mais il n'avait pas envie de marcher aujourd'hui. Quand il arriva dans l'enceinte de l'université, son esprit vagabondait dans l'air jusqu'à ce qu'il ressente une certaine pression sur ces épaules. Il se sentait une nouvelle fois épié. Ça le rendait inconfortable. Mais la pression augmentait, comme si la gravité avait augmenté de manière drastique, le forçant à mettre un genou au sol.

Tout le monde avait disparu et le ciel était encore rouge comme cette fois là, avant la mort de Marc. Les corbeaux étaient aussi au rendez-vous, à la différence que leur croassement était devenu des mots . Ils criaient Mout et se mirent à le répéter telle une formule. Dans un grand déchirement semblable à un tonnerre, apparu un homme dont la peau brune luisait malgré l'abscence de soleil, dont le corps couvert par une tunique, le chendjit*, et dont la tête était celle d'un faucon. Elle était surplombé par un cobra enroulé autour d'un cercle doré. Celui-ci avait son regard rivé sur le jeune homme. Le faucon et le cobra se mirent à hurler à l'unisson alors que les corbeaux mêler à des voix multiples continuaient de répéter de manière frénétique :

Mout. Mout. Mout .

Du sang se mit à sortir des yeux du faucon avant de s'écraser sur le sol. Chaque goutte tombée résonnait sur le sol tel un tremblement de terre alors que le cercle doré noircissait peu à peu. Cette vision était un véritable supplice pour lui. Son cœur se sentait à la fois attristé et révolté. Un liquide se mit à couler de ses yeux. Lui aussi, pleurait du sang. Les deux "hommes" se fixèrent, la peau de l'homme à la tête de faucon se mit à se ternir. Devenant noir comme du manganèse avant de se ramollir comme la terre laissant le cobra se mouvoir dans ce tas de terre qui était le cadavre de l' "homme". Les corbeaux s'envolèrent dans le ciel rouge avant de totalement le recouvrir. Ils venaient de cacher le soleil derrière cet amas ténébreux.

Ce fût comme un électrochoc quand il sortit de cet état. Il sentait que quelqu'un était à côté de lui, pire même, quelqu'un le portait. Au dessus de sa tête, une touffe de cheveux noirs s'y tenait. Ils étaient long, crépus et attaché en chignon.

- Tu t'es enfin réveillé à ce que je vois.

Olen pénait à comprendre ce qui se passait. De son 1m64, et de ses 64kg, elle arrivait aisément à le transporter. Elle n'en avait peut-être pas l'air sous sa légère robe rouge à poids blanc assortie à son chouchou et ses bottes noires assorties à sa veste en cuir, mais elle avait quelques muscles.

- Ne parle pas, dit-elle en sentant qu'il voulait dire un mot je t'emmène à l'infirmerie. Tu t'es écroulé comme un caillou que l'on venait de jeter. J'ai cru bon de venir t'aider.

- Merci...

- Nous y sommes.

- Encore merci.

Elle hocha simplement la tête avant de se mordre la lèvre. Elle semblait hésiter à dire quelque chose mais finit par s'en aller sans rien dire. Ce n'était pas encore le moment. Il fallait qu'elle prenne son mal en patience. Olen la regarda partir en se demandant pourquoi elle lui était si familière alors que c'était la première fois qu'il la voyait dans l'université. Mais son corps eut vite raison de lui. Il entra dans l'infirmerie avant de s'être fait ausculter par l'infirmière. Un doliprane pour calmer son mal de tête, une prescription pour ses troubles du sommeil et s'était reparti pour un tour!

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