Chapitre 2

Pour lui c'était définitif, il hallucinait. Il devenait fou même. Car c'était fou d'être en retard au cours de madame Kepers, voir même suicidaire. Et ce qui était sûr c'est qu'à cet instant il était plus fou que suicidaire. Mais cela allait bien vite changer.

Mardi 10 Septembre 2019
Bibliothèque de Widhore University
Californie, Etats-Unis

Cela faisait déjà une vingtaine de minutes qu'Olen harpentait la bibliothèque à la recherche d'un livre assez gros pouvant faire l'exposé à sa place. Lui et son compère s'étaient fait sermonner par le directeur. Mais rien de bien méchant, c'était bien la première fois que madame Kepers les renvoyait de la sorte mais il les laissa passer. Qui plus est à son plus grand désarroi le bouquin qu'il cherchait ne semblait pas se trouver dans les lieux, il avait même recherché via la bibliothèque numérique mais aucune chance de mettre la main dessus.

Il soupira un moment. Qu'est-ce qu'il était fatigué... Sa tête cognait, ses muscles lui faisaient mal à cause de la course qu'il avait faite il y a une demi-heure et pour couronner le tout il continuait d'halluciner. Son ombre n'avait pas bouger d'un pouce et maintenant un chat noir portant un collier égyptien le suivait. Le plus drôle pour lui, c'était que le soleil n'était même pas assez haut pour que son ombre ait la taille qu'elle avait. Un mètre quatre-vingt, c'est la taille qu'elle faisait.

Quant au chat, il n'y prêta pas vraiment attention, pour la simple et unique raison qu'il ne voulait pas se donner une raison supplémentaire de s'interroger sur sa situation. Mais quand il le vit traverser une étagère tel un spectre il comprit que son cas était bien plus sérieux qu'il ne le pensait. Il décida de prendre conger.

- Je vais faire un som à l'infirmerie, dit-il à l'intention de Smith, reviens me réveiller plus tard.

Il lui fit un ok avec ses doigts et Olen s'en alla sac au dos. Il avait tout du moins emprunté un livre sur le cours de demain et sur son exposé par la même occasion.
Cela lui prit une quinzaine de minutes pour arriver à l'infirmerie. L'idée de taper une discussion avec le chat lui aurait bien traversé l'esprit mais le moment opportun lui avait manqué. À chaque fois, quelqu'un passait par là. Sans oublier que depuis son départ, quelque chose d'autre semblait le suivre. Une ombre se déplaçait d'arbres en arbres sur l'allée qui réunissait les deux lieux.

Mettant ça sur le coup du sommeil, il ne s'était pas attardé dessus. Mais plus il avançait, plus cette présence semblait peser sur lui. Elle était semblable à un monstre. Un monstre tel que son ombre seul aurait suffit à effrayer un jeune homme de la carrure d'Olen. C'était la raison pour laquelle il avait pressé ses pas et peut-être même le pourquoi le chat s'était mis à miauler comme si on l'avait plongé dans un bain. En effet, il aurait couru tant ses jambes semblaient s'apprêter à voler d'une minute à l'autre, si il n'y avait pas eu autant de monde qui vagabondait à cette heure. À se demander si ils étaient vraiment là pour s'instruire.

Parmi cette foule, Olen ressemblait à un fou. Ses yeux qui vagavondaient de gauche à droite. Sa démarche qui semblait plus que pressée. Sans parler que dans sa tête, ses neurones tournaient à plein régime et son cœur n'était pas en reste. Il aurait pu mourir si il avait entamé une seconde course pour cette journée.

Il fallait qu'il se calme bien que cette ombre ne cessait de grandir derrière son dos... Quoiqu'il en était, il était sain et sauf maintenant. Essoufflé, hallucinant mais sain et sauf. Inscrivant son nom dans le registre il alla prendre place sur un des lits et se laissa emporter dans un profond sommeil, aussi profond que l'abîme.

Lorsqu'il ouvrit les yeux pour la deuxième fois de la journée se fut comme si il se réveillait en plein tremblement de terre. En fait, ce n'était que Smith qui le secouait avec violence pour pouvoir le sortir de son sommeil.

- Merde Olen, ce n'est pas un sommeil de plomb que tu as mais un sommeil d'enclume!

- Ahah c'est tellement bien de se réveiller avec une de tes blagues Smith, vraiment, dit Olen avec une voix emplie de sarcasme. Malgré tout, merci de m'avoir réveillé.

- Y a pas de quoi! Allez allons-y le cours va bientôt débuter.

- Le dernier cours de la journée hein, soupira Olen en récupérant ses affaires.

Les deux amis sortirent de la salle en discutant joyeusement sur le comment ils vont bien pouvoir faire leurs devoirs. Olen ne remarqua même pas que son ombre avait repris son emplacement naturel et que plus aucun chat ne le suivait. Il arriva d'ailleurs pour la première fois de la journée à l'heure à un cours de cette journée qui avait tout l'air d'être merdique, disons le clairement. Peut-être était-ce finalement que des hallucinations dues à son manque de sommeil...

Le cours se passa sans grand événement majeur. À l'autre bout de la rue, à l'opposée du grand bâtiment qu'est l'entrée de Widhore University, une jeune femme traînait. Elle faisait à peu près 1m63, elle portait un sweat beige avec écrit dessus Invisible, ce qui était marrant parce qu'avec son jean noire et ses boots noirs en cuir, elle n'avait rien d'invisible. Même si on n'apercevait qu'une partie de son visage avec la capuche qui la couvrait et le soleil qui frappait.

- Mademoiselle, avez-vous besoin de renseignement ? demanda le garde qui avait remarqué qu'elle était là depuis un bon moment.

Elle secoua dans un léger mouvement la tête avant de partir. De son côté, une bonne heure plus tard, Olen venait de finir son cours, Smith qui avait des activités de fraternité prit congé de lui. Arpentant donc les couloirs, il se rendit enfin compte qu'il était libéré de son ombre. Un sourire radieux s'affichait sur son visage, comme il le pensait, il allait bien et il était tout à fait normale. Sur cette bonne note, il décida de faire un peu le tour de l'université.

L'université de Widhore était composée de plusieurs facultés dont celle de médecine qui était équipée de la dernière technologie. Les facultés se réunissaient pour la plupart du temps dans la cafétéria, l'infirmerie ou encore la bibliothèque qui se trouvait au centre du campus. Les facultés étaient séparés de plusieurs kilomètres et leurs superficies étaient semblables à celle d'un immeuble américain de 9 étages. L'université de Widhore était remplie d'arbres et plus loin il y avait un lac artificiel et les dortoirs des résidents. Le seul problème c'était qu'il n'y avait pas de véhicule pour les transporter entre facultés au grand désarroi d'Olen qui doit faire des kilomètres chaque matin pour rejoindre sa faculté.

Il aurait bien aimé passer son permis mais il n'avait pas trop le temps d'y penser. Surtout qu'il aurait échoué d'office à cause de son retard. Soupirant, il se surprit à se retrouver devant le bâtiment administratif celui juste en face du portail de l'université. Regardant l'heure sur son portable, il se rendit compte qu'il fallait qu'il rentre si il voulait profiter de quelques heures de sommeil.

L'appartement d'Olen se situait à une vingtaine de minutes à pied de l'appartement plus les dizaines de mètres qu'il fallait faire pour arriver à la faculté il se demandait comment il avait pu arriver à l'école ce matin. Sûrement un coup de chance. Ignorant donc cela, il ouvrit la porte de son appartement et si engouffra.

C'était un loft spacieux avec la cuisine juste à côté de la porte d'entrée à sa droite, en face un petit salon composé d'un long canapé où il passe une bonne partie de ses nuits et une tablette sur laquelle reposait un écran plat HD juste à côté la salle à manger qui lui servait de salle de travail. Elle était composée de six sièges et d'une table en bois. Quatre d'entre eux étaient pour ses parents, son frère aîné et lui-même, les deux autres étaient là en cas de besoin. La pièce était éclairé par deux grandes fenêtres qui donnaient une vue splendide sur la ville. De l'autre côté de la porte en face du salon, à sa gauche donc, se trouvait un couloir qui menait sur deux chambres, chacune composée d'une salle de bain et de W.C. Il faut bien le dire Olen est bourré de fric, enfin sourtout ses parents.

Bon, ce n'était pas l'heure de la contemplation. Retroussant ses manches il sortit le livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque, alluma son ordi qui traînait sur la table de la salle à manger et se mit au travail.

La nuit ne tarda pas à le trouver tant ses yeux devinrent lourds à cause de la fatigue occasionnée par leurs va-et-vient au travers des différents mouvements qu'il effectuait entre les livres et son ordinateur. Se donnant quelques claques, il décida d'aller prendre un petit repas. Il réchauffait quelques nouilles avant d'aller se rasseoir et se remettre au boulot. Mais cela n'eut pas l'effet désiré car sa vue devint flou et déjà ses yeux se fermaient avant de se réouvrir brutalement. Qu'est-ce qu'il faisait?! Il fallait qu'il bouge.

Se levant d'un bon, il se retrouva face à une momie. Il lui fallut un moment pour que l'idée face le tour dans sa tête. L'air devint rapidement pesante et irrespirable à cause de l'odeur de la mort, Olen penait à respirer, traversant les murs, des cadavres recouverts de bandages avec des membres manquants apparaissaient de toute part.

Certains mêmes n'avaient plus de tête tandis que d'autres se vidaient encore de leurs entrailles c'était un spectacle horrible.

- Ce n'est qu'un rêve ce n'est qu'un rêve, se répétait-t-il et comme pour confirmer ses dires il les ferma et les ouvrit.

Sauf qu'il n'était plus chez lui. Assis sur un trône recouvert d'or et suspendus au dessus des ossements, Olen avait chaud, effroyablement. Sans parler de ces voix qui ne cessaient de répéter des mots dont il ne comprenait pas le sens, c'était comme des murmures de condamnation, où plutôt comme un jugement. Un coup de marteau mit fin au silence.

Cependant il n'y avait personne autour de lui, si ce n'était les ténèbres qui se mouvaient telle une âme vivante. Pourtant une lumière blanche apparu devant ses yeux, tombante avec douceur et de manière désordonnée, il se rendit bien vite compte que ce n'était qu'une plume, mais à peine l'eut-il tenu dans sa main qu'une main squelettique attrapa sa cheville et le tira dans la montagne de cadavres. Hurlant à plein poumons, Olen redoubla d'efforts pour se sortir de ce pétrin quand il se rendit compte que la main qui le tirait, l'amenait tout droit dans des flammes.

- Noooon, noooon, noooooooon! hurlait-il en fermant les yeux alors que son heure arrivait.

Transpirant et allaitant, Olen était recroquevillé sur lui-même devant sa porte, pourtant il ne se rappelait pas s'être déplacé. Il tenta de se lever mais sa cheville lui faisait tant mal qu'une larme perla sa joue. Cela avait été si violent qu'il en ressentait encore les effets. Ses yeux erraient de gauche à droite, le son des battements de son cœur résonnait dans son crâne, il avait peur, il était terrifié. Terrifié de fermer les yeux, terrifier de rester seul et de laisser les ténèbres l'avaler.

- C'est bon Olen je suis là, disait une voix au téléphone.

- Ok, je viens t'ouvrir.

Trottant jusqu'à l'entrée, Olen ouvrit difficilement la porte laissant place à son frère Marc. Marc était légèrement plus grand que lui, 1m83 et avait un corps plutôt imposant, merci à ses années à pratiquer le football américain et à ses heures de sports intensives en comparaison Olen avait la carrure d'un jeune homme de 19 ans normal et en bonne santé.

Marc, son frère, avait toujours un sourire joviale sur le visage, comparé à lui. Sa peau était presque laiteuse et seul leurs yeux verts témoignaient de leur lien de fraternité. Il avait des cheveux lisses qu'il aimait garder coupé et en dessous de son éternelle longue veste beige, il s'habillait de jeans, chemise et boots. Des lunettes pouvaient des fois recouvrir son visage.

- Qu'est-ce qu'il y a de si important pour que tu puisses me déranger en pleine recherche?

- Je me suis foulé la cheville et tu étais le plus proche.

- Mouais c'est ça.

- Hum hum, les garçons, ce n'est pas que je n'aime pas votre conversation mais j'ai vraiment envie d'enlever ces talons.

- Oh excuse moi.

Marc se décala pour laisser place à une jeune dame d'environ 1m72 sans talon si on prenait en compte qu'elle atteignait l'épaule de Marc. Elle portait une chemise rouge et une jupe centrée noire et un collants noirs transparents en dessous. Ses yeux noirs brillaient d'une lumière assez déconcertantes, tandis que ses longs cheveux eux aussi noirs étaient attachés en un chignon sophistiqué le tout contrastait avec sa peau totalement laiteuse. Un nez fin et des chaussettes apparaissant quand elle faisait le moindre geste semblable à un sourire la rendaient magnifique. Une telle beauté, se tenait devant l'appartement d'Olen sur ses d'escarpins rouges près de son frère archéologue.

Elle ne se fit pas prier et entra dans l'appartement suivi de Marc. Sa démarche était élégante et Olen se surprit à l'admirer. Il n'avait bien qu'elle pour faire cet effet là.
Mais avant toute chose est-ce que c'est le même Olen qui était terrifié il y a quelques minutes qui admire maintenant cette femme comme si rien ne s'était passé?!

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