Chapitre 4

Princeton university 

Pdv: Damon

Il m'a encore fait patienter une bonne vingtaine de minutes. Pourtant, je m'efforce toujours d'arriver avec trente minutes de retard.
Assis derrière le volant, je jette ma cigarette avant de démarrer. Le sourire scotché de Chris s'efface dès que nous quittons l'allée universitaire ; je suis certainement la seule personne avec qui il se permet d'être lui-même.

— Elle t'a pris en photo, dit-il en fouillant dans son sac à la recherche de sa cigarette.

— Je sais, réponds-je simplement, et nous roulons en silence pendant de longues minutes, tandis qu'il tire sur sa nicotine après m'avoir pris le briquet pour l'allumer.

— Qu'est-ce que tu comptes faire du coup?

Je lui lance un regard agacé avant de reporter mon attention sur la route

— Pour l'instant, rien. Je vais devoir me renseigner un peu.

— Tu penses qu'elle est dangereuse ? Elle semblait plutôt innocente la gamine.

— Je te le dirai une fois mon enquête terminée.

— J'ai un moyen encore plus simple de découvrir qui elle est. Je ressens au son de sa voix qu'il est assez fier de lui

— Je t'écoute.

— La fille qui était près d'elle, je la reconnais, c'est une première année, je crois.

— Et alors ?

— Je pourrais l'inviter à ma fête de samedi et lui demander de venir accompagnée.

— Ce n'est pas une bonne idée. Imagine qu'elles sachent qui nous sommes vraiment.

— Alors ce sera encore plus intéressant, dit-il, une lueur de malice dans le regard.

— Nous avons une mission du vieux, dis-je pour nous changer les idées.

— Tu sais que s'il t'entend l'appeler comme ça, il va piquer une crise, dit-il. Je m'en moque. De toute façon, je suis habitué à ses colères, et Chris l'est encore plus que moi. Disons qu'il ne respecte jamais les règles, le futur chef de la famille Barrister et j'en paie le prix.

Les secondes, puis les minutes, s'égrènent alors que nous avançons à des kilomètres de notre prochaine cible. Mon coude posé sur la fenêtre ouverte, soutenant ma tête, je me remémore encore comment j'en suis arrivé là.

Mon histoire n'a rien d'intéressant ou de glorieux, tout ce que j'ai fais depuis toujours, c'est de survivre. Pour commencer, je suis né d'une mère qui me détestait, pas seulement moi, mais tout les enfants en général, elle les avaient en horreur. Alors pourquoi m'avait-elle gardé ? Juste pour retenir mon foutu père, qui a tout de même réussi à s'en aller avec une autre.

Peut-être était-ce parce que je lui ressemblais mais très jeune, j'ai commencé à subir toutes sortes de maltraitances physiques, elle me répétais sans cesse que je n'aurais jamais dû voir le jour, que je la dégoûtais et que la seule chose qui pourrait la rendre heureuse était que je meurs. À l'âge de huit ans, j’ai du commencer à remplir mon devoir homme car selon elle, si je refusais de mourir, je devais au moins servir à quelque chose. Cela a duré deux ans,  deux ans où je n'ai pas reussi à la repousser, à l'interdire de me toucher, puis un jour, j'ai juste décidé de fuir. Je vivais dans la rue lorsque j'ai rencontré Adam Barrister. Il portait un petit garçon dans ses bras, c'était Chris, et j'étais en train de frapper un garçon plus âgé que moi qui avait osé me voler de la nourriture.

— Il te plaît ? avait-il demandé à son fils, avant que, dans la seconde suivante, je ne me retrouve soulevé par deux hommes et mis dans le coffre d'une voiture luxueuse. Plus tard, j'ai découvert que la raison pour laquelle il avait décidé de m'adopter était pour garantir avant tout la sécurité de Chris. Il avait besoin de former quelqu'un, de créer une machine capable d'encaisser tous les coups, d'être le meilleur parmi les meilleurs.
Alors rassurez-vous, je ne suis pas le héros de cette histoire.

□□□□

— Alors, on procède comment cette fois ? me demande Chris, une fois arrivés devant une maison abandonnée où se trouve notre cible. Je sors un gros sac de la banquette et lui montre notre déguisement. Il me regarde avec incompréhension, alors je lui désigne les caméras de surveillance de la maison.

— Oh, le fils de pute !

— Tu ne pensais quand même pas que ça allait être aussi facile ?

— C'est quoi son job ? me demande-t-il.

— C'est un informateur, le client le veut en vie.

— Mais...

— En vie, Chris.

— Ce genre d'histoire ne nous concerne pas, dit-il, agacé, tandis que nous nous préparons ( gang, armes et cagoule)

— Je sais, mais si le vieux a accepté une telle demande, il doit avoir ses raisons.

— Bon, on n'a pas le choix, c'est au premier qui le chope, dit-il en ouvrant la portière, et je le suis. Une fois devant la caméra, il enlève son masque et fait un signe de mort avec un large sourire. Je me demande bien pourquoi je lui ai fait porter tout ça.

Il ne faut pas plus d'une seconde pour que nous nous mettions à courir. Je prends la porte de derrière et Chris entre directement par la porte principale, lui donnant un énorme coup de pied.

Une fois de l'autre côté, mon cerveau analyse la situation et essaie de trouver le meilleur moyen pour lui de s'échapper avec un Chris à ses trousses.

La maison comporte un étage, mais cela doit être beaucoup trop évident pour quelqu'un qui cherche à se cacher dans une vieille maison abandonnée.

Le sous-sol, qui dit sous-sol, dit forcément une trappe. Même si elle n'existait pas, il a dû en créer une pour mieux s'échapper. Mon colt python à la main, je commence à m'éloigner de la maison en vérifiant où l'herbe semble avoir été déplacée.

Bingo.

— Tu comptes aller quelque part ? dis-je en voyant la trappe s'ouvrir sur un adolescent avec un sac au dos

— Monte, dis-je, agacé, avant de sortir mon téléphone et d'appeler Chris.

— C'est bon, je l'ai eu, dis-je, et je l'entends râler.

— Ce putain de... il a mis des pièges partout, dit-il.

— Qu'est-ce que t'as fait à cette maison ? Demande-je au gamin 

— Je l'ai juste un peu modifiée pour ma sécurité, dit-il, et je le tire par le col pour l'amener vers la voiture. Ce n'est pas de ma faute si ton pote est...

— Si je suis un... dit Chris en sortant de la maison sans aucune égratignure.

— Ne te fie pas aux apparences, dis-je au petit avant de lui donner une tape sur la nuque, et il s'écroule.

— J'ouvre le coffre, me dit Chris, et je dépose le gamin avant de fermer.

— Qu'est-ce qui t'a pris autant de temps ? Lui demande je

— Il était plutôt bien équipé, le gosse. Il fallait que je ne laisse aucune trace. J'ai créé un virus qui est en train de tout dévorer à l'heure où je te parle, et je n'ai eu qu'à supprimer ses archives et rendre ses appareils inutilisables.
Je me contente de hocher la tête, et nous nous engouffrons dans la voiture et prenons la direction du manoir à la sortie de la ville.

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