Chapitre 2
Dix ans plus tard
Pdv: Lexi
Les yeux encore embrumés de sommeil malgré ma douche, je bâille une nouvelle fois avant de prendre mon sac que je lance négligemment sur mon dos. Je suis épuisée ; je n’ai pas réussi à trouver le sommeil comme d'habitude, mais cette fois, c'est différent. Aujourd'hui, pour la première fois depuis longtemps, je me rends dans une école, non à l'université.
Une fois sortie de ma chambre, je descends les escaliers en bois recouverts d'un tapis fleuri lorsque j'entends une conversation devant la porte d'entrée. C'est mon frère qui discute avec une de ses amies, Édith, une petite et belle femme au cheveux châtain noir et aux yeux bleus clairs qui vous rassure peu importe la situation. Elle est également ma psychologue.
Sa présence ici, à cette heure, ne veut dire qu'une chose…
— Arrête de la couver, Riley, elle est déjà grande maintenant, c'est une majeure je te signale. Je l'entend dire
— Je te comprends, mais je ne suis pas encore prêt. Lexi est encore trop fragile. Sa main se balade sur ses cheveux courts blonds et les tirent légèrement, ce qui prouve qu'il est réellement stressé
— C'est toi qui le penses. Essaie de lui faire confiance ; elle ne peut pas passer le reste de sa vie enfermée dans cette maison voyons, dit-elle d'une voix douce.
— Mais…
— Je sais que tu as peur, et c'est normal. C'est ta petite sœur et tu as toujours veillé sur elle, mais fais-moi confiance, il est temps de lui laisser découvrir le monde extérieur. De plus, elle ne sera pas seule ; j'ai demandé à Lindsay de veiller sur elle, ajoute-t-elle, et un silence s'installe.
— Penses-tu qu'elle pourra un jour… commence-t-il, mais une voix résonne derrière moi, j'étais sûr qu'elle était déjà là.
— Ah, Lexi, tu es là ! Es-tu prête à vivre ta première et meilleure expérience sociale ? dit-elle avec un large sourire en me voyant.
Une pomme à la main, qu'elle croque avec envie, elle me regarde avant de se tourner vers le couple qui se trouve non loin de nous.
— Lexi, tu es là depuis longtemps ? me demande mon frère, et je fais non de la tête.
— Vous êtes magnifiques, les filles, nous informe Édith, et je n'affiche aucune expression en regardant Lindsay, qui est vraiment ravissante dans sa belle robe bleue qui l’arrive au niveau du genoux. Pour ma part, je porte un jean et un pull à capuche gris large, de quoi passer inaperçue.
— Lexi, ça va ? Es-tu sûre que ça ira ? S'il y a le moindre souci, appelle-moi immédiatement, et je viendrai te chercher. J'ai activé le GPS de ton téléphone au cas où. Tu connais la règle : après trois sonneries, si tu ne m'écris pas, je débarque. Et aussi, prends ça, dit-il en sortant une carte bancaire de son portefeuille et me la tend. Ne la donne à personne, j'ai ouvert ce compte pour toi. Chaque semaine, tu recevras un virement pour tes besoins, et n'hésite pas à me dire si ce n'est pas suffisant, et aussi…
— C'est bon, Riley, arrête, je crois qu'elle a compris, le coupe Édith.
Je sais qu'il fait tout ça parce qu'il a peur et que c'est la raison pour laquelle j'ai été scolarisé à domicile toute ma vie. Mais je pense que je suis prête à sortir de ce trou, je veux reprendre ma vie même si j'ai encore beaucoup de chemin à faire.
— Lindsay, je t'en prie, fais bien attention à ma sœur.
— Ne t'inquiète pas Riley, Lexi est ma meilleure amie, elle est comme ma sœur. Je ferai attention, dit-elle en enroulant son bras autour du mien.
— Je compte sur toi, et je vous préviens pour les garçons, sinon…
— Je crois qu'on est en retard, là, tu ne penses pas ? dit-elle en me regardant un large sourire au lèvre avant de me tirer vers la sortie en courant.
— Hé ! crie mon frère. Je vous préviens, je mets en prison le premier qui ose… mais je n'attends pas la fin, car Lindsay bloque mes oreilles de ses mains.
— Tu es beaucoup trop pure pour entendre ce genre de choses, fais-moi confiance, dit-elle en appuyant sur le bouton d'ouverture de sa voiture, et nous nous engouffrons à l'intérieur.
Une fois sur la route de l'université, elle ne peut s'empêcher de crier et de taper fort sur le volant.
— Aaaah, je suis trop contente ! Si tu savais depuis le temps que j'attends ça, commence-t-elle. Je suis sûre, Lexi, tu vas trop kiffer la fac. On va enfin pouvoir faire tout ce qu'on veut, juste toutes les deux, parce que je te le dis, ton frère, à beau être super canon, c'est un vrai casse-pieds, dit-elle, et je ne peux m'empêcher de lui sourire.
C'est vrai, mon frère est excessivement protecteur à mon égard. Après avoir obtenu ma garde, il m'a retiré de la protection policière dont je bénéficiais. Nous avons quitté New York, car il ne se sentait plus en sécurité là-bas. Depuis quelques années, nous vivons maintenant dans un petit quartier paisible du New Jersey, où j'ai étudié et obtenu mon diplôme à domicile.
Après presque une heure de route, nous arrivons enfin devant le campus de Princeton. Je dois admettre que mon frère a dû user de ses relations pour que je sois acceptée un mois après la rentrée.
Je ne remercierai jamais assez Édith de l'avoir convaincu de me laisser sortir et fréquenter à l’université. Je vérifie que mon sac contient bien tout ce dont j'ai besoin et mon appareil photo avant de suivre Lindsay à travers les couloirs de cette vaste bâtisse une fois sortie de la voiture. C'est la première fois que je me trouve dans un bâtiment aussi imposant, et j'ai hâte de prendre de nombreuses photos. J'ai choisi d'étudier la photographie, et j'en suis fière.
— Tu as bien retenu ton emploi du temps, j'espère ? me lance Lindsay, et je hoche la tête en réponse.
— Voici ta salle. Je viendrai te chercher dans exactement deux heures pour te faire visiter l'université. Là, nous n'avons pas le temps. Essaie de survivre à ton premier cours, mais je suis sûre que ça ira, dit-elle en posant ses deux mains sur mes épaules. Mon cours est à un étage plus bas. Bon, je te laisse, fais attention à toi, et s'il y a le moindre souci, fais-moi signe, ajoute-t-elle en s'éloignant.
Je pénètre dans ma classe, qui n'est pas très grande, et les personnes présentes se tournent vers moi. Je me fige subitement sur place, incapable de faire un pas de plus. Je me sens mal à l'aise et l'envie de fuir se fait ressentir. J'ai peur. Je ne suis pas habituée à attirer autant l'attention, j’aime pas être regarder. Une jeune fille au style punk s'approche de moi, ce qui me pousse à reculer d'un pas.
— Tu dois être la nouvelle, je suis Elsa, et toi ? dit-elle. J'essaie d'éviter son regard en serrant mes bras contre moi.
— OK je vois ! Bref, viens, je t'ai trouvé une place. C'est monsieur Duran qui m'a prévenu de ton arrivée, continue-t-elle en me montrant une place libre au milieu de la salle. Si tu as besoin de cours ou d'informations, tu peux venir me voir, ajoute-t-elle avant de s'éloigner sans préavis. Je l'observe attentivement. Elle est grande, ses cheveux noirs sont agrémentés de quelques mèches roses, et ses vêtements sont assez colorés. Elle attire vraiment trop l'attention mais elle a l'air aussi gentille.
Le professeur ne tarde pas à faire son apparition, et le cours commence. À la fin de la séance, je suis convoquée à son bureau, où il m'explique tout ce que j'ai raté. Il me remet un document que je dois photocopier et ramener, puis il me donne l'énoncé du devoir à rendre dans un mois. Je me contente de hocher la tête, et il me libère enfin.
Je sors de la salle et tombe sur Lindsay qui m'attend déjà.
— J'ai eu peur qu'il ne te libère jamais. Dit-elle de manière exagérée. Allez, viens, je te fais visiter. Ton prochain cours est dans seulement deux heures, et le mieux dans trois heures. Il faut qu'on trouve un endroit où nous pourrions nous retrouver entre les cours, continue t-elle en marchant, et je l'écoute attentivement
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