Dix Ans plus tôt, quelque part dans le New Jersey 

Pdv: Damon

Damon, 13 ans

— Hé, gamin, bouge de là, le boss te demande, me lance Lucas en s'approchant de moi, un mouchoir serré dans sa main. Il se couvre la bouche tout en observant la scène qui se déroule devant lui et ne peut s'empêcher de soupirer bruyamment. Je retire le couteau du ventre de ma victime et lui jette un regard empreint d'indifférence, un regard vide de toute émotion.

— Putain, tu as encore mis du sang partout ! On t'avait pourtant dit de faire ça proprement, râle-t-il, les yeux emplis de dégoût en scrutant l'intérieur du corps que je viens de disséquer. Je me redresse et essuie mes mains ensanglantées sur mon pantalon jeans avant de tracer ma route vers la sortie, sans prêter attention à ce qui m'entoure. C'était ma mission : découvrir la cause de la mort de ce cadavre.

— Il a encore mis du sang partout, ce foutu gamin. Heureusement, c'est le patron qui s'occupe de lui, j'entends Lucas râler derrière moi. 

— Hé, vous là, nettoyez-moi tout ce foutoir sur-le-champ ! ordonne-t-il à quelques hommes présents sur place.

Je ne reçois d'ordre que d'une seule personne dans ce monde, et mon regard ne tarde pas à se poser rapidement sur lui une fois hors de l'entrepôt. L’ombrage des feuillages près de lui danse sur son visage ciselé, les yeux fermés vers le ciel, son chignon plaqué bas et ses cheveux noir dévoile son teint parfaitement bronzé. Il est vêtu comme à son habitude d'un costume noir et des chaussures de la même couleur, la cigarette coincée entre ses lèvres lui confère un air presque irréel. 
Le patron dégage un certain charisme que peu d'hommes peuvent revendiquer. Il laisse échapper de fines bouffées de fumée de sa bouche tandis que mes yeux restent fascinés par lui.

Adam Barrister est sans aucun doute considéré comme l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur assassin. Avec une démarche assurée mais légère comme une plume, je m'approche de lui, un couteau dissimulé derrière mon dos, prêt à l'attaquer lorsque sa voix résonne.

— Tu empestes le sang, commence-t-il avant de jeter son mégot et de le piétiner. Ses yeux bleus se plongent dans les miens, et j’ai soudain froid, mais mon regard impassible ne fléchira pas. Je n'ai pas peur de lui. J'attends la suite des instructions.

— Ce sera ta première mission solo. Tâche de ne pas me décevoir, nous avons reçu un contrat, dit-il en enfonçant ses mains dans ses poches. Tu pars demain, Lucas sera ton examinateur. Va te préparer et rejoins-moi dans mon bureau plus tard. Ses yeux me détaillent intensément quelques minutes avant qu'il ne continue. 

— As-tu découvert de quoi est-il mort ? me demande-t-il, et je comprends que l'heure du test est venue. Je hoche la tête avant de commencer.

— Bien qu'il ait subi plusieurs liaisons et fractures dans la colonne vertébrale, les côtes et les tibia perforés, cela n'a pas pu causer sa mort. Même le démembrement de son bras gauche n'a pas été fatal.

— Selon toi, qu'est-ce qui a causé sa mort ? dit-il, attentif.

— Vous avez été très méticuleux, et n'importe qui aurait cru à un règlement de comptes, mais je me suis rendu compte que tout ce que je viens de citer a été fait après que la victime a été tuée.

— Es-tu sûr de toi ? demande-t-il durement, et je hoche la tête.

— Pas d'arme à feu, pas de poison, juste une simple ingestion. La cible devait avoir une forte allergie, car après l'avoir ouverte, j'ai découvert que ses poumons avaient gonflé et qu'il avait fait une crise cardiaque.

— Très bien, tu comprends maintenant Damon, dit-il sérieusement. Quand tu connais le point faible de ta cible, il est facile de l'éliminer. Il n'est pas toujours nécessaire d'utiliser une arme, il faut aussi savoir comment ne pas laisser de traces, maintenant file te nettoyer et demande à Chris de me rejoindre dans mon bureau. Termine-t-il avant de s'éloigner de moi.

♧♧♧

Quelques jours plus tard New-York 

L'excitation, la tension, les battements de mon cœur s'accélère quand je franchi la barrière sécurisée de cette vaste villa remplie de garde armée. Ma cible est un homme puissant, un procureur. Je suis conscient que si je me fais prendre, ce sera fini pour moi.

Agile comme un félin, j'arrive à m'introduire dans sa chambre sans effort. Mes oreillettes suspendu à mes oreilles, j'écoute attentivement les instructions de Lucas.

— Notre client veut une mort qui fera parler la presse ne l'oublie pas. J'ai déjà vérifié, tout le monde dort dans la maison alors fait ça proprement et dégageons d'ici. Dit-il dans mes oreilles. Lucas est l'un des hommes de main d'Adam et son rêve est de devenir l'un de ses bras droit alors il est prêt à faire n'importe quoi tant qu'il est bien vu. Je te propose que tu l'égorges pendant qu'il dort, et n'oublie pas de laisser les papiers que je t'ai remis sur le lit, ça fait partie du contrat, dit-il.

Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. D'après ce que j'ai compris, cet homme politique s'est frotté à la mauvaise personne, comme d'habitude, et cette personne a décidé de tout exposer au grand jour et ça ne me regarde pas.
Je suis dans sa chambre et je le regarde dormir. Je remarque la photo de famille de lui, sa femme et ses deux enfants au chevets du lit, ils semblent si heureux.

— Hé gamin fait vite. J'entends une nouvelle fois. Je n'ai pas beaucoup de temps, je dois agir vite. 

Je sors mon couteau et monte sur lui. Avant qu'il ait le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, je lui tranche la gorge d'un coup sec et le sang commence à se répandre doucement mais il sert son cou de sa main et d'essayer de m’attraper. Je me recule et descends rapidement du lit, gardant une distance prudente.
Sa main toujours sur sa gorge, il essaie de parler lorsque sa porte s'ouvre.

— Papa, je n'arrive pas à… résonne la voix d'une petite chose. Son volume semble s'être volatilisé quand elle pose ses yeux sur son père, qui vient de tomber raide mort, noyé par son sang

— Hé, Damon, c'était quoi ça ? me demande Lucas, à l'oreillette subitement paniqué. Je regarde la petite fille qui me fixe avant de revenir sur son père laissant tomber son nounours. Heureusement, mon visage est camouflé par un masque, et je lui fais signe de ne pas ouvrir la bouche en mettant un doigt sur mes lèvres.
Si Lucas découvre sa présence, je serai obligé de l'éliminer. C'est la règle : ce sera elle ou moi.

— Rien, juste un téléphone qui sonne. Dis je doucement. Mission accomplie. J'ajoute avant de me diriger vers la fenêtre. Je jette un dernier regard derrière moi et elle semble ne pas bouger, puis je disparais.