6.
Thème : J'ai besoin de toi
Participant : Amie_de_la_lune
🕷️🕸️🕷️
Ce fut une très longue journée pour Dermot Shea, le chef de la police de New-York. Les affaires s'étaient succédées à un rythme alarmant, il avait dû lire et apposer sa signature aux bas de papiers tous plus ennuyeux les uns que les autres, et pour couronner le tout, il avait une conférence de presse organisée pour la fin d'après-midi. C'est-à-dire, pour maintenant. Et il était en train de calmer les journalistes qui s'enflammaient déjà rien qu'en ayant entendu le sujet de cette conférence.
— Je vous en prie, calmez-vous, je n'ai encore rien dit...
Le brouhaha faiblit avant de s'éteindre totalement. Dermot Shea put ainsi reprendre là où il en était.
— Bien. Comme je vous le disais, depuis plusieurs mois déjà, nous pouvons voir régulièrement un individu portant un costume rouge et bleu se promener sur les toits de notre ville. Ses activités ne sont pas autorisées par la police de New-York et malgré l'avertissement que des agents lui ont lancé il y a quelques jours, il récidive.
Dermot Shea s'arrêta un instant, et observa chaque visage de chaque journaliste qui se tenait là, devant lui. Tous avaient la même expression, tous arboraient cet air avide. Et, Dermot le savait, après qu'il aurait dit ce qu'il avait à dire, ce serait à celui qui ferait paraître l'article en premier, malgré le fait que cette conférence soit retransmise en direct sur les chaînes d'informations en continu. Il prit une grande inspiration avant de poursuivre.
— C'est pourquoi je lance officiellement un mandat d'arrêt contre le super-héros se donnant le nom de « Spider-Man ».
Aussitôt, les flashs l'aveuglèrent, et les journalistes se levèrent pour le bombarder de questions.
******
Peter laissa tomber son crayon sur son cahier. Il était rentré de sa patrouille un peu plus tôt que d'ordinaire, ayant un long devoir d'anglais à rendre. Il s'était installé dans sa chambre, et son téléphone avait vibré, un message de Ned. Apparemment, on parlait de lui à la télé, sur une des chaînes d'informations. Surpris, il s'était rendu sur l'application de la chaîne et avait lancé le direct. Et, en effet, ça parlait de lui. À l'entente de la dernière phrase, il avait lâché son crayon.
Un... mandat... d'arrêt... contre lui ? Son cerveau ne parvenait pas à assimiler l'information. Son portable commença à sonner. Une fois. Deux fois. Peter réagit enfin et l'attrapa. Il décrocha d'un geste machinal sans regarder qui l'appelait.
— Peter, ça va ? demanda la voix de Ned, à l'autre bout du fil.
— Euh, ouais on peut dire ça.
Son cerveau était toujours dans un épais brouillard.
— Mec, faut absolument que t'arrêtes d'être Spider-Man.
À cette phrase, quelque chose se débloqua dans son esprit. Il cligna des yeux avant de répondre à son meilleur ami.
— Quoi ? Mais non, non, hors de question !
— Peter, là on parle de la POLICE DE NEW-YORK. C'est pas rien, tu dois faire profil bas, au moins pendant un moment.
— C'est juste une mesure de dissuasion qu'ils prennent. Tu m'expliques comment ils comptent m'arrêter alors qu'ils ne savent pas qui je suis, et que, en tout, quatre personnes sont au courant de mon identité secrète dans toute la ville ? Y compris Tony Stark ! Je les vois mal essayer d'interroger Tony Stark, pas toi ?
Il y eut un silence, durant lequel Ned semblait réfléchir. Puis, sa voix retentit de nouveau à ses oreilles.
— Sois prudent alors.
— T'inquiète pas pour ça. On se voit demain à l'école ?
— Ouais. À demain.
Peter lui répondit la même chose avant de raccrocher, et de poser son front sur son cahier d'anglais. Il avait décidé d'ignorer ce deuxième avertissement. Il savait qu'il y aurait des conséquences, et il se sentait prêt à les affronter.
******
À Midtown, la nouvelle avait fait le tour de l'école en un temps record. Tous les élèves étaient désormais au courant que leur héros, celui qui avait sauvé leur équipe de Décathlon Académique à Washington, était désormais sous la menace d'un mandat d'arrêt de la police de New-York. Ce qui faisait augmenter la pression que ressentait Peter. Il n'était toujours pas décidé à flancher, mais était quand même extrêmement nerveux quant à sa patrouille de ce soir.
À la fin des cours, il dit au revoir à Ned, qui lui lança un regard rempli d'angoisses avant de filer vers son bus, n'osant rien dire devant des élèves de l'école. Peter, le cœur battant à cent à l'heure, délaissa ses vêtements pour son costume, et se hissa dans les hauteurs de la ville.
******
— Monsieur Shea ! MONSIEUR SHEA ! L'araignée est de sortie, Monsieur Shea !
Dermot se tourna vivement vers l'agent qui l'avait interpellé. En voyant son air, le policier répéta ce qu'il avait dit, et le chef de la police de New-York se précipita vers lui, l'excitation lisible sur son visage. L'agent lui montra une vidéo sortie des caméras de vidéosurveillance d'un magasin de chaussures dans laquelle on voyait brièvement le super-héros se balancer sur une de ses toiles.
— Ça a été filmé quand ? demanda Dermot.
— À l'instant, Monsieur.
— Parfait, parfait.
Il se redressa et éleva la voix pour s'adresser à tous les agents présents.
— Bon, je veux pas qu'on fonce dans le tas sans préparation. Généralement, ses patrouilles durent jusqu'à la nuit tombée, donc on a le temps. Je veux qu'on fasse le point sur tout ce qu'on sait de lui, que ça vous paraisse important ou non je m'en fous, je veux le savoir ! Et lancez un appel à toutes les unités, je ne veux pas qu'il ait la moindre chance de s'échapper ! Compris ?
Aussitôt, ce fut l'effervescence. Les appels furent lancés, les agents commencèrent à courir dans tous les sens pour aller le plus vite possible, et en un temps record, le rapport était sur le bureau de Dermot. Voici ce que la police de New-York savait et avait déduit de Spider-Man : sa première apparition de la journée était généralement aux alentours de seize heures, dans un périmètre qu'ils établirent autour de la 21ème rue. Il mesurait entre un mètre soixante-dix et un mètre soixante-quinze. Sa voix trahissait une jeunesse évidente, on ne lui donnait pas plus de vingt-cinq ans. Il avait été vu à Berlin, à travers la vidéosurveillance, lors de la bataille des Avengers, se battant aux côtés de Tony Stark. Il était donc probable que ce dernier ait connaissance de son identité (même si Dermot n'osait pas convoquer Iron Man pour un interrogatoire).
Et ça s'arrêtait là. Hormis le fait qu'il était incroyablement agile et rapide, qu'il paraissait coller aux murs et qu'il lançait des toiles quasiment indestructibles, c'était tout ce que la police de New-York savait sur Spider-Man. Et c'était cruellement insuffisant. Dermot releva la tête du rapport, et alla donner ses ordres. Il avait un plan.
Un peu plus d'une heure après que Dermot Shea eut vu la vidéo du magasin de chaussures, les hélicoptères décollèrent, et la quasi-totalité des voitures furent réquisitionnées, et partirent en trombe en direction de la position de l'homme araignée, qu'ils avaient en leur connaissance grâce à la vidéosurveillance d'une banque dans laquelle un braquage était en train d'être empêché par Spider-Man. Dermot ordonna aux hélicoptères de rester en retrait, leur bruit pouvant alerter le super-héros. Il dit aux conducteurs de couper leurs gyrophares. Il fallait absolument qu'il ne se doute de rien.
******
Peter tissa une dernière toile, et accrocha le braqueur au plafond. Puis, il s'apprêta à quitter les lieux avant l'arrivée de la police. Il se figea en plein mouvement. Son ouïe hyper-développée les entendait. Les moteurs de un, non, deux, trois... sept ? hélicoptères. Peter sourit nerveusement. Alors comme ça, c'était pour maintenant l'affrontement avec la police... Il jeta un œil à la caméra de vidéosurveillance qui l'avait sans doute trahi, et bondit au plafond, sous le regard incrédule du braqueur bâillonné. Peter observa la rue, et vit une multitude de voitures de police débarquer, gyrophares éteints. Oh, je vois, se dit-il, ils font tout pour pas que je les remarque... Dommage pour eux, ils auraient pas dû faire décoller leurs hélicos.
Peter songea un instant à prévenir Tony de sa situation. À peine cette idée lui effleura l'esprit qu'il la repoussa. Non, Tony avait coupé les ponts avec lui, sans la moindre explication. C'était à peine s'il lui avait laissé le costume. Il ne répondait plus à ses appels, et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait perdre cette habitude. Peter chassa les larmes qui menaçaient d'un clignement des yeux, juste à temps pour voir des agents établir un périmètre de sécurité autour de la banque, sous les yeux ébahis des passants. C'est maintenant qu'il faut agir, Peter. Souplement, il retira la bouche d'évacuation et la retint avec son pied. Il se glissa dans le conduit et replaça la grille, ni vu ni connu. Avant de se rappeler que le braqueur l'avait vu faire, et que la police s'apprêtait à entrer. Haussant les épaules, il commença à progresser doucement et silencieusement dans le conduit. Il avait à peine parcouru deux mètres que la voix d'un policier lui parvint.
— Sortez, les mains en l'air ! La banque est encerclée, vous n'avez aucune chance de vous échapper !
Oh, la banque est encerclée ? Bon à savoir. Par où allait-il sortir ? La réponse se forma immédiatement dans son esprit : par le toit, il était meilleur dans les airs qu'au sol. Il était sans doute bourré de policiers, mais avec un peu de chance, ils étaient tournés vers l'extérieur, s'attendant à le voir sortir par la porte. S'il arrivait par les conduits d'évacuation, qui étaient généralement situés au centre du toit d'un building, et qu'il était suffisamment silencieux, il avait une chance de s'en sortir. Une chance infime, certes, mais il la tenta quand même.
Peter accéléra, tout en restant aussi silencieux qu'un courant d'air. Il entendit le policier lui sommer une nouvelle fois de se rendre, indiquant qu'ils n'étaient toujours pas entrés. Après un moment de silence, il entendit, au loin, des pas qui écrasaient des débris de verre, et une voix lui ordonner de sortir de sa cachette. Aller, t'y es presque...
Alors qu'il atteignait le toit de la banque, il entendit faiblement quelqu'un demander où il était. Il se glaça d'effroi quand il perçut la voix du braqueur qui répétait inlassablement et désespérément qu'il s'était enfui par les bouches d'évacuation. Aussitôt, les policiers qui étaient en position sur les toits tournèrent leurs armes vers lui et la sortie du conduit. Il était trop tard pour reculer à présent. Il inspira un grand coup avant de faire sauter la grille du conduit et de sortir, s'exposant volontairement. Il n'avait plus beaucoup de temps avant que les hélicoptères ne débarquent, il le savait.
— Heeeyyy ! s'exclama-t-il. Comment vous allez ? Je me demandais justement s'il était possible de...
— Tais-toi, et mets-toi à genoux, les mains en évidence ! coupa un des policiers.
Peter était dans une situation très inconfortable, il le savait. Une quinzaine d'agents étaient sur ce toit, avec lui, et pas moins étaient postés sur chacun des toits alentours. Tous braquaient leurs armes sur lui, et ceux qui étaient sur le toit de la banque resserraient doucement le cercle autour de Peter. Ces armes-là ne tirent pas de vraies balles, ils n'ont pas le droit, c'est juste des trucs pour me neutraliser... se répétait-il inlassablement pour calmer les battements de son cœur et la panique qui s'emparait doucement de lui. Tu peux résister à ça, tu vas pas mourir, tu vas pas t'évanouir, tout va bien...
— Y'a pas moyen qu'on discute, avant d'employer les grands moyens ?
— Tais-toi et fais ce qu'on t'a dit, on ne va pas se répéter.
Peter fit un tour sur lui-même, et remarqua qu'il était au centre d'un cercle de deux mètres de rayon environ. Il tendit les mains devant lui dans un réflexe aussi stupide qu'inutile.
— Nan, mais parce que quand même, y'a quoi, là, sept hélicos rien que pour moi ? Je suis flatté, mais c'était peut-être pas la peine de...
Il s'interrompit en entendant les sécurités des armes être désactivées dans un bruit métallique. Il leva ses bras tendus plus haut, à hauteur d'épaule.
— Ok, ok, on se calme, tenta-t-il. Je...
— Tu vas te taire, et te mettre à genoux, sinon on ouvre le feu.
Le cercle était désormais tellement réduit que les canons des armes le touchaient presque. Doucement, très doucement, Peter commença à plier les genoux. Il posa une main au sol, l'autre toujours tendue vers celui qui lui parlait. Le cœur battant à tout rompre et la respiration saccadée, il sentit un canon froid se poser sur sa tempe.
Au dernier moment, alors que ses genoux allaient entrer en contact avec le sol, Peter changea ses appuis, tendit une jambe, et fit un tour complet sur lui-même. Lorsqu'il se releva, les agents étaient au sol. Sachant pertinemment qu'il ne lui restait qu'une poignée de secondes avant que les policiers des autres toits ne se mettent en action, Peter se mit à courir, si vite qu'il évita chaque projectile électrique qui fusait, et qu'il atteignit le bord du toit en moins de trois secondes. Sans hésiter, il se jeta dans le vide, et tira une première toile, fuyant loin des hélicoptères qui arrivaient derrière lui.
Cependant, il n'alla pas bien loin. Un tir coupa net sa toile alors qu'il se balançait dessus, et Peter n'eut pas le temps de réagir. Il tomba lourdement sur une des voitures de police. Sonné par la chute, il poussa un grognement avant de se relever difficilement et de sauter au bas de la carrosserie. Puis, il se rendit compte, une seconde plus tard, que pas moins de trente agents de police étaient juste là et l'avaient vu tomber. Oups.
Il réagit une demi-seconde trop tard. Il voulut tisser une nouvelle toile pour s'enfuir, mais alors qu'il tendait le bras, une détonation éclata. Le fluide jaillit du lance-toile en même temps qu'une douleur sourde lui transperçait le ventre de part en part. Il abandonna sa toile en poussant un cri. La douleur était atroce, jamais il n'avait ressenti ça auparavant. Il posa une main tremblante sur son flanc avant de vaciller, et de s'effondrer. Peter n'entendait plus rien sinon un long sifflement, c'était comme si la déflagration l'avait rendu sourd. Il serra fort les paupières, ramena ses genoux près de lui, et pressa ses mains contre son côté, sentant un liquide chaud recouvrir ses doigts. Les larmes trempaient le masque de lycra, et ce fut bientôt tout son corps qui fut pris de violents tremblements.
Il avait froid. Terriblement froid. Il avait mal aussi, très mal. Ses sensations déclinaient en même temps que ses pensées s'embrouillaient. Il sentit à peine qu'on saisissait son épaule et qu'on le retournait sur le dos, il sentit à peine des mains attraper les siennes pour dégager sa blessure, il sentit à peine ces mêmes mains appuyer avec force sur la plaie. Il entendit à peine des voix crier autour de lui, il entendit à peine une voix dominer les autres et ordonner qu'on appelle une ambulance.
— Monsieur Stark... murmura-t-il, si bas qu'il se demanda lui-même s'il avait bien prononcé ces mots.
— Quoi ? dit une voix.
— Quoi, quoi ? répondit une deuxième.
— Je sais pas... J'ai l'impression qu'il a dit quelque chose, mais je sais pas quoi.
— Qu'est ce que tu as dit ? Répète plus fort, demanda doucement la deuxième voix.
Peter rassembla ses dernières forces et ses dernières pensées cohérentes pour répondre.
— Appelez... Appelez Monsieur Stark...
Et plus rien, le néant. La tête de Peter retomba sur le côté alors que ses yeux se fermaient, ses poings se détendirent, et ses épaules se relâchèrent.
******
— MONSIEUR SHEA ! ON LE PERD, MONSIEUR SHEA !
— Quoi ? Non, non, ranimez-le !
Dermot se précipita vers les deux policiers qui s'occupaient du héros. Et, même avec son masque, on pouvait clairement voir qu'il était en piteux état. Du sang frais maculait tout le côté gauche de son costume. Sa tête était penchée sur le coté, et ses yeux mécaniques étaient clos.
— Ranimez-le, putain !
— Appelez Tony Stark, Monsieur Shea ! lui cria l'un des deux.
— Pardon ?
Pourquoi diable voulait-il qu'il appelle Tony Stark ?
— Juste avant de s'évanouir, il nous a demandé de l'appeler, mais posez pas de questions, faites le ! L'ambulance va arriver trop tard, le seul qui peut arriver à temps c'est lui !
Dermot savait que ses hommes avaient raison. Il hocha la tête et courut vers sa voiture. Il saisit son téléphone, et composa le numéro personnel de Tony Stark, en priant pour qu'il réponde. Une tonalité... Deux tonalités... Trois tonalités... Enfin, quelqu'un décrocha, et Dermot sentit un grand soulagement l'envahir.
— Allô ? dit la voix du milliardaire à l'autre bout du fil.
— Monsieur Stark, ici Dermot Shea, de la police de New-York.
— Et que puis-je faire pour vous, Shea-polatas ?
Dermot ne releva pas, ce n'était pas vraiment le moment de jouer aux susceptibles.
— Venez sur Main Street, dans le Queens, à la Banque de Chine, MAINTENANT !
— Hein ? Pourquoi ?
— Spider-Man a été gravement blessé et...
Il fut coupé par un bruit sourd provenant de l'appareil.
— Monsieur Stark ?
— Qui l'a blessé ?
— Venez, je vous expliquerai...
— Je suis en chemin mais répondez ! QUI L'A BLESSÉ ?
— Un de mes agents, ce n'était pas volontaire. C'était dissuasif, on ne pensait pas qu'il allait recevoir cette balle...
— Vous allez prendre cher.
Et la discussion s'arrêta là. Stark avait raccroché. Dermot frissonna en entendant résonner dans sa tête les derniers mots du milliardaire. Ils ne s'étaient donc pas trompés, Iron Man et Spider-Man se connaissaient. Et, au vu du ton glacial employé par Stark, ils se connaissaient même assez bien. Il passa devant des journalistes qui filmaient la scène, derrière le fil de sécurité, et retourna auprès du jeune héros.
— Il arrive, fut la seule chose qu'il parvint à dire.
Et, effectivement, moins de deux minutes plus tard, le bruit des réacteurs de l'armure d'Iron Man fonctionnant à plein régime retentit. Un grand bruit indiqua qu'il s'était posé, et Dermot se retourna juste à temps pour voir l'armure s'ouvrir sur un Tony Stark inquiet comme jamais il n'avait été vu inquiet. Il courut vers eux, écarta l'un des deux agents et s'agenouilla auprès du héros inconscient.
— Qu'est ce que vous avez fait... murmura-t-il.
— C'était un accident, Monsieur Stark.
— Je m'en fous. Je vous jure que si Bruce n'arrive pas à le rafistoler, vous vivrez avec la peur de me voir arriver dans votre dos jusqu'à la fin de votre misérable vie.
Sur ces mots, l'armure se referma autour de lui, et Stark souleva délicatement Spider-Man et s'envola, se dirigeant vers la tour Avengers à toute allure.
******
Tony s'en voulait. Horriblement. Après Berlin, après avoir pris Peter sous son aile pendant trois mois, Tony avait pris ses distances avec le petit, pensant que c'était là le seul moyen de le protéger des griffes de Ross et de ses accords. Cependant, si Tony n'avait pas ignoré les appels et les messages de Peter tout ce temps, il ne serait pas dans une salle d'hôpital de la baie médicale, en train d'être opéré par plusieurs chirurgiens. Si Peter était actuellement en danger de mort, ce n'était pas à cause de ce stupide policier qui avait visé un peu trop court. C'était à cause de lui. Parce que, oui, il savait que la police avait lancé un mandat d'arrêt contre Peter. Mais il n'avait pas réagi, il ne l'avait pas appelé, alors que tout lui hurlait que son protégé était en danger.
Qu'est ce qu'il disait, déjà, l'oncle de Peter ? « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » ? Mais qu'est ce que j'ai merdé sur ce coup-là. Quelque part, au fond de lui, une petite voix lui murmura que Steve l'aurait empêché d'ignorer Peter. Il chassa cette idée de la tête, ce n'était pas le moment de penser à ça. Il cessa brusquement de faire les cents pas devant la porte de la salle d'opération en soupirant. Il n'en pouvait plus d'attendre. Il n'en pouvait plus d'être terrifié. Il n'en pouvait plus de ne pas savoir.
Comme s'il avait entendu ses pensées, la porte s'ouvrit sur Bruce. Tony se précipita sur lui, et le harcela presque pour qu'il lui donne des nouvelles de Peter.
— Du calme, Tony, il est hors de danger.
— Je vais tous les étriper un par un si... Attends, quoi ?
— Il est hors de danger, répéta Bruce. Je sais pas par quel miracle, mais la balle n'a touché aucun organe vital, en tout cas rien qu'on ne puisse pas soigner. On l'a retirée. Il a perdu énormément de sang, mais par chance il est AB positif, donc on a pu le mettre sous perfusion sanguine sans difficulté.
Tony buvait littéralement les paroles du scientifique devant lui.
— Par contre, tu es arrivé juste à temps... Deux minutes de plus, et on pouvait plus rien faire pour lui... On a failli le perdre plusieurs fois pendant l'opération, ce gamin est un survivant.
— Je sais, Bruce... Je sais...
— Il s'est battu comme un fou pour survivre. Il ne s'est pas encore réveillé, tu veux le voir ? demanda l'alter-égo de Hulk.
— Évidemment !
Tony suivit son ami dans le couloir, et entra dans la pièce voisine. Peter était là, couché dans un lit médicalisé. Une perfusion de sang était plantée dans l'intérieur de son coude, des électrodes sur sa poitrine étaient reliés à une machine qui émettait des bip réguliers, et une couverture recouvrait ses jambes.
Tony attrapa la chaise qui trônait dans un coin, la rapprocha du lit et s'assit. Il attrapa la main de Peter le la serra dans la sienne. Il s'en voulait tellement. Il ne méritait pas Peter, il n'était pas assez bien pour lui. L'âme de cet enfant était blanche comme la neige, et la sienne était noire comme la nuit.
— Je suis tellement désolé, Pete...
Tony oublia que Bruce était présent, et laissa les larmes couler le long de ses joues. Il était passé si près de le perdre, comment pourrait-il se le pardonner ?
— Il va bien, Tony, dit doucement Bruce.
— J'espère.
Bruce n'insista pas, et quitta la pièce, après avoir adressé un sourire rassurant à son ami. Avec sa main libre, Tony commença à jouer doucement avec les boucles brunes de Peter.
******
Peter n'avait plus mal. Quelque chose dans son bras le dérangeait, mais il n'avait plus mal. Il n'avait plus froid non plus. Quelqu'un lui tenait la main et jouait avec ses cheveux. C'était agréable.
Il ouvrit les yeux, et vit le visage souriant de Monsieur Stark, penché sur lui, les yeux trempés de larmes.
— Salut, toi, dit-il.
Peter poussa un petit gémissement, et porta une main à sa tête. En fait, si, il avait mal. Il avait très mal à la tête. Et il ne se sentait pas bien du tout. Le visage de Tony disparut, remplacé par celui de Bruce Banner. Ses lèvres remuèrent, mais aucun son n'en sortit. Peter ferma les yeux un instant et, quand il les rouvrit, il entendait de nouveau.
— Tu as mal quelque part, Peter ? demandait le docteur.
— Ma tête... marmonna-t-il.
Bruce avait prévu que ce genre de chose pouvait arriver. Il attrapa une seringue posée sur la tablette avant de rassurer Peter, de lui dire que ce n'était que des analgésiques morphiniques contre la douleur. Puis, il planta l'aiguille et injecta rapidement le produit dans le bras du garçon.
— Je... Je me sens pas très bien... murmura Peter, si bas que Bruce faillit ne pas l'entendre.
— Tu as des nausées ?
— Non, je... Mon corps est en coton...
— C'est normal, sourit Bruce. Ça va passer, c'est les produits anesthésiants qui font ça. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu le dis, d'accord ?
Peter hocha la tête, et regarda Monsieur Banner sortir de la pièce pour le laisser seul avec Monsieur Stark. Peter ne voulait pas lui parler. Il l'avait ignoré pendant presque un mois, Peter ne l'avait pas oublié.
— Je suis désolé, Peter, c'était de ma faute tout ça.
Peter tourna la tête vers lui, et croisa le regard affreusement désolé de Tony Stark. Il s'était attendu à tout, il avait même fini par croire qu'il avait fait quelque chose de mal pour que Monsieur Stark s'éloigne ainsi de lui, mais il ne s'était absolument pas attendu à ce qu'il s'excuse.
— Q... Qu'est ce que vous voulez dire ?
— J'ai été con. J'ai fait une immense erreur. Et à cause de ça, t'as failli mourir, je suis vraiment désolé.
L'horrible sensation de ne plus avoir de corps commençait à s'estomper, comme l'avait dit Monsieur Banner. Et son mal de tête s'était enfin calmé. Peter se sentait en état de discuter avec son mentor pour la première fois depuis de longues semaines.
— Mais je...
— Je pensais que je pourrais te protéger de Ross et de ses accords si je prenais mes distances avec toi.
Alors là, Peter tombait des nues. Il ne l'avait vraiment pas vue venir, celle-là. Monsieur Stark, le protéger des Accords de Sokovie ?
— Je suis tellement désolé... Je sais même pas quoi faire pour me faire pardonner...
Peter eut un petit sourire. C'est le moment de lui demander absolument tout ce que tu veux, mon gars.
— Je sais pas... Peut-être des gaufres en formes de Hulk ?
Tony éclata de rire, soulagé. Peter ne lui en voulait pas, ce gosse était vraiment beaucoup trop pur pour ce monde. Tony trouverait bien un moyen de faire pression sur la police pour qu'elle retire son mandat d'arrêt, mais en cet instant, il s'en fichait. Tout ce qui lui importait, c'était que son gamin allait bien. Il était guéri. Et ça, ça n'avait pas de prix.
🕷️🕸️🕷️
L'histoire vous a plu ?
Rendez-vous sur la partie ON VOTE ICI et dites "je vote pour Amie-de-la-Lune dans la catégorie "j'ai besoin de toi". :)
N'hésitez pas à laisser un petit mot à l'auteure pour lui dire ce que vous avez pensé de son histoire !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top