38. FRESH START.

- Bon, qu'est-ce que tu veux pour le petit-déjeuner ?" M'a demandé Shawn.

TOI.

Evidemment, je n'ai pas répondu ça, je me suis contentée d'un haussement d'épaules et il a attrapé son téléphone pour l'allumer. Il a checké ses notifications et a fait la moue, j'ai arqué un sourcil : " Qu'est-ce que t'as ?"

Il m'a tendu son téléphone : " Ton frère me demande si je sais où t'es."

J'ai soufflé : " J'ai laissé un mot, j'ai dit que je partais prendre l'air pendant quelques jours. Ne lui dit pas que je suis partie avec toi, il va te harceler sinon."

Il a paru y réfléchir, j'ai insisté : " S'il-te-plaît, si je t'ai appelé c'est pour pouvoir être tranquille, loin de... Tout. Sauf de toi. "

J'aurais jamais cru dire ça un jour, Dasha tranquille.

Il a hoché la tête sans relever la fin de ma phrase, mais je savais qu'il l'avait entendu. Il a déverrouillé son téléphone pour taper une rapide réponse à Joshua, lui disant qu'il ne savait pas où j'étais, et lui demandant ce qu'il se passait. 

Josh l'a appelé de suite, et Shawn l'a mis sur haut-parleur : " Allô frérot ?"

Je rêve, "frérot".

Joshua, l'air paniqué, lui expliquait les évènements d'hier, Shawn réagissait comme si c'était la première fois qu'il l'entendait, c'est à dire qu'il a crié comme une poissonnière. Joshua, lui, était affolé par ma note.

Au bout d'un moment, Shawn l'a rassuré en lui disant qu'il allait me harceler jusqu'à ce que je réponde pour que je rentre à la maison. Et ils ont raccroché.

J'ai soupiré : " Je lui envoie un message dans dix minutes."

Il a acquiescé : " Je vais chercher le menu pour le room service."

Il m'a balancé mon téléphone après s'être levé pour récupérer le menu sur la table, et j'ai consulté mon milliard de notifications. Mackacey, Mary, Uriah, Guillaume, les membres du groupe, Phoebe et même Becky me demandaient où j'étais et s'inquiétaient de ne pas avoir de nouvelles.

J'ai soufflé, Joshua me disait qu'il allait appeler la police s'il n'avait pas de nouvelles en milieu d'après-midi, alors je me suis mise sur la terrasse et je l'ai appelé : " C'est moi."

Il a hurlé dans le combiné : " TU M'AS FAIT PEUR GROSSE MERDE, OU-EST-CE QUE TU ES ?!"

J'ai soupiré : " Si c'est pour que tu me cries dessus, je raccroche."

- T'es où putain ?

J'ai fixé l'horizon, sous la chaleur du début d'après-midi : " Pas loin, j'ai besoin de réfléchir et de changer d'air. Ne t'inquiète pas, je vais bien, tu peux arrêter d'envoyer des messages de panique à tout le monde. Surtout à Shawn, lâche le."

- Ah, oui, mais au moins c'est efficace, à lui tu lui réponds je te signale.

J'ai retenu un nouveau soupir : " Juste parce que j'en avais marre de me faire harceler. Promis, je vais bien, je suis contente que tu veuilles veiller sur moi. J'ai juste besoin de quelques jours loin de LA, mais je rentre bientôt, avant vendredi, je te le jure."

Il a hésité une seconde avant de répondre : " Bon d'accord. Appelle moi si t'as besoin, mais surtout, envoie moi au moins un message tous les jours, que je sache que tu vas bien."

J'ai acquiescé dans le vide : " Oui. Je t'aime, tu le sais."

Il s'est râclé la gorge : " Moi aussi, très fort. Fait attention à toi."

J'ai raccroché, Shawn se tenait derrière moi : " Tu veux manger quoi ?"

Je me suis retournée vers lui et j'ai réfléchi le temps d'une seconde : " Des gaufres et plein de fruits."

Il a consulté son téléphone : " Tu sais, je crois qu'à cette heure-ci, il serait préférable de prendre un déjeuner."

J'ai haussé les épaules : " Fait moi voir un peu."

Il a attrapé le menu et me l'a tendu, je l'ai parcouru des yeux avant de faire mon choix. Shawn est parti appeler la réception avec le téléphone de la chambre et j'ai sorti une cigarette avant de m'asseoir sur le banc contre le mur. Le soleil me réchauffait la peau et Plouf se roulait sur les dalles à mes pieds, profitant lui aussi des rayons.

Shawn s'est assis avec moi et m'a volé une cigarette : " Comment tu te sens aujourd'hui ?"

Je l'ai regardé, un peu surprise par sa question, il a pouffé : " Quoi ? Je sais pas commencer une discussion avec toi."

- Nigaud. " Lance Sarah dans un coin de ma tête.

J'ai souri en soufflant ma fumée sur le côté : " C'est vrai qu'on l'a jamais fait ça, parler de la pluie et du beau temps..."

Il s'est appuyé contre le mur : " On n'a jamais été trop du genre à bavarder tous les deux. Peut-être que c'est ça qu'il nous manque."

Je l'ai regardé en souriant, sans répondre, il a gratouillé le flanc de Plouf et on a continué à fumer en silence jusqu'à ce que je me décide à prendre la parole : " Je suis bien ici, tout a l'air simple."

Il a hoché la tête : " J'étais en train d'y penser. Je me suis jamais senti aussi calme avec toi. Tu crois qu'on a trop vieilli ?"

J'ai explosé de rire en secouant la tête : " Je crois surtout qu'on est tous les deux vraiment seuls pour la première fois. Il y a toujours eu soit les MaGCon, soit nos familles, soit d'autres personnes autour de nous. Mais là, maintenant, on est en complète autonomie."

Il m'a fixée : " Je pense. En fait, on a toujours été sous pression, fallait tout faire vite et/ou en scred, d'ailleurs on s'est toujours fait cramer. En plus, j'étais un petit con."

J'ai haussé les épaules : " J'étais pas mieux de toutes façons."

- Pourtant, je suis tombé amoureux de toi malgré tout ça.

Qu'est-ce que vous voulez que je réponde ? On a déjà joué ce scénario : 

A) Je lui balance que ça l'a pas empêché de se foutre avec sa meuf et de la fiancer.

B) Blablabla mais Shawn c'est trop tard le mal est fait.

C) Je le laisse m'endormir avec ses paroles en l'air et je me fais niquer, dans tous les sens du terme.

Je préfère arrêter de relancer le débat. Je me suis contentée d'acquiescer et de finir ma clope.

On est restés tous les deux au soleil, et pour la première fois, je sentais qu'on n'avait pas besoin de parler, on est connectés cette fois. Je ressentais un petit truc inconnu, je ne savais pas encore si c'était positif ou négatif, mais j'ai décidé de laisser faire, pour voir.

De toutes façons, j'ai déjà souffert, est-ce que vous croyez que je peux connaître pire avec lui ?

On a frappé à la porte, une bonne dizaine de minutes silencieuses plus tard, et Shawn s'est levé au même moment que moi : " Laisse, j'y vais."

Je me suis alors résignée à aller faire pipi pendant que Môssieur allait ouvrir au roomservice. Quand je suis ressortie, il avait posé les plateaux sur la table et arrangeait un bouquet de fleurs. J'ai souri, il s'est retourné : " Ta gueule, j'essaie d'être sympa."

J'ai lâché un petit ricanement et on s'est assis en face l'un de l'autre, il a sorti de la limonade d'un seau à champagne et je n'ai pas pu retenir un petit rire surpris. Il m'a servi un verre : " Je sais que tu limites l'alcool avec ton cœur. Mais je trouvais ça marrant comme service."

J'ai trinqué avec lui : " J'aime beaucoup l'idée, merci."

On a bu une gorgée et on a ouvert nos couvercles, je me suis très vite refroidie quand j'ai vu ce qu'il se trouvait sous le couvercle.

J'ai fixé Shawn avec un air profondément perdu, et un peu angoissé. J'ai pointé l'écrin du doigt, la voix teintée de panique : " Shawn, qu'est-ce que tu fabriques ?"

Il a levé les yeux au ciel : " T'es chiante hein. Je suis pas Taylor, je vais pas te faire une demande en mariage toute claquée alors qu'on en est même pas encore à recoller les morceaux. Ouvre."

Je me suis un peu sentie soulagée à l'idée qu'il ne me fasse pas une Taylor, mais pas totalement non plus, alors je me suis exécutée. Dans l'écrin se trouvait la bague que Shawn m'avait offerte pour mon dernier anniversaire.

Enfin, dernier, façon de parler. Le dernier où j'étais consciente quoi.

Je l'ai attrapée pour la regarder, l'initiale, la petite phrase en français, les rubis... Je lui ai fait un petit sourire : " Je pensais pas que tu l'aurais gardée."

Il a haussé les épaules : " C'était au cas où tu voudrais à nouveau la porter un jour. Si t'étais morte avant moi, je t'aurais fait enterrer avec."

... Merci ?

J'ai haussé les épaules : " C'est une délicate attention dis donc."

Il a ricané : " Bah ouais, je sais jamais sur quel pied danser avec toi. Bon, trêve de plaisanteries, je vais te donner ta vraie assiette, j'ai la dalle."

J'ai gloussé et il a sorti une assiette couverte et me l'a tendue. 

- Bon appétit, Dani.

- Bon appétit, Grincheux.

7:09pm, toujours cet hôtel dans Santa Barbara.

On avait passé l'après-midi (ce qu'il en restait après le repas) à se balader dans Santa Barbara tous les trois, et je me sentais enfin respirer en me promenant ici avec Shawn. C'est à ce moment là, je veux dire, dans l'après-midi, que j'ai pris ma décision concernant New-York.

On est retournés dans notre chambre d'hôtel et Shawn m'a balancé, de but en blanc : " Tu veux que je te ramène chez toi ce soir ?"

Je me suis crispée. 

Il se fout de ma gueule ? Maintenant il veut plus passer de temps avec moi ? Il me fait chier depuis deux mille quatorze pour se lasser en moins de vingt quatre heures ?! Je vais lui casser les genoux et les lui enfoncer là où le soleil ne brille jamais.

Il a du voir que je le regardais de travers parce qu'il s'est rattrapé dans la seconde : " Je te demande au cas où t'en aies marre. Je sais pas comment t'interpréter, et puis tu dois avoir des trucs à faire avant la sortie officielle de l'album."

Je me suis un peu détendue : " Non, j'ai rien à faire. Sauf si t'as pas envie de me supporter encore plus de quelques heures."

Il a haussé les sourcils : " C'est pas maintenant que je vais abandonner, je te préviens."

J'ai esquissé un sourire express et il a déclaré : " Ramasse tes affaires, demain matin on part à San Francisco. Je veux t'emmener dans mon restau préféré. T'as de la chance, t'es la première."

J'ai soupiré : " T'es pas obligé de la ramener sur le sujet à chaque fois que t'en as l'occasion."

Il a grogné : " Je te parle de première personne. Je n'y suis allé qu'avec Aaliyah et mes parents jusque là."

Ah.

J'ai haussé les épaules : " Dans ce cas, je me sens honorée."

- Je sais pas si tu le mérites.

J'ai pouffé, et je me suis assise sur son lit : " Je peux encore dormir avec toi cette nuit ?"

Il a arqué un sourcil : " Je sais pas, ça dépend si tu comptes me passer à tabac comme Gilinsky, je préfère encore dormir avec ton chien."

J'ai écarquillé les yeux : " Quoi ?"

Il a éclaté de rire : " Je rigole, bien sûr que tu peux dormir avec moi."

J'ai battu des cils dans le vide : " Ok, mais je croyais que Gilinsky avait trop peur de te le dire."

Il a pfeupfeuté (si, vous voyez ce que je veux dire) : " Tu parles, il s'est chié que je l'apprenne par ton frère ou par Bee ou n'importe, du coup il me l'a dit quelques jours après, quand on était à l'after chez Matt."

Il est con ce Jack, il lui dit ce genre de bail le soir de son anniversaire en pleine soirée ? En plus j'étais là, c'était après le concert, je suis étonnée du manque de scandale.

J'ai hoché la tête Shawn s'est étalé sur son (notre?) lit : " Je t'avoue que ça m'a un peu fait chier, mais après, je me suis dit : à quoi bon ? Genre, je peux pas m'attendre à ce que tu n'aies personne d'autre que moi. T'es trop bien pour moi, tu mérites mieux, alors je me suis dit que j'avais pas à être jaloux, juste à savoir apprécier les moments que je passe avec toi. Au lieu de faire le con comme d'habitude."

Je me suis avachie à côté de lui, fixant le plafond : " Je crois que t'as jamais été aussi mignon avec moi."

Il s'est redressé sur son coude : " Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Je t'ai chanté plein de chansons, je t'ai fait des grosses déclarations alors que je suis pas du tout du style à en faire et en plus je t'ai fait plein de petites attentions depuis ces derniers mois."

J'ai tourné mon visage dans sa direction et j'ai détallé ses traits. Je me mens à moi même quand je me dis qu'il ne me manque pas et que je n'ai pas besoin de lui. Vous le savez tous.

J'ai simplement répondu d'une voix douce : " C'est pas pareil. T'étais dans ton challenge perso, tu voulais absolument me conquérir. Là, t'as compris que tu pouvais en fait ne jamais m'avoir du tout. Et en toute conscience, t'es enfin toi-même."

Il a eu l'air perdu, j'ai soupiré en m'asseyant en tailleur, face à lui : " Shawn, j'ai pas envie d'un mec qui se bat pour m'avoir, on n'est pas au moyen-âge. C'est pas une preuve d'amour, c'est de la conquête, c'est de la possession mais c'est certainement pas de la séduction. Ce dont j'ai besoin c'est d'un homme qui sache ce qu'il pourrait perdre et qui aie conscience de la valeur de ce qu'on pourrait avoir."

J'ai regardé mon chien qui piquait du nez sur mon lit : " Je m'en fous de mériter mieux que toi ou non, c'est toi que je veux alors arrête de me casser les couilles avec tes histoires. Maintenant t'as compris que ça servait à rien d'essayer de me posséder. "

Les gens ne sont ni des objets ni des jouets, je crois qu'il commence à l'intégrer.

Il s'est redressé en plantant son regard dans le mien : " Tu me saoules, t'as raison."

J'ai ricané, il m'a souri et m'a tirée contre le matelas : " Fait moi un câlin."

- J'ai envie de gerber. " Commente Sarah, dans un coin de la pièce.

Elle a raison, c'est mièvre. Mais je crois que j'en ai marre de me bagarrer, j'ai plus besoin prouver que je suis pas une débile molle du cul, tout le monde l'a compris.

Je me suis serrée contre Shawn, ce séjour prenait une tournure absolument inédite : pas de cris, pas d'injures, pas de sexe révoltant et sauvage, pas de tentative de bisou, rien d'habituel, juste une espèce d'honnêteté nouvelle, on joue cartes sur table et je crois qu'il était temps.

Vers vingt heure, il a décidé de m'annoncer qu'on devait aller au restaurant. C'est gentil de prévenir. Donc j'ai mis mes plus belles guenilles (j'ai pas pris ma tenue de gala, je pensais que j'allais passer plusieurs jours à me faire chier à la gueule), et on est partis tous les deux vers le restau où il avait réservé. 

Mais juste avant d'arriver, il m'a tirée dans un coin entre deux rues et a sorti quelques affaires de ses poches de veste. Ouais, un canadien qui craint la fraîcheur au mois d'Août en Californie.

J'ai haussé les sourcils : " Je peux savoir ce que tu fous ?"

Il a attaché ses cheveux et s'est collé une fausse moustache de cinéma sous le pif. Puis il a enfilé un nœud papillon. J'étais obligée de me foutre de sa gueule. Pendant que je me tordais de rire, il râlait : " Tiens toi tranquille, j'essaie d'être incognito."

Il m'a fixé un foulard coloré autour de la tête et m'a tendu mes lunettes de soleil. J'ai gloussé : " T'aurais dû me dire que c'était le carnaval..."

- Chut, tait-toi et suis moi.

J'ai contenu mon rire et je lui ai pris la main qu'il me tendait. On est entrés dans le restau main dans la main, une hôtesse nous a emmenés à notre table, dans un coin discret où je pouvais au moins enlever mes lunettes. 

On a grignoté des gressins alors que je me moquais gentiment de son stratagème, et secrètement, je trouvais ça trop mignon de sa part. Je me ramollis, c'est nase, mais j'y prends goût.

Je joue à un jeu dangereux, je sais.

Sarah me laminait d'insultes et m'ordonnait de me ressaisir, mais j'avais envie d'être ici, avec Shawn. Pour une fois, on était tous les deux tous seuls, comme des grands, et je me sentais mieux. Ce jour là, j'avais pris ma décision pour NYC, et je ne la regrettais pas le moins du monde, parce que je savais que je serais plus heureuse ainsi.

Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre, peut-être avec Shawn ? Peut-être sans lui ? Tout ce que je savais, c'est que j'étais prête à avancer, peu importe où j'étais ; LA ou NYC.

On a dîné comme des personnes normales, pour la première fois, pas de problème, pas de note négative, pas d'appréhension et je me sentais à ma place. Une première pour Dasha.

Ou plutôt devrais-je changer de ship ? Dasha était négatif et malheureux, peut-être que ce nom nous portait la poisse. J'ai souri en y pensant, Shawn m'a lancé un signe de tête en enfournant une bouchée : " Pourquoi t'as l'air niaise tout d'un coup ?"

J'ai haussé les épaules : " Parle pas la bouche pleine."

Il a ricané : " Tu m'as déjà vu tout nu, y a plus aucun mystère."

Le rapport ? Du grand Shawn.

J'ai exposé : " J'étais en train de réfléchir à Dasha. En je ne veux plus de ça, ça nous a valu que des merdes."

Il s'est crispé, j'ai ri : " Je parle du nom, pas de nous. Shawn et Danila, y a d'autres possibilités. De toutes façons, j'ai toujours détesté ce nom. "

Il s'est détendu d'un coup : " Tu m'as fait peur, j'ai cru que t'allais me friendzoner."

Je me suis moquée, il a farfouillé dans son plat avec sa fourchette : " Moi j'aimais bien Shani. Ou Dawn."

J'ai acquiescé : " C'est joli."

Il ne savait pas que Dawn est le nom de mon premier album. Moi aussi je peux écrire des chansons sur nous.

On a fini de manger incognito est on est rentrés à l'hôtel, main dans la main. C'était vraiment agréable. Mon chien nous a sauté dessus quand on est rentrés, ce qui a valu un grognement de la part de mon canadien préféré : " Mais ça suffit Godzilla !"

Je lui ai mis un coup dans l'épaule et j'ai commencé à sauter dans tous les sens avec Plouf, jusqu'à me rouler parterre sous le regard consterné de Shawn. Et on s'est couchés vers vingt-trois heure.

Cette nuit là, je ne me suis pas réveillée en sursaut, et pour la première fois depuis mon réveil, j'ai rêvé. Je n'ai pas fait de cauchemar.

Je me suis peut-être trompée. Peut-être que j'ai besoin de lui pour aller mieux.

Mercredi 28 Août, 11:31pm, sur la route du retour.

Dans moins d'une heure, nous serions à Los Angeles.

Ces derniers jours m'ont vraiment fait le plus grand bien, je me sentais prête à affronter la sortie de l'album et le lancement de notre carrière (à mon groupe et à moi). 

On a beaucoup parlé, Shawn et moi, et j'ai l'impression de le redécouvrir. Je pensais le connaître par cœur, mais je ne savais pas tout de lui. Et j'ai enfin compris pourquoi je me trompais quand je disais ne plus vouloir de lui.

Bon, je m'emballe, mais j'ai juste découvert une nouvelle facette de lui : on ne s'est pas embrassé une seule fois, il ne m'a jamais touchée, alors qu'on a dormi toutes les nuits ensemble.

Et depuis la première nuit, je n'ai eu aucune terreur nocturne, aucun cauchemar, rien. J'étais enfin reposée. Sarah s'était légèrement calmée, et j'avais passé trois super journées à San Francisco avec lui.

Shawn m'a regardée en s'arrêtant à un feu rouge : " On va arriver plus vite que prévu."

J'ai hoché la tête et il m'a souri. Il a redémarré et j'ai jeté un coup d'œil au chien qui dormait sur la banquette arrière : " Je crois que Plouf t'aime bien."

Shawn a pouffé : " Encore heureux, je lui ai fait plein de gratouilles hier soir."

J'ai ri doucement avant de reprendre une position plus confortable sur mon siège : " Merci pour ces quelques jours, Shawn. C'était vraiment bien."

Je l'ai vu sourire, et il a attrapé ma main. Sarah faisait mine de vomir derrière.

De longues minutes plus tard, après avoir échangé quelques plaisanteries et autres sujets divers et variés, nous sommes arrivés devant ma maison. J'ai soupiré, regrettant la fin de mon séjour : " Merci encore, Shawn."

Il m'a souri et est descendu de la voiture avec moi pour m'aider avec mes sacs. J'ai fait la moue : " Il est tard, reste dormir au moins."

Il a semblé hésiter un instant avant d'accepter : " Ouais, mais demain il faut que je rentre tôt."

J'ai acquiescé : " Tu connais la maison."

Il a ricané et m'a porté un sac pendant que je prenais l'autre et mon chien en laisse. J'ai ouvert la porte et allumé la lumière, avant de poser mes affaires dans le salon.

La voix de Joshua depuis les escaliers m'a faite sursauter : " C'est à cette heure-ci que tu rentres ?!"

Je me suis tournée alors qu'il arrivait en bas. Il s'est arrêté net devant Shawn : " Putain je l'aurais parié. Elle était avec toi depuis vendredi soir ?"

Shawn a posé mon sac et a haussé les épaules : " Avec qui d'autre ?"

J'ai discrètement esquissé un sourire avant de partir ouvrir à Plouf. Joshua s'est assis dans la cuisine à côté de moi : " Alors ? Raconte ?"

J'ai attrapé un verre pour boire un peu d'eau : " J'avais besoin de faire le point au calme."

- Depuis quand vous êtes calmes tous les deux ?

J'ai fermé le robinet et je me suis retournée vers mon frère : " J'en sais rien. Je crois qu'on était surtout toujours sous pression tous les deux, on n'était jamais vraiment seuls ensemble, alors on n'était pas nous-mêmes. Crois-moi, on en était les premiers surpris."

Il a souri : " Je suis trop content. Tu lui as parlé de New-York?"

J'ai secoué la tête : " Non. Mais j'ai pris ma décision, alors pas la peine de l'inquiéter pour rien."

Il a acquiescé : " Et alors quoi ? Vous deux, ça rime à quoi maintenant ? Je veux dire, vous en êtes où ?"

J'ai regardé Plouf se rouler dans l'herbe du jardin dehors : " Je sais pas. Je sais pas ce que ça va donner, ce qui est sûr, c'est qu'on a tout mis à plat, enfin."

Il a sautillé sur sa chaise comme une directioner devant la reformation des 1D. J'ai gloussé en le voyant faire : " T'es vraiment insupportable."

Il s'est levé : " Demain, je marie vos Sims."

J'ai secoué la tête en riant : " Casse toi d'ici."

Il m'a prise dans ses bras et m'a embrassé le front : " Bonne nuit, je t'aime."

Je lui ai souri quand il m'a lâchée : " Moi aussi, à demain Josh."

Il est monté en sautillant comme un gosse et j'ai rangé quelques affaires avant de monter retrouver Shawn dans ma chambre. Il était déjà étalé comme une sous-merde dans mon plumard. Je lui ai jeté ma chaussette dessus, il a grommelé : " Pas ce soir chérie, j'ai mal à la tête."

J'ai gloussé et je suis partie me mettre en pyjama et me brosser les dents avant de le rejoindre pour enfin dormir. Il m'a fait un bisou sur la joue et s'est redressé avant de partir vers la porte. J'ai grogné : " Mais où tu vas encore ?"

Il a passé la porte en déclarant : " J'ai trop envie de faire caca, je reviens."

J'ai mpfré et je me suis enroulée dans mon drap, les yeux fermés et le sourire aux lèvres.

Vendredi 30 Août, 9:15pm, salle de la soirée de lancement de DAWN, Los Angeles.

J'étais en tenue de gala en train de siroter ma coupette de champagne, Phoebe me présentait des "gens du métier" qui allaient bosser avec nous à New-York.

Oh, c'est vrai, cet après-midi, mon groupe et moi avons signé les papiers pour transférer notre contrat à NYC, on suivait notre manager. Peu de monde était au courant, et je ne l'avais pas annoncé à Shawn.

Après-tout, c'est tout nouveau.

Comme je vous l'avais dit plus tôt, j'ai pris ma décision il y a quelques jours (six), quand j'étais avec lui à Santa Barbara. J'ai réalisé qu'être loin de Los Angeles me faisait l'effet d'un bol d'air frais. Je peux toujours rentrer quand je veux, j'ai la maison, en dehors des concerts et de quelques obligations, je suis assez libre. De plus, GER, la maison de disques newyorkaise, rembourse un bon nombre de vols personnels. 

Zeke, Carlos et Charlotte avaient déjà fait leurs bagages, Joshua traînait, ne sachant pas se débrouiller sans Mary qui était déjà là-bas pour finaliser son inscription (ou plutôt, son transfert) au Beaux-Arts de NYC.

Phoebe nous avait trouvé un super loft pour le groupe et moi, Joshua et Mary avaient eux trouvé une super affaire libre dès la mi-septembre, d'ici là, ils logeraient chez nous, à dix minutes à pieds de leur futur appartement.

Joshua avait négocié pour que Cookie, son chiot, puisse être en cabine avec nous, mais la compagnie aérienne l'avait obligé à la laisser avec Plouf, avec les autres animaux.

Je plains les autres animaux, un géant stressé et une petite bruyante. Le calvaire pendant six heures de vol.

Je suis sortie de mes pensées quand Benito et José sont arrivés pour me prendre dans leurs bras et me féliciter. On était en pleine séance de compliments quand Phoebe a pris la parole sur l'estrade : " Mesdames et messieurs, votre attention s'il-vous-plaît."

Toute l'assistance a prêté l'oreille, ma manager a poursuivi : " Il est vingt-et-une heure trente, nous lançons en ce moment même l'album. J'aimerais appeler le groupe, allez, venez avec moi les jeunes."

Je me suis excusée auprès de mes deux amis et j'ai rejoint Zeke, Joshua, Carlos et Charlotte pour monter sur scène, on s'est tous tenu la main. Phoebe a donné un très joli discours sur sa carrière à LA, sur notre travail et enfin, elle nous a tendu une tablette en annonçant : " Et maintenant, si vous voulez bien me faire l'honneur. "

Joshua m'a souri : " Allez, vas-y."

J'ai attrapé la tablette en regardant mes camarades : " Ensemble. Un, deux, trois..."

On a tous les cinq appuyé sur le bouton pour diffuser l'album sur les réseaux sociaux, les sites d'écoute et j'en passe.

On y est. Mon premier album.

Phoebe nous a tendu le micro et on a tous eu le droit à un petit mot, puis nous avons quitté la scène pour saluer et remercier tous les convives. Mon père est arrivé avec Shawn et m'a serré dans ses bras : " Mon amour, je suis si fier de toi."

Que d'émotions.

Joshua est venu en sautillant (encore et toujours) et Shawn s'est mis à sautiller avec lui. Ok, la bande de lutins. J'ai remercié mon père et j'ai un peu papoté avec lui de l'album, qu'il n'avait pas encore écouté. A vrai dire, à par nous cinq, personne n'a entendu l'album.

Bien sûr, nous avions publié un son il y a une semaine, et José et Benito ont collaboré sur Mentiras, un des titres, mais c'est tout.

Je sentais déjà mon téléphone s'affoler, je me suis mise en mode avion. Mon père est parti remercier Phoebe et l'équipe, et Shawn est venu me prendre dans ses bras : " Je suis super fier de toi, je suis sûr que c'est génial."

Je l'ai embrassé sur la joue : " J'en sais rien, mais à nous en tous cas il nous plaît."

Il m'a souri en replaçant une mèche de mes cheveux : " C'est ça le principal. Ne le perd jamais de vue. Mais je serai toujours là pour te soutenir dorénavant. Je te promets."

J'ai acquiescé, j'allais l'embrasser pour de vrai quand Josh est arrivé comme un cheveu sur la soupe : " Ah, ça y est tu lui as dit pour New-York ?"

Je me suis crispée, Shawn a ricané : " De quoi tu parles encore ?"

Joshua-pieds-dans-le-plat a pris un air évident : " Bah du contrat, t'es bête ou quoi ?"

Je l'ai fusillé du regard, il a pigé : " Oh, merde."

Shawn me regardait, l'air confus : " Quel contrat ? New-York ? Dani ?"

J'ai baissé les yeux avant de soupirer : " Dimanche je pars vivre à New-York."

J'ai relevé les yeux vers Shawn qui faisait une grosse grimace : " Tu plaisantes ?"

Je n'ai pas répondu, et j'ai pu lire toute la déception du monde dans ses yeux. J'ai tenté : " C'est une super opportunité tu sais."

Il a secoué la tête, un rictus dégouté s'est formé sur ses lèvres : " Mais tu te rends compte ? On arrive enfin à arranger les choses entre nous, ça commence à fonctionner et tu te barres ? "

J'ai froncé les sourcils : " C'est pas comme si on pourrait jamais se voir, hein. T'étais toujours dans mes pattes où que j'aille avant, tu vas pas me dire que là on va pas réussir à se voir. En plus, j'ai plein de vols remboursés, y a pas d'excuse."

Il a fait un pas en arrière : " Mais Danila, le problème c'est pas ça. Tu m'as rien dit. T'allais partir comme ça ? Sans me prévenir ? Tu fais chier, si je comptais autant que tu le crois ou que tu le dis, on en aurait parlé. Mais là, tu pars vivre à l'autre bout du pays sans rien me dire, comme si j'étais n'importe qui. "

J'allais répondre, mais il m'a coupée, visiblement blessé : " Non, c'est bon. J'ai compris. Pas la peine d'insister, je croyais qu'on avait enfin recollé les morceaux et qu'on jouait cartes sur table. Je me suis trompé."

Il a tourné les talons et il est parti, je me sentais frustrée et honteuse. J'ai commencé à le suivre : " Shawn, attends ! "

Tito est venu me chercher : " Qu'est-ce que tu fous ? Tu chantes dans dix minutes."

Rattraper Shawn ou ne pas planter la soirée ?

Alors je me suis résignée et je suis partie rejoindre mon groupe pour me préparer à chanter deux titres. Et je pensais que Shawn reviendrait, qu'il était juste sorti se passer les nerfs. Mais il n'est pas revenu.

Et le lendemain, je n'ai pas eu de nouvelles. Ni le surlendemain. Et je m'attendais à le voir à l'aéroport. J'ai attendu qu'il se pointe, comme dans les films, jusqu'au dernier moment, quand j'ai embarqué. 

Joshua m'a poussée dans le tube pour rentrer dans l'avion, et j'ai quitté la Californie pleine de sentiments contradictoires. Je voulais faire comme Rachel et descendre de l'avion pour aller dire à mon Ross que je l'aimais. Je voulais être une héroïne de fiction et retrouver celui qui m'obsède depuis que j'ai seize ans, Shawn.

Mais la vie est une pute et je hais les films romantiques.

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BONZOIR LES ZAMI

Je vous annonce officiellement qu'IRL est bientôt fini, je rassemble les derniers éléments, j'hésite encore entre une fin shakespearienne : émotionnellement hardcore et sadique pour continuer à vous torturer ou une fin digne des plus grands chefs d'œuvres (lol)

EN TOUS CAS

Je vous souhaite tt plein de bonnes choses, en espérant que vous allez bien, que tout se passe pour le mieux, je vous kiffe, lécé poce bleu

bizoue

lulu

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