37. HURT ME.

Je n'ai pas eu plus de 48h pour décider de si je voulais qu'on signe à New-York ou non. C'est à l'autre bout du pays. Je veux dire, j'ai envie de bouger, j'en ai besoin, mais d'un autre côté, New-York est à l'opposé total de Los Angeles.

Pourtant, je crois que c'est la bonne solution.

Alors, le samedi se sont tenues de longues négociations : Maître David notre avocat, Phoebe notre manager, Tito et Lewis nos producteurs, et le responsable chargé par Good Eye Records (la maison de disques newyorkaise).

Le groupe était prêt à bouger, l'opportunité de carrière était trop tentante, pourtant, on se sentait tous les cinq pris de court, et on a fini par conclure : au premier Septembre, il faudrait donner notre réponse, d'ici là, l'album devrait être fini et en sessions de perfectionnement. Phoebe restait notre manager, puisque justement son contrat à elle prenait effet au premier Septembre, ce pourquoi nous devions savoir à ce moment là si nous partions avec elle ou non.

Joshua était mitigé, mais il nous soutenait à fond, il voulait qu'on s'en sorte. Et que je m'en sorte, moralement.

Alors, il ne nous restait que vingt-et-un jours pour nous décider. C'était à moi de trancher, ils étaient tous prêts à partir, et ils étaient aussi préparés à l'idée de rester.

D'un côté, GER (Good Eye Records) est une maison bien plus importante, avec plus de moyens pour la prod, la promo et tout ce dont on aurait éventuellement besoin, de plus, je sens qu'il est temps pour moi d'avancer, tourner la page sur tout le négatif que m'a apporté LA, ainsi que cette oppressante sensation de tourner en rond. Et puis, une nouvelle ville, une nouvelle vie, un nouveau départ, je crois que c'est ce qu'il me faudrait, pour respirer à nouveau.

D'un autre côté, j'ai une maison ici, que je pourrai évidemment garder tout en vivant à NYC, mais ça voudrait dire qu'il me faudrait payer un loyer là-bas. En plus, j'ai quand-même tout mon cercle ici, j'ai ma famille, j'ai mon association, et j'y ai malgré tout passé de bons moments. J'allais ajouter qu'à New-York, y a pas Shawn, mais il est toujours dans mes pattes, alors c'est pas vraiment un argument.

De toutes façons, j'ai pas besoin de lui hein.

Vendredi 23 Août (ellipse de deux semaines), 4:19pm, Studio de ma maison de disques de LA.

On s'est tous applaudi, l'album était officiellement terminé. Il ne manquait que des micros retouches sur les réglages son qui ne dépendaient pas de nous, mais tout était enregistré, tout était bouclé.

Tito a fait péter le champagne et nous a distribué des coupes, Phoebe nous a fait un énorme sourire : " Je suis très fière de vous les jeunes. Vous avez été très professionnels et très efficaces. Je suis sûre que cet album sera une merveille. Santé ! "

On a tous levé nos verres et Lewis a annoncé : " On annoncera la réception ce soir, préparez vos réseaux sociaux et nous, on se chargera de la com' sur nos pages."

Il a écrit sur un tableau des infos sur la réception pour la promo de notre album : vendredi prochain, le trente Août, à partir de dix-neuf heure dans une grande salle de réception. Ils ont fait péter le budget ou quoi ?

Joshua s'est glissé à côté de moi : " Regina m'a dit que certaines personnalités publiques seraient invitées."

J'ai acquiescé, il a ajouté : " Et du people. Genre, des vrais stars comme Beyoncé. Enfin, elle sera pas là elle, mais ce genre là."

Je me suis raidie, il a grimacé : " Ouais, moi aussi. Je vais suer de la raie des fesses toute la soirée."

J'ai mpfré, Carlos a haussé les sourcils : " Qu'est-ce qu'il vous arrive les croissants ?"

J'ai secoué la tête : " Private joke."

Il a souri et Lewis a commencé à nous parler des modalités de la réception et de comment l'annoncer sur les réseaux.

Et à dix-sept heure, on a leaké pour la première fois sur les plateformes une de mes chansons. On avait choisi de diffuser en premier Bad Girl.

Puis, j'ai sorti mon téléphone, tout comme mes camarades, et on a commencé à promouvoir la réception et l'album. Phoebe m'avait préparée à recevoir des propositions d'interview, mais soyons réalistes, je ne suis pas Rihanna, personne ne va m'inviter pour parler de mon album. Ou alors, si on m'invite, on me parlera surtout de mon passé, et j'ai pas très envie.

Et vers vingt heure trente, je suis rentrée chez moi, seule.

Les choses s'étaient arrangées avec Taylor, je veux dire, on avait officiellement annulé cette histoire improbable de mariage, et notre amitié était presque revenue à la normale. Il était parti rejoindre Ethan à Rio, il y était depuis lundi dernier, et il m'avait dit que tout se passait parfaitement bien.

Je n'avais parlé de New-York qu'à mon père, Tay, Matt, JJ et Hayes. Joshua ne l'avait étonnement pas balancé à Shawn, et Mary (Parks, la meuf de Josh, ma copine) était tentée par l'idée de demander un transfert des Beaux-Arts de LA à ceux de New-York. C'est un couple solide, au début j'étais fâchée, mais au final, je suis vraiment heureuse qu'ils se soient trouvés.

J'ai claqué la porte en appelant mon chien, j'ai jeté mes clefs sur la console de l'entrée et j'ai bazardé mes converses en vrac dans le placard, sans prendre la peine de les délacer. Je suis partie dans la cuisine pour me prendre une bière, j'étais d'humeur à boire un coup toute seule (j'en profite seulement parce que je limite au maximum les autres jours) puisqu'aujourd'hui, on avait fini notre album.

Dawn, c'était le nom qu'on avait choisi.

Secrètement, je lui avais trouvé un double sens, puisque Dawn, c'est le combo Dani-Shawn. Dasha, Dawn, Shani... Beaucoup de possibilités pour tant de vide.

J'ai soupiré et j'ai ouvert à Plouf, qui grattait la baie vitrée de dehors : " Qu'est-ce que tu fais dans le jardin ? Papy est passé te voir ou quoi ?"

J'avais laissé Plouf à l'intérieur après avoir l'avoir ramené du Studio, un peu avant quinze heure. Mon père était peut-être venu chercher un truc et l'avait mis dehors. Je ne sais pas. Il se comportait bizarrement.

J'ai entendu des pas descendre les escaliers, et j'ai attrapé un couteau qui traînait. La personne qui descend est un intrus, autrement il ou elle aurait signalé sa présence quand je suis rentrée. Je me suis plaquée contre le pan de mur, et l'intrus s'est avancé dans la cuisine, sans me voir. Plouf a adopté une posture agressive et a grogné doucement en se plantant devant moi.

J'ai rapidement attrapé le bras du mec pour le plaquer dans son dos et j'ai appuyé légèrement la pointe du couteau entre ses deux omoplates. Puis j'ai reconnu son parfum.

Samuel Wilkinson a ricané : " La dernière fois, c'était moi qui tenait le couteau."

Sa voix m'a glacé le sang et j'ai appuyé la pointe du couteau contre son dos, pour de vrai. Il a frémis, j'ai calculé mes chances, maintenant qu'il savait que j'étais en position (instable) de force. Il devait faire à peu près une tête de plus que moi, et son séjour en prison lui avait visiblement permis de prendre de la masse.

S'il décide de bouger, je suis cuite.

Gilinsky m'avait dit qu'il devait sortir, mais pas avant début 2020. Ces incapables l'auraient relâché plus tôt ?

Plouf a grogné vraiment fort et s'est avancé vers Sam, qui a calmement déclaré : " Je suis venu m'excuser."

J'ai maintenu la pression sur le couteau : " En faisant effraction chez moi ? Bah voyons."

Il a tenté de hausser les épaules, limité par la clé de bras : " Je voulais te faire une surprise."

Les mots qu'il m'avait dits le jour où il avait essayé de me tuer me sont revenus en rafale.

Dis-moi ce qui me retient de tordre ce joli petit cou jusqu'à ce que mort s'ensuive. T'es une traînée, j'étais le seul qui était prêt à prendre soin de toi et de notre bébé et tu m'as laissé tomber. Personne ne me dit non, on ne repousse pas Sam Wilkinson. Si j'appuie là, je te tue ou je t'handicape, salope.

J'ai grincé des dents, refoulant une montée de larmes, j'ai renforcé légèrement la pression sur sa colonne vertébrale : " Si j'appuie là, je te tue ou je t'handicape, salope."

Sarah me taraudait d'injures et d'ordres, sa voix montait comme une clameur inarrêtable, Sam a frissonné et son t-shirt s'est légèrement teinté de sang. Sarah a hurlé : " Fait le !"

Plouf aboyait maintenant, plus menaçant que jamais je ne l'avais vu. Je devais puer le stress.

Sammy a bougé, comme pour se dégager et je lui ai mis un grand coup de pied derrière les genoux au moment où j'entendais la porte d'entrée claquer. Sam a ployé les genoux sous le coup, et j'ai renforcé la clé de bras, les larmes me brouillaient la vue.

Sarah hurlait, Sam m'insultait et me promettait de me torturer, Plouf n'attendait que mon ordre pour me défendre, et un déferlement de flashs de tout le mal que j'avais connu me faisait perdre le fil.

Joshua est arrivé en panique et s'est mis à crier : " Putain, Dani !"

Il n'a pas demandé d'explication, et a saisi les bras de Sam pour le plaquer au sol, face contre terre. Uriah est arrivé derrière, tout aussi affolé et a écarquillé les yeux avant de m'attraper, éloignant le couteau de ma portée. Il m'a prise dans ses bras : " Je vais appeler la police."

Sam riait comme un dément.

Je pleurais à chaudes larmes, prostrée dans un coin de la cuisine alors qu'Uriah avait couru chercher son téléphone dans la voiture. La police est vite arrivée, embarquant Sam qui me hurlait qu'il allait me tuer.

Les officiers qui restaient ont pris ma déposition et n'ont même pas pris la peine de me faire venir au poste. Même pas pour porter plainte. Ils m'ont simplement expliqué qu'ils le cherchaient depuis trois jours, il s'était barré lors d'une permission ou je sais pas quoi.

Je ne suis même pas en sécurité alors qu'il est sensé être derrière les barreaux.

A vingt-deux heure, j'étais recroquevillée dans mon lit, mon père était au Mexique chez son ami qui m'avait accueillie pendant un an, il était injoignable. Joshuriah étaient restés avec moi, au cas où, et Plouf ne me quittait pas d'un cheveu.

J'ai reçu un appel de Shawn, et j'ai choisi de l'ignorer. J'ai pas envie d'avoir affaire à ça maintenant.

J'ai constaté que Gilinsky m'avait aussi appelée, cinq minutes plus tôt, et qu'il m'avait laissé des messages. Sammy lui avait apparemment demandé de venir payer sa caution et lui avait expliqué ce qu'il s'était passé. Jack était horrifié.

Bien, comme ça, en plus tout le monde saura.

J'ai reçu un message de Shawn, me félicitant pour la chanson que j'avais diffusé. Au moins, Joshua ne lui a pas poucave la venue de Sam. J'ai un peu regardé les réactions sur internet, que du positif pour le moment et j'en étais la première surprise.

La chanson avec Camila devait sortir début septembre, oui j'ai écrit son vrai prénom.

J'ai reposé mon téléphone et je me suis retournée, caressant le chien qui était actuellement mon meilleur allié. A deux doigts de ronronner, le clébard.

Joshua a passé sa tête par la porte avant de chuchoter : " Ouais, je pense qu'elle dort. Tu peux prendre ma chambre, je vais prendre celle de mon père."

Uriah lui a souhaité bonne nuit et la lumière du couloir s'est éteinte.

J'ai tenté de trouver le sommeil pendant ce qui m'a paru être une éternité, en vain. Plouf, lui, était certainement en train de rêver qu'il mangeait du Wilkinson. J'ai fini par regarder mon téléphone, il était minuit passée.

J'ai repensé à ce baiser de minuit, celui que Shawn m'avait spoilé, et que j'avais malgré moi attendu. J'ai soupiré et j'ai ouvert Instagram pour lui envoyer un message sur son compte perso.

TO @shwnmemedes

" tfq demain? "

Sa réponse n'a pas tardé, et je lui ai proposé qu'on se voit. Je ne suis qu'une femme après-tout. Il m'a répondu directement.

FROM @shwnmemedes

" prépare toi un sac, je suis devant chez toi dans moins d'une heure "

Je n'ai pas demandé d'explication et je me suis levée sans un bruit pour fermer ma porte, puis j'ai allumé la lumière et j'ai attrapé un petit sac de voyage. Plouf s'est secoué bruyamment et a sauté du lit, aucune discrétion chez ce chien. Il a commencé à chouiner, voyant que je faisais mon sac, je lui ai fait "chut" et j'ai attrapé son tapis. Si vous croyez que je vais laisser mon chien derrière moi.

J'ai fini mon sac rapidement, j'avais prévu ma trousse de toilette et des fringues pour au moins trois jours. Je sais pas ce qu'on va faire, et je m'en fous. Je veux juste partir.

J'ai écrit un mot et fait mon lit avant de poser la note en évidence dessus, et j'ai éteint la lumière. Plouf a dévalé les escaliers et j'ai fermé ma porte avant de le suivre. Arrivée en bas, j'ai récupéré les affaires de Plouf et je me suis chaussée avant d'attraper sa laisse. J'ai regardé l'heure, Shawn n'allait pas tarder.

J'ai pris mes clés pour ouvrir la porte, mais me suis résignée. Et si un psychopathe m'attendait derrière ? Je préfère attendre Shawn, même si lui aussi il est un peu psychopathe sur les bords.

Il m'a appelée dix minutes plus tard pour me signaler sa présence, alors j'ai attaché le chien, j'ai pris les deux sacs et j'ai fermé la porte à clefs derrière moi, sans un bruit. Un exploit avec un chien géant.

Shawn m'attendait dans sa voiture, il est sorti pour prendre les deux sacs et les mettre dans le coffre : " Content de voir qu'il sera de la partie."

Plouf lui a léché le bras et je l'ai fait monter dans la voiture : " Je nettoierai ta caisse en revenant si tu veux."

Il a haussé les épaules : " Tant qu'il me chie pas sur la moquette."

Classe.

On s'est installés et il a démarré. On a roulé une bonne demi-heure en silence, puis on a quitté la ville, et j'ai senti un poids s'envoler de ma poitrine. Sans avoir le temps de m'en rendre compte, j'ai fondu en larmes, et Shawn a doucement attrapé ma main pour la serrer.

Il ne m'a pas posé de question et Plouf s'est tenu tranquille sur la banquette arrière.

La radio diffusait doucement de la musique de pop culture et des classiques, une chanson de Culture Club s'est lancée (Do You Really Want to Hurt Me, elle est en média) et mes sanglots se sont calmés. J'ai essuyé mes larmes, lâchant la main de Shawn qui s'est reconcentré sur sa conduite. On roulait vers le nord, le long de la côte de l'Océan Pacifique.

Au bout d'un long moment, il m'a regardée : " Tu connais Santa Barbara ?"

Je lui ai fait un petit sourire : " Pas encore."

Il a recentré son regard sur la route en souriant légèrement : " Exactement. "

La ville a l'air si belle dans Psych, c'est un bon début d'aventure.

On est arrivé à Santa Barbara au milieu de la nuit, on avait roulé deux heures, j'ai attaché Plouf et l'ai fait sortir de la voiture. Shawn s'est étiré et a fermé la voiture après avoir attrapé un sac : " Allez, viens."

Je l'ai suivi en silence, seul Plouf manifestait sa joie de partir à l'aventure. On est descendus vers l'océan et Shawn a sorti des plaids. Il en a étalé un immense et en a gardé deux autres de côté : " Au cas-où on ait froid."

Je me suis assise avec lui sur ce plaid, et j'ai pensé à l'étrangeté de cette situation. Alors ça m'a échappé : " Sam Wilkinson était chez moi ce soir."

Il s'est crispé, j'ai ajouté : " Josh et Uriah sont arrivés à temps, je sais pas ce qui aurait pu m'arriver."

Je l'ai vu serrer les poings et pincer les lèvres pour contenir une bordée de mots pleins de colère, et je préfère le silence. J'ai juste besoin de calme.

On est restés sans parler un petit moment alors que Plouf se roulait dans le sable. Au bout d'un moment, il s'est endormi, la tête sur ma cuisse. Alors j'ai pris la parole : " Pourquoi tu m'as emmenée ?"

Shawn a haussé les épaules et a regardé Plouf : " Pour le promener."

Il a souri à sa propre blague et a redirigé ses yeux dans les miens : " Je crois qu'on a besoin de tout mettre à plat, avec ou sans romance. Je suis épuisé d'être dans le flou, je veux juste qu'on sorte de ce bourbier, ensemble ou non."

J'ai acquiescé et j'ai laissé retomber ma tête sur son épaule.

Le soleil a commencé à poindre à l'horizon, et Shawn s'est levé en me tendant la main : " Viens, on va se coucher."

J'ai plissé les yeux : " On va être beaux tous les trois à ronquer dans ta bagnole."

Il a pouffé : " Mais non banane, on va prendre une chambre d'hôtel, j'en connais un bien."

Je me suis levée, pas convaincue, il a soupiré : " Promis, j'y suis jamais allé avec Camila."

J'ai grimacé, il a souri et a sifflé : " Allez Plouf, on y va."

Mon chien s'est levé et a attendu que je le rattache pour se mettre en route. Je l'ai si bien éduqué, même sans me voir pendant plus d'un an, j'ai toujours un lien incroyable avec ce chien. Je l'aime.

Rebelotte, tout le monde dans la voiture et on a filé dans le centre-ville, Shawn a garé la voiture : " Attendez-moi là, j'arrive."

Il s'est engouffré dans le hall d'un superbe hôtel tout blanc, et est revenu dix minutes plus tard : " Allez, c'est bon."

Il a descendu la voiture dans le parking souterrain de l'hôtel, et on a pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage avec nos affaires. Il a ouvert une porte à l'aide d'un badge et je n'ai pas pu m'empêcher de penser à notre première fois, dans un hôtel lors d'un MaGCon.

J'ai souri en rentrant, Shawn posé le panneau "Ne pas déranger" et a refermé la porte : " J'ai pris une petite suite, on a des lits séparés et le room service. "

J'ai posé mon sac à main sur la table : " La classe."

Il a souri et s'est assis sur un lit en escampant ses godasses : " Tu mérites mieux."

- Ta gueule.

Il a secoué la tête avec un sourire jusqu'aux oreilles. Je me suis déchaussée aussi et j'ai posé le tapis de Plouf près du lit que j'allais occuper, en face de celui de Shawn. J'ai rempli les gamelles de Plouf avec de l'eau et un sachet que j'avais préparé hier matin, et il s'est jeté dessus. J'ai regardé Shawn ouvrir la baie vitrée, il a expliqué : " Il y a une petite terrasse avec un carré d'herbe, si jamais il a besoin de se soulager. "

Improbable mais génial.

J'ai attrapé ma trousse de toilette et le pyjama que j'avais pris : " Je vais pisser."

Il a hoché la tête en enlevant son t-shirt : " Ok."

Quel échange utile.

J'ai fait mon pipi, brossé mes dents, mis mon pyjama et je suis retournée dans la chambre et Shawn a piqué ma place dans la salle de bains. Plouf faisait le tour de la chambre, découvrant plein de nouvelles odeurs. Je suis sortie regarder la vue depuis la terrasse. C'était super beau, on voyait l'océan et une bonne partie de la ville.

Je suis retournée dans la chambre et j'ai branché mon téléphone, m'étalant ensuite sur mon lit. Plouf a sauté sur le matelas en remuant la queue. J'ai gloussé et j'ai chahuté un peu avec lui alors que Shawn sortait de la salle de bains : " T'as pas peur qu'il te bouffe un jour Attila ?"

J'ai pris le ton le plus neutre que je pouvais prendre : " Lui, au moins, il me brisera pas le cœur."

Shawn a acquiescé : " C'est juste."

Il s'est glissé sous ses draps et a soupiré : " Tu crois que c'est irréversible ?"

J'ai mis mon poing dans la bouche de mon chien pour le calmer : " Quoi donc ?"

Shawn a regardé en direction de la baie vitrée, d'où on voyait le lever de soleil : " Toutes les crasses qu'on s'est fait. Tu crois qu'on arrivera à les ignorer, un jour ?"

Plouf s'est étalé en grognant près de moi, j'ai haussé les épaules : " J'en sais rien, mais j'en ai assez d'essayer de les ignorer, justement. Je vais attendre que ça passe."

Il a acquiescé et s'est levé pour tirer les rideaux : " On verra ça plus tard, je suis crevé. Bonne nuit, Dani."

J'ai souri dans le noir, caressant Plouf : " Bonne nuit, Shawn."

Je me suis endormie comme une masse près de mon chien, il était plus de six heure du matin.

Mais, rappelons nous que je fais de très mauvais rêves et des terreurs nocturnes. Alors, une paire d'heure plus tard, je me suis réveillée en sursaut, suant comme un goret et le cœur battant la chamade.

Shawn a bondi près de moi : " Qu'est-ce qu'il y a ?"

J'ai aperçu la forme de son corps dans la pénombre et j'ai repris ma respiration : " Rien, ça va. Recouche toi."

Il s'est assuré que tout allait bien, mais je l'ai repoussé et je suis partie dans la salle de bains. J'ai passé mon visage sous l'eau et j'ai pris deux cachets. Sarah m'a surprise dans le miroir : " Tu peux indéfiniment fuir tes problèmes, mais moi, je serai toujours là."

Je l'ai ignorée et j'ai pris un autre calmant, un différent, que le psy m'avait prescrite pour faire diminuer la présence de Sarah. Je suis sortie de la salle de bains, mon chien prenait toute la place dans le lit. J'ai soupiré en le poussant et je me suis remise à ma place, Shawn dormait déjà dans son lit.

J'ai tourné et viré pendant une bonne demie heure, le temps que les cachets agissent, et j'ai soupiré. Je me suis levée, laissant mon lit à Plouf et je me suis faufilée sous les draps de l'autre abruti de bûcheron, me blottissant contre lui.

Il a émergé, visiblement surpris et confus, il a bafouillé : " Dani ?"

J'ai grogné : " Tait-toi, je dors."

Il a rigolé en soufflant du nez (vous voyez ce que je veux dire) et a passé un bras autour de moi : " Bonne nuit, Sarah."

J'ai souri dans la pénombre : "Bonne nuit, Grincheux."

Samedi 24 Août, 2:09pm, hôtel de Santa Barbara.

Un rai de lumière me chatouillait le bout du nez, pour ne pas dire me cassait les couilles. Je me suis retournée pour voir Shawn, de son côté du lit, dormant encore la bouche ouverte. J'ai retenu un sourire idiot et j'ai ricané en voyant un filet de bave se former sur sa joue.

Je me suis enroulée dans les draps légers et je me suis enfoncée dans le coussin. Mais le répit fut de courte durée, Plouf nous a sauté dessus en remuant la queue. J'ai râlé, et Shawn a sursauté en lâchant un petit cri. J'ai explosé de rire, il a grogné : " Ton putain de chien."

Je lui ai mis un coup de coude dans les côtes : " Tu parles pas comme ça de mon bébé."

Il m'a tirée vers lui : " On n'a pas encore d'enfant toi et moi, ça peut pas être ton bébé."

Je me suis tournée face à lui, grimaçant : " T'es serein à te coller à moi avec notre haleine du matin qui pue là."

Il a enfoui sa tête dans mon cou en grognant : " Tu casses l'ambiance."

Plouf a voulu s'incruster dans le câlin, Shawn a levé la voix comme une victime : " Mais Danila ton pachyderme ! "

J'ai gloussé et j'ai eu pitié de lui, alors j'ai fait descendre Plouf du lit : " Couche-toi. C'est bien."

Shawn a soupiré : " Bon, qu'est-ce que tu veux pour le petit-déjeuner ?"

TOI.

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BONSOIR LES AMIS

Quoi de neuf ?

Ecoutez, j'espère que tout va bien pour vous, moi je suis au Portugal, j'ai trouvé du travail, mes collègues ont l'air très sympa, et je vous embrasse fort fort sur ce nouveau vent de Dasha.

Grosses bises qui pètent.

Lulu.

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