29.
Plus que quatre minutes, et je pourrais rentrer.
Je relève la tête, observe les passants. Ils ont tous l'air atrocement pressés. Ils courent presque. Aucun ne me remarque. Qui remarquerait une petite métisse, aussi formée qu'une planche à pain, assise, seule depuis des heures, sur l'un des bancs du quai de la gare ?
Personne.
Et si on me remarquait, on penserait que j'attends quelqu'un.
J'attends quelqu'un mais il ne viendra pas.
Je ne sais même pas à quoi il ressemble, si c'est une fille, un garçon, s'il est jeune, âgé, si je le connais.
J'attends juste mon sauveur.
J'attends quelqu'un qui pourrait me tirer de cette situation cauchemardesque, qui pourrait me tendre la main, me dire « Viens, Iris, c'est fini, je suis là », quelqu'un qui pourrait me donner une solution, enfin, pour que tout puisse rentrer dans l'ordre, enfin.
C'est toujours de cette manière que se déroulent les histoires, non ?
Quelqu'un arrive. La princesse est sauvée.
Trois minutes.
J'ai l'impression que les passants marchent plus vite.
Je suis pathétique.
J'aurais dû prendre le train, et rendre visite à mes parents et à ma sœur. Nous sommes dimanche. C'est ce que je suis censée faire, le dimanche.
Et pourtant, c'est la quatrième fois que je saute volontairement notre rendez-vous. J'invente une excuse. Une maladie, un devoir de dernière minute.
Ils sont déçus, je l'entends dans leur voix, lorsque je les appelle pour les prévenir que je serai encore une fois absente.
Mais je ne peux pas, je ne peux pas les voir.
Pas depuis l'avortement.
Et je ne serai pas expliquer pourquoi.
Lila et Coralie commencent à me poser des questions.
Pourquoi tu ne vas pas tout expliquer à tes parents, Iris ?
Pourquoi tu ne viens plus qu'un jour par semaine en cours, Iris ?
Pourquoi ne vas-tu pas consulter un psychologue, Iris ?
Pourquoi ne me laisses-tu pas t'aider, Iris ?
Pourquoi ne me dis tu pas ce que tu as, Iris ?
C'est parce que je ne sais pas.
Je ne sais pas ce que j'ai.
Je ne sais pas qui est mon sauveur.
Et je ne sais pas si je peux être sauvée.
Alors je leur mens, à elles aussi. Ce matin, je leur ai dit que je retournais chez moi. En réalité, je suis restée ici, à la gare.
Dix-huit heures.
Je peux rentrer, Lila n'y verra que du feu.
Je me lève, mon sac sur l'épaule.
Si, je sais.
Mes sauveurs...
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C'est la fin pour aujourd'hui ! (Et bientôt la fin de cette partie... On va attaquer le dernier morceau de l'histoire)
Bisous 😘
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