Prologue

Prison de Belmarsh

Je la dévorai des yeux. Lentement. Goulûment. 

Cette peau à l'appareuse laiteuse et délicate d'une coquette et charmante aristocrate mais dont la froide blancheur, après une longue inspection, finissait par posséder un charme vampiresque.

Et sur cet ovale pâle et distingué, vierge de toute rougeur pouvant traduire une quelconque émotion, brillaient, telles deux émeraudes dignes de figurer sur une couronne royale, des yeux aussi désirables que désireux.

Cet oeil félin, surligné d'une frange de cils gracieusement recourbés vers son front, sans me regarder directement, m'hypnotisait avec la plus séduisante indifférence. Puis, après avoir longuement admiré la perfection de son nez, à l'allure charmante, je m'attardai avec délices sur les promesses voluptueuses de ses lèvres. Une ligne sensuelle, intelligente et cruelle. Et c'est souvent à ce moment où je finissais par m'endormir, à ses côtés.

Irene Adler. Femme à scandales du 19ème siècle. Le portrait de cette femme, portant le même nom que moi même, est le seul vestige familial que je chérissais. Ruine d'espérances romanesques.

Hélas pour moi, je ne suis pas destinée à être une jolie comtesse nageant dans l'aisance avec dédain, flirtant dans les bals. Oh ne croyez pas que je rêve d'argent. Non. J'aurai été tout aussi enchantée d'être née fille de rue, se délectant de sa misère, dégustant avec volupté chaque parcelle du quotidien de la pauvreté.

Je suis issue de cette tristesse sociale qu'est la classe moyenne. Des parents épiciers, volant un peu les clients sans être totalement malhonnêtes. Jamais de grand crime, que des petits forfaits.

Quitte à être criminel, autant en être un formidable. Le faire au grand jour, à découvert. S'assurer que tout le monde le sache. Ne pas le faire pour l'argent. Non, le faire pour le pouvoir, pour le frémissement, pour cracher sur la médiocrité, le faire, oui, pour chaque minute de vie que l'on peut posséder.

Ah si j'étais née autrement...Je les aurai tous manipulé, un par un, une par une. Ce petit héritier arrogant en costard bleu marine, je lui aurai arraché une demande en mariage d'un battement de cils. Cette petite mendiante, rousse comme un coucher de soleil, elle m'aurait laissé embrasser chacune de ses tâches de rousseur après un sourire.

Certes, je suis belle. Je le sais. Mais ce n'est pas tout. Je suis brillante. L'intelligence est mon éclat. C'est ce que j'ai compris en voyant mon aïeule.

Avant de le comprendre, désespérément, je brûlais mon miroir de mon regard. Nous avions les mêmes yeux, le même menton dédaigneux, la même carnation...pourquoi n'étais-je pas comme elle?

Et je l'ai rencontré. Lui. Puis j'ai de nouveau affronté mon miroir. Son éclat rivalisait, voire, surpassait celui du portrait. Tiens, pourquoi donc?

Because brains are the new sexy.

Coucou, merci beaucoup d'avoir lu ce prologue!
Ça fait un petit moment que j'avais envie d'écrire sur ce fascinant personnage qu'est Irène Adler mais je n'osais pas trop... Donc n'hésitez pas à me donner des retours si cela vous plaît et que vous souhaitez que je continue, et surtout si vous voulez contribuer à l'amélioration de cette fiction en m'indiquant les fautes d'orthographe, de style, de cohérence... Et encore un gros merci à vous!

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