Chapitre 16. La révolte.
La traversée fut plus compliquée que prévu. Iphigénie dut retirer ses bottes dont les semelles en peau glissaient sur les roches plein d'algues. Privée d'un bras et d'une épaule qu'elle veillait à ne pas solliciter, la jeune femme se traînait tel un escargot et dut même effectuer quelques acrobaties périlleuses pour contourner les passages qu'elle ne pouvait prendre à cause de son handicap. Elle n'osait même pas jeter un coup d'œil à l'avancée des combats de peur soit de raviver son angoisse, soit de tomber à l'eau par inadvertance.
Une fois sur la terre ferme, l'Argyre se sentait prête à embrasser le sol tant elle était soulagée d'être enfin arrivée. Sa petite escapade lui avait permis de réfléchir tout son soûl et d'envisager la situation de manière plus claire et globale qu'elle ne l'avait fait jusque là, période durant laquelle elle avait surtout agi sous le coup de pulsions. Des falaises abruptes ceignaient d'une couronne blanche les abords de la baie de Port-Salut et au-delà, une végétation chiche d'herbes sèches, d'oyats et d'ajoncs piqués de fleurs dorées repoussaient toutes intrusions de l'Homme.
Le regard d'Iphigénie remonta l'étroit sentier formé par le passages des bêtes sauvages de la côte et suivit le dentelé des falaises. Une portion de côte saillait au-dessus des combats entre Nadjka, ses navires et les rescapés de la tactique des brûlots. Ce surplomb était sa nouvelle destination.
Le fracas de affrontements se faisait de plus en plus net au fur et à mesure qu'elle s'approchait. Bien vite, Iphigénie domina un sanglant spectacle. Sur les navires des Néphélés éventrés par les chaînes, presque immergés dans l'eau, mercenaires et Néphélés combattaient avec rage. Les hautes flammes rouges, amenées par les brûlots, avaient poussé les mercenaires à aborder les navires Néphélés.
Observer de loin les combats n'avait pas préparer la jeune femme à un tel déploiement de violence juste sous ses yeux. La jeune femme aurait pensé que l'exécution de Maître Balthazar l'avait un peu endurcie. Par le dieu qui pleure, elle se berçait d'illusions.
Iphigénie posa une main sur sa bouche et dut détourner un instant le regard avant d'être prise d'un violent haut-le-cœur. L'odeur écœurante de la chair brûlée, la vue des plaies ouvertes, les membres privés de corps et les corps privés de membres... Le pont se transformait en charnier. Elle se contint, puis ravala sa nausée : son angoisse pour Nadjka et Miuzaki outrepassait un tel sentiment.
Elle ne détourna plus le regard en dépit des atrocités qui se déroulaient sous ses yeux.
L'Argyre identifia très rapidement la chef des Narvals dont l'impressionnante carrure se dressait comme un monolithe inébranlable au milieu du pont. Cependant, à ses pieds, gisait une gigantesque forme sombre, comme un géant assoupis : Erik, son garde-du-corps. La Néphélée rugissait de rage et balançait de droite à gauche sa haute hache de guerre, éventrant sans distinction les mercenaires qui s'approchaient d'elle.
Miuzaki fut plus difficile à repérer dans la mêlée. Iphigénie finit tout de même par l'apercevoir, armé d'une lance à double lame sur le pont arrière du navire amiral. Debout sur le haut de la falaise, elle se rongeait les sangs, bouffée par l'impuissance et pourtant incapable de s'en aller et encore moins de détourner le regard. Elle ne pouvait le quitter, ne serait-ce que des yeux. Ce fut d'ailleurs pour cela qu'elle vit un mercenaire s'approcher du cartographe par derrière alors que ce dernier, bataillant comme un diable avec un autre adversaire, ne l'avait pas remarqué.
Iphigénie ne sut pas exactement comment le Néphélé parvint à l'entendre malgré le bruit des combats et des flammes qui crépitaient. Elle sut en revanche qu'elle hurla de toute la force de ses cordes vocales, accompagnée par les piaillements du faucon. Les têtes de quelques combattants se levèrent surprises vers la jeune femme, dont celle de Miuzaki. Au cours de cet instant durant lequel il changea d'angle de vue, il aperçut alors du coin de l'œil le mercenaire, arme levée derrière lui.
Il plongea en avant et d'une habile roulade sur le côté, se positionna dos au mât. Il enchaîna les mouvements désespérés pour se débarrasser de ceux voulant sa mort et le cri d'Iphigénie sembla lui être sorti de l'esprit. En revanche, un mercenaire du cap de la Tortue ne l'avait pas oubliée : il banda son arc et tira une flèche vers celle qui offrait une cible parfaite, dressée sur la falaise. Iphigénie vit trop tard le projectile et même en se reculant, la pointe lui entailla profondément la joue du nez jusqu'à l'oreille. Elle plongea à terre où elle resta immobile quelques secondes.
Miuzaki, Nadjka...
La jeune femme rampa pour se rapprocher du bord, sans doute dans le but d'apercevoir une derrière fois le champ de bataille. Elle détourna le regard sur sa gauche lorsqu'un éclair sombre passa à quelques centimètres de son œil avant de percuter le sol avec un bruit sourd. Elle loucha bien vite sur la flèche enfoncée dans le sol au milieu du lichen à deux doigts de sa tête. Elle battit immédiatement en retraite, la respiration désordonnée, au bord de la syncope. Une troisième et dernière flèche se planta là où elle s'était tenue quelques secondes auparavant.
Iphigénie prit sur elle de s'asseoir à une distance respectueuse de la falaise et de ne plus retenter l'expérience. Elle plaqua ses mains sur ses oreilles dans une tentative vaine d'ignorer le bruit des combats. Elle était aussi inutile ici qu'une couverture sous quarante degrés et elle se faisait du mal pour rien. Ferait-elle la même erreur que Kratein ? Elle avait peur, mais pas pour elle. La jeune femme pouvait compter sur les doigts d'une main ces moments et comme à chaque fois, elle grinça des dents en constatant que l'angoisse l'empêchait de réfléchir correctement. Encore une fois, peste.
Elle se donna une claque et le choc l'aida à remettre un peu ses idées en place. Pour contrer la peur, il n'y avait pas trente-si solutions, il faut lutter contre le mal, par la mal et usé d'une chose qu'elle détestait : la confiance. L'Argyre avait confiance en Nadjka. Il fallait qu'ils gagnent : les Néphélés n'étaient-ils pas les meilleurs sur ces mers ?
Et elle devait avoir confiance en elle une bonne fois pour toute.
Elle devait cesser d'être une telle faiblarde à pleurer et à courir dans tous les sens sans réel but, tel la plus geignarde des courtisanes. Elle devait faire quelque chose, une chose qui prouvait qu'elle avait eu raison de venir en dépit de toutes les mises en garde. Par ailleurs, l'état de son bras était préoccupant. La meilleure option était encore de rallier Port-Salut que les mercenaires du Cap de la Tortue devaient avoir déserté.
Sans écouter son corps meurtri, à deux doigts de se briser, Iphigénie remonta la côte et un longue marche laborieuse fut nécessaire avant qu'enfin elle n'aperçoive les premières maisons. Un vieux panneaux de bois marqua le passage définitivement dans le bourg et pourtant, pas plus que sur la lande, elle ne croisa âme qui vive. Ce silence la mettait mal à l'aise, la jeune femme rasait les murs de pierres sèches des jardins comme un évadé de cachot, lorgnant à droite et à gauche avec la désagréable impression d'être épiée.
Elle se croyait dans une ville fantôme, sans soldat, sans habitant : rien ! Pas le moindre bruit témoignant d'un peu de vie dans les rues. Les clameurs lointaines des combats n'étaient ponctuées que par le grincement d'une enseigne rouillée ou du vent sur les branches des arbres plantés le long des rues.
Que les habitants se terrent dans leurs pénates passent encore, mais qu'elle ne croise pas la moindre patrouille? Les mercenaires n'avaient sans doute jamais imaginé qu'un ennemi puisse arriver par la terre ! Encore qu'Iphigénie toute seule et blessée ne soit pas une menace particulièrement inquiétante...
A travers les vitres des maisons, quelques visages intrigués de quelques habitants pointaient, observant avec curiosité l'arrivée de cette silhouette en piteuse état. Ignorant tous ces regards intrusifs, la jeune femme atteignit laborieusement une petite placette plus loin dans les faubourgs. Elle avait marché jusqu'ici, elle ne se sentait plus de faire un pas de plus. IL était temps d'envisager une pause. Soufflant comme un bœuf, la jeune femme avisa un banc sur une petite place où elle se laissa finalement tomber. Elle ferma les yeux et lorsqu'elle les rouvrit enfin, elle vit un vieillard sans âge tout de noir vêtu qui la toisait, assis sur un vieux rocking-chair en face d'elle. Il plongea ses petits yeux noirs enfoncés dans leurs orbites, brillant comme des scarabées, dans les siens et l'apostropha, sa cane levée comme s'il s'attendait à ce qu'une telle menace la fasse fuir :
- Hé, gamine ! Qu'est-ce que tu fabriques ! Tu ne te rends pas compte que c'est la guerre dehors ?
Calmement, Iphigénie observa ce vieil homme sous son cerisier et elle ne put s'empêcher de superposer l'image à celle de son père. Elle se débarrassa difficilement du souvenir et gronda enfin :
- Le prochain qui m'appelle « gamine », je le jette du haut de la falaise. C'est clair, l'ancêtre ?
- Rentre chez toi, gamine, répliqua l'acariâtre barbon sans se démonter.
- Et vous que faites-vous là, ne devriez-vous pas suivre vos propres conseils et rester bien calfeutré à l'intérieur ?
- Quand on a mon âge, mon petit, tout ce bazar, on le regard de très loin.
Iphigénie haussa un sourcil. Le vieillard hésita un moment et leva une nouvelle fois sa cane afin de ponctuer sa nouvelle déclaration :
- Tu reviens de la côte ?
- Qu'est-ce que cela peut vous faire ?
- I' se trame quoi là-bas ?
Iphigénie essaya de se remémorer les dernières images. Nadjka était encore en mauvaise posture et aucun renfort n'était encore arrivé du détroit de Galapas. Toutefois, la dernière fois qu'elle l'avait vu, le stratagème de la chef de Narvals avait suffisamment bien fonctionné pour que le reste de la flotte des mercenaires soit bloquée et à moitié coulée par les plus petits navires de la flotte Néphélée. On pouvait donc en déduire que le détroit de Galapas était comme le reste de la baie, en passe de tomber entre les mains des Néphélés.
Non ?
La jeune femme priait en tout cas pour ce soit le cas. Des visages de plus en plus nombreux étaient apparus aux fenêtres des maisons au fil de son échange avec le vieil homme. Elle sentait leur attention accrue et après tout... Pourquoi ne pas susciter un peu d'espoir ? Aide-toi et le ciel t'aidera, songea-t-elle. Un sourire fendit son visage en deux et les mots se mirent en place d'eux-mêmes afin d'enjoliver la réalité :
- Les mercenaires sont en train de perdre. Le port est presque dégagé et la route commerciale ainsi que le détroit de Galapas sont entre les mains des Néphélés.
Une tête parut dans l'embrasure d'une porte, les sourcils tout froncés.
- C'est vrai, petite ?
- Oui, j'accompagne les Néphélés. J'ai tout vu depuis la côte.
L'homme taillé comme un buffle sortit brusquement de chez lui, une longue broche à viande encore luisante de graisse en main. L'apparition fut si soudain que la jeune femme sursauta.
- Aux armes !
Alors soudain, comme s'ils n'attendaient que ce cri, des hommes comme des femmes jaillirent de leur maison en brandissant chacun une arme improvisée et se rassemblèrent au milieu de la place. Le calme de sa conversation avec le vieil homme du cerisier se transforma en un tumulte dans lequel Iphigénie fut vite noyée. Elle se releva et monta sur le banc pour éviter d'être écrasée par la presse.
- Défendons à notre tour la ville ! L'aide de la Cité est enfin arrivée !
- Sus aux mercenaires !
- Du sang !
Ces habitants en colère après l'occupation de leur ville voyaient une occasion enfin de se révolter. Le sourire d'Iphigénie ne cessait de s'élargir, la situation prenait de proportion qu'elle n'avait pas imaginé. Maintenant, elle n'allait certainement pas décourager ces braves gens...
Le boucher armé de la broche à viande brandit le poing, réclama un bref instant le silence parmi son auditoire et pointa du doigt un bâtiment clair, perché sur les hauteurs qui dominait Port-Salut :
- Tous à l'Hôtel de ville, reprenons les centres de commandement !
- Et les docks ! rugit Iphigénie qui ne perdait pas le nord, de toute la puissance de ses cordes vocales pour se faire entendre.
Un autre habitant au faciès rubicond, maniant un solide marteau de forgeron, se plaça à côté d'elle et renchérit, son outil levé :
- Et les docks !
Soutenue par la foule qui sortait de toutes parts, Iphigénie fut mise debout et entraînée avec les autres. Elle tenta de courir comme elle put pour ne pas se faire écraser et n'y aurait pas réussi si un boulanger moustachu ne s'était pas aperçu qu'elle peinait :
- Tu as l'air de t'être battue vaillamment, il ne faut pas que tu manques le dénouement !
- Prend-la sur ton épaule, Marc !
L'ordre émanait d'une femme aux manches retroussées et aux joues rondes et enfarinées qui parvenaient à leur hauteur.
- Comme tu veux, ma mie. Accroche-toi gamine.
Sans crier gare, il attrapa Iphigénie par la taille et la jucha sur ses épaules. Elle eut juste le temps de se cramponner que déjà, il reprenait sa course avec les autres en hurlant, arme et poing levé vers le ciel. De chaque maison, les gens sortaient à la hâte et venaient grossir leur cortège de leur rage et de leur force. La ville descendait dans la rue. La fragile soupape qui contenait leur colère explosait à chaque instant et à chaque croisement, l'Argyre en avait une nouvelle preuve. A ses côtés, battant le pavé, les couturières avaient empoignés leur ciseau, les lavandières leur battoir et les poissonniers leurs harpons. Une armée aussi hétéroclite et désordonnée, Iphigénie n'en avait jamais vu et pourtant, elle n'aurait pas souhaité se retrouver sur leur chemin. Sa surprise et son admiration ne cessait de croître à chaque instant.
Elle fut reconnaissante à l'homme de soulager sa peine, s'amusa malgré elle de la situation et finit enfin par y prendre goût. Bientôt, elle criait aussi fort qu'eux tous. Les mains vers le ciel et les imprécations contre les mercenaires aux lèvres, elle était survoltée. Iphigénie éclata de rire, ce n'était pas ainsi qu'elle avait prévu de se rendre utile !
Tendant le cou, elle apercevait le port en contrebas de la colline que la foule gravissait. Les navires Néphélés avaient accosté ! D'ailleurs, c'était bien leurs marins qu'Iphigénie apercevait à présent remontant une grande avenue, se dirigeant comme eux droit vers l'Hôtel de ville. Ils n'étaient cependant pas suffisamment rapides et les habitants dans leur course vers les hauteurs envahirent l'artère principale, leur bloquant le passage.
Le regard d'Iphigénie fut alors interpellé par la chemise rouge de l'un des Néphélés de l'escouade.
- Sergei ! Beugla-t-elle en agitant le bras.
Sergei, car c'était bien lui, et la troupe qu'il menait s'arrêtèrent bouche bée pour voir les habitants déboulés par dizaine de toutes les rues avec à leur tête le forgeron, l'homme à la broche, le couple de boulangers et Iphigénie qui braillait le poing dressé.
- Milady ?
La mâchoire du quadragénaire se décrocha et il en resta les bras ballants.
- A l'hôtel de ville ! A tout à l'heure mon ami ! eut juste le temps de lui crier Iphigénie avant que le mouvement de foule ne l'emporte et que le Néphélé sorte de son champ de vision.
Le boulanger déposa Iphigénie juste à l'entrée de l'Hôtel de ville pour avoir ses deux mains de libre. Le portail, trop étroit pour laisser passer une telle foule, sauta rapidement de ses gonds.
La jeune femme battit en retraite alors que les habitants s'engouffrait par l'ouverture, avec la force du courant d'une cascade. Elle se contenta de savourer les hurlements et les injures qui secouait le bâtiment. La prise de l'Hôtel de ville s'effectua avec une rapidité surprenante. L'escouade des Néphélés qui arriva bientôt sur les lieux eut raison des survivants de la poignée de mercenaires laissés sur place et que la foule n'avaient pas encore étripé.
La jeune femme demeurait seule dans la rue tandis que le mobilier passait par les fenêtres de l'Hôtel de ville et que le drapeau de la Cité s'élevait sur le mât de la cour. Elle trouva qu'il était temps pour elle de s'éclipser, car pour une personne qui ne savait pas se battre, elle avait déjà beaucoup donné. Son adrénaline venait de retomber et tout à coup l'attrait d'un lit lui sembla irrésistible. Ou, juste un banc, n'importe quoi, le temps d'attendre Sergei. Hélas nulle surface de la sorte ne se présenta. Elle avisa une ruelle calme, haussa les épaules et se casa dans l'ombre d'un tonneau.
Elle fermait les yeux quand une lourde masse trébucha contre elle et s'affala tout du long. Elle rouvrit les yeux et paniqua en apercevant un mercenaire gravement blessé étalé sur ses jambes. L'homme grogna et laissa dériver son regard sur elle. La même étincelle de panique brilla dans leurs yeux.
Ce serait à qui dégainerait le plus vite.
Le mercenaire tira une dague. Mue par un instinct de survie, Iphigénie plaqua immédiatement ses mains contre ses tempes et s'introduisit dans son esprit. L'ennemi lâcha sa lame et elle brutalement se sentit vidée de toutes ses forces. Son Don instinctivement tentait de s'introduire dans l'esprit de sa victime et chaque miette de son énergie s'enfuyait hors de son corps. Elle n'était pas du tout préparé mentalement à un telle opération et sa personnalité manqua d'être assimilé à celle de sa victime. Elle mobilisa toute sa volonté pour ne pas perdre ses souvenirs. Elle sentait son cœur battre de plus en plus faiblement. Il allait finir par s'arrêter. Elle s'était déjà retrouvée piégée dans la mémoire d'un autre quand elle était enfant, telle une mouche dans l'ambre et si cela se produisait encore une fois, aucun Argyre ne serait là pour la tirer du piège.
Ce fut la fatigue qui la sauva. Juste avant que son cœur ne s'arrête, une sorte de chape de plomb lui tomba sur les épaules et obscurcit totalement son esprit. Alors, lentement, elle se laissa glisser contre le mur de la ruelle et perdit finalement connaissance.
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