Épilogue
Il n'y a pas de Ténèbres sans Lumière et il n'y a pas de Lumière sans Ténèbres.
Ce sont ces mots que m'ont souvent répétés ma mère et Esmeralda, l'Invocatrice de Lumière. J'ai rarement compris pour quelle raison une femme comme elle faisait autant confiance à une femme comme moi. J'étais tout son opposé, j'étais le mal incarné, rongée par ce poison qui vivait dans mes veines, sans même l'avoir choisi.
Mais si nous pouvions choisir ?
Lucius n'est pas né avec les Ténèbres, il les a conçu de toute pièce, avec sa haine, il a transformé son don incroyable en chaos instable. Je n'ai jamais bénéficié de ce don, mais je suis née de parents dotés d'un pouvoir chacun : ma mère était dotée d'un don qui lui permettait de contrôler tous les éléments et mon père était un Être de Feu, incroyablement puissant.
Peut-être naissons-nous tous avec un don, certains auront des pouvoirs et d'autres auront la possibilité de jouer de la musique, peindre, coudre, lire, écrire, forger... il y a tant de possibilités merveilleuses à exploiter et personne n'est à part.
Je suis morte une fois, poignardée en plein coeur et je suis revenue à la vie, grâce à mon frère. Puis je suis de nouveau morte, quand j'ai cru pouvoir le ramener à la raison, je me suis trompée et j'ai trahi mes amis les plus proches. Lucius m'a enveloppée dans une prison de Ténèbres desquels je ne pouvais m'extirper. Je n'étais plus moi-même, incapable de parler normalement, de ressentir une émotion humaine. Je vivais dans la haine constante tandis que lui, continuais de ressentir les choses. Il m'a privé de mon humanité pour son bien personnel, il a été égoïste et m'a trahie à son tour.
Notre famille a été maudite à la mort de nos parents et c'est un drame que nous ne pourrons jamais réparé, Lucius n'a jamais su l'accepter.
Lorsque je me suis changée en pierres, j'ai senti que je dérivais, j'ai senti que j'allais y laisser ma vie mais ce n'était pas le cas, ce n'était qu'un renouveau. Les Ténèbres m'effraient et la Lumière a su révéler qui j'étais. J'ai puisé en moi, dans un dernier effort, toute la lumière que je pouvais offrir et j'ai transformé ce triste pouvoir.
Lorsque je reviens à moi, après avoir été propulsée quelques mètres plus loin par la force de l'explosion, je pousse un faible gémissement. Je suis à plat ventre, la joue appuyée contre le sol froid. Je m'appuie sur mes mains pour me relever et reste à genoux un instant, observant autour de moi. L'endroit est détruit, la tour n'a plus de toit. Lorsque je lève la tête, je me rends compte que l'orage a cessé et les éclairs ne fendent plus le ciel, les nuages se résorbent lentement pour laisser quelques rayons de soleil atteindre notre terre et des cendres virevoltent en silence dans les airs.
— Je... je suis en vie ! Je suis en vie !
Je me relève et me retourne, je vois Andreï toucher son torse, son visage, complètement ahuri.
— Jamésy ? Mon amour ? Où es-tu ? appelle-t-il. On a réussi !
Il pousse des planches de bois et s'immobilise, son sourire disparaît aussitôt lorsqu'il reconnaît son ami, allongé dans les débris, mort.
— Non... sanglote-t-il en se laissant tomber à genoux. Pitié, reviens-moi...
Je détourne le regard lorsque j'entends un gémissement, je suis le son de cette plainte légère et agonisante. Je m'arrête devant Lucius, il est couvert de gravats qui écrasent ses jambes, son visage est strié d'égratignures, son nez saigne, ses bras sont déposés le long de son corps. Je m'accroupis près de lui et saisis sa main dans la mienne lorsqu'il me la tend. Il tourne doucement sa tête vers moi, sa respiration est sifflante, des veines noires et boursouflées s'enchevêtrent sur son visage pâle.
— Laora...
— Je suis là, lui murmuré-je.
Il esquisse un bref sourire, ses lèvres sèches craquellent lorsqu'elles s'élargissent en ce sourire satisfait que je ne comprends pas tout de suite.
— Je savais que ma petite soeur serait une grande femme, souffle-t-il d'une faible voix. Je... je suis fier de toi.
Il serre ma main difficilement, je baisse la tête un instant, ma gorge se noue, mes yeux brûlent tant je tente de retenir mes larmes. J'y ai cru jusqu'au bout, à sa rédemption, je l'ai espéré si fort...
— Merci, murmure-t-il.
Je relève mes yeux embués de larmes vers lui.
— Tu m'as libéré... petite sœur.
Il me fixe, je constate que son regard est figé, sans vie. Je peux entendre un dernier souffle passer le seuil de ses lèvres, sa main retombe mollement sur les débris et il ne bouge plus, ne respire plus. Je pose ma main sur son torse, ferme les yeux, laissant couler mes larmes sur mes joues.
— Je suis désolée de ne pas t'avoir sauvé... susurré-je comme un secret.
Je crois que j'ai aimé Lucius, réellement. Sa mort me brise le coeur car je n'ai pas su le sauver, je l'ai peut-être libéré mais j'espérais trouver une autre solution que la mort.
— Tristan ! Réveille-toi ! Réveille-toi bon sang.
Je me retourne et constate qu'Andreï est agenouillé entre le corps inerte de Jamésy et celui de Tristan. Je cours en leur direction et m'agenouille près de Tristan. Ses yeux vairons sont figés sur le ciel devenant bleu petit à petit. Je pose ma main tremblante sur sa joue brûlante, je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment réagir mais j'ai la sensation de ne plus pouvoir respirer.
— Tristan... soufflé-je d'une voix presque imperceptible, reviens...
Mais ce n'est pas le cas, il demeure immobile, les yeux figés, sans vie, comme mon ami à sa gauche, comme Lucius. Je laisse mes larmes couler et pose ma tête contre son torse, je m'allonge auprès de lui, auprès de son corps chaud. Je rêvais de cette chaleur depuis des mois, je rêvais de le sentir près de moi, de l'entendre, de le voir... Je n'entends pas les battements de son coeur, je n'entends rien. Je ferme les yeux, aussi fort que je le peux, mon coeur frappe si brutalement ma poitrine que je crois mourir également.
— Je t'aime aussi... murmuré-je.
J'ai entendu son appel ce jour là, sur le champ de bataille, je l'ai tellement entendu... Je l'ai tellement rêvé mais je m'en suis détachée, car je ne savais plus comment faire, comment lutter contre les Ténèbres qui m'envahissaient. Je me redresse et dépose un baiser sur ses lèvres, l'une de mes larmes tombe sur sa joue abimée par l'explosion et se mêle au sang sur son visage.
Nous nous jetons un regard Andreï et moi, démunis et meurtris. Le petit prince saisit ma main et la serre dans la sienne.
Soudain, les veines de Tristan se mettent à lentement scintiller, cette brillance est bien plus faible que la normale, et pourtant, c'est le cas. Je pose ma main sur sa poitrine, pour alors sentir son coeur battre, lentement mais très fort. Puis il prend une grande inspiration, se cambre légèrement en haletant.
— Tout va bien... tout va bien, je suis là, Tristan, tu m'entends ?
Il pose ses yeux sur moi, il semble sous le choc, l'air totalement perdu.
— Chloé ? C'est bien toi... ?
— Je suis là, je ne t'abandonnerai plus jamais.
Je l'aide à se redresser et le serre dans mes bras, je souhaiterais ne plus jamais le lâcher mais il le faut, car l'ordre doit de nouveau régner et des tonnes d'innocents doivent être sauver. Je sais qu'aux quatre coins de notre monde, les statues de pierre que nous avons laissées derrière nous reprendrons vie dès que la lumière du soleil les aura atteint. Cette pauvre petite Léna, laissée seule dans sa chaumière à Dystéria reprendra vie mais découvrira le corps inerte de son frère Hugo... Cette famille que j'ai changé en pierre juste avant se réveillera et ce brave homme se rendra compte qu'il a su sauver sa femme et son enfant.
À l'extérieur, tout le monde s'extasie devant la lumière, ils dansent, se prennent dans leurs bras, regardent le soleil quitte à s'abimer la vue. Ils semblent tous si heureux, ils ont gagné la guerre, l'Ère des Ténèbres est révolue.
Andreï règnera sur les Sept Nations le cœur brisé sans possibilité de retrouver l'amour et je serai à ses côtés, comme sa tante et reine. L'héritier du trône a été désigné et se nomme Aaron, le fils de ma défunte amie Hélène. Je l'ai pleuré des jours durant, et nous lui avons offert des funérailles dignes d'une grande guerrière. Nous saurons et n'oublierons jamais la bienveillance qui l'animait et son courage, tout comme son père. Je sais qu'une part de moi ne pardonnera jamais, je suis en partie responsable de leur mort. Quant à ma mère, elle a survécu à cette guerre bien qu'elle ait été changé en pierre. Elle est restée à Corvil et ne souhaite quitter sa Nation pour rien au monde. Elle se démène afin de la rendre prospère à nouveau. Je lui rends visite le plus régulièrement possible. Tristan a décidé de reprendre les voyages avec plusieurs pirates, dans l'espoir de trouver de nouvelles terres à découvrir après sa longue convalescence. Durant celle-ci, ce fut éprouvant, son pouvoir d'Être de Feu l'a sauvé mais il a souffert durant des semaines. Chaque fois qu'il revient de voyage, nous restons ensemble jusqu'à un prochain départ qui me brise constamment le cœur. Mais nous sommes mariés à présent, et ce pour le reste de nos vies.
Nous avons tant de travail, tant d'erreurs à réparer.
Nous avons Cinq Nations à reconstruire et nous le ferons, tous ensemble, les Hommes, les Êtres de Pouvoir, mains dans la mains, sans guerre ni vices, guidés par la Lumière et les Ténèbres.
Je m'appelle Chloé Laora Aguilarr, je suis l'Invocatrice de l'Ombre et de Lumière.
Cette trilogie prend fin sur ces derniers mots. Vous ne pouvez pas vous imaginer comme mon coeur se serre... J'aimais les personnages, le monde que j'ai créé durant ces deux longues années à rédiger cette histoire. Mais toute bonne chose a une fin. Cela ne sert à rien de faire trop de tomes pour tourner en rond et que l'histoire se répète. Nous avons explorer les Sept Nations de fond en comble, et tout est bien qui finit bien, même si nous avons perdu du beau monde en route, leur mort a été utile à l'histoire.
Sachez que vous allez également beaucoup, beaucoup me manquer. J'espère vous revoir sur d'autres récits.
Si vous aimez la Fantasy, une petite saga de deux tomes nommées Le Maître des Dragons est disponible, une histoire de famille, de Dragons et de roi...
Si vous aimez les trilogies, sachez que je vais continuer la trilogie que j'ai commencé L'Armure du Dernier Dragon. Je serai ravie de vous y voir et de lire vos commentaires comme à chaque fois.
Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point recevoir des commentaires, ou même des messages privés au sujet de mes histoires est un soutien indéniable. Pour vous, ce n'est peut-être rien, mais pour un auteur passionné, c'est beaucoup. Alors, un grand merci à vous tous et peut-être à bientôt pour une nouvelle aventure mouvementée mais toujours parsemée d'amour.
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Pour le plaisir, réécoutez cette musique, peut-être que les paroles vous parleront davantage cette fois.
https://youtu.be/zX9yw8wBkB4
Foncez sur ma nouvelle histoire, vous ne serez pas déçus ! Il est temps de reprendre le voyage pour une trilogie brûlante...
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