9 - Zola

« La loi du monde est que l'homme lutte contre le monde, en assumant le risque de sa propre perte. »

–Denis de Rougemont.

Je ne crois pas qu'il y ait vraiment des règles sur la manière dont nait une amitié.

Demandez autour de vous, aux gens, comment ils sont devenus amis. Je vous promets que vous aurez l'occasion d'entendre les histoires les plus improbables et les plus incohérentes qui soit.

Hé oui, c'est comme ça, la vie demeure bien étrange, des fois.

En fin de compte, ce qui compte c'est que la personne avec qui vous êtes ami, fasse de vous quelqu'un de meilleur. Espérez que quand vous êtes avec lui, vous soyez surtout vous-même, la plus belle version de vous-même.

Alors peu importe comment vous vous êtes rencontrés : à l'école, dans un bar, sur un trottoir, à un cours de cuisine ou à la suite d'un enlèvement complètement raté.

Retenez la leçon : toute votre existence, toutes les aventures que vous vivrez, aucunes ne seront incroyables si vos amis ne sont pas à vos cotés.

– Il y a un entrepôt sur le port de Long Beach, c'est là que tout se passe. Ils y stockent toutes leurs armes, il y a des bureaux. C'est là où on m'a entrainée à devenir la parfaite petite tueuse à gage quand j'étais adolescente, expliquai-je alors que le silence régnait dans la pièce.

J'étais assise à la table de la cuisine des Sinners, entourée d'une dizaine de gars, dévoilant toutes les informations que je connaissais sur ma famille.

– Il y a des cellules ? Une cave ou endroit pour retenir les gens ? me demanda Ed, qui suivait notre réunion en vidéo caméra, depuis Los-Angeles.

– Non, pas à ma connaissance, répondis-je en fouillant dans mes souvenirs, Mais il y a plein de pièces, ils pourraient très bien enfermer quelqu'un dans l'une d'elles.

– Des caméras de surveillance ? interrogea H, le hacker du groupe, assis en face de moi, occupé à taper mes informations sur son ordinateur.

– Oui, partout. C'est un réseau interne, ça me semble difficile à pirater.

– Non ça, ça n'existe pas. On va bien trouver une solution, rigola H, Oh, j'ai le plan satellite de l'adresse que tu nous donné, annonça-t-il ensuite.

– C'est grand, fit remarquer Jared, assis à mes cotés, qui devait probablement regarder l'écran de H.

– Il y a une vingtaine de petites pièces et la grande salle principale de l'entrepôt. Je connais cinq entrées : deux reliées à la pièce principale, deux sur les cotés et une à l'arrière, à l'étage, qui donne sur un escalier de secours.

– Tu connais les habitudes de ta famille mieux que personne, répliqua un jeune homme du nom de Steven, Comment tu t'y serais prise, toi, pour faire un raid dans ces lieux ?

– Il n'y a pas tant de personnes que ça, mais ils sont tous très bien entrainés. Alors j'aurais fait en sorte de les séparer. J'aurais créé plusieurs diversions aux différentes entrées pour occuper tout le monde, puis j'aurais envoyé un groupe silencieux pénétrer par cette porte arrière relié à l'escalier de secours. Il ne faut pas qu'ils se doutent que vous venez pour Mercy, parce que dans ce cas, ils vous empêcheront de l'approcher. Il faudra que vous fassiez croire que vous êtes quelqu'un d'autre, exposai-je en faisant des signes avec mes mains pour développer mes idées, Néanmoins, ce plan n'a une chance de fonctionner que si Mercy est vraiment là-bas.

– Elle y sera, assura Jared d'une voix convaincue, J'ai contacté Richard Wilkins, expliqua-t-il ensuite alors que je fronçais les sourcils.

– Le chef des Red Storms ? interrogeai-je, surprise.

– Oui, tu le connais ? s'étonna Jared.

– Effectivement. Mon meilleur ami, Joe, fait parti des Red Storms. Il m'a déjà parlé de lui.

– Joe Bloom ? s'exclama Ed alors que je hochais la tête, J'adore ce mec !

– Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, ricana H, sans que je comprenne ce qu'il sous-entendait.

– Comment ça ?

– Jared lui a cassé la mâchoire, il y a quelques années, m'expliqua Steven.

Je laissais échapper une exclamation de surprise en me tournant vers Jared.

– Un malentendu, ce défendit ce dernier.

– Et c'est comme ça que tu règles tes malentendus ? l'enfonça Ed, Rappelle-moi de ne jamais t'énerver.

– Bon, on perd du temps, fit remarquer Jared, agacé, J'ai donc contacté Richard et il va nous aider. Il m'a mis en contact avec un ami à lui, à Los-Angeles ;  ils nous soutiendront pendant l'attaque. Une quinzaine d'entre vous vont venir à Long Beach pour le raid. H a pris des billets, l'avion décolle en fin d'après-midi. Les autres vous resterez ici, Steven, tu gardes la maison.

– On ne devrait pas appeler Coal ? souleva un certain Jack.

Plusieurs personnes approuvèrent. J'ignorai qui était ce Coal, mais il avait l'air d'avoir beaucoup d'importance dans le groupe.

– Non, si on appelle Coal, Eleanor viendra aussi, développa H.

– Et alors ? demanda Steven, Cette fille est une machine à combattre, et elle adore ce genre de truc, elle serait la première partante. Il faut reconnaître qu'elle a un petit coté psychopathe... Ne lui dîtes pas que j'ai dit ça.

– Même si Eleanor et Coal sont très doués, ils sont parents maintenant et ils ont raccroché avec cet univers. On ne peut pas les appeler à chaque fois qu'on a un problème. On doit les laisser vivre leur vie. Est-ce clair ?

Un coeur d'approbation résonna dans la pièce, signifiant que le sujet était clos.

Jared détailla ensuite les dernières informations sur le départ et indiqua qu'il faudrait se tenir prêt pour dix-sept heures.

– Je peux te parler ? me glissa-t-il à l'oreille quand ses explications furent terminées.

J'acquiesçai et nous nous levâmes sous les discussions de la mise en place du raid, Jared me guidant à travers la maison jusqu'à sa chambre  – en déduisis-je à l'odeur qui y régnait.

– Zola, pendant qu'on fait le raid, je ne veux pas que tu retournes dans ton appartement. Si tu es d'accord, j'aimerais que tu restes dans cette maison.

– Pourquoi ? lui demandai-je, surprise.

– Je me dis que si notre théorie était correcte. Si c'est vraiment toi qu'ils veulent et qu'ils ont misé sur le fait qu'on te retrouve, ils ont probablement envoyé quelqu'un pour nous surveiller et voir comment avance les recherches. D'ailleurs, Klaus m'a appelé, tout à l'heure, pour savoir si on avait des nouvelles de ta localisation. Je lui ai dit qu'on ne savait pas encore mais qu'on avait des pistes en France.

J'approuvai ; ce mensonge était relativement convaincant puisque j'étais à moitié française et que je parlais couramment  la langue, information que j'avais confiée à Jared.

– Sauf que je ne sais pas combien de temps on pourra mentir avant qu'ils découvrent le poteau rose, continua-t-il.

– Oui, et puis si il me trouve avant que vous ayez récupéré Mercy, ils n'auront plus aucunes raisons de la garder en vie, rajoutai-je.

– Effectivement, mais ce n'est pas la seule raison, me contra-t-il en soupirant, Je pense aussi à ta sécurité. Tu seras mieux protégée, ici. Tu travailles vendredi ou ce week-end ?

– Non, pas avant lundi.

– Alors, s'il te plait, reste ici. Rien ne t'en empêche. Les gars seront super avec toi. J'espère être rentré d'ici lundi.

Je hochai la tête, comprenant son raisonnement.

– Ça marche, approuvai-je.

–Merci, souffla Jared, visiblement soulagé, Je ne serais pas là, tu peux squatter ma chambre le temps qu'il faudra. Si tu veux récupérer des affaires chez toi, je peux demander à un des gars de t'accompagner. Néanmoins, je vous conseille d'être discrets -plutôt le soir.

– D'accord, on fera attention, assurai-je.

Le reste de la journée se passa dans le calme. Le prénommé Jack me fit visiter la maison et les différentes pièces afin de m'aider à me repérer dans les lieux. Nous passâmes, par la suite, une partie de l'après-midi à revoir le plan et à peaufiner les détails pendant que certains des hommes préparaient leur bagages. 

Quand ce fut l'heure du départ, Jared pénétra dans sa chambre pour récupérer son sac à dos, avant de partir. J'étais assise sur son lit, un livre en braille entre les mains. 

Je relevai la tête à son entrée.

– On va y aller, m'indiqua-t-il.

Je me relevai et tendis les bras, afin de me guider, vers l'endroit d'où provenait sa voix. Sa main rencontra la mienne alors qu'il m'attirait à lui pour me serrer brièvement dans ses bras.

– Faîtes attention, là-bas. Ils ne vous feront pas de cadeaux, il faudra se monter plus rusé.

– Promis, chuchota-t-il contre moi.

– Sois prudent, Jared, murmurai-je avant qu'il ne s'en aille.

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