10 - Jared

« " Ohana " signifie famille, famille signifie que personne ne doit être abandonné, ni oublié. »

– Lilo et Stitch.


Je me battrai jusqu'au bout.

J'affronterai vents, marées et océans, si c'est nécessaire.

J'essaierai mille fois, et j'essayerai encore après ça.

Je jure que je ne renoncerai  pas,  je n'abandonnerai pas les gens que j'aime, je ne laisserai pas tomber mes amis, même quand ça deviendra tellement difficile que je n'arriverai plus à respirer.

A cet instant-là, je me battrai encore dix fois plus.

Car mes amis sont ma famille.

Et on n'abandonne pas sa famille.

– Alors quoi de neuf ? demanda Clyde à travers le combiné pendant que je nettoyais mon arme automatique, mon portable coincé entre mon oreille et mon épaule.

– Pas grand chose, la routine, répliquai-je sur le ton le plus nonchalant possible.

C'était un pur mensonge, bien-sûr ; ce que nous nous apprêtions à faire frôlait le suicide.

– Comment va Thomas ? lui demandai-je pour changer de sujet.

– C'est un amour, s'extasia mon ami avec une pointe de fierté dans la voix, Mais j'avoue qu'on est exténué. Il ne fait pas encore ses nuits, alors les nôtres sont bien courtes aussi. Je ne sais plus comment c'est que de vivre sans être fatigué, tout le temps.

– Coal, tu as fait l'armée, lui rappelai-je, Tu ne vas pas me faire croire que tu n'es pas habitué à la fatigue.

Clyde éclata de rire à travers le combiné.

– Oh, ce n'est même pas comparable, mon frère. Avec l'armée, je savais à quoi m'en tenir. Mais Thomas, c'est un univers bien plus terrorisant.

– Je note que c'est un bébé qui aura eu la peau du grand Clyde Coal, ricannai-je.

– Oh ça oui, il a gagné la guerre à l'instant où il est né, acquiesça Clyde avant de reprendre plus sérieusement, Tu sais, j'ai peur constamment pour lui ; il est si petit. Et si il lui arrivait quelque chose ? Je veux dire, je connais mieux que personne les dégâts que la vie peut nous infliger, alors j'ai parfois du mal à accepter qu'il doive grandir dans ce monde de fous.

– Si il est comme son père, tu n'auras pas à t'en faire pour lui, le rassurai-je.

– Oui, mais si il est comme sa mère, je suis perdu, rigola-t-il, Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est Eleanor elle-même.

– Un mini-Eleanor ? L'angoisse ! J'adorerais voir ça.

– Et bien, l'occasion risque de se présenter bientôt ; on voulait justement venir passer, quelques jours, à New-York, après les fêtes.

– J'ai hâte de vous voir ! Par contre, la maison est tellement remplie que vous aurez le choix entre dormir dans le grenier ou dans le frigo.

– Choix compliqué, ricanna-t-il, Et sinon ? Tout le monde va bien ?

J'hésitai un instant. 

Comment lui dire, par téléphone, que nous nous trouvions à Los Angeles, avec une quinzaine des Sinners, car Mercy avait été enlevée par la terrible famille Black et que nous avions fait une alliance avec leur fille ?

– Oui, tout le monde va super bien, menti-je en fermant les yeux.

Cacher la vérité à Clyde était infiniment difficile, nous avions toujours convenus de tous nous dire. C'était ainsi que ça marchait chez les Sinners, mais aussi dans notre amitié, l'honnêteté primait. Néanmoins, comme lui-même me l'avait fait remarquer, il y a bien longtemps : on peut parfois faire de mauvaises choses pour de bonnes raisons.

Hors, protéger Thomas en faisant en sorte qu'il puisse grandir avec ses parents auprès de lui était la meilleure de toute.

Ed pénétra dans la cuisine de la maison que nous avions loué et m'indiqua d'un signe de la main qu'il était temps de partir.

Notre raid devait se dérouler dans moins d'une heure.

– Bon, je dois te laisser mon frère, m'exclamai-je,  Je t'appelle bientôt.

Clyde approuva et me salua brièvement avant de raccrocher.

Je me levai ensuite pour enfiler mon équipement et m'emparer de mes armes avant de rejoindre le salon où les gars se préparaient tous.

– Tu lui as dit quelque chose? demanda Ed, à mes cotés, en faisant allusion à ma conversation téléphonique.

– Ça me tue, mais non. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'appelle, ce soir. Je lui ai menti, et le jour où il le saura - parce que c'est sûr qu'il le saura- il me cassera une dent.

– Probablement, m'accorda Ed, Tout est prêt pour l'attaque ?

– Oui, Phillips, le pote de Richard, nous rejoint sur le port avec ses hommes. On a tout préparé, ça va bien se passer.

Ed hocha la tête, mais le doute s'affichait clairement dans ses yeux. Il semblait évident qu'une part de lui se préparait, déjà, à la mort potentielle de Mercy.

– Tout le monde est armés ? criai-je.

Les gars approuvèrent, et dans une coordination quasi-militaire, nous nous dirigeâmes vers les voitures d'occasion pour rejoindre Long Beach.

L'avion avait atterri à Los-Angeles, à peine trois heures plus tôt. Comme le plan avait été parfaitement coordonné avec Phillips et ses hommes, depuis New-York, l'après-midi même ; nous avions juste pris le temps de poser nos affaires et de nous équiper avant de partir.

Il ne fallait pas perdre de temps.

Il était minuit lorsque Simon gara notre voiture, suivie de prêt par les deux autres, au point de rendez-vous. Un homme d'une soixantaine d'années au look de surfer hippie nous attendait déjà, armé jusqu'au dent, accompagné d'une dizaine d'homme.

– Jared, heureux de se rencontrer en chair et en os, s'exclama-t-il en me serrant fermement la main, Je suis Phillips.

– Enchanté, merci beaucoup pour votre aide. On a une immense dette envers vous.

– Oh, les amis de Richard sont mes amis. Et puis, je suis content d'aider des gens qui ont assez de cran pour s'attaquer au Black, et avec un plan monté en un jour, qui plus est. J'ai hâte de voir où ça va nous mener.

– Espérons pas en enfer, répondis-je avant de lui présenter mes hommes et de revisualiser, une dernière fois, chaque étape du plan avec toute la troupe.

Les personnes présentes furent divisées en cinq groupe : quatre pour faire diversion et le cinquième comme groupe silencieux afin d'aller récupérer Mercy. Phillips gérait le numéro un, son bras droit le numéro deux, Simon le numéro trois et moi, le numéro quatre. Ed, quant à lui, avait insisté pour être à la tête du numéro cinq. Nous avions décidé, d'un commun accord, de placer la première diversion avec le groupe de Phillips afin de ne pas dévoiler, tout de suite, qu'il s'agissait des Sinners. Nous portions donc tous également un bandana rouge afin de les tromper, symbole de l'organisation de Phillips.

– J'ai envoyé un de mes mec surveiller la zone. Comme vous l'aviez dit, il y'a moins de personne qu'en journée.

– Oui, Zola nous avait indiqué que l'effectif est réduit la nuit, approuvai-je, Néanmoins, ils sont tous extrêmement bien entrainés. Comprenez-bien que la famille Black recrute uniquement dans son camp des personnes parfaitement formées. Ce sont tous des tueurs expérimentés. Il ne faudra pas baisser la garde à un seul instant.

– Le petit a raison, on ne rigole pas avec les Black. Sauf ce soir, ce soir on va se taper une bonne barre ! Tout le monde est prêt ? s'écrira Phillips sous les acquiescements, Alors en place !

Grâce aux indications de Zola et H, nous parvînmes à atteindre notre entrée attitrée en évitant les caméras de surveillance.

– G1 à G2, ready ? demanda la voix de philips dans le talkie-walkie.

– G2 à G3, ready ? continua John, le bras droit de Phillips.

– G3 à G4, ready ? indiqua Simon à mon adresse.

– G4 à G5, ready ? répondis-je, à voix basse, dans la machine.

– G5, ready, lancer l'assaut, conclu la voix de Ed.

C'était le signal.

Dès lors, tout s'enchaina très vite. Des coups de feux explosèrent dans le port, d'ordinaire si tranquille, de Long Beach, alors que des cris déchirèrent le silence de la nuit.

– C'est à nous, informai-je mon groupe en regardant ma montre avant de défoncer la porte d'un coup de pied pour progresser dans le couloir en formation serrée.

Plusieurs personnes sortirent d'une pièce, face à nous, et une fusillade commença. Le brouhaha ambiant qui résonnait dans l'entrepôt explosait dans mes oreilles pendant que l'adrénaline envahissait tout mon être.

J'étais en train de couvrir un de mes hommes quand, du coin de l'oeil, je vis une silhouette familière s'enfuir dans une autre pièce, en courant.

Après avoir vérifié que mon groupe avait le dessus et qu'ils n'avaient plus besoin d'aide, je commençai à suivre silencieusement la personne pour pénétrer dans la même pièce qu'elle.

– Pas un geste, on lève les mains, crachai-je à l'homme qui se tenait, dos à moi, dans l'embrasure de la porte.

A mesure qu'il se retournait lentement en levant les bras, son visage ne laissait plus de doute sur son identité.

– Jared Harding, ça faisait longtemps.

– Pas à assez, à mon goût, Monsieur Black.

L'homme qui se trouvait devant moi n'était autre que Arthur Black, le dirigeant actuel de la famille.

Le père de Zola.

– Où est Mercy ?

– Votre amie est dans le batiment, elle va bien.

– J'ai du mal à vous croire, sachant que les dernières paroles que vous m'ayez dites étaient un mensonge.

– Oui, je ne le nie pas. Néanmoins, cette fois, j'étais contre l'enlèvement de votre amie. Pour être honnête, je suis soulagé que vous soyez venu la récupérer vous-même. Je craignais que vous tombiez dans le panneau et que vous souhaitiez l'échanger contre Zola.

Le pistolet toujours pointé sur lui, je fronçais les sourcils. 

Si c'était leur plan de base pour que Zola revienne, pourquoi ne voulait-il pas qu'on l'effectue ?

Quelque chose dans mon expression dû me trahir car il pencha la tête sur le coté en plissant les yeux.

– Vous l'avez trouvée, c'est ça ?

Je hochai négativement la tête.

– Non.

– Dommage, vous êtes un piètre menteur. Cependant, même si je ne sais pas pour quelles raisons vous la protégez, c'est ce que vous faîtes vu que vous refusez de me confirmer quoi que ce soit.  J'en déduis donc qu'elle est avec vous. De plus, votre attaque si bien coordonnée de ce soir me laisse penser que vous avez reçu de l'aide. Une aide que seul quelqu'un qui connait ses lieux comme sa poche pouvait vous fournir.

Je restai stoïque, refusant de lui donner plus d'information.

– Ecoutez, reprit-il, Je n'ai pas mis en place cette opération. Ce sont mes fils et ma femme. Ils sont obsédés par le fait de retrouver Zola, et je crois qu'il y a plus derrière que simplement l'envie de réunir la famille. Ils refusent de me dire quoi que ce soit, mais je sais quand ils mentent, et ce qui est sûr, c'est que je ne connais pas toute la vérité. Alors si vous savez où est Zola : cachez-la. J'ai peur pour elle, peur qu'ils veuillent lui faire du mal, murmura-t-il la voix vacillante.

– Pourquoi me diriez-vous tout ça dans le dos de votre femme et de vos fils ?

Son regard se planta profondément dans le mien.

– Parce que même si je ne suis pas quelqu'un de bien, je suis un père, Jared. Et si tu as rencontré Zola, et ça, j'en suis persuadé car je vois le regard que tu as à chaque fois que je prononce son nom, tu as dû t'apercevoir qu'elle n'est pas comme nous. J'avais deux fille, et j'en ai déjà perdu une, je ne peux pas perdre Zola également. Alors je ferais tout pour la protéger, même si ça signifie la protéger de sa propre famille.

– Je ne sais pas si je peux vous croire.

–  Alors ne me crois pas. Mais sache que quelque chose se trame, Jared, quelque chose qui concerne Zola. Et je ne suis pas sûre qu'elle pourra lutter contre toute seule.

Un silence envahit la pièce jusqu'à ce que mon talkie-Walkie se mette à grésiller.

– On a récupéré Mercy, elle va bien, indiqua la voix entrecoupée de Ed, Tout le monde évacue.

Je reportai mes yeux sur le père de Zola, hésitant, sans cesser de le viser avec mon arme.

– Allez-y, déclara-t-il, Partez avant que quelqu'un ne nous voit ensemble. Et surtout, ne parlez de cette conversation qu'aux gens en qui vous avez entièrement confiance. Les Black ont des oreilles partout.

Je hochai la tête, malgré moi, et me retournai pour rejoindre la sortie.

Dans ma course jusqu'à la porte, des pensée se bousculèrent dans mon esprit, rendant mes idées incohérentes.

Bien que nous ayons pu sauver Mercy ce soir, après les déclaration de Monsieur Black, une petite voix dans ma tête me soufflait que toute cette histoire n'était qu'un début.

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