Je me penche, gênée, pour ramasser les éclats de verre en bredouillant des excuses. Sans faire attention je décale ma main qui était sur le verre et entaille ma paume. Du sang dégouline de la plaie, Sara court dans la salle de bain pendant qu'Andrew saute de la table pour m'éloigner du tapis de verre qui s'est formé par terre. Après quelques minutes, la mère de mon meilleur ami débarque avec une aiguille, une paire de ciseaux et des bandages dans ses mains. Andrew chuchote agité :

- Garde ta main en l'air le sang coulera moins vite.

Je lève ma main qui rapidement redescendue par Sara qui me demande :

- Tu n'aimes pas ta nouvelle apparence ?

Je relève la tête et m'empresse de répondre :

- Oh non pas du tout, enfin je veux dire elle me dérange pas, ça m'a surprise c'est tout.

Elle ne répond pas, n'hoche pas la tête. Elle se contente de tamponner ma blessure avec un linge. Andrew est dos à moi, il n'aime pas voir le sang.

Je me rappelle une fois, on devais avoir 8 ans il était tomber sur du gravier et s'était écorché le genoux. Il avait commencer à hurler, pas de mal, mais parce qu'il voyait son propre sang s'écouler de la plaie. Je me rappelle l'avoir porté sur mon dos jusqu'à chez lui.

Sara me regarde, pensive avant de marmonner :

- Hmm, j'hésite à te faire des points de suture.

Elle réfléchis avant de décider :

- Bon avec un bon bandage sa devrait aller j'ai l'impression que ta plaie n'ai pas très profonde mais en contre partie assez longue. Laisse-la emballée et demain...

Elle s'arrête soudain dans son ouvrage levant son visage livide vers le mien. Elle chuchote :

- Attend, demain.... Mais c'est demain... c'est lundi...qu'ils viennent ?

J'ai besoin de quelques secondes pour comprendre que "ils" sous-entend les soldats. J'hoche la tête, elle marmonne quelques chose d'incompréhensible avant de continuer à emballer ma main. Une fois soignée, je m'excuse encore une fois avant de saluer Sara. Je m'apprête à m'avancer pour faire un câlin à Andrew mais il me fait pivoter et m'emmène dehors de la petite maison, il demande inquiet :

- Qu'est-ce qui c'est passé avant avec le miroir ? Tu avais l'air d'avoir vu la mort, tout va bien ?

Je le regarde avant de marmonner :

- Oui, enfin je crois.

Je me mord la lèvre en essayant de dissimuler mon mensonge. Je sais pertinemment pourquoi j'ai lâché ce miroir. Et je sais aussi que je peux tout dire à Andrew.... Mais je me tais essayant de refouler ma colère. Celui-ci s'avance jusqu'à arriver à un mètre de moi. Il me prend les épaules et chuchote :

- T'es sûre que ça va ?

Je perds mon contrôle et hurle :

- BIEN SÛRE, NON ! Mon frère a le cancer, il y a des putain de montres qui surgissent de nulle part et qui tue la population depuis 2 ans maintenant ! Alors dis-moi comment est-ce que tu veux que j'aille !?

Andrew recule, les yeux rond, les bras ballant. J'essaye d'agripper mes cheveux avant réaliser qu'ils sont trop court. Je m'avance vers Andrew, qui est toujours immobile. Arriver à un mètre de lui je parviens à formuler un pardon. Il me regarde les yeux plisser avant de murmurer d'une voix rauque :

- Tu sais ce qui m'énerve moi ?

Je secoue frénétiquement la tête. Il poursuit :

- Que tu gardes tout pour toi. Ça me rend dingue. Je te connais depuis bientôt 12 ans Killia, j'ai des yeux et un cerveau aux dernières nouvelles. Je suis là moi. Je suis là si t'es malade, comme je suis là quand tu es heureuse, je suis là si tu es fâché, je suis là si t'es jalouse, ou si ta envie de te défouler. Alors arrête d'être égoïste et dis moi qu'est-ce qui va pas.

- Je ressemble à mon père, quand je me suis vue dans le miroir j'ai cru voir mon père.

Andrew me regarde avant de s'approcher pour me prendre dans ces bras, il chuchote :

- Je sais que c'est difficile avec ton père. Je peux comprendre, maintenant écoute-moi bien. Tu es magnifique en fille comme en garçon. Tu reste là même à l'intérieur. D'accord ? Allez chérie, ou.... Attend maintenant que j'y pense il va falloir te trouver un nom de mec. Je réfléchis, avant de penser au nom de mon petit cousin nommer....

-..... Killian ! Je veux m'appeler Killian.

- Ok, ok alors mon p'tit Killian. À demain.

Je lui embrasse la joue avant de m'élancer à la maison. Je sprint jusqu'à chez moi, déversant toute ma frustration dans ma course.

Je cours encore 20 minutes avant d'arriver à la maison. J'avance jusqu'à la porte en me disant : «Y en a au moins un qui sera content de ma nouvelle apparence. »

Je pousse la porte, je n'est pas le temps de faire trois pas qu'une femme me saute dessus. Ma mère face à moi me détaille de l'œil. Je souris, avant qu'elle murmure :

- Tu es beau.

Je la regarde gênée avant de marmonner un "merci". Mon père, allongé sur le canapé lève la tête et demande sèchement :

- Approche-toi, s'il te plait.

Je m'avance afin d'être face à lui il me détaille à son tour avant de murmurer :

- Tu as l'apparence d'un homme mais tu agis pas comme un homme.

- C'est peut-être parce que je n'en suis pas un.

Il fronce les sourcils, faisant ressortir sa cicatrice. Je murmure :

- Je vais voir mon frère.

Je cours jusqu'à sa chambre et pousse la porte. Je m'approche du lit pour voir son visage détendu et ses yeux clos. Je m'avance pour lui faire un câlin et chuchote :

- Demain, je pars. Je t'aime Abel.

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Yo, j'espère que ça vous a plu !
B, 🤙