2. Contrainte de changer
Un silence long et pesant accompagne le repas. Personne ne parle, chacun fixe son assiette. Jusqu'à ce que mon père rompe le silence :
- Aller Helen, je pense que l'idée de Killia n'est pas si mauvaise... Avons-nous d'autres possibilités ?
Ma mère ne regarde pas mon père ni moi d'ailleurs. Son regard est fixé sur son assiette et ne semble pas vouloir s'en détacher. Lentement, le repas prend fin et lorsque je me lève pour débarrasser la table elle me regarde et soupire :
- Rassieds-toi.
Je la regarde, mais ne m'assois pas je suis penchée sur la table le visage septique. Avant que mon père ne puisse en placer une, elle souffle :
- Bon Killia, tu as peut-être raison. Je ne vois pas comment on pourrait faire autrement.
Je m'approche d'elle et lui murmure :
- Ne t'inquiète pas, je ferai attention.
Elle hoche la tête et me demande :
- Mais ça veux dire que tu vas changé d'apparence et te couper les cheveux !
Elle plisse les yeux, les bras croisés sur sa poitrine. J'hoche la tête avant qu'elle me demande :
- Veux-tu que je demande à la mère d'Andrew de te les couper? cela te donnera l'occasion de lui dire au revoir...
Ma mère cache son visage entre ces mains. J'hoche à nouveau la tête. Mon père se tourne :
- Bon, va dormir. Demain tu iras te faire couper les cheveux chez ton ami.
Je monte les escaliers avant d'arriver au sommet de la maison : la grange. Après quelques minutes je me vautre sur mon lit et m'endors malgré le vent qui souffle à travers les vielles briques.
***
Je m'arrête de courir essoufflée. Mine de rien, de chez moi jusqu'au pont, c'est un bout !
Je m'adosse sur l'un des pilier du vielle édifice et attend. Enfin, j'aperçois une silhouette qui s'approche jusqu'à ce qu'Andrew soit à un mètre de moi et que je me lève pour lui faire un câlin. La tête appuyée sur mon épaule il marmonne :
- Dis-moi que tes parents sont pas d'accord.
Je m'écarte de lui en secouant la tête.
- Andrew... ils sont d'accord.
Il hoche la tête avant de marmonner :
- Tes parents sont des grands malades !T'es contente, tu vas à l'armée !
- Ouais, je ne me réjouis pas.
Il me regarde avant de répondre :
- Qui se réjouis d'aller là-bas ? On fait ça pour protéger nos familles des invisibles.
- Ouais je sais, mais je ne sais pas à qu'elle point l'armée est efficace...
Il hausse les épaules avant de se s'exclamer :
- Quoi qu'il en soit, en attendant il faut qu'on te change. Tu ne peux pas rester avec cette magnifique tignasse. D'ailleurs ma mère n'est pas là, donc c'est moi qui m'en charge, j'ai trouver une tondeuse. Et hop plus de cheveux !
Horrifiée, je secoue la tête et me touche instinctivement les cheveux avant de hurler :
- Mais t'es malade ou quoi ? Tu coupes pas mes cheveux ! Nan, nan, NAN..... et nan mais t'a cru... Andrew est en face de moi hilare, il pleure presque de rire ! Il se calme avant d'essuyer ses joues humides :
- Ohhh lalala ! C'était génial ta réaction ! Mais t'inquiète pas chérie mais mère est là, tout va bien.
Je le fusille du regard avant qu'il s'approche de moi et chuchote :
- 2 à 1, ma belle.
Après 15 minutes de marche nous arrivons devant une petite maison assez bien entretenu. Sur le pallier de la porte une femme nous attend avec un jolie sourire sur les lèvres. Arriver à un mètre de celle-ci, elle me prend dans ses bras en chuchotant dans mon oreille :
- Ça me fait plaisir que tu sois là princesse.
Je m'écarte lentement d'elle avant de lui répondre :
- Moi aussi, Sara.
Elle rentre dans la maison ou moi et Andrew la suivent. Dedans une chaise m'attends. Elle me fait gentiment signe de m'assoir, elle sourit en tapant rapidement ses mains ensemble :
- Ohhh je me réjouis de te couper les cheveux ça fait depuis longtemps, qu'ils ont bien poussé !
J'hoche la tête avant de lui demander :
- J'aurais besoin d'une coiffure qui fasse très...
-.... Garçon je sais tout ça ma chérie Drew ma tout raconter. Elle se tourne vers lui qui est assis sur la table et me regarde, les yeux pétillants :
- Prête ?
J'hoche la tête. Je sens des mains froides sur mon crâne et des coups de ciseaux répétitifs. Andrew est toujours assis sur la table et me regarde impassible. Parfois, j'ai l'impression que son sourire s'étend mais cela ne dure jamais longtemps. Mon esprit divague et je réalise que les soldats arrivent demain. Attendez! Quoii!? oui demain. Demain.
Un sentiment d'impuissance m'envahit. Tout est arrivé tellement vite !
Les invisibles étaient pour moi si mystérieux. À chaque fois que j'en parlait à Andrew, il contournait le sujet. Il me disait souvent qu'il en avait peur et malheureusement la peur était la dernière chose qu'il fallait avoir parce que tous le monde savait que les invisibles naissaient grâce à la peur.
Je ressors de mes pensées quand la mère d'Andrew s'exclame :
- Plus que quelques retouches et clear bon.
Je croise le regard d'Andrew, un sourire est dessiné sur ses lèvres, je sais qu'il se retient de ne pas exploser de rire. Je dois admettre que j'appréhende un peu le résultat. Son sourire s'étend encore... Il va rire, il va rire !
Mais non, il se contrôle et affiche à nouveau sa tête impassible. Je sens des mes mains froides m'attraper le visage, deux yeux noisette me fixent. Sara pose ses mains sur mes genoux avant de chuchoter :
- Je préfère te prévenir cela te change beaucoup. Ça risque peut-être de te choquer. Puis elle s'éloigne dans la salle de bains. Je regarde à nouveau mon meilleur ami qui sourit. Je lui demande inquiète :
- Alors, je suis moche ?
Son sourire s'étend et il chuchote :
- Tu es sublime Killia.
Je lui sourit, toujours pas très rassurée. Une tignasse noir et un regard doux réapparaissent rapidement. Sara tient un petit cadre, ça doit être un miroir. Elle pose sa main sur mon épaule et me tend le cadre. Je regarde à travers, mais je suis tellement frappée du résultat que je lâche le miroir qui se brise sur le sol en une pluie d'éclats.
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Ça vous dérangerai d'être du jour au lendemain un homme ou une femme ?
B, 🤙
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