Chapitre 18 : Dea mare
Je reluquais cette fille bandante à en mourir qui me précédait, et je sentais que mes pompons d'amour exploseraient pire que des prunes de juillet avant la fin de la journée, si je ne parvenais pas à m'accoupler. J'avais chopé une quille monstrueuse ! La grande aiguille me démangeait à six heures et ça devenait douloureux...
Cette nouvelle plante vivace aux grands yeux de biche, de surcroît joliment balconnée, était un peu moins grande que les deux précédentes, mais plus impudique, voire salace. Elle transpirait le QI de calamar comme je les aime ! Sa queue de cheval d'un brun châtaigne, qui lui dansait sur le bas des reins, me refilait des fourmis dans les coques. La regarder marcher équivalait à reluquer une partouze romaine ayant remporté le César du plus beau champ d'asperges ! Elle m'entraînait dans un dédale de vastes couloirs froids, éclairés en enfilade (en enculade, serait ici plus approprié !) par des torches murales aux senteurs d'huile de baleine.
N'en pouvant plus de voir ses adorables fesses moulées dans du trop serré sautillaient lascivement en marchant, je la rejoignis en pressant le pas et la saisis au bras.
— Un homme-pieu ;) assez beau garçon et donc bien outillé, ne vous a jamais proposé l'amour surprise ? Lui demandai-je.
Elle me dévisageait et souriait.
A cet instant, une voix caverneuse sortit de nulle part, déclara :
— Voyons, Émile Lion : pas avec le personnel !
La sublime gazelle me désigna les trous d'aérations à la naissance du plafond d'un air moqueur et reprit sa marche sensuelle.
Je saisis ma main droite et l'élevant au plus près de ma bouche en forme de porte-voix, protestai :
— Je tiens à vous prévenir que bien qu'étant moine je n'ai jamais fait vœu de chasteté ! Et si je peux grimper des centenaires au nom du Roi, je préfère de loin les produits frais !
— Vous en aurez Émile, me fut-il répondu. A saturation !
Puis la conversation stoppa et je recollai à l'affriolante paire de seins animés pour adulte, de ma Princesse Raiponce (1).
Elle me guida alors jusqu'à une immense salle marmoréenne au sol soigneusement récuré (de campagne) donnant de plein pied sur l'extérieur ensoleillé, et dont une partie conséquente était aménagée en lupanar...
Je sortis respirer l'air embaumé de l'île. J'avais dans l'idée qu'elle se trouvait Dieu sait où, quelque part en bordure du Mexique.
Mon accompagnatrice de charme profita de mon échappée ponctuelle pour se cavaler sans mot dire. Mon errance désœuvrée m'amena alors dans le recoin des bains chauds et là, ma tunique s'arque bouta dare-dare comme un dard d'insecte hyménoptère (guêpe) caudal et venimeux, au point que j'envisageai de le planter dans un olivier centenaire (décidément !).
Un seul ange s'y baignait. Mais quel ! Le mot bombasse a été tant de fois utilisé que je n'ose plus le prononcer pour qualifier la créature qui barbotait dans la lumière émeraude sortant de l'eau.
Y avait rien de plus magnifique sous le soleil de mes chicos ! Une souris verte... Oh ! Merde, sans queue, par quel bout la choper pour la montrer à ces messieurs ! Je la salivais, un visuel pareil ! J'avais le palpitant qui se mettait en surrégime ! Je chauffais de partout. Tu me carrais un doigt dans le fiacre, tu ressortais un os à rogner ! Élancée, fuselée, moulée, racée, prodigieusement belle ! Attends que je te conte : de véritables meules de Comté fruité en surplomb, issues des meilleures fruitières autorisant le label fromage fermier ! Quand elle faisait la planche, t'aurais cru qu'un chameau se baignait ! Un bédouin guide de caravane (khabir) lui aurait gueulé dessus pour le sommer de rejoindre le convoi de marchandises ! Une invitation aux voyages, que je te dis ! Un visage de... pfffff, ovale, bronzé, pommettes en relief. Et des yeux ambre ! Et des cils longs comme des ongles de danseuse orientale ! Et une bouche ! Bordel, la bouche ! Mais la bou-ou-che ! Des hanches ! Dis, non, écoute... Des hanches, à faire bander une momie inca ! Je chiale d'y repenser ! C'était somptueusement féerique. Magique ! Excellemment-parfait ! Pour tout arranger, elle était à poil...nom de Dieu !
Je m'avançais au bord de l'eau, gagné par la fougueuse émotion qui découle d'une admiration à laquelle participent ma baratte à beurre, mes sacoches jumelles, mon sens lubrique et mes glandes séminales.
Indisposée par ma présence, la déesse de la mer étalée sur l'onde translucide aux reflets du spectre solaire, gagna l'escalier roman et s'arracha de l'eau. Une pluie de perles dégoulinait entre ses miches agressives, le long de son ventre, de ses cuisses et aussi de son moulage de bouchot. J'aurais aimé y boire.
Je me sens alors ruisseler d'excitation... une réaction épidermique me parcoure le corps d'un jet dru et tiède du creux des aisselles jusque sous les balloches, et m'abreuve le sillon ! (Rouget de Lisle)
J'ai l'impression d'être devenu une chariote lorsqu'on lui offre l'Éléphant Bleu et ses rouleaux magiques, celui de mon collègue homosexuel Jesus N'Djawal El Boukissan le tenancier Assyrien de la station de lavage et pompage.
La sirène se dirigea vers un chalet de bains en bois exotique et disparut dans le compartiment des douches. Son image continua de hanter mon imaginaire, comme le déhanché scabreux de Toutânkhamone celui de ta libido.
J'attendais. Elle ressortit au bout de vingt minutes, vêtue d'une tunique blanche serrée à la taille par une chaîne dorée. Toute la Grèce ! Alors, je m'enhardis et m'approchai d'elle. Elle sentait le savon. Pas le gallique composé de cendre et de suif de chèvre, c'est le moins cher. Non, plutôt le savon d'Alep à base d'huile d'olive ! Celui que les vénitiens ont fait venir en Europe. Venu de Syrie, il coûte l'appeau d'Hécouye (2) et peu de personnes peuvent l'utiliser !
— Puis-je me présenter, Princesse Amphitrite (3) ?
Elle continua son chemin sans rien dire, sans m'accorder un seul regard, juste un infime haut-le-corps.
Lorsque son hombre n'ondula plus, il sembla qu'une tempête mélancolique s'était abattue sur l'amer. C'est-à-dire sur moi.
Sur ces entrefesses, la superbe Châtaigne de tout à l'heure, vint me chercher pour m'annoncer que le repas était servi. Elle me parut moins canon par opposition à la baigneuse. Y a une heure, j'en aurais fait un coït grassouillet; à présent je l'aurais échangée sans problème contre ma sirène grecque.
— Une jeune femme blonde se baignait ici, il y a un instant, qui est-elle ? Demandai-je.
Châtaigne ou Marron Glacé (because question conversation c'était plutôt le lac gelé !) regarda la piscine et sourit en guise de réponse, mais « The Voice » se remit à brailler une nouvelle fois :
— Émile, vous n'êtes pas en train d'enquêter ! Ici, ce qu'on souhaite apprendre, on doit le découvrir soi-même.
(à suivre)
Titre du chapitre : Dea mare (Déesse de la mer)
(1). Raiponce : petit clin d'œil au dessin animé de Disney (Princesse Raiponce) inspiré de l'adaptation du conte Raiponce des frères Grimm. Sinon, on trouve aussi des Raiponses ;) chez les plantes vivaces herbacées appartenant à la famille des Campanulacées. Ici, dans la bouche d'Émile, les deux sont naturellement liées.
(2). L'appeau d'Hécouye : (vu sur le Net)
Voici l'Histoire de l'appeau d'Hécouye ou l'appeau d'Écouille puisque l'on trouve les deux orthographes au nom....
En automne 1820, le Duc de Mirnouf, passionné de chasse, imagina qu'il devait être possible de fabriquer un outil capable de lui faciliter la tâche et rendre plus plaisante sa traque des animaux.
Il convoqua tous les artisans de la contrée pour les mettre au défi de concrétiser cette idée et fabriquer le plus inventif et le plus efficace des appareils.
A peine une semaine plus tard, un marchand du nom de Martin Hécouye, se présenta au château disant qu'il possédait ce dont le Duc rêvait, appareil qu'il avait dénommé 'appeau' (venant de 'appel'). Il obtint sans peine une audience auprès du noble et s'empressa de lui faire la démonstration de sa merveille.
Devant une assemblée dubitative mais curieuse, il sortit de sa poche un minuscule sifflet et le porta à la bouche pour produire un son bizarre qui aussitôt imposa le silence parmi les personnes présentes.
Quelques secondes plus tard, des dizaines d'oiseaux virevoltèrent autour de lui, attirés et charmés par cette étrange mélodie. Le Duc imagina sans peine le profit qu'il pourrait tirer d'un tel accessoire. Il s'éclaircit la gorge et ne prononça qu'une seule phrase:
'Combien cela va-t-il me coûter ?'
Martin Hécouye, sûr de lui, répondit qu'il accepterait de se séparer de son 'appeau' en échange d'une partie de la fortune de son interlocuteur. Cette requête fit sourire l'assemblée mais le Duc garda tout son sérieux et accepta la transaction.
La nouvelle fit grand bruit et se répandit vite bien au-delà des limites du duché :
'Un marchand avait vendu un sifflet pour une somme astronomique au Duc !'
Cette anecdote a subsisté dans la langue française pour qualifier les objets hors de prix, au travers de l'expression : 'Coûter l'appeau d'Hécouye' ou suivant l'orthographe 'Coûter l'appeau d'Écouille'
On ne vous fera pas un dessin...
(3). Amphitrite : Fille des divinités marines Nérée et Doris, Amphitrite épousa Poséidon Dieu des Mers et des Océans, et devint la déesse de la mer.
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