Chapitre 46

Dakota ne revint pas pendant deux semaines, et Morgane n'en éprouvait aucun regret. Elle avait beau l'aimer plus que tout, elle détestait son comportement. Elle voyait bien que son père était peiné, mais elle lui adressait des sourires, et prétextait que tout allait bien, qu'il était juste occupé.

Et puis un jour, son père lui annonça qu'il retournait en Bretagne, devant régler des affaires urgentes. Le désespoir lui troua le cœur, mais elle savait qu'il n'avait pas le choix. Les adieux furent déchirants, car ils étaient tous deux très attachés à l'autre. Finalement, il partit, mais promit de lui écrire dès son arrivée au château familial.

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Un jour, Alexy vint la retrouver dans le jardin, où elle promenait ses deux enfants dans une petite voiture. Leurs mines émerveillées lui arrachaient des sourires attendris, et elle ne pouvait s'empêcher de les embrasser toutes les dix secondes. Lorsqu'il vint à sa rencontre, elle remarqua immédiatement qu'il était préoccupé. Il l'embrassa avec un sourire crispé, et ne s'intéressa même pas aux jumeaux.

Aussitôt, elle lui demanda :

« - Qu'avez-vous ? C'est à propos de Dajan ? Il est fiancé à une demoiselle ?

- Non, non. Tout va bien de ce côté-là... »

Son ton était évasif, et il ne dit rien de plus. Sans le lâcher du regard, la rousse prit Kentin, qui tendait ses bras potelés vers elle, dans ses bras. Elle le positionna bien afin qu'il ne tombe pas, puis continua sa promenade. Le noble la suivit l'air préoccupé, ignorant Armin qui tendait ses petits bras vers lui. Agacée et inquiète, elle finit par s'arrêter et lui faire face. Elle fouilla son visage du regard, et soupira :

« - Qu'y a-t-il ?

- Rien, je vous assure...

- Si. Je vous connais suffisamment pour savoir que vous êtes troublé, voire contrarié ou inquiet par quelque chose. Alors dîtes-moi ce qu'il y a. »

Sans croiser son regard, il prit Armin dans ses bras, sans qu'un sourire n'illumine son visage, comme c'était le cas habituellement. Puis, il finit par lâcher dans un souffle :

« - C'est à propos du roi. »

Aussitôt, elle s'arrêta brusquement, faisant geindre Kentin. D'un geste distrait, elle le chatouilla, mais son cœur se serrait douloureusement. En voyant son angoisse, Alexy s'empressa de secouer la tête :

« - Non, il ne lui est rien arrivé, calmez-vous !

- Alors... Que se passe-t-il ? »

Une partie d'elle voulait savoir la vérité, tandis que l'autre non. Pour que son ami soit aussi soucieux, Dakota devait avoir fait quelque chose de grave... Il la considéra avec compassion, et reposa Armin dans la petite voiture, avant de prendre son frère des bras de Morgane pour l'y mettre aussi. Puis, il prit ses mains dans les siennes, et lui apprit :

« - Depuis quelques mois... Il a repris ses aventures d'une nuit. »

Elle écarquilla les yeux de surprise. C'était impossible, elle avait mal entendu... Non, pourtant, chaque mot résonnait encore à ses oreilles. Un grand froid se fit en elle tandis que ses jambes se dérobèrent sous elle. Alexy la saisit par la taille pour lui permettre de retrouver son équilibre tout en se lamentant :

« - Mon Dieu, jamais je n'aurais dû vous le dire ! Tout est de ma faute, et...

- Non, Alexy, le coupa-t-elle d'un ton étonnamment froid. Vous avez bien fait.

- Mais... Je pensais que seriez triste, furieuse, que vous pleureriez...

- Eh bien non. Je vous remercie de m'avoir appris cette... Nouvelle. »

Elle se dégagea de son étreinte, s'appuyant contre un arbre pour rester debout. Bizarrement, elle n'était pas triste. Juste folle de rage. La rousse serra les dents en inspirant profondément, puis reporta son attention sur son ami. Il la fixait avec tristesse. Elle s'empressa de le prendre dans ses bras :

« - Je vous assure, Alexy... Ce n'est rien.

- Mais...

- Mais rien. »

Elle l'embrassa sur la joue, et lui adressa un sourire qui se voulait rassurant.

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Dès qu'Alexy fut parti, elle coucha ses enfants, et s'enferma dans sa chambre. Animée par la fureur, elle ouvrit ses malles vides sur le sol, puis y fourra ses robes, ses jupons, chemises, corsets, corsages et jupes. Ses mains tremblaient sous le coup de la colère, mais elle refusait de s'arrêter. Elle l'avait tellement aimé, elle l'aimait tellement, et Dakota se permettait de la demander en mariage tout en la trompant allègrement ?! Morgane mordit son poing pour ne pas hurler de rage, et sortit en vitesse de la pièce pour aller chercher tous les vêtements de ses enfants. Elle les ramena dans sa chambre, les jetant sur son lit. N'ayant plus assez de place, elle ouvrit encore une malle, et y empila les affaires pliées des jumeaux. Il était hors de question qu'elle les laisse ici. Ils étaient toute sa vie.

Un instant, elle ne sut où aller, et s'immobilisa, une petite chemise à la main. Puis, elle se remit à l'ouvrage sans tarder. Elle irait chez son père, dans leur petit château breton. Ses enfants y grandiraient très bien. Quand tous les vêtements furent pliés et rangés dans les malles, la jeune femme s'attaqua à ses livres. Elle débordait d'énergie, et voulait en finir au plus vite. Elle rassembla tous les ouvrages de la pièce dans les bagages, puis se tourna vers sa coiffeuse. La seule vue des bijoux offerts par le roi raviva sa rage. Elle les envoya valser avec rage à l'autre bout de la pièce. Puis, elle passa le collier d'Alexy, et mit les autres bijoux dans une des malles.

Alors qu'elle fermait les bagages, la porte s'ouvrit, dos à elle, et elle entendit une exclamation de surprise. C'était Dakota. Aussitôt, elle s'arrêta, se redressa lentement, puis se retourna. Il la fixait, un air incompréhension peint sur le visage. La rage la submergea, mais elle s'obligea à ne pas réagir. Elle fit alors volte-face, et continua à fermer les malles. Mais il lui agrippa le bras, demandant avec violence :

« - Puis-je savoir ce que vous faîtes, bon sang ?!

- Ce que je fais ? C'est très simple. Je pars loin de vous. »

Sa voix était calme, posée et glaciale. Mais à l'intérieur d'elle, Morgane bouillonnait de fureur. Elle se dégagea de son étreinte et remit une de ses mèches de cheveux en place. Ce simple geste sembla le mettre hors de lui :

« - Partir ?! Mais comment pouvez-vous oser faire cela ?!

- Et vous ?! Comment osez-vous me demander je ne sais combien de fois en mariage alors que, loin de moi, vous couchez avec toutes les putains qui passent ?! »

Elle ne vit pas venir la gifle, et s'immobilisa. Elle porta une main à sa joue, stupéfaite, tandis qu'il se frottait le visage :

« - Je n'aurais pas dû vous frapper...

- De toute façon, il y a tant de choses que vous n'auriez pas dû faire... »

Elle ne prit pas la peine de masquer son sarcasme. Le roi releva la tête vers elle, fronçant les sourcils :

« - J'imagine que c'est Alexy qui vous a tout raconté ?

- Et alors ? Il a réussi à me taire la vérité pendant plusieurs mois, ce qui devait bien vous arranger, non ?!

- Morgane, je vous en prie, calmez-vous.

- Me calmer ? Me calmer ?! »

Sa voix monta dans les aigus tandis qu'elle serrait les poings. Ne pouvant plus se contrôler, la rousse lui hurla :

« - Vous me demandez de me calmer alors que je viens d'apprendre que vous me trompez depuis plusieurs mois ?!

- Je ne vous trompe pas, puisque nous sommes pas mariés. »

Son ton ironique la mit hors d'elle, et ce fut à son tour de le gifler avec force. Elle siffla tandis qu'il se frottait la joue :

« - Ne jouez pas sur les mots !

- Mais je ne joue pas ! Pour tromper quelqu'un, il faut l'avoir épousé, non ? Mais d'après ce que je sais, vous refusez catégoriquement de m'épouser ! Donc vous êtes très mal placée pour me faire des reproches !

- Que... Quoi ?! »

Comment osait-il dire cela ? Et que faisait-il de son amour pour lui ?! Elle inspira profondément pour tenter de se calmer, et reprit d'une voix posée :

« - Donc, puisque nous ne sommes pas mariés, et que vous ne me trompez pas, puis-je savoir pourquoi cela vous dérange-t-il que je parte ? Apparemment, vous trouverez des lits dans lesquels aller vous consoler ! Parce que c'est cela que vous faîtes depuis des mois !

- Taisez-vous ! Vous n'avez aucun droit de partir loin de moi, et encore moins en emmenant mes enfants !

- Vos enfants ?! Comment pouvez-vous encore les qualifier ainsi alors que vous me bafouez ?! »

Folle de rage, elle se retourna pour terminer de fermer les malles. Mais Dakota agrippa brutalement sa taille pour la remettre face à lui. Morgane voulut le repousser, mais il l'immobilisa avant de l'embrasser de force. Malgré ses entrailles qui se tordaient de désir, elle rua pour tenter de se dégager. Elle le détestait. Soudain, il la souleva pour venir l'allonger sur le lit, et se plaça à califourchon sur elle pour l'empêcher de bouger. Et en dépit de tous ses efforts, elle ne put se libérer de son étreinte. Elle eut beau hurler, tempêter et le frapper de toutes ses forces, il ne bougea pas. Des larmes de fureur coulèrent sur ses joues, et la rousse ferma les yeux pour ne plus voir son regard vert furieux sur elle. Lui aussi était en colère ? Très bien.

Une telle rage bouillonnait en elle qu'elle s'étonnait qu'il ne la sente pas. Il ordonna d'une voix froide :

« - Morgane. Regardez-moi. »

Sans répondre, elle tourna la tête sur le côté en rouvrant les yeux. Elle voyait sa coiffeuse, la fenêtre d'à côté, et sa bibliothèque, maintenant vide. Sans qu'elle ne s'y attende, le roi agrippa son visage pour le tourner vers lui, et colla son front au sien :

« - Ecoutez...

- Taisez-vous. Je vous déteste. Je vous aimais tellement, et vous... Vous n'en aviez rien à faire ! »

Des larmes de tristesse se mêlèrent aux larmes de rage, mais elle affronta son regard sans ciller. Il soupira, puis l'embrassa de nouveau sans la quitter des yeux. Cette fois-ci, la rousse n'essaya pas de se dégager, sachant très bien qu'elle n'y arriverait pas. Et elle n'en avait plus l'envie. Sa fureur fondait un peu plus à chaque baiser de Dakota. Elle l'aimait tellement qu'elle ne pouvait rester énervée contre lui, malgré tous ses efforts. Il sentit son changement d'attitude, car il se détendit légèrement, et ses mains s'aventurèrent sur le corps de Morgane. Il délaça son corsage, puis lui enleva tous ses vêtements tout en parsemant sa peau de baisers. Il ôta ensuite ses propres habits en continuant à l'embrasser. Malgré elle, tout son corps frémissait de désir. Lorsqu'il enleva son pantalon, elle l'arrêta, et murmura d'une voix tremblante :

« - Je vous déteste toujours. »

Le roi eut un sourire amusé en se plaçant au-dessus d'elle :

« - Je sais. »

Puis, il embrassa son cou tandis qu'elle s'agrippait à lui avec désir. Elle se détestait également. Pourquoi était-elle incapable de lui résister alors que lui était capable de la tromper avec d'autres femmes ? La rousse n'avait pas de réponses, malheureusement. Elle ferma les yeux pour échapper à ses prunelles inquisitrices, et serra les dents pour retenir ses cris. Il était hors de question qu'il comprenne qu'elle ne pouvait lui en vouloir. Soudain, Dakota lui mordilla le cou, et elle lâcha une exclamation de surprise. Elle souleva ses paupières pour le voir qu'il la fixait avec amusement. Elle lui lança un regard noir, mais se colla plus contre lui sans pouvoir se retenir. Il agrippa brutalement sa taille sans cesser ses mouvements de bassin, l'affrontant du regard. Ni l'un ni l'autre ne baissa les yeux. Morgane refusait de céder, et lui non plus. Mais malgré elle, un gémissement lui échappa, et aussitôt, le roi s'empara de sa bouche avec victoire. Pour se venger, elle lui mordit la lèvre, et le sentit sourire.

Puis, il se sépara d'elle. Aussitôt, elle roula à l'opposé du lit, lui tournant le dos. Sa respiration était saccadée, et sa peau moite de sueur. Elle devina qu'il souriait, mais il ne dit rien. A la place, il s'allongea à côté d'elle, entourant sa taille d'un bras. Elle resta silencieuse. Il lui murmura soudain à l'oreille :

« - Morgane... Savez-vous pourquoi j'ai agi comme cela ? »

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