Chapitre 39
Morgane se réveilla en sursaut, alertée par des cris de bébés. Aussitôt, sans réfléchir, elle envoya valser les couvertures pour se lever. Mais elle tituba, faillit tomber, et Dakota la rattrapa par la taille. Comme dans un état second, elle agrippa sa chemise et balbutia :
« - Les enfants... Ils crient ! Ils sont peut-être en danger, ou... Ou blessés ! Il faut aller voir, et...
- Morgane, calmez-vous ! la coupa-t-il. C'est l'heure pour les nourrices de les allaiter. Ils ont juste faim. »
Elle cligna plusieurs fois des paupières, au bord des larmes, et releva son visage vers lui. Elle demanda à mi-voix :
« - C'est... C'est vrai ?
- Oui. C'est comme cela chaque nuit, mais c'est la première fois qu'ils vous réveillent. »
La rousse ouvrit la bouche de stupeur, puis la referma, avant de fondre en larmes. Elle avait eu si peur qu'il leur arrive quelque chose... Surpris, le roi l'entoura de ses bras, et la berça tendrement. Elle entoura sa taille de ses bras, et sanglota :
« - J'ai eu si peur... J'ai cru que... Qu'ils étaient en danger, et...
- Je le sais, Morgane... Ce n'est rien. »
Il lui caressa doucement les cheveux, et elle arrêta lentement de pleurer. Sa peur s'estompait. Elle se sentait stupide. Elle aurait dû se douter que ce n'était pas grave, qu'ils avaient faim, ou... Que tout était normal. Dakota la rallongea ensuite avec un sourire attendri, et se coucha à côté d'elle. Elle se lova contre lui, puis lui demanda avec espoir :
« - Quand pensez-vous que je pourrais les voir ?
- Je ne sais pas, vous êtes encore trop faible. Vous êtes incapable de tenir debout... »
Cela faisait six jours qu'elle était clouée au lit, et son envie de voir ses enfants grandissait d'heure en heure. Le roi pouvait les voir quand il voulait, lui, tout comme toutes les personnes qui étaient dans ce manoir. Toutes, sauf elle.
Amère, elle se détacha de l'étreinte du brun et lui tourna le dos. Elle détestait être faible. Morgane l'entendit soupirer, et marmonna :
« - Je suis fatiguée.
- Vous êtes surtout boudeuse.
- Mais il y a de quoi ! s'écria-t-elle. »
Elle se retourna pour protester, mais ne le put. Il plaqua ses lèvres sur les siennes, et ils s'écroulèrent sur le lit en se pressant l'un contre l'autre. Elle s'agrippa à lui, tandis que ses mains glissaient sous sa chemise. Ils s'embrassèrent un long moment, puis il se sépara d'elle en posant son front contre le sien. Il souffla :
« - Ce n'est pas l'envie de vous prendre qui me manque, mais... Je dois attendre un mois. Car je pourrais vous blesser. »
Un mois ? Mais... S'il ne pouvait... Satisfaire son désir avec elle... Allait-il aller voir ailleurs ? Sa question dût se lire dans ses yeux, car il soupira :
« - Morgane... Je vous aime, non ? Donc... Je vous suis fidèle. »
Malgré elle, elle pouffa de rire. C'était tellement inattendu comme déclaration ! Dakota eut un sourire, et enfouit son nez dans son cou pour parsemer sa peau de baisers. Ses éclats de rire augmentèrent, et elle essaya de se dégager de son étreinte. Mais elle n'y parvint pas, se retrouvant à rire sans pouvoir s'arrêter. Il releva le visage pour la fixer, une lueur malicieuse au fond des yeux :
« - Je vous préfère tellement en train de rire... »
.......................................................................................................................................................
Deux jours après, la rousse était en train de penser à Alexy lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit, pour laisser passer Dakota. Elle remarqua en fronçant les sourcils qu'il avait revêtu une tenue correcte, lui qui se contentait de simples chemises et culottes. Sans doute revenait-il de quelques courses, ou... Ou il était peut-être allé chasser. Il voulut parler, mais elle marmonna :
« - Il faudrait que je revoie Alexy... Il me manque tellement... Et mon père aussi... Il doit être mort d'inquiétude ! Je ne lui ai pas écrit depuis plus d'un mois, et... »
L'image de son père, seul dans le vieux château breton, et rongé par l'inquiétude lui fit monter les larmes aux yeux. Aussitôt, le roi vint vers elle et la prit dans ses bras. Il lui ébouriffa les cheveux avant de l'embrasser tendrement. Puis, il eut un sourire amusé :
« - Justement, je voulais vous parler de ça. »
Il sécha ses pleurs par de légers baisers, et se redressa avant de déclarer :
« - Alexy est tombé malade durant votre captivité, et il se remet doucement. Quant à votre père... Il y a derrière cette porte une personne à qui vous avez énormément manqué, et... Qui vous a énormément manqué aussi. »
Elle écarquilla les yeux, n'osant y croire. Dakota revint vers la porte, qu'il ouvrit d'un geste théâtral. Une personne entra dans la pièce, et Morgane se plaqua une main sur la bouche. Elle reconnut le visage ridé, les quelques cheveux roux, et les prunelles vertes, d'habitude pétillantes, qui étaient là voilées par l'émotion. Elle souffla d'une voix émue :
« - Père...
- Morgane ! »
Sans réfléchir, sans penser à sa faiblesse, elle se releva, et se précipita dans les bras de son géniteur. Elle se serra contre lui en sanglotant, et le sentit pleurer lui aussi. Elle entendit à peine la porte se refermer sur Dakota, les laissant seuls. Elle balbutia, la voix emplie de pleurs :
« - Je suis tellement désolée... Je m'en veux tellement ! »
Elle le sentit secouer la tête, et releva son visage baigné de larmes vers lui :
« - Mais j'ai été une fille indigne ! Je vous ai caché la vérité, et... Et vous avez dû être mort d'inquiétude, et...
- Et vous pensiez bien faire. »
Sa voix douce fit remonter une foule de souvenirs, et elle se blottit contre lui, profitant de sa présence. Elle voulait poser tant de questions qu'elle ne savait par où commencer.
Brusquement, un vertige la saisit, et elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Aussitôt, son père la soutint jusqu'à son lit, où elle se recoucha. Puis, il tira une chaise vers sa couche, s'asseyant auprès d'elle. Elle s'empara de sa main, la serrant dans la sienne, et demanda :
« - Comment... Comment êtes-vous venu ? Comment avez-vous su ?
- Ce brave Alexy... »
Il la considéra avec un léger sourire, et continua :
« - Il y a environ un mois, il m'a envoyé une longue lettre dans laquelle il m'apprenait votre... Il inspira profondément. Votre enlèvement. Et dans cette même lettre, il détaillait le comportement de votre mère, votre liaison avec le roi, toute une multitude de détails, et... Votre grossesse. »
Il eut un sourire attendri, et caressa sa joue avec douceur :
« - Si vous saviez la réaction que j'ai eue... J'ai cru qu'une masse venait de me tomber dessus. Mais... Vous étiez grosse. Ça a été... Merveilleux comme nouvelle. Même si je vous avoue que... Il baissa la voix, se rapprochant de la rousse. Je n'étais pas confiant en Sa Majesté au début, car je savais le comportement qu'il avait avec les femmes, dont... Dont votre mère. Mais il a prouvé qu'il tenait à vous. Même si je vous avoue que j'ai quelques incertitudes par rapport à l'avenir de votre situation. Mais ne parlons pas de tout cela... Vous m'avez tellement manqué... »
Elle ne put parler, étranglée par l'émotion. A la place, elle serra plus fort sa main, et essuya les larmes qui roulaient sur ses joues. Elle finit par murmurer :
« - Je suis vraiment désolée pour tout, je... Je ne voulais pas vous inquiéter, et... Et je ne pensais pas que Marie-Louise allait agir comme cela.
- Moi non plus, Morgane... Moi non plus. »
Une infinie tristesse emplissait ses yeux verts, alors elle s'empressa de détourner le sujet :
« - Avez-vous vu... Mes enfants ? »
C'était encore difficile de les qualifier de « ses » enfants, car elle ne les avait toujours pas vu. Elle avait donc du mal à croire qu'ils étaient les siens. Il la considéra avec tendresse :
« - Oui. Ils sont magnifiques. Tout comme vous lorsque vous étiez bébé. Le... Le roi m'a raconté les grandes lignes de votre accouchement, et... »
Des larmes coulèrent sur son visage. Son père se détourna un instant pour reprendre contenance, tandis que Morgane caressait doucement sa main. Elle finit par murmurer d'une voix douce :
« - Mais je suis encore là...
- C'est vrai. »
Il lui adressa un sourire empli d'amour paternel, et elle sentit les larmes perler de nouveau à ses paupières. Elle marmonna :
« - A cause de vous, je ne fais que pleurer... »
Il eut un éclat de rire, et elle sentit son cœur se réchauffer. Son rire lui avait tellement manqué... Puis, elle lui demanda :
« - Combien de temps restez-vous ici ?
- Autant qu'il m'est permis.
- C'est-à-dire autant que vous voudrez, Monsieur. »
Morgane et son père sursautèrent, n'ayant pas entendu Dakota entrer dans la pièce. Il les considérait d'un air attendri, et son géniteur se redressa :
« - Oh, mais je ne voudrais surtout pas vous importuner, Votre Majesté, et...
- Voyons, ne m'appelez pas comme cela. Vous faîtes partie de ma famille, en quelque sorte. Appelez-moi Dakota.
- Bien.
- Et vous ne me dérangez pas, bien au contraire. »
Le roi se rapprocha du lit, s'asseyant au bord du matelas. La rousse sentit son cœur se gonfler de bonheur en voyant les deux hommes de sa vie auprès d'elle. Il ne manquait qu'Alexy.
.......................................................................................................................................................
Lorsque tout le manoir fut couché, Dakota vint s'allonger à côté d'elle. Tandis qu'elle se blottissait contre lui, il eut un sourire amusé :
« - Votre père est adorable.
- Je le sais. Je suis tellement contente qu'il soit là... »
Elle se sentit de nouveau au bord des larmes, et enfouit son visage dans le cou du brun. Il lui caressa doucement le dos, et pouffa :
« - Si je savais que vous ne feriez que pleurer, je ne l'aurais peut-être pas laissé vous voir...
- C'est ça, moquez-vous... »
Il embrassa son cou, puis lui souffla d'une voix douce :
« - Dormez, Morgane. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top