Chapitre 25

« - Je pense que vous pouvez enfin enlever ce bandage disgracieux, ma chère...

- En êtes-vous sûr ?

- Presque sûr. Mais bon. »

Morgane fixa son reflet dans la glace, et soudain, Alexy apparut derrière elle, un sourire aux lèvres. Délicatement, il dénoua la bande de toile qui entourait la tête de son amie, puis la déroula en faisant attention de ne pas lui faire de mal. Elle grimaça en voyant l'état de ses cheveux, qui formaient d'énormes nœuds au sommet de son crâne, mais soupira de soulagement quand sa tête fut libre. Depuis le temps qu'elle attendait d'ôter ce bandage... Sans perdre de temps, le noble s'empara d'un peigne, et entreprit de démêler délicatement sa chevelure rousse. Il fit attention à ne pas toucher l'endroit de sa blessure, mais ne put lui éviter de souffrir à cause des nœuds. Elle se frotta le visage en essayant d'étouffer ses souffles de douleur, et ne rouvrit les yeux uniquement lorsqu'elle l'entendit s'exclamer :

« - Et voilà ! »

Ses cheveux formaient une sorte d'épaisse tignasse, malgré les efforts d'Alexy pour les dompter. La jeune femme grimaça, mais eut un léger sourire :

« - Merci, Alexy. Même si le résultat est... Etrange, merci.

- Mais tout le plaisir est pour moi ! Que diriez-vous d'aller faire un tour dehors ? Cela fait si longtemps que vous ne m'avez point fait la lecture, mon amie...

- Je vois. »

Il lui fit un clin d'œil, et elle éclata de rire en se relevant. C'était tellement bon d'être avec lui... Dès qu'il avait su où elle se trouvait, il y avait plusieurs jours de cela, il était venu la rejoindre, et passait régulièrement la journée avec elle. Il avait apporté avec lui les présents que Dakota lui avait offert, ainsi que le collier de perle, et tous ses livres.

Alexy jaugea sa tenue d'un air critique, puis soupira :

« - Bon, heureusement que nous ne sommes que tous les deux. Mais passons ! »

Il s'empara d'un livre au hasard, et prit son amie par la main pour l'entraîner dehors.

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Lorsque Dakota se sépara d'elle, il s'écroula sur le matelas, la respiration haletante, avant de chercher ses lèvres. Il l'embrassa doucement, puis déposa sa tête sur sa gorge. Elle l'entoura de ses bras, et demanda sur un ton hésitant :

« - Quand pourrais-je retourner à la Cour ? »

Elle l'entendit soupirer, et il bougea pour la fixer d'un air interrogateur :

« - Que dîtes-vous ?

- Je... Je voulais savoir pourquoi... Non, ce n'est rien. »

Elle se posait la question depuis plusieurs jours, mais maintenant que le regard vert du roi était posé sur elle, elle n'osait plus l'interroger. Il se redressa, et la contempla :

« - Morgane... Qu'avez-vous dit ?

- Pourquoi ne puis-je pas retourner à la Cour ? Après tout, Alexy y est bien, vous aussi, et il n'y a que moi qui reste ici, seule, et... »

La rousse eut soudain l'impression de se plaindre sans arrêt, alors elle se tut, et il soupira :

« - Castiel n'a pas pu se taire, alors... Tout le monde est au courant de notre amour.

- Que... Quoi ? Tout le monde ? Mais... »

C'était horrible. Elle comprenait mieux, à présent, pourquoi Dakota avait insisté pour qu'elle reste dans ce manoir. C'était pour lui épargner les moqueries qu'elle subirait, si elle retournait à la Cour. Sans pouvoir se retenir, elle marmonna :

« - Je le déteste.

- Voyons, ne dîtes pas cela. murmura-t-il, amusé.

- Si ! A cause de lui, je ne vous vois plus tous les soirs, je passe la plupart de mes journées seule, et... Je le déteste. »

D'un geste boudeur, elle repoussa le souverain et roula sur le flanc, dos à lui. Castiel n'était qu'un... Elle n'avait même pas de mots pour qualifier une telle goujaterie. Elle serra les dents, ne pouvant se calmer. Comment avait-il pu répandre cette... Cette vérité ? Elle avait voulu que cela reste secret, justement pour ne pas subir les moqueries, les remarques des autres demoiselles, et lui... Il avait tout balayé avec ses révélations.

Dakota enroula un bras autour de sa taille, et se colla contre son dos :

« - Morgane... Vous êtes mieux ici que là-bas, livrée à la Cour.

- Mais s'il n'avait rien dit...

- Je le sais, la coupa-t-il. Mais il l'a dit.

- Et c'est le problème. »

Elle se retourna vers lui, et il eut un sourire avant de s'emparer d'une mèche de ses cheveux pour jouer avec :

« - De toute façon, vous ne pouvez rien y faire. Et j'essaye quand même d'être là dès que je peux.

- C'est vrai... »

Après tout, il avait raison. Il venait la voir assez régulièrement, même si à son goût, c'était trop peu. Mais elle était ingrate, et elle le savait. Alors, elle se contenta de soupirer et de se blottir un peu plus contre le brun. Il embrassa ses cheveux, et elle lui demanda à nouveau :

« - Avez-vous des nouvelles de ma mère ? »

Elle le sentit se contracter, et releva la tête vers lui. Il avait un éclat dur dans le regard, et elle prit peur. Marie-Louise avait été tuée ? Certes, elle avait commis des actes inconsidérés pour une raison encore inconnue, mais elle restait sa mère ! Sa respiration s'emballa, et elle grimpa à califourchon sur Dakota, le pressant :

« - Dîtes-moi, je vous en prie !

- Non, Morgane. Elle a disparu.

- Disparu ? Mais... Disparu d'où ?

- Nous avons réussi à localiser plusieurs bastions rebelles, mais... Elle n'était dans aucuns de ceux-là. »

La rousse se détendit, ce qu'il sentit. Aussitôt, il agrippa son visage, et la fixa :

« - Cela vous rassure ?

- Je... Je ne sais pas, mais... Malgré sa trahison, elle reste ma mère, et...

- A cause d'elle et de ses révélations, j'ai failli mourir, et vous perdre ! Et vous me dîtes qu'elle reste votre mère ?! »

Il semblait furieux, et resserra sa prise sur sa mâchoire, la faisant geindre de douleur. Mais il continua :

« - Comment pouvez-vous dire cela ? Comment ?! Répondez-moi !

- Lâchez-moi, vous me faîtes mal ! »

Sa plainte n'était qu'un gémissement, mais aussitôt, il s'exécuta. Une fois libérée de son étreinte, elle s'écarta de lui, rampant jusqu'à atteindre l'opposé du lit, et se frotta le visage, effrayée. Dakota voulut se rapprocher d'elle, mais elle secoua la tête :

« - Non, restez où vous êtes.

- Morgane, je suis navré, je...

- Non, ne dîtes rien. »

Elle remua la mâchoire, et essuya quelques larmes de peur et de douleur qui avaient coulé sur ses joues. Puis, lentement, elle déclara :

« - Malgré tous ses actes, c'est elle qui m'a mise au monde, qui m'a élevée, et qui m'a envoyée ici. Alors oui, elle reste ma mère, que cela vous plaise ou non. »

Elle croisa les bras, le défiant du regard. Il la considéra longuement, puis soupira :

« - Si vous le dîtes. Je suis navré. »

La rousse haussa les épaules en silence, et, doucement, il se déplaça pour s'asseoir à côté d'elle. Il prit doucement son visage entre ses mains, le tournant afin de l'examiner. Il finit par marmonner :

« - Heureusement que vous n'avez pas de marques.

- Oui. »

Elle était décidée à ne pas lui pardonner aussi rapidement. C'était facile de la brutaliser, puis de s'excuser en feignant le remord. Dakota la fixa longuement, puis étira ses lèvres en un sourire :

« - Je vois...

- Quoi donc ?

- Vous boudez.

- Eh bien oui. »

Il éclata de rire, puis avança les mains pour la chatouiller. Aussitôt, elle s'esquiva, et se releva en riant. Morgane courut jusqu'au coin opposé de la pièce, mais alors que le roi la rejoignait, elle fut prise d'un malaise subit. Elle tituba, et il s'empressa de la prendre par la taille pour la soutenir. Elle agrippa ses épaules, fermant les yeux en espérant ainsi chasser cette faiblesse passagère. Il lui murmura, angoissé :

« - Morgane ? Qu'avez-vous ?

- Je... Rien, c'est juste... »

Elle manqua de tomber, et immédiatement, il la souleva dans ses bras pour venir l'allonger sur le lit. Il prit son visage entre ses mains, et elle marmonna pour le rassurer :

« - Ce n'est rien... Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive, et...

- Est-ce depuis votre blessure à la tête ? »

Muette, elle hocha doucement la tête, et l'entendit soupirer. Elle rouvrit les yeux, et lui caressa le visage :

« - Je vous assure, ce n'est rien. C'est déjà fini. Ne vous inquiétez pas.

- Je ferai venir un médecin. »

Elle voulut répliquer, mais vit son air inquiet. Alors, elle marmotta :

« - Bien. »

Mais il ne la quittait pas du regard, cherchant des yeux des signes de faiblesse. La rousse finit par se détourner, roulant sur le flanc en feignant de bâiller :

« - Si vous n'avez plus rien à faire... Nous pouvons très bien dormir... »

Avec un sourire, elle le sentit se coller à elle, et il lui murmura à l'oreille d'un ton sensuel :

« - Oui. Nous pouvons. »


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