Chapitre 15

Lorsque Morgane se réveilla, la pièce était silencieuse. Elle fronça les sourcils, se redressant doucement, et passa sa main sur le drap, à côté d'elle, avant de soupirer. Il était parti, sans un mot, sans rien. Elle s'assit sur son lit, et ramena ses jambes vers elle. Son visage affligé reposait sur ses genoux, et elle retint ses larmes. S'il était parti, il devait avoir de bonnes raisons, mais dans ce cas, pourquoi ne lui avait-il pas laissé un petit billet, un mot ? La réponse était simple. Il ne l'aimait pas, et avait juste espéré qu'elle s'offre à lui. Toute la soirée de la veille n'était qu'une mascarade. Aussitôt, le chagrin la terrassa, et elle s'effondra en pleurs sur son oreiller. La rousse savait qu'elle aurait dû lui donner sa virginité, mais... Elle n'en avait pas été capable, à cause de la peur de l'inconnu, la peur de ce que pouvait faire Dakota pendant et après cette nuit si particulière.

Elle sanglotait sans s'arrêter, incapable de se calmer. Comment avait-elle pu croire qu'il allait patiemment attendre qu'elle lui offre sa vertu ? Elle sentit son cœur se déchirer, et étouffa un gémissement de douleur. Elle l'aimait tellement, et lui, finalement, ne se souciait que très peu d'elle. La jeune femme voulait tellement s'évanouir, perdre connaissance, tout, mais elle ne voulait plus souffrir. L'abandon qui lui blessait, lui lacérait le cœur était insupportable. Elle porta ses mains à sa gorge, sur son cœur, et se leva sans réfléchir, aveuglée par les larmes.

Morgane tituba vers sa coiffeuse, voulant se débarrasser des présents de Dakota. Elle s'écroula sur son tabouret, et prit la pince à chignon entre ses doigts. Ses mains tremblèrent, mais elle ne put jeter le bijou loin d'elle. C'était une des seules preuves de... L'amour illusoire, éphémère du roi pour elle. Elle reposa la pince sur la surface en marbre, et s'effondra en pleurs sur le sol.

Ce fut le moment que choisi Alexy pour entrer dans sa chambre. En la voyant ainsi, il se précipita vers elle et la prit dans ses bras pour la bercer doucement. Elle se raccrocha à sa veste en sanglotant, et il lui demanda d'un ton rongé par l'inquiétude :

« - Qu'avez-vous, Morgane ? »

Elle n'eut pas la force de réfléchir à un mensonge, et se contenta de secouer la tête. Il lui caressa les cheveux, et soupira :

« - C'est encore votre père, n'est-ce pas ? Il vous manque... »

Sans le savoir, il venait de lui offrir l'excuse parfaite, et elle s'empressa de hocher la tête. Son ami souffla, puis lui murmura doucement :

« - J'en suis navré, mais... Vous ne devriez pas vous mettre dans des états pareils, Morgane. Je sais ce qu'est la douleur de la distance, pour l'avoir vécu avec vous, mais... Vous devez vous faire une raison. »

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Après ces conseils avisés, Alexy avait insisté pour qu'elle s'habille décemment, et avait lui-même choisi ses vêtements. La rousse s'était laissée faire, comme vide de toute énergie. Dakota ne voulait plus d'elle, alors à quoi bon faire semblant d'être heureuse ? Malgré tout, elle s'était efforcée de ne pas ignorer son ami, qui sembla vite comprendre qu'elle refusait de parler.

Une fois la rousse habillée, le noble l'avait presque traînée dans les jardins, et elle avait alors eu l'impression de reprendre vie, une fois au soleil. Après tout, elle aimait le roi, certes, mais elle ne s'était pas déshonorée. Donc, tout allait bien. En apparence, du moins. Car il lui semblait que son cœur se brisait en continu. Mais la gaieté naturelle d'Alexy la distrayait, et l'empêchait de s'apitoyer sur son sort.

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Elle avait l'impression d'attendre depuis une éternité, assise sur son lit, triturant nerveusement sa chevelure nattée. Mais Dakota ne venait toujours pas. Quand Morgane posa son regard sur la pendule, elle constata en soupirant qu'elle ne patientait uniquement depuis trente minutes, mais l'attente lui était intolérable. Pourquoi ne venait-il pas ? Elle prit son visage entre ses mains en sanglotant. Ainsi, elle ne s'était pas trompée, il ne l'aimait donc pas. Au contraire d'elle, qui se retrouvait là, à attendre désespérément sa venue, comme une amoureuse transie et éperdue. Comment avait-elle pu croire qu'il allait être mieux que Nathaniel ? Tous les hommes n'étaient que des joueurs, qui profitaient des femmes.

Cela ne servait plus à rien d'attendre. Il n'allait pas venir. Le cœur de la rousse se serra douloureusement, mais elle se releva vaillamment, dénoua ses cheveux, puis se coucha sans éteindre les chandelles, des larmes coulant en continu sur ses joues. Elle devait être forte, elle l'avait promis à son père. Même si elle savait que jamais son géniteur n'aurait pensé qu'elle se retrouve dans une telle situation... En s'allongea, elle songea qu'elle ne pourrait pas rester longtemps à la Cour. Voir l'homme qu'elle aimait pavaner au bras d'autres femmes serait au-dessus de ses forces, elle le savait. A cette pensée, elle eut une crise de larmes, et pressa son visage contre son oreiller pour étouffer ses pleurs. Elle sombra, fatiguée, exténuée, terrassée par les pleurs et la douleur, dans un sommeil agité.

Soudain, elle s'éveilla en sursaut, et chercha l'origine du bruit qu'il l'avait tirée du sommeil. La fatigue et la peine troublait sa vision, mais elle vit tout de même la porte de sa chambre s'ouvrir, et Dakota apparut dans l'embrasure. Morgane écarquilla les yeux, peinant à réaliser qu'il était là. Le roi referma la porte, et s'avança dans la lumière des bougies. Il était si beau que son cœur s'enflamma de désir, et sans réfléchir, elle repoussa les draps, se releva en chancelant, puis se précipita vers lui. Elle se pressa contre lui, l'enlaçant, et l'embrassa en réprimant la honte qu'engendrait son comportement, essayant de ne pas s'emballer et de lui montrer à quel point elle tenait à lui. Elle le sentit sourire contre ses lèvres, mais il la serra contre lui avec force. Puis, elle sépara leurs bouches, et murmura, les larmes aux yeux :

« - J'ai cru que vous n'alliez jamais plus revenir, que... Que tout était de ma faute, et... »

Elle éclata en sanglots, et le vit afficher un air surpris. Aussitôt après, il la souleva dans ses bras, puis l'allongea sur le lit avant de se coucher et de la prendre sur son torse. Elle enfouit son visage dans le creux de son épaule, et il lui caressa doucement le dos en embrassant ses cheveux. Il soupira :

« - Voyons, Morgane... pourquoi avez-vous pensé cela ?

- Parce que... Vous n'étiez pas là ce matin, et... Et je ne m'étais pas offerte à vous... Et il n'y avait aucun mot quand je me suis réveillée, et je croyais que vous ne m'aimiez plus ! »

Ses pleurs redoublèrent, et il la serra encore plus fort contre lui. Puis, il releva son visage vers lui, essuyant ses larmes avec un sourire attendri :

« - Morgane... Vous êtes vraiment touchante. Mais ne vous souvenez-vous pas de ma fonction ? Je suis le roi, et je dois donc être là pour le Lever du Roi, ma chère...

- Oh... Mais... »

Elle se sentit soudain très stupide, et ne put que balbutier :

« - Pourtant, vous... Je ne sais pas, un... Un billet ?

- J'aurais pu laisser un billet ? »

Son ton était doucereux, et elle eut soudain peur. Après tout, qui était-elle pour oser ainsi remettre en cause les agissements du souverain ? Elle secoua la tête avec frénésie, et se redressa pour s'asseoir à côté de lui. La rousse essuya ses pleurs, puis se cacha derrière ses cheveux en tremblant. Il pouvait, d'un simple mot, la condamner à l'exil, pour crime de lèse-majesté. Comme Nathaniel. Penser au blond accéléra sa respiration, et elle écarquilla les yeux. Non, elle détestait son ancien fiancé, et jamais Dakota ne pourrait l'exiler, elle. Enfin... Elle le pensait.

Soudain, elle poussa un cri de surprise en sentant des mains entourer sa taille, et sans qu'elle ne puisse comprendre comment, elle se retrouva à serrer désespérément Dakota contre elle en l'embrassant comme jamais elle n'avait osé le faire. Elle avait eu tellement peur de le perdre qu'elle ne se contrôlait plus. Car elle tenait à lui bien plus qu'elle n'osait se l'avouer, et elle le savait.

Il se sépara doucement d'elle, amusé devant sa fougue, et captura une dernière fois ses lèvres avant de lui murmurer :

« - Je laisserai un billet la prochaine fois, Morgane. Si cela vous rassure, et témoigne de ma bonne foi envers vous. »

La jeune femme hocha la tête, surprise qu'il accepte, et ne put s'empêcher de lui demander :

« - Donc vous m'aimez ? »

Il plongea ses yeux dans les siens en fronçant les sourcils, sans rien dire. Aussitôt, elle sentit son cœur s'emballer, et une vague d'angoisse la frappa. Pourquoi hésitait-il ? Parce qu'il ne l'aimait pas ? Sa respiration se bloqua, et elle ouvrit de grands yeux, n'osant y croire. Il lui avait donc bien menti, et elle l'avait cru sans la moindre hésitation. L'air ne parvenait plus à ses poumons, et elle porta ses mains à son cou. Quand il vit sa réaction, Dakota agrippa son visage et rugit :

« - Morgane, respirez ! Je vous en prie ! »

Elle hoqueta, et repoussa le visage du roi de ses deux mains, les larmes brouillant sa vision. Elle aspira une profonde goulée d'air, et hurla :

« - Partez ! Je vous déteste ! »

Comment avait-il pu jouer cette comédie sans éprouver le moindre remord ? Elle lui avait offert tout son amour, à défaut de son corps, et il ne ressentait absolument rien pour elle ?! La rousse repoussa le brun de toutes ses forces, et descendit du lit pour se précipiter vers la porte. Elle devait partir, sortir de cette pièce, s'enfuir loin de lui.

Mais avant qu'elle ne puisse sortir, il lui attrapa brutalement la taille et la retourna vers lui, avant de la plaquer contre le mur. Il s'empara férocement de ses lèvres, se pressant contre elle avec indécence, et ses mains maintenant ses épaules contre la paroi recouverte de papier peint. Dès l'instant où ses lèvres avaient touché les siennes, Morgane avait senti sa volonté s'évanouir. Elle l'aimait passionnément, et ne pouvait donc rien faire, ne pouvait donc pas partir loin de lui. Elle se raccrocha à lui, des larmes roulant sur ses joues pour finir par tomber sur sa chemise et celle de Dakota. Il entremêla leurs doigts sans la décoller du mur, et finit par se séparer doucement d'elle. Il posa son front contre le sien, et lui murmura, agacé :

« - Je ne veux plus jamais vous entendre dire cela, que ce soit bien clair ? De plus, dire que vous me détestez est un mensonge, et je hais les mensonges. Est-ce entendu ?

- Je... Oui, je suis désolée. »

Il soupira, et plongea son regard dans le sien en silence. Il finit par souffler :

« - Je ne sais même pas pourquoi j'ai hésité...

- Donc vous m'aimez ? C'est vrai ? »

Il hocha la tête avec un sourire, et la rousse le serra contre elle avec un sourire qu'elle ne parvenait pas à réprimer. Toutes ses craintes s'évanouissaient, et elle se sentait stupide d'avoir douté de lui. Il l'aimait.


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