Chapitre 14
Elle était affairée à ôter tous ses bijoux, après s'être mise en tenue de nuit quand la porte de sa chambre s'ouvrit. Sans se retourner, elle marmonna :
« - Camille, je t'ai déjà dit que je ne voulais pas de collation... »
La porte se referma, et elle soupira. Elle voulait rester seule. Elle déposa soigneusement ses bijoux sur sa coiffeuse, s'assit, et retira doucement sa pince à chignon. Puis, elle la maintint devant ses yeux, et eut un léger sourire. L'objet était si beau... Elle le déposa délicatement sur la surface de marbre, et entreprit de brosser ses cheveux. Mais ses pensées vagabondaient, et elle repensa à la folle journée qu'elle avait passée avec son ami, à jouer et à défier d'autres personnes aux échecs ou au trictrac. Avec Alexy, ils avaient réussi à remporter une centaine de louis d'or. Soudain, elle eut un long bâillement, et Morgane fixa son reflet dans le miroir, pour voir sans surprise qu'elle avait une mine fatiguée. La jeune femme posa ensuite sa brosse, remonta son corset de nuit, et lissa son jupon du plat de la main. Puis, elle se frotta les yeux dans une tentative dérisoire d'effacer tout marque de fatigue, et lâcha un soupir dépité devant le manque de résultats.
Soudain, deux mains lui enserrèrent la taille, et alors qu'elle se retournait, surprise, des lèvres s'écrasèrent sur les siennes. Elle reconnut l'odeur de Dakota, et ne se débattit pas, se contentant de s'accrocher à sa chemise. Mais elle remarqua rapidement qu'il était extrêmement entreprenant, et paniqua. Alors elle le repoussa violemment, le faisant chuter à terre, puis se précipita sur son lit, à l'opposé de la pièce. Elle ramena ses jambes vers elle, au milieu du matelas, et l'observa se redresser avec anxiété. Il se releva avec un air surpris sur le visage, et la considéra longuement en silence.
Puis, le souverain se rapprocha lentement d'elle, et grimpa sur le lit. Elle recula en même temps qu'il avançait, et ne s'arrêta de bouger que lorsqu'elle sentit les oreillers dans son dos. Alors, tremblante, elle s'immobilisa, et entoura ses jambes de ses bras, comme pour se protéger. Il vint s'asseoir juste devant elle, et prit son menton entre ses doigts :
« - Qu'y a-t-il, Morgane ?
- Je... »
Ses craintes lui semblèrent soudainement puériles, mais il n'empêchait que cette proximité avec Dakota la troublait. Elle sentit ses joues s'enflammer, et murmura rapidement :
« - Je ne me sens pas prête à vous... Offrir ma... Vertu. »
Elle vit un éclair amusé et joueur passer dans ses sublimes yeux verts, et il se pencha vers elle. Leurs lèvres se touchaient presque, et il susurra :
« - Je pourrais vous l'ordonner... »
Aussitôt, la jeune femme écarquilla les yeux. Non, il n'en était pas capable ! Ce n'était pas possible... Elle sentit des larmes perler à ses paupières et se mordit violemment la lèvre. Elle vit l'expression du roi changer, il paraissait désarçonné par sa réaction, et eut un air plus doux. Il lui caressa doucement la joue avec un sourire attendri :
« - Voyons, Morgane... Me croyez-vous sincèrement capable de vous ordonner cela ? »
Elle préféra ne pas répondre, et détourna le regard, fixant une chandelle qui se consumait lentement. La vérité était que oui, elle l'en pensait capable. Et il le comprit.
Il recula, à genoux sur le lit, se passant une main hésitante dans les cheveux. Soudain, elle eut peur qu'il ne s'en aille, qu'il ne la trouve trop prude. Alors, sans réfléchir, elle se précipita vers lui et entoura son cou de ses bras. Morgane enfouit son visage dans le creux de son épaule, et soupira de soulagement quand il l'enserra dans ses bras. Il ne la détestait pas. Mais tant de craintes tourbillonnaient en elle qu'elle était incapable de se détendre. Dakota posa sa bouche près de son oreille, et lui demanda doucement :
« - Me voyez-vous vraiment comme... Un coureur de jupons qui ne se préoccupe que de séduire des demoiselles ?
- Non, je... Enfin... Je ne sais pas. Et j'ai peur. »
Il resserra son étreinte autour d'elle, si fort qu'elle avait des difficultés à respirer. Mais cela ne la gênait pas, car elle se sentait en sécurité. Ce qui était paradoxal, car elle était effrayée par une multitude de choses. Le roi déposa un baiser sur sa tempe, et soupira :
« - De quoi avez-vous peur ?
- De... De ne pas être à la hauteur... Que vous pensiez que je suis comme ma mère, de... Que vous m'abandonniez lorsque je ne vous intéresserai plus, et... Et vous êtes le roi, et... »
Elle s'arrêta de parler, car elle sentait les larmes la gagner. Aussitôt, le brun l'écarta de lui, et essuya doucement les quelques gouttes d'eau qui avaient coulé sur ses joues. Il semblait légèrement amusé, et haussa un sourcil :
« - Voyons... Je sais parfaitement que vous n'êtes pas comme votre mère, croyez-moi. Et... Vous êtes adorable, avec vos craintes. »
Elle se serait plutôt définie comme stupide, mais le fait qu'il ne menace pas de l'abandonner la rassurait. Il continua avec douceur :
« - Et si je dois attendre que vous soyez prête... Et bien j'attendrai, soyez en sûre. »
Il l'embrassa doucement, puis la porta et vint l'asseoir sur son tabouret, devant la coiffeuse. Puis, il entreprit de lui masser doucement les épaules. Certes, il déposait une pluie de baisers sur la nuque, les épaules et le haut du dos de la jeune femme, mais elle ne protestait pas, heureuse qu'il soit resté.
Quand il sentit qu'elle était parfaitement détendue, il amorça un mouvement pour se relever, mais elle se retourna vers lui et lui prit les mains :
« - Partez-vous ?
- Seulement si vous le désirez, Morgane.
- Oh, je... Restez, je vous prie... »
Il acquiesça, et elle entoura son cou de ses bras avant de se serrer contre lui. Elle avait beau n'avoir quasiment aucune expérience de l'amour, elle appréciait quand il la tenait tout contre lui, et à cet instant, elle ne ressentait aucune appréhension.
Ils restèrent un long moment dans cette position, et elle se sentit peu à peu sombrer dans un demi-sommeil. Il s'en rendit compte, car il la fit doucement glisser contre lui, et la souleva dans ses bras avant de l'allonger sur son lit. Puis, il se coucha contre elle, et elle ouvrit légèrement les yeux lorsqu'il lui caressa le visage. Il sourit en voyant sa mine fatiguée, et elle se pressa un peu plus contre lui avec un soupir satisfait. La rousse entoura sa taille de ses bras, et marmonna, à moitié endormie :
« - Je dois reconnaître que vous jouez très bien aux échecs. Bien mieux qu'Alexy...
- Je suis ravi de le savoir, Morgane. Vous êtes l'une des rares personnes ayant réussi à me battre.
- Il faut dire qu'en Bretagne... »
Elle s'arrêta pour bâiller, et mit un instant pour retrouver le fil de ses pensées :
« - En Bretagne... Je ne pouvais pas faire beaucoup d'activités, alors... Je jouais aux échecs. Avec mon père. Il était très doué. Elle sourit en se remémorant ses bons souvenirs. Il m'a appris plein de choses, que ce soit dans la stratégie, ou par exemple... Pour parler d'autres langues, pour la littérature et tout cela... »
Elle se tut, et ne l'entendant pas parler, elle releva la tête, inquiète. Mais il semblait seulement perdu dans ses pensées. Légèrement surprise, et reposa sa tête au creux de son épaule, et l'entendit murmurer :
« - Au moins, votre père a pris soin de vous. »
Elle ne savait pas si c'était une critique envers sa mère, ou s'il parlait de lui-même, ou s'il s'agissait encore d'autre chose, alors elle préféra garder le silence. Puis, il sembla s'éveiller d'un songe, et resserra son étreinte autour d'elle :
« - Je dois dire qu'en vous voyant si ignorante des règles du trictrac, je ne m'attendais pas à ce que vous battiez ainsi votre ami. »
Elle pouffa, et répliqua :
« - Il faut dire qu'il n'est pas si doué que cela, mais il fait des efforts. Alexy est vraiment quelqu'un de très, très gentil. C'est le seul, mis à part mon père, qui me supporte depuis toutes ces années. »
Elle l'entendit rire, et soudain, il la fit basculer, se retrouvant à califourchon sur elle. Il colla son visage au sien, soufflant :
« - Cela ne doit pas être si difficile, Morgane... »
Sa brusque proximité la troubla, encore une fois, et elle bafouilla :
« - Oh, je... Si, c'est... »
Elle se mordit l'intérieur des joues pour essayer de reprendre ses esprits, mais il l'embrassa, et elle sentit son ventre s'embraser. Sans réfléchir, elle entoura son cou de ses bras et l'attira vers elle. Puis, elle réalisa ce qu'elle venait de faire, et le repoussa doucement pour rouler sur le flanc, dos à lui. Il eut un léger rire, et entoura sa taille de ses bras avant de se coller contre son dos, sans un mot. Il posa doucement ses lèvres sur son cou, embrassa ses cheveux et reposa sagement sa tête sur les oreillers. Ce fut dans le silence complet qu'elle s'endormit, bercée par la respiration de Dakota.
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Le roi se réveilla à l'aube, à cause de légers coups frappés à la porte de la chambre. Morgane dormait agrippée à lui, comme si sa vie en dépendait, et était pressée presque lascivement contre lui. Il eut un léger sourire, et se libéra délicatement de son étreinte avant de se relever. Il s'assura d'un regard que la rousse dormait toujours, puis se dirigea lentement vers la porte. Il l'ouvrit, et tomba nez à nez avec Castiel :
« - Dakota, il est temps de rentrer. Le lever du roi va bientôt commencer. »
Le brun hocha la tête, eut un dernier regard pour la jeune femme, et sortit de ses appartements. Sur le chemin, son ami lui demanda d'un ton habitué :
« - Alors ? Elle était comment ?
- Eh bien figure-toi que je n'en sais rien.
- Comment ? »
Le rouquin semblait réellement choqué, et le souverain haussa les épaules :
« - Elle m'a presque jeté à terre quand j'ai tenté de la prendre, et si tu avais vu son air apeuré... C'est un vrai défi, digne de moi.
- Et tu comptes retenter quand ?
- Ce soir. Comme tous les soirs à venir. »
Castiel hocha la tête, et le reste du trajet se fit en silence. Toutes les pensées de Dakota étaient tournées vers Morgane, cette demoiselle si prude. Il n'avait pas menti quand il lui avait assuré qu'elle ne ressemblait en rien à sa mère. Elle en était même tout le contraire. Mais cela l'amusait, et l'émoustillait. Jamais une femme ne s'était ainsi refusée à lui. Il finirait par l'avoir, de gré ou de force.
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