Chapitre 2
Le soleil est déjà levé depuis de longues minutes, la famille de mésanges qui a fait son nid dans l'arbre situé sous la fenêtre babille un son mélodieux. La chambre est parfaitement éclairée malgré l'épais rideau en velours tombant jusqu'au sol. Le réveil ne devrait pas tarder à sonner, mais Seungsik attend.
Il attend d'être obligé de devoir quitter son lit douillet, ne sachant pas encore ce que lui réserve sa journée, sa seule certitude à présent, c'est son nœud dans l'estomac qui ne le rassure pas vraiment. Il profite alors encore des quelques minutes de quiétude qui s'offrent à lui avant de se lever.
Lorsque l'alarme de son téléphone retentit, il la coupe aussitôt d'un geste rapide et machinal. Seungsik se lève et commence à s'habiller en silence avant de récupérer un gros sac de voyage déjà rempli posé au pied du lit. Le portant à son épaule, c'est vers le rez-de-chaussée qu'il se dirige.
Pour se rendre à l'escalier, Seungsik doit passer par le couloir de l'étage. C'est en arrivant au niveau de la chambre de son jeune frère, qu'il entend un léger miaulement provenant de cette dernière. Il ouvre alors délicatement la porte pour laisser sortir le félin, avant de refermer derrière lui sans un bruit, pour tenter de ne réveiller personne.
Le chat se frotte amicalement contre ses mollets pour solliciter des caresses. Face à l'insistance de l'animal, il se voit céder et finit par le placer au creux de ses bras, ses ronrons se faisant entendre jusqu'à l'autre bout du couloir. Il continue d'avancer, mais son pas se fait encore bien plus discret, lorsqu'il passe devant la chambre de ses parents. Il finit par arriver au niveau de l'escalier et décide de reposer le chat au sol. Une fois le rez-de-chaussée atteint, il dépose enfin son sac de voyage près de l'entrée, avant de se diriger rapidement vers la cuisine.
En arrivant dans la pièce, c'est avec une certaine tendresse qu'il regarde les deux Jindos qui s'étirent longuement et peinent à sortir de leurs paniers. Seungsik les observe tandis qu'ils viennent réclamer une caresse, mais il sait bien qu'ils sont surtout là pour donner de leur affection à Seungsik. Ce sont de vieux chiens, ils sont gentils et braves, mais davantage fatigués par les années. Il se souvient alors de l'époque où ils dormaient encore à l'étage, dans le lit de leurs maîtres. À présent, l'escalier est devenu leur pire ennemi. Seungsik prend vraiment le temps de les cajoler de longues minutes, comme pour les remercier pour toutes ces années de loyauté.
S'approchant doucement du plan de travail, il part se faire réchauffer le café de la veille, toujours sans grande hâte ni motivation pour sa journée qui s'annonce stressante. Il se contente seulement de boire ce café sans saveur. Avant de s'asseoir pour commencer sa boisson, il s'assure que ses deux compagnons de longue date ont de quoi manger dans leurs gamelles. Soudain pris de nostalgie, il s'adresse à eux, comme pour se confier, comme s'ils pouvaient l'entendre et le comprendre.
-Ne me regardez pas comme ça, déplore-t-il en chuchotant. Je sais que j'ai beaucoup été absent ces derniers temps. J'aurais aimé rester encore un peu plus, mais c'est le moment pour moi de retourner dans la vie active.
Avant de reprendre le cours de son monologue, Seungsik termine rapidement son café.
-Je vous avoue que j'ai vraiment peur, je ne pensais pas que devenir mannequin serait plus terrifiant que le service militaire, plaisante-t-il pour lui-même.
En se levant et après avoir déposé discrètement sa tasse au fond de l'évier, c'est avec une certaine tristesse qu'il fait une dernière caresse aux chiens de la famille avant de récupérer son gros sac, puis il s'assure de refermer silencieusement la porte d'entrée afin de ne réveiller personne à l'étage. Ce n'est qu'une fois arrivé dans le jardin, en s'éloignant de la maison, qu'il décide de prendre une grande inspiration pour s'encourager.
S'installant alors dans sa voiture, Seungsik tapote nerveusement son volant, lorsqu'il reçoit un message sur l'application Kakaotalk.
Sachant Doy beaucoup plus jeune que lui, Seungsik ne peut s'empêcher de se sentir quelque peu dérouté par sa manière de s'exprimer alors même qu'ils ne se sont croisés qu'une seule fois dans les locaux de l'agence IST lorsqu'il y travaillait encore.
Seungsik range son téléphone et ajoute l'adresse de l'agence Élite dans son GPS. Il jette un dernier regard chargé de tendresse et de mélancolie en direction de sa maison d'enfance, puis démarre le moteur et allume le chauffage pour essayer de se réchauffer, avant de prendre la route un peu à contre-cœur
-Plus d'une heure et demie me sépare à présent de ma nouvelle vie, juste assez de temps pour angoisser, se dit-il à lui-même en plaisantant, pour tenter de dominer son stress.
Il décide simplement de ne pas trop y penser pour l'instant, pour faire ce long trajet dans la meilleure ambiance possible, il se contente alors de lancer une playlist composée uniquement de chansons qu'il aime et qui le réconfortent.
Lorsqu'il longe le fleuve Han, Seungsik sait qu'il est bientôt arrivé à destination. Une fois devant le bâtiment, il se gare sur le parking en espérant ne gêner personne avec sa voiture. Il récupère son porte-document et pose son sac de voyage sur le siège passager à l'arrière, puis il marche en direction de la porte d'entrée de l'agence. Il se dirige vers l'hôtesse d'accueil, confortablement installée derrière son comptoir, qui ne semble cependant, vraiment pas disposée à lui adresser un regard.
-Bonjour, Kang Seungsik, j'ai rendez-vous dans la matinée avec le vice-Président Park Minhyuk, annonce-t-il poliment.
-Tout à fait, Mr Park vous attend au dixième, prenez l'ascenseur et ça sera au bout du couloir à droite, lui répond l'hôtesse d'un ton froid.
En entrant dans l'ascenseur, il entend quelqu'un lui sommer de retenir les portes.
-Merci d'avoir attendu ! s'exprime vivement le jeune homme en entrant avec un grand sourire. Ah, mais tu es Seungsik ? Le soliste qui débute aujourd'hui ?
-Bonjour, oui c'est bien ça, j'ai rendez-vous avec Mr Park dans cinq minutes.
-Je t'accompagne à son bureau si tu veux. Je suis chargé de m'occuper des petits nouveaux ici, je m'appelle Jaehan, on risque de se croiser souvent, se réjouit-il gaiement.
-Avec grand plaisir, je dois avouer que je suis un peu perdu et pas mal angoissé. Tout le monde ici me semble être bien plus jeune que moi ? s'interroge-t-il subitement en se grattant l'arrière du crâne. C'est un peu déroutant, je dois l'avouer.
- Oui, admet Jaehan un peu embarrassé. Le directeur de l'agence Élite a décidé de donner un souffle nouveau et plus jeune à l'agence. À commencer par le poste de vice-Président, qu'il a offert à son fils.
Leur ascension enfin terminée, les portes s'ouvrent et Seungsik continue d'écouter toutes les informations que Jaehan lui transmet, tandis qu'ils traversent le couloir à la hâte.
-La fusion avec ton ancienne agence fait aussi partie de ce " renouveau ", lui explique-t-il rapidement. Tu n'as pas encore eu le temps de rencontrer Doy je suppose ?
-Non je ne l'ai croisé qu'une seule fois, il y a plusieurs années. À vrai dire, toute cette histoire de fusion est allée si vite et tout s'est passé durant mon enrôlement.
C'est avec une certaine perplexité qu'il remarque que Jaehan lui adresse à présent une grimace en guise d'encouragement.
- Eh bien, bon courage avec M. Park, tu verras, c'est le moins pire des deux, dit-il pour essayer de le faire rire. En tout cas, lui, tu ne le verras qu'une seule fois si tout se passe bien.
Seungsik voit Jaehan repartir en direction des étages inférieurs, l'air toujours si pressé qu'il fait presque peine à voir. Avant de toquer à la porte, il décide de prendre deux minutes pour valider son allure. Il vérifie que son costume soit bien lissé et de ne pas être débraillé, avant d'enfin s'assurer que sa coiffure soit parfaite.
Enfin, il toque doucement à la porte et ne se permet d'entrer qu'après avoir entendu une réponse.
-M. Park, bonjour, dit-il en s'inclinant de manière très polie. Kang Seungsik, nous avions rendez-vous ce matin. Je travaillais pour IST depuis-
-Je sais déjà tout ça, l'interrompt-il brusquement avec un air hautain, je suis en train de lire votre CV : Kang Seungsik, idol de longue date, vous avez connu le succès et avez décidé de tout ruiner en prenant un long hiatus, sans donner de raison valable à votre agence.
Seungsik examine en silence Minhyuk, le visage toujours crispé et les sourcils froncés, en train de s'acharner sur lui, il semble inarrêtable.
-Vous devriez vous estimer heureux que votre ancien manager ait un minimum d'estime pour vous, ajoute-t-il avec un regard condescendant, vous avez trente-deux ans, je ne suis même pas sûr qu'une reconversion soit utile ou favorable à qui que ce soit dans cette histoire. Malheureusement, vous avez encore trois ans à effectuer pour nous comme le stipule votre engagement.
Il observe le vice-Président, dans son costume haute couture, le visage fermé et les yeux rivés sur ledit contrat et le voit tendre une page dans sa direction.
-Ici, précise-t-il en pointant du doigt l'endroit, le contrat que vous avez signé précise que vous devez suivre toutes les propositions et nouvelles directives choisies par votre agence. Dans le cas contraire, vous seriez contraint de démissionner, et de ce fait de nous devoir des intérêts, dit-il d'un air méprisant, mais je suppose que nous n'irons pas jusque-là.
Seungsik toujours muet, regarde le vice-Président s'installer allègrement dans son gros fauteuil en cuir. Il le voit prendre une gorgée dans la tasse posée sur son bureau, puis reprendre son discours.
-Doy sera votre manager, explique-t-il sèchement. Au même titre que l'était son père, M. Heo quand vous étiez encore chez IST. Pendant votre service, le PDG a décidé de fusionner avec notre agence. J'espère que vous arriverez à devenir un bon mannequin, il vous faut représenter notre entreprise à présent, conclut-il pompeusement.
Seungsik sent un douloureux mélange d'angoisse et de colère se former dans son ventre.
- J'ai ouï-dire qu'on vous a attribué un nouveau styliste, au look plutôt douteux selon certains, dit-il dans un visage de dégout. Peu importe, tant mieux si ça aide à rajeunir votre image. Jaehan sera là pour vous guider pour tout ce qui concerne le reste. À présent, vous pouvez disposer.
Le vice-Président ne daigne même pas regarder Seungsik lorsqu'il quitte la pièce en s'inclinant à nouveau dans le vide.
En sortant de son bureau, il se sent comme un enfant venant de se faire réprimander. Cette sensation lui donne la nausée, ce Park Minhyuk vient de l'humilier alors même qu'il est de sept ans son cadet. Il se souvient alors de l'avertissement de Jaehan concernant Doy, et il se demande comment quelqu'un pourrait être pire encore que cet homme, qui vient de s'acharner à le rabaisser de la sorte.
Continuant d'avancer le long de cet immense couloir constitué de bureaux, sûrement tous remplis d'hommes tout aussi désagréables que Minhyuk, c'est quelques mètres plus loin qu'il entre enfin dans l'ascenseur. Il vérifie rapidement en ouvrant leur conversation sur son téléphone, que Doy se trouve bien au neuvième étage.
En arrivant à l'étage inférieur, il perçoit soudain des voix qui s'élèvent dans l'open space situé juste en face.
-Je vous demande pardon M. Heo, dit une employée visiblement gênée. Je ferai attention la prochaine fois.
Seungsik voit soudain la jeune femme quitter l'endroit, la tête inclinée vers l'avant et le regard figé au sol.
-Et puis si tu veux qu'on te prenne au sérieux, s'indigne Doy. Tu devrais éviter de porter des jupes aussi courtes sur ton lieu de travail ! précise-t-il tout en lorgnant sans gêne les fesses de la jeune femme.
Il voit Doy s'approcher de lui, un sourire fier sur les lèvres.
- Salut Seungsik, dit-il en arrivant à son niveau. Désolée que tu aies dû assister à ça, mais franchement, les nanas ici ne servent qu'à nous aguicher. Même pas fichue de faire des photocopies ou de nous servir du café. J'ai dû la mettre en garde, si je ne le fais pas, on va se retrouver entourés d'allumeuses.
Seungsik s'incline alors pour le saluer, mais au même instant il voit Doy s'approcher et poser une main sur son épaule, s'appuyant à lui comme le ferait un ivrogne pour s'aider à marcher, afin de le traîner jusqu'à son bureau.
-Comment va ton père Doy ? Je n'ai pas pu le revoir depuis mon enrôlement.
-Il a pris sa retraite peu de temps après ton départ, dit-il en s'installant sur son fauteuil. Il va bien, mais il se faisait vieux, je suis bien content de prendre les choses en main.
Il l'écoute alors attentivement, tandis que ce dernier continue de parler.
-Depuis la fusion, beaucoup de choses ont changé mais c'est positif, dit-il confiant. Maintenant le public visé ne sera plus le même, fini les gamines en chaleur qui collectionnent tes albums. Dorénavant, on vise une gamme plus raffinée, des vraies femmes, pas des idiotes en manque.
Choqué par de tels propos, Seungsik ne peut décemment pas laisser Doy parler aussi mal, sans prendre la défense de toutes les personnes qui ont pu le soutenir durant sa carrière.
-Mon public était pourtant assez large, tente-t-il d'expliquer calmement. Pendant mes concerts, il y avait autant de jeunes enfants, que de personnes âgées, à l'international, comme en Corée. C'est là toute la beauté du métier, conclut Seungsik avec une certaine émotion.
-Si tu veux qu'on soit amis Seungsik, prévient-il. Ne me parle pas de ces fans, qui font de l'appropriation culturelle. Elles se prennent pour des Coréennes sous prétexte qu'elles écoutent de la Kpop, laisse moi rire ! Chacun sa culture, chacun son pays. Sinon quoi ? On va voir débarquer de plus en plus d'étrangers dans notre beau pays ? Non vraiment ça, ça m'insupporte, proteste-t-il vivement.
Décidant de ne rien ajouter de plus à ce que Doy vient de lui répondre, Seungsik se mord doucement l'intérieur de la joue, pour tenter de contenir ses mots. Il ne souhaite pas énerver davantage son jeune manager, qu'il sent particulièrement facile à irriter. Afin de rapidement mettre fin à cette conversation qu'il apprécie de moins en moins, il décide alors de changer de sujet.
-M. Park m'a dit de voir avec Jaehan pour le reste, tu pourrais m'indiquer où je peux le trouver s'il te plait.
-Il doit surement être en train de faire visiter les locaux à son petit poulain, il adore tellement dénicher des nouveaux visages dans la rue, explique-t-il. Comme si ça faisait de lui quelqu'un de génial. Ne bouge pas, je lui envoie un message sur KakaoTalk pour en être sûr.
Observant Doy se lever et s'approcher de lui avant de lui tapoter l'épaule, tandis qu'il semble recevoir une réponse de Jeahan, Seungsik se tient prêt à entendre de nouvelles critiques sortir de la bouche de son manager.
-C'est bien ce que je disais, dit-il fièrement. Il est très simplet tu sais, alors c'est facile de deviner ses actions. Essaie de ne pas te lier d'amitié avec lui, tu risquerais de finir aussi stupide. Toi et moi, on n'est pas du même niveau que lui.
Seungsik laisse Doy le raccompagner vers la porte, tandis qu'il voit ce dernier le dégager d'un geste un peu brusque, comme pour se débarrasser de lui rapidement.
-Tu peux le rejoindre aux studios photos du huitième. Allez salut !
Saluant très brièvement Doy qui ne le regarde même pas quitter son bureau, Seungsik se dirige vers l'escalier au lieu de prendre l'ascenseur, pour changer un peu et pour avoir quelques secondes de tranquillité devant lui.
En arrivant à l'étage des studios photos, il croise beaucoup de monde. Cet endroit semble toujours être en mouvement. Il se sent très vite totalement intimidé, par le lieu, et par l'aura charismatique des mannequins expérimentés en train de poser devant l'objectif. Il aperçoit un grand nombre d'ordinateurs disposés de chaque côté des toiles de fond. Les kits d'éclairage donnent une ambiance très professionnelle à la pièce et les écrans reliés directement aux appareils photo sur leurs trépieds sont posés au milieu de nombreux câbles qui traînent au sol.
Songeant alors à cet avenir qui s'offre à lui, Seungsik se dit que trouver sa place dans ce nouvel environnement sera plus compliqué qu'il ne l'imaginait. Évidemment en tant qu'Idol, il a déjà eu à poser pour les shootings de ses albums, mais ce n'était qu'une infime partie de son travail et les enjeux n'étaient pas du tout les mêmes.
Il entend soudain une voix qui l'appelle, le sortant alors de ses pensées moroses.
- Viens nous rejoindre Seungsik ! s'époumone Jaehan de l'autre bout de la pièce, en agitant ses bras au-dessus de la tête pour lui faire de grands signes.
Il s'approche de lui en essayant de ne déranger personne sur son passage et observe alors Jaehan, qui se tient aux côtés d'un très bel homme aux cheveux mi-longs, dont l'apparence lui donne un air aussi doux que mystérieux.
-Seungsik, je te présente Junji, explique-t-il. Il est nouveau, comme toi. Il revient tout juste de son entretien avec Mr Park. J'étais en train de lui montrer les locaux, mais joins-toi à nous pour le reste de la visite, je m'absente juste deux minutes.
L'ayant salué poliment, il observe à présent à son plus grand étonnement, Junji s'incliner devant lui, de manière très formelle.
-Tu dois être le premier aujourd'hui, qui m'adresse en retour une vraie salutation formelle. Je commençais à penser que la Corée avait décidé d'une nouvelle façon de saluer durant mon absence, dit Seungsik pour tenter de briser la glace. Kang Seungsik enchanté.
Remarquant la timidité flagrante de son interlocuteur, Seungsik essaie de se détendre un peu au contact de son futur collègue, en espérant le rendre moins timoré par la même occasion.
-Alors comme ça, tu es nouveau ici ? Tu as pourtant tout l'air d'un grand mannequin d'expérience.
- Je suis enchanté également, répond Junji d'une voix douce. Je suis totalement ignorant du métier, c'est Jaehan qui m'a repéré dans les rues de Gangnam. Il s'est approché de moi avec son grand sourire et sa dent de travers. Il m'a inspiré confiance, puis il m'a proposé de passer une audition, histoire de voir si ça m'intéresserait. Le directeur de casting m'a ensuite redirigé ici. Je cherchais du travail alors j'ai décidé de tenter l'expérience.
Pendant que Junji lui raconte son parcours, Seungsik continue d'observer discrètement la silhouette de ce dernier. Ils doivent, à quelques centimètres près faire la même taille, mais Junji a vraiment une carrure bien plus imposante qui lui. Son visage est esthétiquement parfait et son regard absolument captivant, ses cheveux mi-longs lui vont vraiment très bien et rendent son apparence des plus mystérieuse.
-J'espère que notre première vraie journée demain se passera bien. Pour le moment, je suis encore intimidé par toute cette nouveauté, mais je suis content d'avoir un collègue comme toi Junji, avoue-t-il simplement.
Souriant alors à Junji avec sympathie, Seungsik songe que cette rencontre avec ce nouveau collègue lui semble être le premier moment vraiment agréable de sa journée.
-J'espère aussi, répond-il doucement. Je suis content également, mais je suis aussi un peu intimidé par toi. Tu es Kang Seungsik. Je t'ai vu sur scène, tu as une vraie présence scénique. Je suis sûr que le mannequinat sera parfait pour ton image et que tu feras du bon travail.
Appréciant sincèrement le compliment, Seungsik donne une tape amicale sur le bras de Junji, comme pour le remercier pour sa sympathie. Il se sent alors vraiment soulagé de savoir qu'il aura un collègue aussi bienveillant à ses côtés. Ils observent alors Jaehan revenir vers eux avec empressement, ses cheveux totalement ébouriffés et trébuchant à moitié sur les câbles au sol.
-Désolé les gars, c'était plus long que prévu ! s'excuse-t-il en arrivant à leur niveau. Venez avec moi, à présent je vais vous montrer ce qui sera soit votre endroit préféré, soit votre pire cauchemar, ça dépend des préférences de chacun. Direction la salle de sport !
Ils se dirigent tous les trois vers l'ascenseur, en chemin, Jaehan les invite à ajouter son numéro sur KakaoTalk avant de leur conseiller de faire de même entre eux.
-Au fait, ajoute-t-il alors que les portes de l'ascenseur se referment. Je ne vous ai pas encore dit comment s'appellent vos stylistes, je suis une vraie catastrophe !
Voyant le doigt de Jaehan se pointer dans un premier temps vers Junji, il écoute avec attention ce dernier.
-On t'a associé à Kim Kibum, c'est un styliste très bien vu dans le monde de la mode. Il a déjà bossé pour des agences de Kpop. Il est plus âgé que toi, son expérience dans le milieu te sera utile, j'en suis sûr.
Seungsik observe Jaehan se tourner vers lui avant de le pointer du doigt à son tour, tout en vérifiant les infos notées dans son téléphone.
-Quant à toi, on t'a attribué un novice ? Il semblerait, dit-il vraiment perplexe. Do Hanse, je ne crois pas avoir déjà vu son nom quelque part. Mais apparemment son look est plutôt extravagant. D'après mes infos, il est plus jeune que toi Seungsik, mais ne t'inquiète pas, tout se passera bien.
Lorsque le bip de l'ascenseur retentit, Seungsik laisse sortir les deux hommes en premier par politesse, avant de les suivre pour la suite de la visite. Ensemble, ils se dirigent vers l'immense salle de sport située au fond du couloir. Ils passent d'abord devant les vestiaires, ce n'est qu'en arrivant au niveau des douches communes que Seungsik grimage un peu, sa pudeur prenant alors le pas sur le reste.
Tous les équipements de sport sont disposés stratégiquement et chaque machine a une vue imprenable sur le fleuve Han, le coin étant pratiquement ouvert avec d'immenses fenêtres. Les rares machines n'ayant pas une vue directe sur l'extérieur sont positionnées devant des écrans géants, faisant défiler de la musique en continu.
Seungsik ne se sent pas vraiment à sa place ici. Évidemment, durant son service militaire il a dû entretenir son physique avec ce genre de machine. Mais il n'en garde que de mauvais souvenirs, trop de douleurs physiques, aucune motivation et très peu de plaisir.
Tandis que Junji lui, semble être comme arrivé au paradis. Il regarde chaque machine avec beaucoup d'intérêt, complètement ravi de pouvoir les utiliser à sa guise, un énorme sourire illumine son visage.
Seungsik voit alors Jaehan revenir vers eux pour les inviter à le suivre pour la suite de la visite. Ils descendent ainsi vers les logements situés aux premiers étages. Le système pyramidal se fait ressentir au fur et à mesure de la visite. Il écoute alors Jaehan ajouter une précision, qui ne fait que renforcer ce sentiment hiérarchique.
-Vos logements sont au deuxième, explique-t-il, au troisième se trouvent les logements de mannequins plus expérimentés, et au quatrième se seront vos mentors, les mannequins qui ont quasiment construit l'image de cette agence.
Seungsik observe les numéros du cadran défiler doucement et grimace légèrement en voyant les étages inférieurs s'afficher.
-Vos managers et leurs supérieurs ne sont pas logés ici, il n'y a que les quelques chasseurs de tête comme moi qui peuvent vivre dans l'agence, au même titre que les Idols et leurs employés, précise-t-il. Considérez-moi comme une sorte de nounou.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent enfin et Seungsik arrive dans un long couloir. Observant avec une certaine tendresse cet immense tapis de couleur bordeaux qui lui rappelle celui de sa maison familiale, Seungsik se met à sourire légèrement.
-Les appartements pairs vous sont destinés et les impairs sont attribués aux coiffeurs, maquilleurs et stylistes, explique Jaehan.
Ils se dirigent alors tous les trois vers le premier logement.
-Seungsik tu seras au 202 et Junji au 204, dit-il en leur expliquant qu'il s'agit de portes à serrures électroniques. Choisissez votre code personnel et ne le partagez à personne. Je vais vous laisser ici pour aujourd'hui, n'hésitez pas à passer à la cafétéria aussi pour manger un peu et ensuite, essayez de vous reposer.
Seungsik observe alors Jaehan leur donner une tape amicale à l'épaule avant de s'en aller sans quitter son sourire.
-Qu'en dis-tu ? On va manger ensemble ? Ça nous laissera le temps de réfléchir à nos codes.
- Je te suis, répond calmement Junji. J'ai besoin de protéines, mais je ne m'inquiète pas trop, avant ton arrivée Jaehan m'expliquait que les chefs ici ne faisaient que des plats équilibrés, pour que tous leurs mannequins gardent la ligne. En parlant de rester en forme, on prend les escaliers ? C'est littéralement l'étage du dessous et c'est bien plus calme.
Acceptant volontiers dans un sourire, ils se dirigent alors vers les escaliers. Seungsik laisse passer Junji devant lui toujours par politesse, tout en se disant à lui-même qu'ils ont déjà ça en commun. Il apprécie bien plus le calme des escaliers, plutôt que la possibilité de toujours croiser du monde dans l'ascenseur. Leur calme et leur timidité sont aussi flagrantes que l'enthousiasme et la joie de vivre de Jaehan.
꧁ '❀ ••-••-•• ❀' ꧂
Il est déjà dix-sept heures lorsque Seungsik revient enfin devant la porte de son logement. Ayant profité de son après-midi de libre pour vraiment bien visiter chaque étage, il a pu croiser Doy lorsqu'il est allé se présenter au salon de coiffure. Ce dernier semblait n'être là que pour lorgner sur les employées, affalé sur une chaise dans un coin, comme si ses journées ne se résumaient qu'à traîner ici et là. Repensant alors à toutes ses rencontres, il se dit que la présence de Junji aura réellement été utile à son moral aujourd'hui.
Devant sa porte, il tape le code qu'il a choisi : 2512. L'accès étant validé, il peut enfin découvrir son logement.
L'appartement est de taille moyenne, dans l'entrée se trouve un porte-manteau sur pied et un espace de rangement pour les chaussures. La salle de bain est assez spacieuse, une grande baignoire est placée d'un côté de la pièce, de l'autre se trouve un lavabo incrusté dans un meuble de rangement, ainsi qu'un autre meuble en hauteur avec miroir lumineux intégré. Les toilettes sont dans une autre pièce séparée de la salle de bain.
Dans le couloir plutôt large se trouve un dressing dans un renfoncement du mur. La pièce principale donne accès à un étroit balcon privé. Un lit double prône au milieu de la chambre, une commode d'un côté et un bureau accompagné de son fauteuil de l'autre. Le matelas semble vraiment grand, en face de celui-ci se trouve un écran accroché au mur. L'endroit dispose même d'un mini frigo personnel.
Songeant alors qu'il a beaucoup de chance d'être logé dans une agence si prestigieuse, Seungsik décide de regarder un peu dans les placards et y trouve ses affaires personnelles déjà rangées. Il sourit tendrement dans le vide, sachant très bien qui est derrière cette douce attention. Il décide donc de lui exprimer sa gratitude en envoyant un message à son ancien manager.
Se doutant qu'il n'aura pas de réponse immédiate, sachant bien que ce n'est pas le genre de Chan, trop vieux pour savoir comment envoyer un sms, Seungsik s'apprête alors à ranger son téléphone, lorsqu'un appel visio retentit. Il s'installe sur son nouveau bureau et pose son portable à la verticale pour répondre.
-Hey salut toi ! Comment ça va ? Je voulais juste te faire un petit coucou. Eh mais attends, tu es à l'hôtel là ?
-Salut Sejun ! Non non, je suis dans mon nouvel appartement à l'agence. Mais et toi alors ? Je vois beaucoup de mouvements derrière toi, où es-tu ?
-Ho, eh bien tu sais, mon agence m'avait promis un come-back de folie pour mon retour de l'armée. Crois-moi, ils n'ont pas lésiné sur les moyens. J'ai droit à des danseurs pour accompagner ma performance et j'ai même un duo prévu avec Paul Kim, le grand soliste du moment. Ça fait du bien de remonter sur scène tu n'as pas idée !
-C'est génial Sejun, je suis ravi pour toi, tu mérites ce come-back, après ses deux années de galères qu'on à passées à l'armée, tu dois vraiment-
-Je suis désolé Seungsik ! Je dois raccrocher, on m'attend sur scène ! À plus tard !
L'appel vidéo se termine brusquement, Seungsik réalise alors qu'il n'a même pas eu le temps de lui parler de son arrivée ici. Mais il n'en veut pas un seul instant à Sejun, il sait qu'il est très occupé et puis, il reste avant tout son meilleur ami.
Avant de se poser pour de bon, il décide d'envoyer un sms à son jeune frère.
Il observe avec amusement la réponse immédiate de son jeune frère, toujours en ligne, comme n'importe quel ado digne de ce nom.
Seungsik pose alors son téléphone et décide d'aller récupérer son sac de voyage dans sa voiture, pour récupérer ses dernières affaires, afin de terminer correctement son installation.
En arrivant dehors, il affrontre le froid glacial jusqu'à sa voiture, prend son sac et retourne vite se mettre à l'abri. Avant de remonter dans sa chambre, Seungsik passe par la cafétéria pour se prendre un chocolat chaud, en se disant que ça l'aidera sûrement à dormir plus sereinement.
Prenant les escaliers pour retourner à sa chambre, afin d'éviter de croiser d'autres personnes, de retour à l'étage, Seungsik marche discrètement jusqu'à sa porte, son sac de voyage dans une main et son chocolat chaud dans l'autre. Il aperçoit furtivement quelqu'un qui rentre dans le logement 201 face au sien, mais n'a pas le temps de vraiment le voir tandis qu'il referme rapidement la porte derrière lui.
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